Dr Burkhard Brunn

  • il y a 14 ans
L'œuvre de Charlotte Posenenske embrasse un vaste héritage moderne. De Cézanne elle hérite l'intérêt pour le paysage, des avant-gardes constructivistes hollandaises et soviétiques elle reprend le sens de la composition, de la spatialisation et de la standardisation. Abandonnant la représentation picturale de l'espace pour la sculpture, Charlotte Posenenske pose la question de l'expérience d'un point de vue subjectif puis anonyme. Déçue par l'incapacité matérielle de l'art à résoudre les problèmes sociaux urgents, l'artiste met fin à sa carrière artistique en 1968 et prolonge sa réflexion par des études de sociologie.

Dans les années 1960, ses recherches sur l'espace pictural se manifestent par une série de reliefs métalliques sculptés et peints mécaniquement, par des pavillons architecturaux modifiables par le spectateur-consommateur. En 1967, Charlotte Posenenske conçoit les séries D et DW, tubes quadrangulaires qui reposent sur un système de modules et dont la production, la distribution et la consommation rivalisent avec l'industrie. Leur manipulation est proposée au spectateur (série DW) et leur assemblage est à la charge du commissaire d'exposition (série D). En laissant à d'autres le soin d'imaginer les formes finales de ses œuvres, l'artiste célèbre la coopération sociale et critique le travail standardisé. Entre la perfection et le désordre, l'imagination et la contrainte, la revendication et l'impuissance, le mouvement dévié et la forme rationnelle, Charlotte Posenenske impose une poésie de l'action improvisée.