Télématin reçoit Laurence Boccolini, animatrice de radio et de télévision, scénariste et actrice française, à l'occasion de la sortie de son livre "showtime".
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00:00Elle a décidé de raconter des pans de sa vie qu'elle n'avait, jusqu'alors, jamais raconté et elle est chez vous ce matin.
00:10C'était mon petit kiff, j'avais envie qu'on entende cette petite musique. Bonjour Laurence Boccolini.
00:14Bienvenue sur notre plateau, Laurence, vous publiez Showtime, Souvenir du chaos, édition Kéro. C'est tout chaud, il est sorti avant-hier.
00:22Il est sorti avant-hier.
00:23Merci d'être sur notre plateau, je sais que vous faites pas beaucoup d'émissions télé et on en fait partie donc on vous en remercie.
00:28Il y a 40 ans de votre vie, privée et professionnelle, que vous racontez dans ce livre, alors puisqu'on entendait le générique du Maillon Faible,
00:34vous parlez du Maillon Faible dans ce livre, Laurence, on rappelle, vous l'avez animé entre 2001 et 2007, j'ai halluciné en découvrant tout ce que,
00:44au bout de, quoi, au bout de, du lendemain, dès le lendemain de la diffusion, les réactions que ça a engendré, dites-nous.
00:50Alors, je l'ai toujours dit, ça a été assez compliqué parce que moi je suis passée de la, pas de l'anonymat, mais enfin de la tranquillité à tout d'un coup un succès incroyable pour le Maillon.
01:00Combien de téléspectateurs le Maillon Faible ?
01:02Alors, je ne sais pas.
01:03C'était 6, 7 millions ?
01:04A peu près, je crois que le premier mois on a fait 57% de parts de marché.
01:09Alors après, on va remettre, il n'y avait pas toutes les autres chaînes, mais enfin c'était quand même un succès incroyable.
01:14Et donc, moi je me suis retrouvée, j'avais pas prévu la réaction où les gens prenaient en pleine face le fait que ça soit quelque chose, c'était un deuxième degré, et le deuxième degré ne passait pas.
01:26Donc j'avais des insultes.
01:27En gros, vous jouiez à la méchante, à la dure.
01:29Oui, oui, oui.
01:30Les gens vous prenaient, c'est-à-dire que vous racontez des trucs, Laurence, des insultes, des jets de pierre dans vos fenêtres la nuit, des cris orduriers, on vous traitait de grosse, de sorcière, de conne.
01:40Mais comment on arrive à se blinder ? C'est que de la télé.
01:42On ne se blinde pas, moi je n'y suis pas blindée, j'arrivais pas à me blinder, j'osais plus sortir, j'habitais à la campagne toute seule, moi j'avais une petite routine d'aller faire mes courses, je ne pouvais pas aller faire mes courses.
01:52Les gens me reconnaissaient, me touchaient, me retournaient, me disaient comment vous pouvez, dans la rue, dans la rue.
01:59C'était un deuxième degré qui ne passait pas.
02:02Et c'est allé très loin, puisque vous décrivez un repas au restaurant, on vous sert un café, et je vous laisse nous raconter la suite.
02:11Oui, en fait, moi je n'osais même plus aller au restaurant, parce que comme j'étais dans une zone où il n'y avait pas, ce n'était pas Paris, ce n'était pas anonyme, j'avais un invité chez moi qui voulait absolument aller au restaurant,
02:20donc il n'y avait rien, il fallait aller manger dans un centre commercial.
02:22Et dans un centre commercial, c'est des chaînes de restaurant, donc moi je n'avais pas faim, j'ai juste commandé un café.
02:27Et je savais qu'en rentrant dans ce restaurant, les serveurs m'avaient reconnu, voilà, il y avait une espèce d'ambiance un peu…
02:34Vous les voyiez papoter dans leur coin en vous regardant.
02:37Et quand j'ai bu mon café, j'ai cru que j'allais m'évanouir, parce que le café, je ne savais pas si c'était du piment, de la javel, du décapant, c'est-à-dire que ça m'a brûlé.
02:50C'est une tentative d'empoisonnement.
02:52Oui, et malheureusement, j'étais mal entourée ce jour-là, mon invité m'a dit… Il a goûté, il a failli passer… Il m'a dit « ne fais pas de scandale sur nous ! »
03:01Et bien sûr, j'aurais dû faire un scandale, je n'ai rien dit.
03:04Et un an plus tard, vous avez reçu un message ?
03:06Oui, un an plus tard, j'ai reçu un e-mail de cette société qui m'a pris les excuses pour cet incident, alors que je n'avais rien dit, et qui m'offrait un repas pour deux.
03:19C'était les serveurs qui ont voulu soulager leur conscience, non ?
