Tour de France 2012 - ÉTAPE.9; Arc-et-Senans-->Besançon 41,5.Km(2)

  • 12 years ago
09 Iulie 2012;
La saline royale d'Arc-et-Senans située sur la commune d'Arc-et-Senans (Doubs) est une œuvre de Claude Nicolas Ledoux, célèbre architecte visionnaire. Elle avait pour but la production de sel, et devait remplacer les salines vieillissantes de Salins-les-Bains et de Lons-le-Saunier.

Le contexte au xviiie siècle
À cette époque, le sel était utilisé pour la conservation de certains aliments comme la viande ou le poisson. C'était donc à ce titre une denrée relativement essentielle. Un impôt était basé sur sa consommation, la gabelle, et était perçu par la ferme générale. La Franche-Comté était une région relativement riche en gisements de sel gemme dans son sous-sol. En conséquence, on trouvait de nombreux puits salés dont on extrayait le sel par ébullition dans des chaudières chauffées au bois. On trouvait à l'époque de nombreux puits à Salins-les-Bains et à Montmorot. On avait construit les chaudières près de ces puits et l'on amenait le bois des forêts voisines. Cependant, après de nombreuses années d'exploitation, ces forêts s'appauvrissaient de plus en plus rapidement, et le combustible devait en conséquence parcourir des distances de plus en plus importantes pour être acheminé, ce qui coûtait de plus en plus d'argent. De plus, au fil des années, la teneur en sel de la saumure diminuait. Durant une période, les experts du Roi (notamment les salinistes) cherchèrent même à exploiter les « petites eaux », mais ceci fut stoppé par un arrêt du conseil du Roi en avril 17731. Enfin, la construction d'un bâtiment de graduation était impossible, du fait de la position de Salins-les-Bains dans un vallon, ce qui n'était pas adéquat.

La construction et sa décision
Claude-Nicolas Ledoux fut nommé « Commissaire aux salines de Lorraine et de Franche-Comté » le 20 septembre 1771 par Louis XV. En 1773, Mme du Barry appuie sa nomination en tant que membre de l'Académie royale d'architecture, ce qui permet à Claude-Nicolas Ledoux de porter le titre d'Architecte du Roi, car il était déjà auparavant architecte de la Ferme générale2. C'est ainsi que la construction de la saline royale d'Arc-et-Senans lui est confiée.
En tant que Commissaire, il a pour mission d'inspecter les différentes salines de l'est de la France. Ceci lui permettra de se forger une opinion quant à la physionomie d'une usine efficace. Cette réflexion lui permit de mettre sur pied un premier projet, avant même que Louis XV ne lui en fasse la demande. Il s'inspira sans doute des autres salines de la région, et en particulier celles de Salins-les-Bains et Lons-le-Saunier.

Le premier projet
Plan du premier projet proposé par Ledoux en avril 1774 et refusé par le roi. Planche 12 de « L'architecture considérée sous le rapport de l'art, des mœurs et de la législation », Paris, 1804
Avant même de recevoir une demande de la part du roi, Ledoux planche sur un projet de saline. Il n'a aucune idée de la topographie du lieu où cette saline serait réalisée, ni aucune indication. Il laisse donc libre cours à son imagination, n'ayant pas à s'affranchir de quelconques difficultés. Ce projet sera présenté en avril 1774 au roi Louis XV3.
Ledoux voit grand dans ce premier projet : c'est un projet ambitieux, novateur et rompant avec les constructions traditionnelles. En effet, auparavant, les constructions et les bâtiments ne sont pas liés, ils sont construits de manière éparse. Ledoux rompt en mettant en place un projet fait d'une géométrie implacable : l'enceinte est organisée autour d'une immense place carrée. Les différents bâtiments sont placés tout autour de cette cour, reliés par des portiques. Ainsi, il n'y a en quelque sorte qu'un unique bâtiment. De même, afin « d'accélérer les services », la cour est découpée en diagonale par des galeries couvertes, formant une circulation abritée de forme octogonale. Les bâtiments devaient être faits de nombreuses colonnes, ainsi que les galeries couvertes qui devaient être soutenues par 144 colonnes doriques.
La cour carrée centrale était destinée au stockage du bois de chauffe de la saline. On pouvait trouver au niveau des coins et au centre de chacun des côtés des pavillons carrés de deux étages. Ils abritaient les fonctions vitales et nécessaires au fonctionnement de la saline : corps de garde, chapelle et boulangerie devant; ateliers des maréchaux-ferrants et tonneliers se trouvaient sur les ailes; et enfin la fabrique se trouvait au fond. Il y avait aussi des jardins tout autour de la manufacture, destinés à apporter un complément de salaire aux employés, ainsi qu'une imposante muraille afin de protéger la saline des vols.
C'est justement cette vision grandiose et luxueuse qui mènera ce projet à l'échec : aucun bâtiment industriel de l'époque n'était si imposant, ce qui étonnait les contemporains de Ledoux. Le roi refuse le projet, en précisant : « Pourquoi tant de colonnes, elles ne conviennent qu'aux temples et aux palais des rois .

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