• il y a 11 ans
rencontre avec Guillaume Pigeard de Gurbert (professeur de philosophie) dans le cadre de la Semaine de la pop philosophie à Marseille.

Pendant que l’Etat nous répète que « Fumer tue », chacun continue d’éprouver que fumer est sa façon de vivre. Tabac ou pas, le dernier acte ne sera-t-il pas tragique pour tous de toute façon ? A cet égard, chaque cigarette qui se consume est une sorte de sablier qui nous met sous le nez ce que d’ordinaire nous ne voulons pas voir, à savoir le temps qui passe et qui ne reviendra pas. Chaque instant passé est comme chaque cigarette écrasée : une perte irréparable. On court aussitôt à la suivante et la conscience humaine se met alors à tituber entre l’effroi de la mort et son refus. La fumée qui regarde ainsi la mort dans les yeux semble ne pas pouvoir s’empêcher de lever les yeux au ciel pour lorgner du côté de l’éternité. Car c’est un fait : la fumée monte au ciel. Il se pourrait donc que l’objet de commerce et le logo sanitaire nous dérobent la dimension métaphysique du tabac. L’habitude de voir une source de profit ou de diagnostiquer une pathologie là où se joue une pratique métaphysique, n’est-elle pas symptomatique de notre époque qui rêve de normaliser le mystère de l’existence humaine ?

Guillaume Pigeard de Gurbert

Recommandations