Le 18 décembre dernier, Bachir Maroun, 33 ans, remportait le titre de champion du monde de boxe thaïe. Sur le ring de Munich, il représentait deux patries, ses deux patries : le Liban et l'Allemagne.
"L'Allemagne m'a conduit au succès. J'ai été nourri de pain allemand, j'ai bu de l'eau allemande". Mais, sa vraie "Heimat", l'endroit où il se sent vraiment chez lui, c'est le Liban.
C'est en 1989 que la famille Maroun quitte le Liban, lassée d'espérer une paix qui ne vient pas. Maroun Maroun, le père, était parti dans sa jeunesse travailler en Allemagne, à Munich. La capitale bavaroise sera donc le refuge de la famille.
Avec ses parents, ses deux frères et sa sœur, le jeune Bachir quitte le port de Jounieh sur une barque pour rejoindre un bateau au large, direction Chypre. Bachir a dix ans, et il est content de quitter cette cave trop longtemps fréquentée pour cause de bombardements.
A Munich, les Maroun se refont une vie. Pour autant, les liens avec le Liban ne sont pas rompus. La famille revient au pays une à deux fois par an et retrouve les oncles et tantes restés à Fiyadieh, à l'est de Beyrouth. La famille, ce qui manque le plus à Bachir en Allemagne.
A Munich, le petit Bachir se jette dans le sport. Après l'école, à 13h30, Bachir file faire du sport. Les films de Bruce Lee le fascinent, mais c'est surtout les choix de son grand frère qui guident les siens. Celui-ci commence par faire du taekwondo. Ainsi soit-il. Bachir en fait aussi. Au bout de sept ans, le grand frère arrête le taekwondo et se lance dans la boxe. Bachir enfile les gants. Il a 19 ans. Tout de suite, le plaisir est là. "J'ai du talent pour ce sport", affirme-t-il.
L'ascension vers les sommets est fulgurante. Un an après ses débuts, Bachir finit 4e de la Bavaria Cup en boxe classique amateur dans la catégorie -67kg.
Ce premier combat est une révélation. Etre sur le ring et se battre, Bachir aime ça.
Il enchaîne les combats, remporte deux fois la Bavaria Cup en boxe, puis le championnat d'Allemagne de kick boxing en 2001 et la coupe d'Europe amateur en 2002.
Au fur et à mesure des combats, les biceps de Bachir prennent en volume et en tatouages. Son dernier : les initiales de chacun des membres de sa famille. Le dur à cuire a le cœur tendre.
Son sport ne lui permettant pas d'en vivre, Bachir travaille comme mécanicien la journée, puis dans un magasin de téléphonie, et s'entraine le soir.
Jusqu'à ce que son corps se rebiffe. Epaules cassées, genou en bouillie, le sportif passe sur le billard et doit raccrocher les gants de 2004 à 2006.
Entre temps, deux amis de Bachir en profitent pour devenir champions du monde en catégorie pro. Leur succès redonne à Bachir l'envie de se battre pour remonter sur le ring. Ce qu'il finit par faire, brillamment de surcroît, puisqu'il décroche, en 2007, la troisième place du championnat du monde de kick boxing en amateur, sous les couleurs du Liban. "Je voulais mettre en valeur mon pays, montrer au monde que le Liban ne rime pas qu'avec guerre, que c'est un beau pays".
Bachir décide alors de se faire un nom dans le monde des pros. Un monde plus dur, avec des rounds plus nombreux, plus longs, et des protections physiques réduites au minimum : protège-dent et coquille.
Plus de tournois non plus, mais des défis. Pour décrocher le titre, il faut dégager le tenant dudit titre. En mars 2008, Bachir dégage le champion d'Allemagne de boxe thaïe, en 2009, le champion d'Europe, par KO au 5e round.
Mais le vrai grand jour de Bachir arrive en décembre 2011, quand le jeune homme se bat chez lui à Munich, devant 5.000 personnes, pour le titre de champion du monde de boxe thaïe. Bachir honore la promesse qu'il avait faite, deux ans plus tôt, au président Michel Sleiman : décrocher, pour le Liban, la ceinture de champion du monde de boxe thaï. En retour, Michel Sleiman le fait chevalier de l'Ordre national du Cèdre.
Son père est son plus grand fan, toujours assis au premier rang. Ses frères et sœurs le suivent aussi. Seule la mère de Bachir ne supporte pas. Pas même de visionner après coup un combat remporté par son fils.
"C'est ma voie, malgré tout l'amour que j'ai pour ma mère. Si je n'avais pas suivi mes envies, je ne serai pas aujourd'hui champion du monde", dit-il en guise d'excuse à sa maman.
Son premier rêve accompli, Bachir s'attelle désormais à la réalisation du second : rentrer au Liban et y ouvrir un centre de fitness et d'entrainement aux sports de combat.
Aujourd'hui, après 23 années passées en Allemagne, Bachir explore le Liban à la recherche d'un endroit où planter son club, n' importe où au Liban, pourvu que ce soit près de la mer. Dès qu'il aura ouvert son club, Bachir mettra un terme à sa carrière de boxeur et sa mère pourra enfin dormir sur ses deux oreilles.
