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  • il y a 3 jours
Pendant 12 ans, Audrey a subi des violences conjugales de la part de son compagnon. Elle a fait appel à l'association "Une voix pour elles" pour l'aider à déménager gratuitement dans un nouveau logement avec ses enfants. Nous avons suivi Audrey dans ce nouveau départ.

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Transcription
00:00Une fois, il a failli me faire tomber des escaliers parce qu'il voulait frapper mon enfant et que j'ai voulu le rattraper.
00:05Ce déménagement est aussi important pour moi parce qu'il va aussi me permettre, bien au-delà d'avoir un nouveau logement, de pouvoir me reconstruire avec mes enfants.
00:15Si je parle aujourd'hui, c'est pour pouvoir aider d'autres victimes et de leur dire « vous avez le droit, il y a une autre vie, il y a quelque chose derrière ».
00:26En France, trois femmes sont victimes de féminicides ou de tentatives de féminicides chaque jour.
00:31Et une femme sur dix sera confrontée à des violences conjugales au cours de sa vie.
00:35Dans cette vidéo, on a voulu se concentrer sur un moment clé pour la femme victime de violences, celui du départ du domicile et de la séparation avec le conjoint violent.
00:44C'est d'ailleurs à ce moment que les violences et les risques de féminicides augmentent le plus.
00:48Pour celles qui quittent leur logement, parfois avec des enfants, c'est un changement de vie radical, tant sur le plan logistique qu'émotionnel.
00:55J'ai suivi Audrey, qui a fait appel à l'association Une Voix pour Elles pour l'aider à déménager.
00:59Cette association aide les victimes à déménager gratuitement, parfois dans l'urgence, en transportant leurs affaires vers le nouveau logement.
01:06Et si j'ai pu suivre ce déménagement, c'est parce qu'on s'est assuré en amont que l'ex-conjoint d'Audrey n'allait pas être présent sur place.
01:12J'ai toute une maison, c'est toute une vie.
01:15Quand on parle de carton, quand on parle de meubles, c'est plus que ça, c'est bien au-delà en fait.
01:19C'est toute une vie.
01:21Je me suis retrouvée face à des murs financiers, des nuits à pleurer, à ne pas pouvoir dormir et à me dire comment je vais faire.
01:29Et c'est par le biais de cette association qui m'a tendu les mains et qui m'a dit ne vous inquiétez pas, Audrey, on va y arriver ensemble, maintenant dans la main.
01:38Ça, je vais donner. Des amis viennent récupérer.
01:41Ça, c'est acheté.
01:43Il y a les deux caisses.
01:45Il y a le caddie.
01:46Après, je crois que...
01:48Allez, voilà.
01:50Voilà.
01:53Comment ça se passe quand le mari ou l'ex-mari est présent au déménagement ?
01:58Nous, on contacte toujours les forces de l'ordre.
02:00On n'intervient jamais sans les forces de l'ordre par sécurité pour nous, pour l'équipe et pour la bénéficiaire.
02:05C'est très stressant. Donc moi, j'essaie toujours de rassurer la bénéficiaire au téléphone, en plusieurs fois, avant le déménagement.
02:12Il aujourd'hui également.
02:13Je ne suis pas là par hasard. J'ai été bénévole, bénéficiaire, victime de violences conjugales et aujourd'hui salariée.
02:20Et je suis fière de Parcours. C'est une cause qui me tient à cœur.
02:26J'ai subi des violences conjugales et intrafamilières parce que ce sont des violences aussi que mes enfants, malheureusement, ont subies.
02:33Les violences physiques se sont accentuées. Les violences économiques aussi. Il m'est arrivé où il me laissait sans rien.
02:42Il partait quelques jours et quand je n'avais plus rien, j'étais obligée de le supplier pour qu'il revienne, pour que je puisse donner à manger à mes enfants.
02:49Il me maintenait comme ça, en fait.
02:50J'ai découvert le poteau rose. Il m'a fait des crédits. Il m'a laissé avec un découvert de plus de 6 000 euros sur mon compte en banque.
02:59Je ne pouvais plus donner à manger à mes enfants. Le peu que j'avais, c'était pour eux. Donc moi, je ne mangeais plus.
03:07J'ai fini par perdre connaissance. J'ai eu une très grosse péricardite au cœur.
03:12Il me privait de ma carte bleue. Il avait installé mon application de ma banque sur son téléphone portable.
03:21Il pouvait bloquer mes cartes bleues à distance.
03:23Là, je l'ai supplié de me rendre ma liberté financière. Je commençais aussi à me révolter. Ça, ça ne lui plaisait pas.
03:29En fait, ça commençait à prendre des proportions telles que j'ai été menacée à ce moment-là, que si je ne m'arrête pas de lui demander mes cartes, il écraserait ma tête contre un mur.
03:39Il a pris un perfecto et il me l'a lancé. J'ai reçu la ceinture sur le visage.
03:45Il a lancé un trousseau de clé. Je me suis retrouvée avec un oeil au beurre noir.