03:23Oui, c'est ce que j'ai appelé le café à la haine, mais moi j'avais des tas de choses à la haine, j'avais en permanence de la haine.
03:30Mais pourtant, assez tôt, vous avez pu expliquer que c'était un personnage, parce que ceux qui vous connaissaient, moi je vous adorais à la radio, et je devais vous défendre, je me souviens, dans des repas de famille, en disant « mais Laurence Boccolini, en fait, à la radio, c'est un personnage, c'est une comédienne ! »
03:42Non, ils ont identifié, vous vous identifiez…
03:44Oui, mais c'était compliqué, vous ne pouvez pas expliquer à chaque personne en particulier, à 5 millions ou 6 millions de personnes, que vous n'êtes pas comme ça, parce que pas tout le monde vous connaît.
03:52Et puis c'était très fort, quand même, l'impact du maillon, on avait l'impression qu'on harcelait les pauvres candidats, alors que les candidats, je me rappelle, au bout de 3-4 ans, j'étais moins vindicative.
04:06Et ils disaient toujours aux directeurs de casting « oh, on est déçus, elle n'a pas été méchante avec moi ! »
04:12Mais ils voulaient vraiment que je leur dise des trucs, parce que moi je les renvoie aujourd'hui, ils continuent à faire des jeux, ils me disent « oh, vous m'aviez dit ça, parce que j'ai rigolé »
04:21Voilà, en tout cas, ça a marqué, évidemment.
04:23Du statut d'animatrice télé, vous en aviez parlé quelques années plus tôt, sur le plateau de Matin Bonheur, face à quelqu'un qu'on adore, c'est Olivier Minde, regardez ce que vous disiez à cette époque, Laurence.
04:35Et grâce à France 2, tu as pu montrer maintenant que l'on pouvait donner à une femme une émission également.
04:39Ça, c'est mon combat féministe qui est en plein extase, tu comprends bien.
04:44C'est une des rares fois dans le monde où une femme présente un jeu, toute seule, qui ne co-présente pas, en disant « et bien oui, et c'était, merci, qu'est-ce que vous avez une jolie veste, et voici un micro-ondes »
04:56Potiche, en fait.
04:58Oui, on va dire, potiche.
05:01C'est vrai que les femmes dans les jeux étaient plutôt des potiches.
05:06Eh oui, on est en 95.
05:08Ce qu'on peut dire, pardon de vous couper, c'est que depuis que je fais très peu de promos, on est à la gentillesse de mettre des images de moi entre 85 et maintenant, je n'ai jamais trouvé mon style.
05:19Ni vêtements, ni coiffures.
05:22Rassurez-vous, c'est notre lot commun.
05:24C'est la catalogue.
05:25On peut d'ailleurs le vérifier sur votre plateau, les enfants de la télé, on se dit « mais comment j'étais fringue à l'époque, donc c'est bon pour tout le monde ».
05:30Moi, c'est tous les cheveux maquillés.
05:33Non, mais ce qui était sûr, et c'est ce que vous expliquez, en 95, vous animiez un jeu toute seule, pas deux.
05:39Ça a été compliqué de finir ce jeu-là ?
05:42C'était quel meilleur gagne ? Vous succédiez à Nagui.
05:44Oui, quelle drôle d'idée.
05:46En plus, Nagui partait, on m'a appelée, moi je ne savais pas.
05:49Je pense qu'il aurait fallu dire non, je n'étais pas du tout…
05:51Pourquoi, Laurence ?
05:52Parce que c'était un jeu qui…
05:55C'est trop compliqué, c'est les méandres des productions.
05:58Moi, on m'a pris, je n'étais pas connue, je n'avais pas fait de télé.
06:01C'était trop dangereux pour moi, je ne connaissais pas les…
06:03Vous aviez fait de la voix-off sur un jeu, quand même, avant ?
06:05Oui, mais je ne connaissais pas les codes de l'animation qui sont très compliqués,
06:10et il faut, voilà… Je ne savais rien.
06:13Donc, ça s'est arrêté très vite.
06:15Moi, j'étais contente de le faire, c'était une bonne expérience.
06:18Je trouve que c'était une bonne expérience.
06:20Dans toute expérience, il y a du bon à tirer.
06:22C'est une bonne expérience.
06:23Et puis, ça m'a permis de faire des télématins, des matins bonheurs, avec Olivier.
06:27Avec Olivier.
06:28On embrasse.
06:29On embrasse, évidemment.
06:30On va jouer un petit peu, Laurence, quelques photos.
06:33Vous êtes une joueuse devant l'éternel.
06:35Devant l'éternel.
06:36Bon.
06:37Quelques photos apparaissent, et forcément, vous évoquez ces personnes-là dans votre livre.
