Des taches turquoise, bleues ou encore jaunes s’étalent à perte de vue. À Shenyang, dans le nord-est de la Chine, des milliers et des milliers de bicyclettes sont alignées sur un terrain vague. Ces montures inutilisées, dont la couleur est associée à une marque spécifique, rappellent l’essor parfois anarchique du vélo-partage dans le pays. Depuis 2016, les villes chinoises sont envahies par ces vélos de location, laissés sur n’importe quel trottoir après utilisation. Le concept, ultra-simple, a relancé le vélo en Chine, où il était le principal moyen de locomotion jusque dans les années 1970 avant d’être peu à peu supplanté par la voiture, symbole d’élévation sociale. Les grands groupes chinois ont joué des coudes ces dernières années pour s’imposer sur le marché du vélo-partage avant que la bulle n’explose. Début 2018, la start-up chinoise Ofo a ainsi disparu du marché , croulant sous les dettes. Avec leur essor, ces montures sont devenues omniprésentes, devenant parfois un cauchemar de gestion pour les municipalités. Les dégradations ou les vols volontaires de vélos partagés sont rares en Chine, mais certains sont abandonnés dans des endroits non réglementaires et beaucoup s’entassent aux abords des bouches de métro. Devant l’ampleur du phénomène, Pékin a par exemple prévu la suppression de 44 000 vélos de ses arrondissements urbains cette année, afin de ramener la flotte de la capitale à 800 000 unités.
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