• il y a 5 ans
Rendre à l’Afrique subsaharienne le patrimoine artistique dont elle a été spoliée… Emmanuel Macron n’est pas à l’Elysée depuis sept mois que déjà il annonce dans son discours de Ouagadougou, en novembre 2017, son intention de sceller les prémices d’une relation nouvelle avec le continent en rendant des œuvres d’art.

Un an plus tard, en novembre 2018, l’histoire s’accélère. L’historienne de l’art française Bénédicte Savoy et l’économiste sénégalais Felwine Sarr, rappellent, dans un rapport remis au président, que tout objet emporté sans le consentement explicite de son propriétaire ou gardien doit être restitué aux pays africains qui en font la demande… La liste pourrait donc être longue des œuvres d’art à renvoyer… D’autant qu’Emmanuel Macron décide alors que vingt-six œuvres, les premières, doivent être symboliquement rendues au Bénin.

Depuis, la marche du temps s’est ralentie. Et alors que le quinquennat avance, il devient urgent de s’interroger sur les modalités de cette restitution ; de dessiner son périmètre. Tout objet sans certificat de cession doit-il être considéré comme le produit d’une spoliation ? Faut-il vider le Quai Branly ou instaurer une circulation des œuvres entre les deux continents ? Faut-il prendre en compte l’état des musées africains ou considérer que cette question ne regarde pas la France ? Le Monde Festival a choisi de rouvrir ce débat juridiquement et politiquement miné avec quatre invités, tous concernés.

Une rencontre animée par Maryline Baumard, journaliste au Monde.

INTERVENANTS

Didier Rykner dirige l’influente Tribune de l’art qui fait vivre en ligne l’actualité artistique. Ce diplômé de l’Ecole du Louvre et ancien élève l’Institut d’Etudes Politiques de Paris est très opposé à la restitution.

Samuel Sidibé a dirigé le Musée national du Mali à Bamako, le plus important musée d’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud). Historien de l’art et archéologue, il est engagé dans la lutte contre le pillage et le trafic illicite du patrimoine culturel malien, il est aussi membre de la commission des acquisitions du Musée du quai Branly, à Paris.

Marie-Cécile Zinsou est une entrepreneuse franco béninoise dans le domaine de l’art. En 2005, elle crée à Cotonou (Bénin), la Fondation Zinsou dédiée à l’art contemporain africain. Cette historienne milite de longue date pour la restitution par la France des œuvres pillées pendant la colonisation. Et ce, même si les musées africains ne présentent pas toujours les garanties d’une bonne conservation de l’art.

Né en 1971 d’une mère congolaise et d’un père belge chercheur au musée de Kinshasa (République démocratique du Congo), Didier Claes fait partie des principaux marchands d’art africain au monde. Après avoir passé son enfance en Afrique, il devient collectionneur et se fait rapidement un nom dans cet univers. Tenant une galerie réputée à Bruxelles, il s’impose également comme un acteur du marché de l’art africain.

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