biennale_2015

  • il y a 8 ans
La BASA est morte, vive la BASA ! Danielle Stéphane, commissaire de la basa :
"A l’heure où j’écris ces mots, la Xe BASA avance vers sa fin et l’heure des bilans approche. Le commissariat de cette édition 2015 a, pour moi, été riche en rencontres, mais le questionnement autour de sa continuation a pesé de façon subtile. Une fin définitive, un déménagement, une transformation ? Demain était le thème et il a résonné avec puissance : que sera la BASA demain ?
La plupart des artistes participants ont manifesté leur joie d’exposer dans des conditions agréables - l’ambiance étant chaleureuse, les relations étant humaines, personnalisées et non anonymes comme c’est souvent le cas. Artiste moi-même je connais la carence actuelle de lieux d’exposition dignes de ce nom.
L’art est actuellement, comme beaucoup d’autres territoires, devenu une grande foire où n’importe qui peut s’autoproclamer artiste et s’exposer dans des espaces qui louent leurs murs, usurpant le terme de galerie qui, elle, prend le risque de défendre les artistes qu’elle montre. N’importe qui peut vendre - souvent mieux que ceux qui s’engagent sur la route étroite et périlleuse de la création. Les cartes sont brouillées et le public ne sait plus où se trouvent ceux que l’on nomme « artistes ».

Mais qu’est-ce que c’est, un artiste ?
Bien sûr, tout le monde peut faire quelque chose de beau à un moment ou à un autre, mais l’art nécessite un cheminement, un travail dans la durée. Quels que soient les obstacles. Dans les ateliers que j’ai animés j’encourageais mes élèves à créer, à se libérer, se faire plaisir et rien n’interdisait qu’ils deviennent un jour artistes si le désir se faisait sentir. Mais au lieu de constater cet appel chez l’un ou chez l’autre, il m’est arrivé de temps à autre d’entendre, devant un dessin ou une peinture réalisés pendant l’atelier : « vous pensez que je peux le vendre combien ? » L’ambiance actuelle porte à la marchandisation… et l’artiste est défiguré.
Les artistes que j’ai rencontrés au cours de cette BASA ont tous en commun une ligne, une démarche, un univers. Et c’est ça qui détermine un artiste. Il ne suffit pas de poser un point, une ligne, une couleur à un moment ou à un autre pour être artiste ! Le temps doit œuvrer. L’art est exigeant et l’on peut dire que l’on entre en art comme on entre en religion. On peut adopter une attitude d’artiste, suivre des stéréotypes véhiculés par un public désireux d’être rassuré, mais cela reste alors un simulacre, une apparence. Le travail de l’art est intérieur et si l’artiste travaille, il est aussi travaillé. Il doit accepter de se laisser entamer, malaxer, dérouter… L’art est subversif parce qu’il éveille, réveille. Et ce n’est pas une question de subversion par un sujet choquant : la beauté peut séduire et détourner du « droit chemin » - à suivre....
Voir sur le site de Confluences, onglet "revue" http://confluences-polycarpe.org/?page_id=317
numéro de janvier.

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