Le chercheur, docteur en études slaves, et spécialiste de la Russie, signe "Russia Today, un média d'influence au service de l'état russe", aux éditions de l'INA
Invité de France Info ce matin, Maxime Audinet a fait du sujet de sa thèse un ouvrage, et il est d'abord remonté aux origines du lancement de la chaîne d'information internationale et en continu, en décembre 2005 : « C’est une chaine à l’époque anglophone qui est lancée à l’initiative du Kremlin, de l’administration présidentielle. Et qui est lancée dans un contexte très particulier pour la politique étrangère russe, parce qu’en fait l’espace post-soviétique est traversé par une série de révolutions que l’on appelle les révolutions de couleur, notamment la révolution orange en Ukraine en 2004. Et également l’autre contexte c’est l’élargissement de l’Union européenne et de l’Otan à l’Europe de l’est. Dans ce double contexte, les élites russes prennent conscience de la nécessité de repenser leur dispositif d’influence, de reforger un ensemble d’instruments notamment médiatiques et c’est dans ce contexte là que RT, à l’époque Russia Today est créée.
Donc les deux objectifs de RT (nouveau nom de la chaîne) sont dès le départ de donner à la fois une image de la Russie mais aussi de l’actualité internationale, avec une vision non seulement russe, mais aussi différente. « Au début c’est vraiment une chaine centrée sur la Russie avec une démarche très classique de soft power, c’est-à-dire propager une image positive, mieux faire connaitre la Russie. Et ce qui est intéressant c’est qu’à l’été 2008, lors du conflit en Ossétie du sud entre la Russie et la Géorgie, et à ce moment-là la couverture très polarisée des évènements d’une part par les médias occidentaux d’autre part par la Russie, est très mal vécue par les élites russes. RT parallèlement à son internationalisation puisque vous avez des chaines qui ouvrent à l’étranger, change complètement de ligne éditoriale, pour s’imposer non pas comme un média russe international mais comme une source globale alternative dans cet environnement médiatique international. L’idée ce n’est plus seulement de parler de la Russie mais d’apporter un regard étranger.»
Pas "Radio Moscou" pour autant
Et sur le plan éditorial, si on prend deux conflits importants menés par la Russie que sont celui avec la Géorgie en 2008 puis avec l'Ukraine dans le Donbass en 2014, le point de vue donné à l'antenne est-il forcément la ligne moscovite sans nuances ?
« Il y a une certaine subtilité dans cette chaine dans la mesure où l’on n’est pas sur ce qu’on pouvait observer à l’époque soviétique avec radio Moscou, c’est-à-dire vous n’avez pas une rigidité, une retranscription stricte du discours officiel. En revanche sur des évènements stratégiques pour la Russie, notamment les deux évènements que vous avez mentionné, c’est vrai qu’il y a un alignement très clair sur les positions officielles. Il y a des reprises d’éléments de langage, par exemple, l’expression de l’annexion
Invité de France Info ce matin, Maxime Audinet a fait du sujet de sa thèse un ouvrage, et il est d'abord remonté aux origines du lancement de la chaîne d'information internationale et en continu, en décembre 2005 : « C’est une chaine à l’époque anglophone qui est lancée à l’initiative du Kremlin, de l’administration présidentielle. Et qui est lancée dans un contexte très particulier pour la politique étrangère russe, parce qu’en fait l’espace post-soviétique est traversé par une série de révolutions que l’on appelle les révolutions de couleur, notamment la révolution orange en Ukraine en 2004. Et également l’autre contexte c’est l’élargissement de l’Union européenne et de l’Otan à l’Europe de l’est. Dans ce double contexte, les élites russes prennent conscience de la nécessité de repenser leur dispositif d’influence, de reforger un ensemble d’instruments notamment médiatiques et c’est dans ce contexte là que RT, à l’époque Russia Today est créée.
Donc les deux objectifs de RT (nouveau nom de la chaîne) sont dès le départ de donner à la fois une image de la Russie mais aussi de l’actualité internationale, avec une vision non seulement russe, mais aussi différente. « Au début c’est vraiment une chaine centrée sur la Russie avec une démarche très classique de soft power, c’est-à-dire propager une image positive, mieux faire connaitre la Russie. Et ce qui est intéressant c’est qu’à l’été 2008, lors du conflit en Ossétie du sud entre la Russie et la Géorgie, et à ce moment-là la couverture très polarisée des évènements d’une part par les médias occidentaux d’autre part par la Russie, est très mal vécue par les élites russes. RT parallèlement à son internationalisation puisque vous avez des chaines qui ouvrent à l’étranger, change complètement de ligne éditoriale, pour s’imposer non pas comme un média russe international mais comme une source globale alternative dans cet environnement médiatique international. L’idée ce n’est plus seulement de parler de la Russie mais d’apporter un regard étranger.»
Pas "Radio Moscou" pour autant
Et sur le plan éditorial, si on prend deux conflits importants menés par la Russie que sont celui avec la Géorgie en 2008 puis avec l'Ukraine dans le Donbass en 2014, le point de vue donné à l'antenne est-il forcément la ligne moscovite sans nuances ?
« Il y a une certaine subtilité dans cette chaine dans la mesure où l’on n’est pas sur ce qu’on pouvait observer à l’époque soviétique avec radio Moscou, c’est-à-dire vous n’avez pas une rigidité, une retranscription stricte du discours officiel. En revanche sur des évènements stratégiques pour la Russie, notamment les deux évènements que vous avez mentionné, c’est vrai qu’il y a un alignement très clair sur les positions officielles. Il y a des reprises d’éléments de langage, par exemple, l’expression de l’annexion
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