• il y a 12 ans
Chaque année, l'Insee chiffre le nombre de pauvres en France (8, 2 millions en 2011) sans jamais proposer toutefois de lecture sur l'organisation politique qui génère cette pauvreté. Les pauvres surgissent ainsi sur la scène sociale comme une masse importante que l'on va aider ou punir, selon les mérites ou les défauts de chacun, mais rarement comme le symptôme d'une défaite sociale. Tandis que la fraction la plus riche de la population ne cesse de s'enrichir, la pauvreté n'est plus un phénomène qui relève d'une responsabilité collective. C'est pourquoi Catherine Herszberg est allée demander à des inconnus non pauvres, selon le critère européen, pourquoi les pauvres sont pauvres. Cette démarche s'inscrit dans la continuité de celle qui l'a déjà poussée à observer le sort réservé aux fous emprisonnés (Fresnes, une histoire de fou, 2007). A nouveau, il est question d'hommes mis à l'écart de la société, qu'on est soulagé de ne plus voir, leur vie n'intéressant à peu près personne. Cette enquête pointe ainsi comment le phénomène de la pauvreté s'est détaché du politique, et de notions comme la justice ou l'égalité, pour relever au mieux d'un discours compassionnel, voire charitable. Ce divorce conduit à l'acceptation de ce fait social comme une fatalité, voire une nécessité. Acceptation renforcée par la certitude que le capitalisme mondialisé produit un surplus d'êtres humains 'inutiles', surplus appelé à croître dans les années à venir. 'Dès lors, la seule question qui se pose est celle-ci : qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de ces hommes en trop ?'

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