03:49Et de là, il est parti. Il a claqué la porte. Et j'étais en pleurs.
03:53Une fois, il a failli me faire tomber des escaliers parce qu'il voulait frapper mon enfant et que j'ai voulu le rattraper.
03:59Et de là, il m'a poussée. Je me suis rattrapée au bar.
04:02Il a voulu frapper mon enfant parce que mon fils, il lui avait tout simplement demandé pendant la période du Covid de lui remettre le Wi-Fi.
04:10Malheureusement, la justice, elle n'avance pas.
04:12On a certaines plaintes qui reviennent malheureusement classées sans suite alors qu'on a donné des preuves et on ne comprend pas en fait.
04:21À quel moment, même si on nous dit qu'on est entendu, on aura justice ? À quel moment ?
04:28L'ex-conjoint d'Audrey est partie du jour au lendemain.
04:30Mais si elle doit quitter son logement aujourd'hui, c'est parce qu'elle ne peut plus payer son loyer.
04:35Avec ses enfants, elle fait face à une procédure d'expulsion. Son ex-conjoint l'a totalement ruinée.
04:40J'ai dû faire face aux nombreuses dettes que monsieur m'a laissées.
04:44Mon logement, ici actuel, il était, j'ai arrondi, presque à 1800 euros.
04:51Toute seule. Je ne pouvais pas gérer cette somme-là, surtout que je ne travaillais pas.
04:55Il faut savoir qu'il m'a empêchée de travailler aussi.
04:57Je n'avais pas choisi cette situation. Je n'avais pas choisi de ne pas payer mon loyer.
05:01Bien au contraire, en juillet 2024, j'apprends que je serai expulsée.
05:06On m'a dit qu'un huissier pouvait passer à n'importe quel moment, donc il fallait faire très vite.
05:10Donc j'ai commencé à faire les premiers cartons.
05:12J'ai fait appel tout de suite à des bailleurs sociaux pour pouvoir avoir un logement social.
05:18J'ai fait appel à la mairie aussi.
05:21On m'a trouvé un logement.
05:25On est en route vers le nouveau logement.
05:27C'est la dernière ligne droite.
05:28Bien sûr, la nouvelle adresse d'Audrey va rester secrète pour ne pas que son ex-conjoint puisse la retrouver.
05:35Ça va, ce n'est pas trop lourd ?
05:39Il y a des livres, c'est lourd, mais le reste, ça va.
05:44Le logement était dans un état insalubre.
05:48Infiltration d'eau, champignons.
05:51Et là, on se dit, mais comment on va faire ?
05:55Et d'un autre côté, j'ai essayé de relativiser en me disant, j'ai un logement.
06:00On m'a donné un toit pour mes enfants.
06:05C'est fini !
06:07C'est mon chez moi, en fait.
06:08Ça y est, je réalise, quoi.
06:09J'y suis.
06:11Ça va être dur, il faut attendre la fin des travaux, mais je suis à la maison.
06:15C'est un renouveau.
06:17Une nouvelle vie, en fait.
06:19Une nouvelle vie qu'on va commencer avec mes enfants.
06:21Merci, j'ai l'air.
06:24La honte, elle doit changer de côté.
06:27J'ai eu honte pendant longtemps.
06:29Et je me dis aujourd'hui, je ne dois plus avoir honte.
06:32Si j'ai cette force de parler, j'aurai la force de me dire que je vais pouvoir aider d'autres victimes.
06:38Et un jour, comme cette association aujourd'hui, une voix pour elle,
06:42qui est venue en renfort aujourd'hui, m'aider avec tous ces bénévoles,
06:47un jour, j'en ferai partie aussi.
06:50Combien de déménagements vous organisez chaque année ?
06:53Alors là, j'ai les chiffres 2024.
06:56Je pense qu'on avait fait à peu près 140 déménagements,
06:59mais malheureusement beaucoup trop.
07:00En fait, j'ai envie de vous dire, toujours plus de demandes,
07:04ce qui n'est pas rassurant.
07:05Le fait d'avoir la présence d'hommes, c'est important,
07:07parce que déjà, forcément, avoir des gros bras pour nous aider,
07:11mais aussi, c'est rassurant de se dire que l'homme aujourd'hui s'engage.
07:14Et j'ai pu apprendre à beaucoup d'hommes, en fait,
07:16à quel point il n'y avait pas que les violences physiques.
07:19Ils ignoraient les violences financières, administratives, psychologiques,
07:23enfin, ils n'avaient pas idée.
07:24Et en fait, du coup, c'est faire aussi de la prévention,
07:26et c'est un soutien, on a besoin des hommes.
07:29L'association Une Voix pour Elle est basée dans les Alpes-Maritimes.
07:32Mais le programme Elle Déménage, composé de plusieurs associations
07:35qui aident au déménagement, se déploie dans plusieurs régions,
07:38comme dans les Hauts-de-Seine, à Paris, en Nouvelle-Aquitaine,
07:41en Isère et même à La Réunion.
