• il y a 8 ans
Quel sens a l’ouverture, en 2015, d’un musée de l'Homme qui affirme vouloir présenter aux visiteurs une histoire naturelle de l’Homme, dans la continuité de la Grande Galerie de l’Evolution ? Dans quelle mesure le nouveau projet est-il l’héritier de l’utopie du musée de l'Homme originel, inauguré en 1938, alors que le monde a changé en trois quarts de siècle ?

Quel sens a l’ouverture, en 2015, d’un musée de l'Homme qui affirme vouloir présenter aux visiteurs une histoire naturelle de l’Homme, dans la continuité de la Grande Galerie de l’Evolution ? C’est en 1938 que fut inauguré le premier musée de l'Homme, incarnant une utopie à la fois scientifique et politique : celle d’un humanisme tout à la fois anti-raciste et colonial, et un projet d’une Science de l’Homme totale, réconciliant histoire naturelle et sciences sociales. Avant même d’être un lieu d’exposition au public des travaux des chercheurs, il voulait être un « musée-laboratoire », centre d’une nouvelle discipline de synthèse de tous les savoirs sur l’Homme. A la fois « musée du Nous » (en tant qu’espèce humaine) et « musée des Autres » (mettant l’accent sur les populations non-européennes), cette utopie a dû affronter les défis du Vingtième Siècle, et a failli disparaître à l’ouverture du musée du quai Branly. Quelles différences existe-t-il avec le projet originel du alors que le monde a changé en trois quarts de siècle ?

Par Benoît de l’Estoile
Directeur de recherche au CNRS, professeur d’anthropologie à l’École normale supérieure, membre de l’IRIS (l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les Enjeux sociaux)
CNRS

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