interview d'émilie Martin la soeur Aurore martin emprisonné en Espagne

  • il y a 12 ans
Mise en ligne le lundi 12 novembre 2012 à 17h20

interview d’Émilie martin sœur de Aurore Martin
extrader par le Gouvernement Français vers l’Espagne

Aurore Martin se savait-elle recherchée ? Vivait-elle cachée ?
Non pas du tout. Elle avait repris une vie toute à fait normale depuis plus d’un an. Quand le mandat d’arrêt européen a été pris à son encontre, en octobre 2010, elle a vécu plusieurs mois cachée de peur d’une arrestation. Elle est réapparue publiquement en juin 2011 et depuis, elle a recommencé à vivre comme avant, dans son ancien appartement, avec son ancien colocataire. C'était très facile de la localiser. Elle faisait ses courses comme tout le monde, la fête... Elle s’est inscrite au Pôle Emploi, elle est couturière de formation. Depuis peu, elle touchait le RSA [revenu de solidarité active, ndlr]. Elle a même refait sa carte d’identité et a voté comme tout le monde en mai dernier. La seule chose qui lui manquait, c’est son permis de conduire. Il est au commissariat, le seul endroit où elle n’osait pas se rendre.

Avait-elle des garanties politiques de ne pas être arrêtée ?

Non, c'était un accord tacite. Franchement, ici, ni elle, ni personne ne pouvait imaginer qu’elle puisse se faire arrêter. On ne s’attendait vraiment pas à une réaction pareille du gouvernement français. Surtout maintenant.

Pourquoi ?

C’est un signal fort envoyé par le gouvernement français pour dire "On ne bougera pas". Ce n'est pas une réponse positive vers la paix. Ce n’est pas tant un mandat d’arrêt contre ma sœur que contre le processus de paix au pays basque. D’autant que cette arrestation intervient une semaine avant la manifestation qu’on organise samedi en faveur du respect des droits des prisonniers basques à Bayonne. C'était prévu de longue date, on attend 10 000 personnes.
Avez-vous été en contact avec votre sœur depuis son arrestation ?

Non. Elle a essayé de me prévenir juste avant, elle m’a laissé un message sur mon téléphone me disant « je vais être en retard, je suis contrôlée sur la route ». C'était une manière de me prévenir, on n’avait pas rendez-vous. Elle venait de déjeuner chez nos parents, elle rentrait chez elle. Dès que j’ai eu son message, j’ai appelé la gendarmerie tous les quarts d’heure. Personne ne voulait me répondre, ils m’ont même raccroché au nez.

Le ministre Manuel Valls assure qu’elle a été interpellée lors d’un contrôle routier "fortuit".

On n’y croit pas une seconde. D’après plusieurs témoignages, il y avait plusieurs points de contrôle sur la route dans le coin, et ce n'était pas pour faire des tests d’alcoolémie. Les gendarmes arrêtaient les voitures pour regarder qui se trouvait à l’intérieur. D’ailleurs, Aurore a été interpellée à 15h55. A 16h15, une amie est passée sur la même route, le contrôle était levé.

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