07:43Il faut savoir qu'en moyenne, une femme victime de violences conjugales
07:46va effectuer six départs infructueux avant de partir définitivement.
07:51Et sans l'aide d'association, le départ est encore plus compliqué.
07:54Heureusement qu'il y a des associations comme ça qui aident les femmes,
07:57parce qu'on n'a pas toute la chance, si je peux dire,
08:02de pouvoir déménager avec des amis, des familles.
08:06Je m'appelle Aurélie Le Maléfant, et pendant 18 ans,
08:09j'ai vécu avec un homme violent.
08:11Pour se reconstruire, Aurélie a écrit un guide
08:13pour aider d'autres femmes à sortir de cette situation.
08:16Dedans, elle liste les choses à faire pour préparer son départ.
08:19Si on songe à partir, ça se prépare,
08:22parce que déjà, il faut retrouver un logement,
08:25il faut protéger ses enfants si on en a,
08:27il faut se protéger soi,
08:28même si on n'a pas dans l'idée de porter plainte.
08:31Ça peut être simplement, déjà,
08:33alors, ça n'existe pas dans tous les commissariats,
08:36mais ils peuvent vous rediriger.
08:37Il y a une psychologue ou des professionnels
08:40qui sont formés spécifiquement aux violences
08:42et qui vont vous dire comment faire.
08:45De contacter, évidemment, le 3919,
08:48d'appeler une association,
08:50dans mon cas, ça a été d'appeler Citadelle,
08:52ça peut être de lire des livres.
08:54J'ai écrit mon guide, justement, pour ça aussi,
08:56où je retrace tout le parcours,
08:58tous les chemins différents qu'on peut faire,
09:00d'aller voir une assistante sociale,
09:02de contacter la CAF.
09:03J'ai tellement de femmes qui me disent
09:04« mais non, mais je n'ai pas besoin de la CAF ».
09:05Mais moi, je pensais ça aussi,
09:07que je n'avais absolument pas besoin
09:08d'aller voir la caisse d'allocations familiales.
09:10Mais finalement, il y a des aides,
09:11il y a une aide d'urgence
09:13qui peut être mise en place,
09:15qui peut aller jusqu'à plus de 1 000 euros
09:18et qui est délivrée dans les 3 jours.
09:20De prévenir une personne de confiance
09:22pour lui dire « voilà, j'ai dans l'idée de déménager,
09:26est-ce que je peux venir chez toi ?
09:28Est-ce que tu as un lieu ?
09:29Est-ce que justement,
09:29de contacter ces associations vont me permettre ? »
09:31Parce qu'il y a des logements d'urgence aussi,
09:33pour que la personne ne sache pas
09:35où on va déménager.
09:37Voilà, c'est des outils comme ça
09:38qui peuvent être mis en place.
09:40Il faudrait aussi que ça change
09:41et c'est en train d'évoluer
09:42sur les affiches qu'on voit dans les rues.
09:47On voit souvent une femme
09:48avec un bleu sur le visage.
09:50Je n'ai jamais eu de bleu sur mon visage
09:52et pourtant, j'ai été victime de violences physiques
09:54parce que moi, les bleus,
09:56ils n'étaient pas sur mon visage
09:57et que la violence physique,
09:59c'est aussi taper du poing sur la table,
10:02jeter un sac quand on arrive du travail,
10:05hurler sur la famille.
10:07Ça, c'est aussi de la violence physique.
10:10Malheureusement, quand on s'en va,
10:11les hommes continuent
10:13de vouloir contrôler la famille,
10:15les enfants.
10:17On sait très bien
10:17que quand il n'y a plus d'emprise
10:19sur la femme,
10:21il va passer aux enfants
10:23ou à certaines autres personnes
10:25membres de la famille
10:26pour contrôler encore
10:28soit la famille, soit l'ex-femme.
10:30Donc ça, c'est des choses
10:32vraiment à prendre en compte aussi.
10:35En 2019, lors du Grenelle
10:36des violences conjugales,
10:3846 mesures avaient été annoncées,
10:39comme le téléphone grave danger,
10:41le bracelet anti-rapprochement
10:43ou la délivrance accélérée
10:44de l'ordonnance de protection.
10:46D'ici fin 2025,
10:47le dispositif qui permet
10:48de déposer plainte dans les hôpitaux
10:50sera généralisé
10:51dans tous les établissements
10:53qui disposent d'un service
10:54d'urgence ou de gynécologie.
10:56Malgré ces mesures,
10:57les associations demandent
10:58qu'un budget plus conséquent
10:59soit alloué à la question
11:00des violences faites aux femmes.
11:022,6 milliards d'euros
11:03seraient nécessaires
11:04selon la Fondation des femmes
11:06pour faire reculer ces violences.
11:08En 2023, le budget était de 184 millions.
11:11Si vous, qui regardez cette vidéo,
11:13vous subissez des violences
11:14ou si vous connaissez quelqu'un
11:15dans cette situation,
11:17vous pouvez contacter le 3919.
11:19C'est un numéro gratuit et anonyme.

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