On n’entre pas dans un bar à salade comme dans un moulin à poivre. Erreur classique : ne pas avoir de salade en tête. Lorsque ce sera votre tour, vous paniquerez et vous retrouverez avec une salade aux cœurs de palmiers. Ou bien vous vous rabattrez sur la sempiternelle salade césar. Tous les chemins mènent à Rome, et donc, toutes les salades mènent à la salade césar.
Le bar à salade est l’incarnation faite pause déjeuner de la liberté : c’est à la fois un grand privilège et une terrible malédiction : l’infini des possibles salades. « L’angoisse est le vertige de la liberté », écrivait Kierkegaard.
Heureusement, des préceptes de vie peuvent nous guider. Pour concocter la salade parfaite, vous devez commencer avec la fin, c’est-à-dire avec la sauce. C’est elle qui sera le liant de votre salade, qui va « créer une ambiance ». Elle vous permettra d’avoir en tête une tendance dont découlent logiquement les ingrédients : méditerranéenne, mettez des poivrons, asiatique, quelques raisins ou noix de cajou, traditionnelle, de l’avocat ou du jambon…
Ensuite, suivez la règle des « au moins un » : au moins un ingrédient salé, au moins un ingrédient sucré, au moins un ingrédient croquant qui donnera un peu de mâche, au moins un ingrédient protéiné si vous avez faim, et bien sûr de la verdure car personne n’a jamais vu de salade sans salade et composée uniquement de fécules, graines et légumineuses.
Sachez que le manutentionnaire du bar à salade connaît autant de stress que vous : chaque tomate cerise de plus dans votre assiette, c’est une tomate cerise qu’il n’aura plus et qui sera déduite de son salaire. Ne soyez pas dupe de ses techniques : il va prendre une large portion dans sa pince, puis secouer celle-ci et faire retomber la moitié des ingrédients dans le bocal d’où ils sont sortis. Ne cédez pas à cette torture psychologique. Il faut fixer la tomate cerise en refusant de nommer l’ingrédient suivant jusqu’à ce qu’il l’incorpore à votre contenant. Tout au long du service, gardez avec lui un « eye contact » pour qu’il voie bien que vous veillez au grain.
Ces temps-ci, il faut aller au bar à salade masqué ce qui ajoute une difficulté supplémentaire. Lorsque vous dites « crevette », on entend cacahouète, « tomate », on comprend « aromate », et romarin, sarrasin… Je vous conseille donc d’allier le geste à la parole en montrant du doigt les ingrédients ou en mimant leur forme.
Voilà, vous êtes désormais prêts pour le bar à salade, mais votre déjeuner n’est pas sauvé pour autant. Je vous dirai dans un autre épisode comment déjouer les pièges conversationnels du lunch entre collègues. A bientôt pour «Éléments de langage», le vlog qui ne vous raconte pas de salades !
Le bar à salade est l’incarnation faite pause déjeuner de la liberté : c’est à la fois un grand privilège et une terrible malédiction : l’infini des possibles salades. « L’angoisse est le vertige de la liberté », écrivait Kierkegaard.
Heureusement, des préceptes de vie peuvent nous guider. Pour concocter la salade parfaite, vous devez commencer avec la fin, c’est-à-dire avec la sauce. C’est elle qui sera le liant de votre salade, qui va « créer une ambiance ». Elle vous permettra d’avoir en tête une tendance dont découlent logiquement les ingrédients : méditerranéenne, mettez des poivrons, asiatique, quelques raisins ou noix de cajou, traditionnelle, de l’avocat ou du jambon…
Ensuite, suivez la règle des « au moins un » : au moins un ingrédient salé, au moins un ingrédient sucré, au moins un ingrédient croquant qui donnera un peu de mâche, au moins un ingrédient protéiné si vous avez faim, et bien sûr de la verdure car personne n’a jamais vu de salade sans salade et composée uniquement de fécules, graines et légumineuses.
Sachez que le manutentionnaire du bar à salade connaît autant de stress que vous : chaque tomate cerise de plus dans votre assiette, c’est une tomate cerise qu’il n’aura plus et qui sera déduite de son salaire. Ne soyez pas dupe de ses techniques : il va prendre une large portion dans sa pince, puis secouer celle-ci et faire retomber la moitié des ingrédients dans le bocal d’où ils sont sortis. Ne cédez pas à cette torture psychologique. Il faut fixer la tomate cerise en refusant de nommer l’ingrédient suivant jusqu’à ce qu’il l’incorpore à votre contenant. Tout au long du service, gardez avec lui un « eye contact » pour qu’il voie bien que vous veillez au grain.
Ces temps-ci, il faut aller au bar à salade masqué ce qui ajoute une difficulté supplémentaire. Lorsque vous dites « crevette », on entend cacahouète, « tomate », on comprend « aromate », et romarin, sarrasin… Je vous conseille donc d’allier le geste à la parole en montrant du doigt les ingrédients ou en mimant leur forme.
Voilà, vous êtes désormais prêts pour le bar à salade, mais votre déjeuner n’est pas sauvé pour autant. Je vous dirai dans un autre épisode comment déjouer les pièges conversationnels du lunch entre collègues. A bientôt pour «Éléments de langage», le vlog qui ne vous raconte pas de salades !
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