• il y a 5 ans
L’Etat aura une lourde ardoise à payer après la réforme des retraites pour continuer à assurer la retraite des fonctionnaires. La question, c’est : qui va payer ? Le nouveau régime de retraite universel et donc tous les cotisants ou bien l’Etat ? En 2019, les recettes du régime des fonctionnaires s’élèvent à 60 milliards d’euros et les dépenses, donc les pensions servies à 59 milliards d’euros. Les recettes proviennent des cotisations retraite des fonctionnaires et d’une subvention d’équilibre que 41 milliards d’euros que verse chaque année l’Etat.

C’est une cotisation d’équilibre, ce n’est pas vraiment une cotisation patronale de l’Etat, puisqu’il n’y a pas à proprement parler de caisses de retraite pour les fonctionnaires de l’Etat. L’Etat encaisse les cotisations sociales versées par ses fonctionnaires et paye en fin d’année ce qu’il doit pour compléter et pouvoir verser les 59 milliards d’euros de pension. Si on convertissait les 60 milliards de recettes du régime de retraite en cotisations sociales, cela ferait un équivalent de 75%. Oui, vous m’avez bien entendue, les cotisations retraites s’élèveraient à 75% du traitement des fonctionnaires !

Problème : dans le futur régime universel, il est prévu que les fonctionnaires et leur employeur, l’Etat, cotisent à la même hauteur que les salariés, soit 28% du salaire, cotisations patronales et salariales confondues. Comment avec 28% de cotisations retraite seulement, versus 75% précédemment, l’Etat va-t-il pouvoir continuer à faire face ? Bien sûr cela lui permettra de payer les retraites en cours de constitution, mais quid du stock de retraites à payer pour les fonctionnaires qui sont actuellement à la retraite, ce qui représente tout de même, on l’a dit tout à l’heure, 59 milliards d’euros par an ?

Pour s’en sortir il y a deux solutions. La première, on fait payer le nouveau régime universel. Mais cela va créer un sérieux déséquilibre et il faudra alors trouver un moyen de combler le trou. Dans un régime en répartition, il n’y a pas 50 solutions, il faudra soit augmenter les cotisations au-dessus de 28%, soit allonger la durée de cotisations ou baisser les pensions. Ce sont des solutions qui seront difficiles à faire digérer, car cela signifie que tous les cotisants du nouveau régime payent pour les fonctionnaires. C’est injuste et c’est carrément insoutenable politiquement.

Les autres régimes de retraites qui ont patiemment constitué des réserves, commencent déjà à protester et craignent que ces réserves, au total 118 milliards d’euros en 2016 (71 milliards pour l’Agirc-Arrco, 22 milliards pour la retraite complémentaire des professions libérales, 16 milliards pour la retraite complémentaire des indépendants, etc.), ne soient versées dans le pot commun du nouveau régime universel, ni vu, ni connu, pour justement éponger les besoins du régime des fonctionnaires. Deuxième solution, l’Etat envoie chaque année au régime universel, les sommes nécessaires via un crédit budgétaire ou une recette fiscale, pour combler le trou, un peu comme il le fait chaque année actuellement. Et là, il faudra veiller à la gouvernance du nouveau régime. Si l’Etat est quasiment seul aux manettes, il risque de nous empapaoutter…

Bref c’est un petit problème à 59 milliards à régler !

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