La coupe à l'Afrique du trésor de Boscoréale, un chef d'œuvre de l'argenterie romaine

  • il y a 9 ans
par Cécile Giroire (musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines)

La coupe à l’Afrique constitue sans nul doute l’une des pièces les plus célèbres et les plus exceptionnelles du trésor de Boscoreale découvert en 1895, enfoui dans la citerne d’une propriété vinicole des pentes du Vésuve, et offert au musée du Louvre par le baron Edmond de Rothschild. Unanimement considérée depuis lors comme un chef d’œuvre de l’argenterie romaine, elle a été conçue comme tel dans les premières décennies de notre ère. En effet, cette large coupe dont le décor a été rapporté (emblema) n’avait aucune fonction utilitaire mais était destinée à l’admiration des convives ; c’était une pièce d’apparat dont les qualités formelles, techniques et iconographiques servaient le prestige de son propriétaire.

Du médaillon qui forme le fond de la coupe jaillit un buste féminin, coiffé d’une dépouille d’éléphant et accompagné d’une profusion d’attributs et de symboles du panthéon gréco-romain ou du culte isiaque qui ont conduit à comprendre cette représentation féminine comme une allégorie de l’Afrique, de l’Égypte ou de la ville d’Alexandrie. Mais l’individualisation des traits du visage s’éloigne des formes idéales des figures allégoriques et associe cette effigie davantage à un portrait, celui d’une femme liée à l’Égypte.