KOLY AN

  • il y a 11 ans
Infirmière, ce n'est peut-être pas le plus prestigieux des métiers, mais c'est utile. Et Koly An aime l'idée d'être utile. C'est une chose qui la rend fière. Koly An nous a expliqué, à sa manière, ce qu’un jeune Khmer ressent quand il arrive en âge de prendre des responsabilités : l’importance de la famille, de la joie, et de la solidarité.

C'est un joli dispensaire. Entre une maison du parti et un modeste temple bouddhiste. Une petite bâtisse simple, sans étage, propre si l'on peut dire, où l'on parle doucement, on explique beaucoup, on attend longtemps. Koly An surveille du coin de l'oeil les patientes "papoteuses" du moment, remplit sa paperasserie avec circonspection, tente de ne pas faire trop attention à nous, qui l'intimidons, ça ne fait pas de doute.

Rapidement, Koly An nous rappelle qu’on peut faire bien avec peu de moyens : les salles de consultation du dispensaire ne sont pas très équipées mais elles sont propres, les règles d’hygiène sont respectées, des affiches sur les murs relaient les messages pédagogiques des médecins.

On y parle contraception, danger du tabac ou de l’alcool. Le personnel écoute, d’abord, rassure, quand c’est possible, traite malgré la rareté des fournitures et des médicaments. Les blouses blanches s’affairent dans un calme qui rejaillit sur les visiteurs : la plupart arborent un grand sourire qui en dit long. Ils sont en confiance, et Koly An et ses collègues acceptent de bon coeur cette responsabilité.

C’est un autre monde qui nous attend chez notre hôte, elle habite dans une maison traditionnelle en bois et montée sur de hauts pilotis, surplombant la table sans chaise sur laquelle on mange et on dort.

L’enclos des cochons n’est pas loin, on entend les bêtes grogner pendant qu’une farandole d’enfants et de chiens nous passe entre les jambes.

Les petits Cambodgiens sont comme tous les gamins : fascinés par les nouveaux venus, craintifs d’abord, puis vite familiers, voire insolents ! On veut être pris en photo, on veut voir la photo, on rigole en se moquant du copain.

Chez elle, Koly An est la même, en plus gaie et en plus fantaisiste. On sent entre elle et les bambins une complicité de farceurs, et les rires transforment vite à nos yeux la masure en palais. Il fait bon vivre chez Koly An, si l’on oublie que les revenus de la famille sont encore trop faibles pour imaginer ce que le mot confort veut dire. Il fait bon vivre et nous serions bien restés plus longtemps, mais l’heure des devoirs approche.

Crédits : Jean-Matthieu Gautier / Amaury de Marignan
Musique : Les Enfants / The Music Bed

Ce portrait fait partie du projet de récit multimédia "6 jeunes Khmers", visible dans son intégralité sur webdoc.enfantsdumekong.com

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