Cercle Rive Droite vin wine

  • il y a 18 ans
Cercle Rive Droite de Grands Vins de Bordeaux, Alliance des Crus Bourgeois du Médoc: un mariage intelligent qui fonctionne et dynamise le commerce de ses vins. Pour s'en convaincre, la seconde édition des "Livrables", organisée hier dans le cadre « gothique » et non moins inédit du capcMusée d’Art Contemporain de Bordeaux, est en passe de devenir un rendez-vous professionnel commercial important pour les 365 propriétés concernées Rive Gauche, Rive Droite. Pour mémoire, la première édition avait rassemblé sur deux journées distinctes (les 23 et 24 octobre derniers), 550 professionnels du vin et 300 particuliers invités à déguster, de manière privilégiée, des crus peu accessibles d'ordinaire. Cette année, si les organisateurs ont préféré anticiper d'un mois la manifestation - en la concentrant sur une seule journée bien plus professionnelle - les particuliers, amateurs de vin n'ont pas été pour autant écartés et pouvaient s'inscrire pour découvrir le millésime 2004. Car les particuliers sont les consommateurs d'aujourd'hui et de demain. De ce fait, les premiers concernés, en tant que cible, par des vins "Livrables" qu'ils peuvent acheter; un achat qui toutefois n'aura pas lieu sur place - au désarroi de quelques dégustateurs amateurs interrogés - mais à la propriété ou par d'autres réseaux de distribution.

La réserve exprimée par la famille du négoce/courtage de l'édition 2005: plus qu'un mauvais souvenir?
Si l'édition 2006 est en passe de jouer à guichets fermés, selon les premières estimations de l'après-midi, Alain Raynaud et Thierry Gardinier - les présidents respectifs du Cercle Rive Droite de Grands Vins de Bordeaux et d’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc - auront alors gagné ce soir leur pari : avoir rassemblé et motivé négociants et courtiers hors du « tout Primeurs ». Un vrai contraste par rapport à la participation 2005 qui fut montrée du doigt tant le manque apparent de conviction de ces professionnels - face à leur mission d’accompagner tout au long de leur vie, les millésimes produits par leurs clients - se faisait sentir. L’explication de cette frilosité est peut-être à chercher, selon Thierry Gardinier, dans "le quiproquo, la méfiance, voire la motivation effritée par l'enjeu des dégustations des Primeurs de Bordeaux qui, bien qu'indispensables à l'économie de nos vins, occultent tout autre rendez-vous commercial". Et d'ajouter: « notre manifestation est jeune. Il faut plusieurs années pour convaincre; cette jeunesse implique peut-être quelques tâtonnements pour séduire les metteurs en marché » d’ordinaire sceptiques et attentistes en dehors du cadre de la campagne des Primeurs de plus grande notoriété […] ; Il poursuit : « à nous de les convaincre que « Les livrables » sont un moment professionnel clé et privilégié, bénéfique à l’ensemble de la filière. »
Parmi les propriétaires présents à cette manifestation, certains vont même jusqu'à reprocher chez quelques négociants et courtiers, une mollesse commerciale qui pourrait faire craindre à l'opération, un avenir incertain si ce comportement venait à perdurer. Pour éviter ce scénario, les deux entités - animées par une détermination assurée – ont organisé une réunion « table ronde » au mois de juin. Ainsi réunis face aux acteurs, courtiers, négociants ont été sensibilisés via un argumentaire persuasif, semble-t-il. A en croire la fréquentation de ce 11 septembre, le pari est peut-être gagné.
Un outil d'aide à l'accompagnement commercial des vins.
Ses fondateurs et initiateurs, Alain Raynaud et Thierry Gardinier souhaitent "fédératrice" cette opération. Un événement qui tombe à point nommé dans le calendrier : septembre n’est pas seulement le temps des vendanges, il est aussi la possibilité d’un recul indispensable, en terme d'appréciation gustative, sur des vins prêts à boire, à défaut, disponibles sur le marché de la consommation. A l'évidence, cette opération "les Livrables" porte bien son nom.

