• il y a 8 ans
Après plusieurs décennies de désertification, certaines campagnes bénéficient aujourd'hui d'un réinvestissement croissant par des populations urbaines. Aussi, la restructuration des sociétés rurales interroge. Le paysage social change, transformant ainsi le rural en un monde social avant tout. Le partage d’un territoire ne suffit plus à faire une identité commune. Autrefois transmise et incorporée, elle s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique « consciente ». Le village qui connaissait hier « un habiter » doit conjuguer aujourd’hui « des habiters ». À Gigouzac, dans le département du Lot, 55% des maisons sont maintenant occupées par des personnes qui ne sont pas originaires de la commune.

Ce film-recherche montre les différentes manières d’habiter un village rural aujourd’hui, en mettant dès que possible en parallèle les discours des originaires de la commune, de leurs conjoints, et des nouveaux-venus. Il apporte une réponse à la question de savoir si le village fait encore sens pour ses habitants. Il pointe les transformations et les permanences qui sont à l'œuvre, démontrant que la commune reste malgré tout le premier territoire d’identification des individus.
Le village évolue, se modernise, se réinvente, mais reste un territoire pertinent et cohérent, une réponse à l'individualisme grandissant de la société moderne.

Après avoir évoqué les représentations différentielles de Gigouzac, les manières de l’habiter sont ensuite déclinées sous trois formes principales :
• De nombreuses manifestations sont des moments festifs où le village se met en scène aux yeux des populations voisines, dont la présence est d’ailleurs fortement appréciée. Ces rendez-vous collectifs rendent compte de la vie locale, affichant le dynamisme connu et reconnu d’un village face aux autres.
• Les rituels festifs « entre nous », qui s’adressent et réunissent tous les habitants de la commune.
• Mais habiter Gigouzac au quotidien, c’est aussi, et beaucoup, un relationnel fort, une interconnaissance, un entre soi qui relève de l’intime. Cet habiter spécifique, incarné par un noyau d’habitants originaires du village, est le ciment fondateur qui pérennise l’identité communale et permet pour l’instant sa transmission.

Pour finir, la question de l’« à venir » est comprise par les originaires comme une évolution de leur communauté et de l’identité communale, alors que les non-originaires ont une vision plus territoriale du devenir de la commune (évolution des équipements communaux, des modes de gestion du village).

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