La découverte des virus géants, visibles au microscope optique, a révolutionné le monde de la virologie en obligeant à redéfinir la notion de "Virus". Depuis leur découverte au milieu du XIXème siècle, on a toujours considéré que les virus n’étaient pas retenus par le filtre conçu par Chamberland pour isoler les microbes. C’est en 2003 que la découverte du premier virus géant, Mimivirus, a démontré l’existence de virus visibles au microscope optique, possédant un génome à ADN comparable en complexité à celui des bactéries. Depuis, d’autres virus géants ont été isolés démontrant qu’ils ne sont pas rares mais ont bien été occultés pour des raisons historiques. Alors que l’on commençait à proposer une théorie sur l’origine et l’évolution des virus à ADN, a surgi la découverte d’une nouvelle famille de virus géants, les Pandoravirus. Ces virus, différents par leur morphologie, présentent des génomes de complexité comparable aux plus petites cellules eucaryotes. Plus de 90% des protéines codées par leurs génomes ne ressemblent à rien de connu, suggérant qu’ils pourraient avoir une origine différente des autres virus. C’est finalement en prospectant le pergélisol que nous avons réactivé deux virus géants de plus de 30.000 ans, Pithovirus sibericum, qui bien que partageant la morphologie des Pandoravirus, correspond à une troisième famille de virus, enfin Mollivirus sibericum, de morphologie sphérique et premier membre de la quatrième famille de virus géants. La découverte de 3 nouvelles familles en seulement 3 ans démontre que nous sommes loin d’avoir prospecté la biodiversité virale. Une des surprises apportée par l’analyse des génomes de chacune des nouvelles familles de virus géants a été le nombre de gènes unique à chacune des familles, également absents des bases de données de séquences. On ne peut rien dire de plus du tiers de leurs gènes bien qu’ils soient tous exprimés ils codent donc pour des protéines totalement originales. Cette observation soulève la question de l’origine des virus géants et de leur mode d’évolution. De nombreuses surprises pourraient surgir de l’étude de ces géants et permettre d’élucider le rôle qu’ils ont pu jouer dans l’apparition de la vie sur terre. Avec Chantal Abergel, directrice du laboratoire Information génomique et structurale, CNRS - Aix-Marseille Université (Amu). Séance du 8 avril 2021 à la Cité des sciences et de l'industrie.
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