Des genres complémentaires: les Primeurs d'un côté, les Livrables de l'autre.
De nature opposée avec l’autre grande messe que sont les « Primeurs » d’avril, tout en étant complémentaire par le principe – soumettre à l’œil critique des professionnels, la qualité du millésime livrable, en l’occurrence le 2004 cette année – cette dégustation à la fois studieuse et conviviale entend redonner du baume au cœur aux propriétés. Dans un contexte économique pas toujours favorable aux vins français – cette implication des deux Rives sous la bannière d'une union salutaire, "s'inscrit dans une volonté d'accompagnement commercial nécessaire aux vins de Bordeaux, une fois les primeurs passés" comme le précise Alain Raynaud, lui-même propriétaire du Château Quinault (AOC Saint-Emilion Grand Cru). Une mission des deux Rives d’autant plus pertinente qu’elle contraste avec l’engouement commercialement « éphémère » des Primeurs de Bordeaux. Car comme chacun le sait, le sort de toute campagne de Primeurs se décide alors entre trois à quatre semaines selon l’année et les bons points distribués par quelques grands critiques. Une fois l’événement international passé, beaucoup de millésimes, moins plébiscités ou peu sujets à la volatilité des marchés spéculatifs, prennent le risque de retomber dans un « cruel anonymat » Or, cette situation doit être à tout prix évitée pour que ne trinquent pas les propriétés ne jouissant pas de la dynamique des primeurs ou de la considération de certaines maisons de négoce. C’est là, pour Alain Raynaud « toute la légitimité de notre opération car elle rappelle aux metteurs en marché certaines réalités : la disponibilité bien réelle et non plus « virtuelle » des bouteilles millésimées prêtes à être bues. »

Alors meeting du vin incontournable ?
Rien n’est plus sûr si la famille des acteurs des marchés du vin, (négociants, courtiers, importateurs) - les premiers prescripteurs dans la chaîne - le tout relayé par les journalistes de la presse généraliste et spécialisée, se sentent réellement concernés; en exerçant par exemple leur rôle initial de premiers promoteurs des vins de Bordeaux, d'anticiper les modes en matière de consommation de vins, et la volatilité des marchés sans succomber aux doux chants des sirènes des notes des critiques les plus influents de la planète vin. En somme, se convaincre qu'un rendez-vous comme celui-ci est bienfaiteur pour l'image et l'économie globales des vins de Bordeaux. Et cette dégustation commerciale donne au moins une certaine transparence de la situation au fond des verres Riedel, aux côtés cette année de la gamme de Mikasa Oenology, marque d'Arc International (1). Cette lisibilité des prix fixes des vins disponibles en bouteille sur le marché - et non plus en cours d'élevage en barriques - est la clé de voûte du commerce de ces vins car sans surprise à l'arrivée.

Finalement. Une chose est sûre, Thierry Gardinier et Alain Raynaud – qui ont choisi la stratégie élégante et pertinente de la concorde entre deux rives (à tort, historiquement et culturellement opposées ) – entendent inscrire « Les Livrables » dans le livre des événements incontournables des vins de Bordeaux. On le sait, le succès de cette journée repose sur sa durabilité, sa notoriété à Bordeaux et la possibilité de l'exporter à l'étranger. Sur ce dernier point, si rien ne transpire officiellement et ouvertement, l'on peut deviner officieusement l'envie d'une version présente sur les marchés les plus importants pour les vins de Bordeaux « Grande-Bretagne, Etats-Unis, Hong-Kong et Allemagne ». Ces clones de "Livrables" seraient une manière d’apporter une couleur bien plus internationale à la rencontre. Et mieux encore, chercher directement sur place, les prescripteurs dans les pays concernés. Une chose est sûre, la balle est désormais dans le camp des metteurs en marché.

Le saviez-vous?
Des chiffres qui parlent:
Le Cercle Rive Droite de Grands Vins de Bordeaux , c'est 127 crus qui produisent sur 19 AOC (1840 hectares), 6 millions de bouteilles pour un C.A. de 57 millions d'euros, pour 700 emplois.
L'Alliance des Crus Bourgeois du Médoc, c'est 247 crus qui produisent sur 8 AOC (7200 hectares), 38,5 millions de bouteilles pour un CA de 300 millions d'euros, faisant vivre 2400 personnes.

En savoir plus sur ces deux entités
Rive Gauche - Rive Droite
Le Cercle Rive Droite de Grands Vins de Bordeaux
L'Alliance des Crus Bourgeois du Médoc


(1) Créée en 2006 par ARC International - leader mondial des arts de la table - la gamme MIKASA OENOLOGY entend apporter un crédit d’image non négligeable dans l’univers des verres à dégustation dédiés. Une lisibilité et un savoir-faire qui manquaient jusque là à l’entreprise picarde, Arques alors trop cataloguée dans le verre résistant passe-partout sans être spécifiquement associé à l’univers du vin. Sur un marché des accessoires du vin très disputé – notamment pour les verres -, MIKASA OENOLOGY veut se démarquer en proposant une gamme (quatre lignes de verres et de carafes) aux formes originales tel le verre « Open Up », tout en respectant les nuances du vin. Point d’orgue de la gamme, et l’utilisation du Kwarx, matériau étonnant développé par le centre de recherche d’Arc International garantissant une transparence absolue, un éclat perpétuel et surtout, une très haute résistance du verre exempt de zone de faiblesse.


Crédits sujet:
Images: Philippe SIMON
Interview audiovisuelle: Frédéric LOT
Article : F.LOT