"L'Allemagne m'a conduit au succès. J'ai été nourri de pain allemand, j'ai bu de l'eau allemande". Mais, sa vraie "Heimat", l'endroit où il se sent vraiment chez lui, c'est le Liban.
C'est en 1989 que la famille Maroun quitte le Liban, lassée d'espérer une paix qui ne vient pas. Maroun Maroun, le père, était parti dans sa jeunesse travailler en Allemagne, à Munich. La capitale bavaroise sera donc le refuge de la famille.
Avec ses parents, ses deux frères et sa sœur, le jeune Bachir quitte le port de Jounieh sur une barque pour rejoindre un bateau au large, direction Chypre. Bachir a dix ans, et il est content de quitter cette cave trop longtemps fréquentée pour cause de bombardements.
A Munich, les Maroun se refont une vie. Pour autant, les liens avec le Liban ne sont pas rompus. La famille revient au pays une à deux fois par an et retrouve les oncles et tantes restés à Fiyadieh, à l'est de Beyrouth. La famille, ce qui manque le plus à Bachir en Allemagne.
A Munich, le petit Bachir se jette dans le sport. Après l'école, à 13h30, Bachir file faire du sport. Les films de Bruce Lee le fascinent, mais c'est surtout les choix de son grand frère qui guident les siens. Celui-ci commence par faire du taekwondo. Ainsi soit-il. Bachir en fait aussi. Au bout de sept ans, le grand frère arrête le taekwondo et se lance dans la boxe. Bachir enfile les gants. Il a 19 ans. Tout de suite, le plaisir est là. "J'ai du talent pour ce sport", affirme-t-il.
L'ascension vers les sommets est fulgurante. Un an après ses débuts, Bachir finit 4e de la Bavaria Cup en boxe classique amateur dans la catégorie -67kg.
Ce premier combat est une révélation. Etre sur le ring et se battre, Bachir aime ça.
Il enchaîne les combats, remporte deux fois la Bavaria Cup en boxe, puis le championnat d'Allemagne de kick boxing en 2001 et la coupe d'Europe amateur en 2002.
Au fur et à mesure des combats, les biceps de Bachir prennent en volume et en tatouages. Son dernier : les initiales de chacun des membres de sa famille. Le dur à cuire a le cœur tendre.
Son sport ne lui permettant pas d'en vivre, Bachir travaille comme mécanicien la journée, puis dans un magasin de téléphonie, et s'entraine le soir.
Jusqu'à ce que son corps se rebiffe. Epaules cassées, genou en bouillie, le sportif passe sur le billard et doit raccrocher les gants de 2004 à 2006.
Entre temps, deux amis de Bachir en profitent pour devenir champions du monde en catégorie pro. Leur succès redonne à Bachir l'envie de se battre pour remonter sur le ring. Ce qu'il finit par faire, brillamment de surcroît, puisqu'il décroche, en 2007, la troisième place du championnat du monde de kick boxing en amateur, sous les couleurs du Liban. "Je voulais mettre en valeur mon pays, montrer au monde que le Liban ne rime pas qu'avec guerre, que c'est un beau pays".
Bachir décide alors de se faire un nom dans le monde des pros. Un monde plus dur, avec des rounds plus nombreux, plus longs, et des protections physiques réduites au minimum : protège-dent et coquille.
Plus de tournois non plus, mais des défis. Pour décrocher le titre, il faut dégager le tenant dudit titre. En mars 2008, Bachir dégage le champion d'Allemagne de boxe thaïe, en 2009, le champion d'Europe, par KO au 5e round.
Mais le vrai grand jour de Bachir arrive en décembre 2011, quand le jeune homme se bat chez lui à Munich, devant 5.000 personnes, pour le titre de champion du monde de boxe thaïe. Bachir honore la promesse qu'il avait faite, deux ans plus tôt, au président Michel Sleiman : décrocher, pour le Liban, la ceinture de champion du monde de boxe thaï. En retour, Michel Sleiman le fait chevalier de l'Ordre national du Cèdre.
Son père est son plus grand fan, toujours assis au premier rang. Ses frères et sœurs le suivent aussi. Seule la mère de Bachir ne supporte pas. Pas même de visionner après coup un combat remporté par son fils.
"C'est ma voie, malgré tout l'amour que j'ai pour ma mère. Si je n'avais pas suivi mes envies, je ne serai pas aujourd'hui champion du monde", dit-il en guise d'excuse à sa maman.
Son premier rêve accompli, Bachir s'attelle désormais à la réalisation du second : rentrer au Liban et y ouvrir un centre de fitness et d'entrainement aux sports de combat.
Aujourd'hui, après 23 années passées en Allemagne, Bachir explore le Liban à la recherche d'un endroit où planter son club, n' importe où au Liban, pourvu que ce soit près de la mer. Dès qu'il aura ouvert son club, Bachir mettra un terme à sa carrière de boxeur et sa mère pourra enfin dormir sur ses deux oreilles.
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