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Compositeur de musique de films d'Hollywood, Hans Zimmer nous répond à l'occasion d'une représentation de son "Hans Zimmer Live" à Dubaï. Il évoque son travail auprès des plus grands réalisateurs, de Denis Villeneuve à Ridley Scott.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:23 Bonjour et bienvenue dans cette édition d'interview.
00:26 Nous sommes rejoints par le légendaire compositeur de musique de films et musicien extraordinaire Hans Zimmer.
00:33 Hans, merci d'être avec nous.
00:35 Je suis ravi d'être ici.
00:37 Vous avez travaillé sur plus de 150 films, si ce n'est plus.
00:40 Vous devez avoir une ou deux anecdotes à raconter.
00:43 C'est probable, mais je vais vous dire une chose.
00:46 Je ne calcule jamais à combien de films j'ai participé.
00:48 Quand on me dit le nombre, je réponds « Vraiment ? ».
00:51 En fait, ma vie a été bien remplie.
00:54 Quel a été le film le plus difficile sur lequel vous avez travaillé ?
00:58 Tous !
01:00 Parce que le problème, c'est que quand on a dit « Oui », on est tout excité.
01:04 Et puis, on rentre chez soi, on est face à une page blanche.
01:08 Et plus vous travaillez, parce que tout le monde veut quelque chose de nouveau, bien sûr,
01:13 plus vous avez l'angoisse de la page blanche.
01:15 Elle est là, elle vous regarde et c'est une torture.
01:19 Mais tout cela m'offre des opportunités, des histoires, des voyages, des rencontres avec les gens avec qui j'ai pu travailler,
01:25 les musiciens qui jouent à mes côtés.
01:27 C'est le cas pour la tournée que nous sommes en train de faire.
01:30 Sur scène, on a Lisa Gerhardt de Gladiator ou de Dead Can Dance,
01:35 on a Lebo M, qui est la voix du roi Lion,
01:38 mais aussi mon guitariste préféré, Guthrie Govan, et puis Johnny Marr.
01:42 Mais on ne sait jamais s'il va venir ou pas.
01:45 Vous vous produisez à Dubaï à l'occasion d'une représentation du Rans Timer Live.
01:49 A quoi peuvent s'attendre vos fans ?
01:52 Eh bien, au chaos ? Non, ce sera un peu différent.
01:57 L'un, mon Dieu, l'un de mes problèmes, c'est qu'à chaque fois que quelqu'un me dit de faire quelque chose, je fais l'inverse.
02:06 Et l'une des choses qu'on nous a dites au départ, c'est que la capacité d'attention du public est très courte de nos jours.
02:13 Ne faites rien de long.
02:15 Mes Pirates, par exemple, durent 14 minutes.
02:18 Dark Knight dure 22 minutes. Ce sont des morceaux conséquents.
02:22 J'ai aussi un super groupe actuellement. J'ai probablement le meilleur groupe de musiciens que personne n'ait jamais eu.
02:28 Et puis, il y a le remarquable John Featherstone, qui est notre concepteur d'éclairage.
02:33 Tout cela, c'est une chose.
02:36 Le deuxième aspect, c'est que ce spectacle est comme la conversation que nous avons.
02:40 Quoi qu'il arrive, quoi qu'il me vienne à l'esprit, je vois cela comme un grand dîner festif.
02:44 Ce spectacle, c'est comme une conversation.
02:48 Un moment intime avec combien de personnes ? Des milliers ?
02:52 Je ne sais pas vraiment, peut-être entre 12 et 20 000 personnes.
02:56 Mais c'est comme cela qu'il faut l'aborder, en tout cas, c'est mon avis.
02:59 Et puis, cela consiste essentiellement à raconter de nouvelles histoires.
03:04 Trois Golden Globes, quatre Grammy, deux Oscars. Le premier, c'était pour le Roi Lion.
03:09 Le second, pour Dune, un film qui a été tourné à deux pas d'ici, aux Émirats.
03:13 Absolument, ils sont en train de tourner la suite en ce moment. Je vous assure, oui.
03:18 Il est assez tôt. Ils y sont encore.
03:21 Vous participez à cette suite ?
03:23 Je suis censé y être en ce moment.
03:27 Il vous faut un taxi ?
03:29 Oui, j'ai besoin d'un taxi.
03:31 Non, ce que je veux dire, c'est que c'est un projet tellement passionnant.
03:34 Et Denis Villeneuve, elle est tout autant.
03:37 Non seulement, c'est un réalisateur remarquable, avec des idées remarquables.
03:41 Vous savez, tous les réalisateurs viennent à vous avec une grande imagination, de grands projets.
03:45 Ils vous séduisent pour que vous travailliez avec eux. Ils ont des idées incroyables.
03:54 Mais ce qui est spécifique à Denis, c'est qu'en plus de tout cela, il dirige avec gentillesse.
03:59 Il a effectivement une très grosse production, mais d'une certaine manière, il réussit à maintenir une sorte d'humanité grâce à son grand cœur.
04:08 J'imagine que vous nouez des amitiés incroyables dans votre travail.
04:12 Il y a un autre réalisateur, le grand Ridley Scott, avec lequel vous avez travaillé sur plusieurs projets.
04:17 Comment se passe la collaboration entre vous deux ?
04:20 Est-ce que vous êtes dans un échange où chacun laisse entrer l'autre dans son espace créatif ?
04:25 Oui, tout à fait. C'est un artiste, premier point. Donc il s'adresse à un autre artiste.
04:32 Il me laisse faire à peu près ce que je veux. Le travail que nous avons fait ensemble est si divers.
04:39 Vous savez, Thelma et Louise, c'était très différent de la chute du faucon noir, d'Annibal ou de Gladiator.
