Tour de France 2012 - ÉTAPE.9; Arc-et-Senans--> Besançon 41,5.Km(3)

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09 Iulie 2012;
La décision officielle;
Carte générale des environs de la Saline de Chaux. Planche 14 de « L'architecture considérée sous le rapport de l'art, des mœurs et de la législation », Paris, 1804
La décision de construire la nouvelle saline fut prise par un arrêt du Conseil du 29 avril 17732. Le lieu de la construction de la saline fut défini par une commission technique désignée par la ferme générale : ce sera entre les villages d'Arc et de Senans. Ce site présentait plusieurs intérêts : c'était une plaine dégagée, située à proximité de la Loue et de la forêt royale de Chaux, forêt de plus de 40 000 arpents. De plus, il se trouvait au centre du continent : il pouvait communiquer avec la Méditerranée par le canal de Dole, et avec la mer du Nord et le port d'Anvers par le Rhin. Enfin, la Suisse était relativement proche, ce qui était à l'époque un atout important du fait de la forte demande de ce pays en sel.
Le projet prévoyait la production d'environ 60 000 quintaux de sel par an, ce qui représentait environ 100 000 tonnes d'eau à évaporer par an à raison d'une concentration de 30 grammes de sel par litre de saumure1.
Le projet d'édification fut validé par Louis XV le 27 avril 17742, peu de temps avant sa mort, le 10 mai 1774. En 1773, le roi, en quête d'argent, fait entrer dans la « Manutention générale des Salines » une société d'entrepreneurs à laquelle il fut accordé une autorisation d'exploitation de 24 ans. Cette société, dirigée par Jean-Roux Monclar, avait des volontés financières et donc de rentabilité. C'est ainsi que l'entrepreneur refusa le premier projet proposé par Ledoux1. Le projet d'édification approuvé par le roi confiait donc et le financement et la construction de la saline à l'entrepreneur Jean-Roux Monclar, en échange de l'autorisation d'exploitation qui lui fut accordée. Claude-Nicolas Ledoux profita de la remise en cause de son premier projet pour en présenter un second profondément différent.
Le plan-masse du projet fut signé par Trudaine le 28 octobre 1774.
La construction;
Les archives ne nous renseignent que très mal sur le chantier et la construction de la saline. L'acquisition des terrains et les terrassements se firent peu de temps après.
La première pierre fut posée lors d'une cérémonie le 15 avril 1775, jour du samedi saint, et les travaux se poursuivirent jusqu'en 1779. Ceci indiquait donc, comme le veut la coutume, que le gros œuvre et les fondations étaient déjà établis.
Le gros œuvre fut rapidement réalisé, et les premiers essais de fabrication commencèrent dès l'automne 1778, avant même l'achèvement des intérieurs.
Comme le stipulait le contrat passé entre M. Monclar et la ferme générale, l'exploitation de la saline commença en 17795.
Le réseau routier alentour fut étudié par de jeunes stagiaires envoyés sur place par l'École nationale des ponts et chaussées. La route reliant les villages d'Arc et de Senans fut lentement empierrée par une main-d'œuvre corvéable à merci. De plus, comme cette route assurait d'importants débouchés vers la Suisse, l'entrepreneur Monclar mit à la disposition des ponts et chaussées les terrassiers de la saline durant les mois d'hiver. D'après le fermier général Haudry, les dépenses étaient doubles par rapport aux prévisions dès 1778.

L'architecture;
Le saumoduc;
Afin d'approvisionner la saline en « petites eaux » depuis les puits de Salins-les-Bains, un saumoduc fut construit. Il formait une double canalisation en sapin, longue de 21,5 kilomètres, qui traversait collines, routes et forêts, en suivant le cours de la Furieuse et de la Loue. Cette canalisation était enterrée afin de la rendre moins vulnérable aux dégâts du temps, du gel et des pillards.
Afin de le sécuriser plus fortement, 10 postes de garde furent construits le long du tracé du saumoduc, formant ainsi le « chemin des gabelous ». L'écoulement et la teneur en sel de la saumure étaient mesurés à chaque poste, et les résultats étaient relevés chaque samedi et portés à la saline. Les gabelous étaient à l'époque des douaniers responsables du commerce du sel, et donc responsable de la gabelle. Ils devaient faire face à des « faux-sauniers », qui perçaient les canalisations afin de récupérer une partie du liquide chargé de sel.
Le saumoduc suivait la déclivité du terrain (143 mètres de dénivelé), et était formé par des troncs de sapins taillés en forme de crayons pour s'emboîter facilement, et dont le cœur avait été évidé à l'aide d'une tarière. Les sapins furent choisis du fait de leur grande taille, et aussi du fait de la relative tendresse de leur cœur. Ces troncs de sapins évidés étaient appelés « bourneaux ». L'emboîtement des troncs évidés entre eux devait être solidifié grâce à l'usage de « frettes » en fer. Malgré les nombreux travaux effectués sans interruption sur le saumoduc, de nombreuses fissures apparaissaient, cause de nombreuses fuites (les coûteux travaux étaient effectués sur l'une des canalisations pendant que l'autre assurait le transport de la saumure).

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