• il y a 17 ans
"A la rencontre des derniers peuples nomades
Les Vezos sont un peuple de marins et de pecheurs qui vivent au sud de Madagascar sur la cote ouest, en bordure du Canal de Mozambique.

Parce que le pays est pauvre et que les voies de communication sont inexistantes, ils vivent en auto-subsistance, comme vivaient leurs ancetres. Ici pas de moteurs, pas de pollution, les Vezos ne naviguent qu'a la voile, sur de petites pirogues a balancier taillees dans les arbres a Balsa.

Au sud, la nature est sauvage et belle, presque intacte. Une terre rude aussi, rase et seche, constamment battue par les vents et regulierement devastee par les cyclones de l'Ocean Indien.



Simon, un jeune pecheur vezo, geant sympathique et jovial, nous accompagne dans ce road-movie et nous fait decouvrir le sud de Madagascar, si loin des regions touristiques connues.

L'annee derniere, les deux cyclones Ernest et Philippine, ont ravage le sud de l'ile a dix jours d'intervalle. Simon est assis dans les ruines de sa maison , il a tout perdu, jusqu'a la pirogue qui lui permettait de pecher. Avec ses dernieres economies, il a mis sa femme et ses trois enfants dans le taxi-brousse, vers la grande ville de Tulear ou sa famille les a recueillis. Tout seul, il a plus de chance d'arriver a gagner suffisamment d'argent pour atteindre son objectif : trouver une nouvelle pirogue et revenir vivre dans son village avec sa femme et ses enfants.
Pas de routes pour ce road-movie : Simon voyage en pirogue, ou en camion sur la piste , avec un boutre, il remonte la cote , mais c'est le plus souvent a pied qu'il poursuit ce long voyage. Pour se rendre au coeur de Madagascar, la ou poussent les fameux arbres a balsa dont les Vezos tirent leurs pirogues.



Pecheurs nomades



Avec leurs freles pirogues les Vezos ne pratiquent que la peche cotiere et ne s'aventurent guere au-dela du recif corallien : un ruban de quelques centaines de metres de large qui longe la cote et leur sert de vivier naturel.

Mais aujourd'hui leur mode vie traditionnel est menace, avec la croissance demographique des Vezos et la peche industrielle internationale qui se pratique dans le canal de Mozambique, les ressources de la peche diminuent chaque annee
""Mais la nourriture de nos enfants, plus tard ? "", s'inquiete une femme de pecheur "", il nous restera les poulpes et sinon nous mangerons les etoiles de mer et les algues, il y aura toujours quelque chose a gratter, pour nous autres !"" conclut-elle sur un bel eclat de rire.

Voila bien le caractere vezo, melange de fatalisme et de joie de vivre. Ce qu'ils aiment c'est partir ensemble en flottille de peche, faire la course portes par le vent et en chemin s'interpeller joyeusement d'une pirogue a l'autre.
Le soir, ils dressent le camp sur la plage et la voile devient leur tente. Les Vezos sont un peuple de nomades marins qui partagent avec la mer une relation magique. Le Tumpundrano, l'esprit maitre des eaux dicte aux Vezos leur code de conduite et impose de nombreux interdit, les fadhis ou tabous.



Le culte des esprits



Interdit aux Vezos de construire leurs tombeaux loin de la mer, car l'esprit des ancetres doit pouvoir surveiller les vivants. Si les Vezos, comme la plupart des peuples malgaches ont ete christianises, on trouve bien souvent, non loin de l'eglise, la case du sorcier , le culte des esprits est particulierement fort.