04:46 Mais il y a malgré tout cette constante de se dire "essayons quelque chose de nouveau, voyons si ça marche".
04:51 Et parfois ça ne marche pas. On a été confrontés à cela également.
04:56 Vous êtes autodidacte ? Je crois qu'enfin vous avez pris des leçons de piano pendant à peine deux semaines.
05:01 Vous ne pouvez pas dire que je suis autodidacte. J'ai fait deux semaines de leçons, ça compte !
05:07 C'est la discipline que vous n'aimiez pas ? Pourquoi ce n'était pas pour vous ?
05:11 Non, je vais vous dire la vraie raison. C'est tellement idiot et tellement enfantin d'une certaine manière.
05:15 J'avais six ans et ma mère m'a dit "tu veux prendre des cours avec un prof de piano ?"
05:20 Je pensais qu'un prof de piano, c'est quelqu'un qui, à partir de tous ces airs que l'on entend dans notre tête, nous apprend à les jouer.
05:27 Mais ce n'est pas ce qu'ils nous apprennent à faire. Ils nous enseignent les gammes et la musique des autres.
05:31 Je ne voulais pas jouer la musique des autres.
05:34 Vous avez fait partie d'un groupe de rock et vous avez joué avec Trevor Horn et les Buggles, "Video Killed the Radio Star" ?
05:39 C'est possible. Vous savez que c'est le premier disque que j'ai eu.
05:43 Vraiment ? Oui. Oh, merci beaucoup.
05:46 La vidéo a été classée numéro un sur MTV. Je me souviens. Qui l'aurait cru ?
05:51 Vous avez également dit que travailler sur la série "Planète Terre" de David Attenborough a été l'un des moments qui ont changé votre vie.
05:59 C'est la chose la plus importante de ma vie. Vraiment ?
06:03 Oui, parce que c'est réel. Je reviens de l'Antarctique et on voit que ça change. On voit l'évolution.
06:12 Donc je pense que ce que fait David avec mon petit coup de pouce, c'est qu'il nous rappelle que nous sommes censés être amoureux de cette planète,
06:23 que nous partageons tous cette planète. Donc c'est capital.
06:30 Vous êtes né en Allemagne et vous avez grandi dans l'Allemagne de l'après-guerre au sein d'une famille juive.
06:36 Comment cela a-t-il changé vos perspectives et influencé votre parcours ?
06:41 On n'en parlait jamais. Je ne sais pas si c'était en 2001 ou un peu avant. J'étais à Berlin au Festival du Film où était présentée "La Ligne Rouge" et un film sur l'Holocauste.
06:53 Et les journalistes nous demandaient pourquoi deviez-vous toujours revenir à cette période de l'histoire.
07:01 J'étais assis à côté de René Firestone qui avait réchappé d'Auschwitz à l'âge de 14 ans.
07:06 J'étais entouré de personnes qui revenaient en Allemagne pour la première fois et j'avais peur.
07:11 J'ai dit "J'ai une relation étrange avec ce pays. Je suis issu d'une famille juive. Ma mère s'est enfuie en Angleterre. Elle a encore un passeport anglais."
07:23 Et en disant cela, j'ai réalisé "Oh mon Dieu, j'ai fait une terrible erreur. J'avais révélé ce que ma famille a fait et j'ai commencé à avoir une crise d'angoisse."
07:35 Et je me souviens que René Firestone, survivante d'Auschwitz, a pris ma main sous la table parce qu'elle voyait que je faisais un petit malaise.
07:42 J'ai quitté la table et j'ai appelé ma mère au téléphone et je lui ai dit "J'ai fait quelque chose de vraiment terrible." Je l'ai dit à tout le monde.
07:50 Il y a eu un long silence et elle a dit "Je suis vraiment fier de toi." Je crois que c'est la seule fois où elle m'a dit vraiment être fier de moi.
07:58 Je suis sûre qu'au fond d'elle, elle était déjà fière de vous.
08:01 Oui mais elle ne l'avait jamais dit.
08:03 De quelle manière le monde du cinéma a changé selon vous ? Les progrès de la technologie ont un impact énorme dans tous les secteurs.
08:11 C'est vrai mais en même temps c'est toujours la même chose. On essaye de dénicher l'histoire qui nous touche.
08:20 On essaye de trouver quelque chose qui nous fasse vivre une expérience. On essaie de remplir encore mieux cet objectif.
08:27 Nous essayons de rendre les choses plus immédiates. Avec votre équipe, vous tournez avec des caméras numériques. Cela fonctionne en claquant des doigts.
08:37 Vous avez la possibilité d'être prêt très rapidement. Vous pouvez capturer le moment. Vous pouvez capturer la magie. Et c'est magique quand vous capturez le moment. C'est fantastique.
08:47 Quelle est la chose la plus étrange que vous ayez dû faire pour créer un son ?
08:53 Je pense qu'il y a probablement beaucoup de choses. Le son qui accompagne le Joker dans The Dark Knight est assez...
09:00 C'était comme une expérience sans fin. Christopher Nolan était en train de terminer le film. Il allait de Los Angeles à Hong Kong, puis de Hong Kong à Londres.
09:12 Et je lui ai acheté un iPod. J'y ai mis toutes mes idées et je lui ai dit "Qu'en penses-tu Chris ?" Il a répondu "Ces sons me poussent à être une mauvaise personne." J'ai trouvé ça plutôt direct.
09:25 Hans, je pourrais discuter avec vous toute la journée, mais je sais que vous avez une réservation pour le dîner. Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans l'interview.
09:33 Merci à vous.
09:35 C'était un plaisir.
09:37 (Générique)

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