3/3 La conquête coloniale de l’Algérie

  • il y a 12 ans
Voici com­ment il décrit la prise de Laghouat, à laquelle il assista (2 décem­bre 1852.) :

« Le car­nage fut affreux ; les habi­ta­tions, les tentes des étrangers dres­sées sur les places, les rues, les cours furent jon­chées de cada­vres. Une sta­tis­ti­que faite à tête repo­sée et d’après les meilleurs ren­sei­gne­ments, après la prise, cons­tate le chif­fre de 2 300 hommes, femmes ou enfants tués ; mais le chif­fre de bles­sés fut insi­gni­fiant, cela se conçoit. Les sol­dats, furieux d’être canar­dés par une lucarne, une porte entre­bâillée, un trou de la ter­rasse, se ruaient dans l’inté­rieur et y lar­daient impi­toya­ble­ment tout ce qui s’y trou­vait ; vous com­pre­nez que, dans le désor­dre, sou­vent dans l’ombre, ils ne s’attar­daient pas à établir de dis­tinc­tion d’âge ni de sexe : ils frap­paient par­tout et sans crier gare ! » ( Pein, Lettres fami­liè­res sur l’Algérie, 2e édit, p. 393)

C’est tel­le­ment l’habi­tude de mas­sa­crer femmes et enfants qu’une fois que le colo­nel Pein ne put le faire, il éprouva le besoin de s’en excu­ser dans une lettre :

« Les Ouled Saad avaient aban­donné femmes et enfants dans les buis­sons, j’aurais pu en faire un mas­sa­cre, mais nous n’étions pas assez nom­breux pour nous amuser aux baga­tel­les de la porte : il fal­lait garder une posi­tion avan­ta­geuse et décro­cher ceux qui tiraient sur nous

Un soldat a donné, dans une lettre, le récit de ce qu’il vit la nuit et le matin.

« Quelle plume sau­rait rendre ce tableau ? Voir au milieu de la nuit, à la faveur de la lune, un corps de trou­pes fran­çais occupé à entre­te­nir un feu infer­nal ! Entendre les sourds gémis­se­ments des hommes, des femmes, des enfants

« Le matin, quand on cher­cha à déga­ger l’entrée des caver­nes, un hideux spec­ta­cle frappa des yeux les assaillants.

« J’ai visité les trois grot­tes, voici ce que j’y ai vu
A l’entrée, gisaient des bœufs, des ânes, des mou­tons ; leur ins­tinct les avait conduits à l’ouver­ture de la grotte pour res­pi­rer l’air qui man­quait à l’inté­rieur. Parmi ces ani­maux, et entas­sés sous eux, on trou­vait des hommes, des femmes et des enfants. J’ai vu un homme mort, le genou à terre, la main cris­pée sur la corne d’un bœuf. Devant lui était une femme tenant son enfant dans ses bras. Cet homme, il était facile de le reconnaî­tre, avait été asphyxié, ainsi que la femme, l’enfant et le bœuf, au moment où il cher­chait à pré­ser­ver sa famille de la rage de cet animal.
Les grot­tes sont immen­ses ; on a compté 760 cada­vres ; une soixan­taine d’indi­vi­dus seu­le­ment sont sortis, aux trois quart morts ; qua­rante n’ont pu sur­vi­vre ; dix sont à l’ambu­lance, dan­ge­reu­se­ment mala­des ; les dix der­niers, qui peu­vent se traî­ner encore, ont été mis en liberté pour retour­ner dans leurs tribus ; ils n’ont plus qu’à pleu­rer sur des ruines

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