Lorsqu'un ancien decede, les Vezos attendent un an avant de proceder a l'inhumation. Cette tradition a un but pratique : permettre a la famille de reunir l'argent necessaire pour la ceremonie. Chaque famille est prete a s'endetter pour honorer dignement le mort. Le jour de la ceremonie le defunt perd son nom et prend le nom d'un esprit. Aussi la ceremonie n'a-t-elle pas pour but d'accompagner le corps jusqu'a sa derniere demeure, mais plutot d'honorer la naissance d'un nouvel esprit.
Pour cela il faut faire la fete : "" un foumba a tout casser, c'est notre tradition qu'il faut maintenir a tout prix, pour honorer l'esprit du mort "" explique l'instituteur du village de Lavelambato, fils du defunt. Car, ajoutent les anciens du village, "" si nous ne traitons pas bien les esprits, ils viendront errer parmi les vivants, prendront possession de nous et nous mourrons... ""

Jusque tard dans la nuit, la lagune resonne de chants et de la musique traditionnelle : le Tsapik. Et tant pis s'il faut se lever a l'aube pour pecher, les Vezos aiment la fete. Pas un village sur la cote qui ne possede sa "" mandoline "" et sa "" caboche "", sortes de guitare bricolees de caisses a savon et tendues de peau de chevre. La musique est presente tout au long de leur vie , elle accompagne aussi le cours de ce documentaire.



Voyage en boutre



Le canal de Mozambique est sans doute l'un des derniers endroits de la planete ou des navires de commerce naviguent encore entierement a la voile. Il existe encore une cinquantaine de ces majestueuses goelettes qui pratiquent toujours la navigation cotiere. C'est parce que le niveau de vie est bas et le carburant hors de prix que ces navires fonctionnent encore aujourd'hui. Paradoxe ou clin d'oeil a la modernite, le boutre qu'emprunte Simon dans son voyage transporte justement quarante cinq tonnes de carburant, pour la centrale electrique de la region. Sur la cote vezo, c'est grace a la mer et au vent de sud que la region a l'electricite...

A bord, Simon fait la connaissance de l'equipage, d'autres Vezos qui perpetuent la tradition des boutres, de generation en generation.



La foret des arbres-pirogues



Autrefois, d'immenses forets occupaient tout le centre de Madagascar, mais aujourd'hui, a cause de la deforestation, les Vezos sont obliges d'aller de plus en plus loin, au coeur de ""la grand ile"", pour trouver les arbres a balsa dans lesquels ils sculptent leurs pirogues. Simon devra marcher durant cinq jours et traverser les forets de baobabs avant d'atteindre enfin la concession des arbres-pirogues. Les Vezos, peuple marins, ne sont guere a l'aise dans l'interieur des terres que les mikeas, peuple farouche et invisible, defendent contre la venue des etrangers et ou les voleurs de zebus, les malasos, detroussent les voyageurs. Malgre ces dangers, mythiques ou bien reels, le vieil Evariste exploite depuis vingt ans des concessions forestieres. Pendant la saison seche lui et sa troupe abattent les arbres a balsa et creusent les futs monoxyles qui constituent la coque des pirogues vezos.



Apres avoir charge les fragiles pirogues sur les charrettes a zebus, le convoi se met en route pour rejoindre le Manguky, fleuve par lequel les pirogues descendront jusqu'a la mer...

Images etonnantes et inedites que ces files de pirogues qui voyagent, au coeur de la foret, trainees par les zebus, scenes qu'on croirait d'une autre epoque et qui temoignent pourtant de la lutte actuelle du peuple vezo pour sa survie.



Simon y gagnera un ami, Evariste et par son travail il gagnera aussi la pirogue qui lui permettra de faire vivre sa famille.



Pendant quarante cinq jours, la camera de Pascal Sutra Fourcade a suivi Simon dans sa quete vitale. Un homme qui essaie de reconstruire sa vie apres le passage du cyclone, une histoire simple et vraie qui donne au reportage le souffle de l'authenticite.



Ce document a ete tourne entre juillet et novembre 2005.
C'est le cinquieme episode d'une serie intitulee "" Chronique des peuples marins "" produite par PIXIE TV pour le magazine THALASSA
Voir la video complete sur imineo.com : http://www.imineo.com/documentaires/explorer/peuples-tribus/thalassa-vezos-voyage-madagascar-video-1897.htm"

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