06:41Dites-nous.
06:42Lui, c'est Michel Drucker.
06:43Michel Drucker.
06:44Je l'ai reconnu.
06:45Comme ça, déjà, c'est bien.
06:46Michel Drucker dans votre carrière.
06:47En deux mots, vous le dites dans votre livre.
06:49Michel, au pipeau, au flanc, je suis allée le voir au studio Gabriel.
06:54J'ai inventé une histoire à moitié vraie, vous l'aurez découvert dans le livre,
06:57un peu fausse aussi.
06:59Et je lui ai dit, je veux faire de la radio, je veux faire de la radio.
07:01Et j'étais au milieu de son plateau de télé.
07:02J'aurais très bien pu dire, je veux faire de la télé.
07:04Mais la télé ne m'intéressait pas du tout.
07:05Non, c'est ce que vous dites.
07:06Je veux faire de la radio, je vous en prie, je veux faire de la radio.
07:08Et donc, il m'a donné un petit mot avec le nom de la dame qui s'occupait des standardistes
07:12et des stagiaires à RTL, où il travaillait.
07:15Et il m'a dit cette phrase.
07:16Il m'a dit, Laurence, je vois que vous êtes passionnée.
07:18Alors, je vais vous mettre le pied droit dans la radio.
07:21À vous de vous débrouiller pour mettre le pied gauche.
07:23Et c'est ce qu'il a fait.
07:24Donc, je le remercie parce que c'est lui.
07:26Évidemment, c'est important.
07:27Autre photo de ces quatre là, les Inconnus.
07:31Les Inconnus, c'est ma première grosse émission l'après-midi sur Europe 1.
07:36Quand je suis passée de RFM à Europe 1.
07:38On est en 87-88.
07:39Voilà.
07:40Et c'était l'été.
07:41Il testait les Inconnus.
07:42C'était juste…
07:43Moi, je faisais que rire.
07:45Je n'avais pas beaucoup de fonction.
07:46J'ai ri pendant deux mois.
07:48Et ce qui a été génial, c'est qu'on s'est bien entendus.
07:51C'était produit par Lederman et Martinez.
07:54C'est important de le dire.
07:55Et à la rentrée, évidemment, les animatrices historiques sont rentrées.
08:00Et on dit, c'est à nous, bien sûr, de prendre la place sur les Inconnus.
08:04Et les Inconnus sont montés voir la direction en disant,
08:06nous, on continue.
08:07Si Laurence continue avec nous.
08:09Je suis restée longtemps avec eux.
08:10Et c'était vraiment une expérience.
08:12J'ai vu des hommes arriver du Théâtre Fontaine le soir, se coucher tard,
08:17écrire 15 sketchs.
08:19C'était en direct.
08:20Les sketchs étaient nouveaux tous les jours.
08:22Ils étaient quatre à l'époque.
08:23Il y avait Seymour et Parti.
08:25Seymour et Parti.
08:26Seymour et Parti.
08:27Au début, ils étaient cinq.
08:29Il y avait Smaïne.
08:30Il y avait Smaïne.
08:31Mais Smaïne est parti très vite.
08:32Très vite.
08:33Et après, Seymour et Parti.
08:34Dernière photo.
08:35Regardez, c'est Alain Bachung.
08:36Vous en dites des mots magnifiques.
08:37Puisqu'on rappelle, Laurence, qu'à l'époque, vous êtes à Radio, Télé, Yvelines.
08:41Mais ils avaient de l'espoir.
08:43Parce que c'était au-dessus des clapiers des Lapins.
08:45Ils avaient quand même mis « Télé » en se disant qu'un jour, c'était une télé.
08:49C'était une Radio Libre.
08:50C'était une Radio Libre.
08:51Elle était libre de tout.
08:52Il n'y avait rien.
08:53Donc Radio Libre, Laurence, et vous racontez que pour faire venir une vedette à 35 km
08:58de Paris, dans une ferme.
08:59À Bucs.
09:00C'est-à-dire à côté de Versailles.
09:01Enfin, plus loin que Versailles.
09:02Et lui, il est venu gentiment.
09:05Oui, mais les artistes avaient compris que leurs fans allaient sur les Radio Libres.
09:11Ce n'est pas méchant.
09:12Ce n'est pas par calcul.
09:13Ils avaient compris que leurs fans allaient écouter les Radio Libres.
09:16Donc, on en avait qui disaient non.
09:17Mais on a eu Little Bob Story.
09:18Je ne sais plus qui.
09:19Mais Bachung, j'ai ce souvenir de le voir arriver un soir d'hiver avec son épouse,
09:25faire l'interview, rester dans ce studio qui était épouvantable.
09:29C'était un mètre carré.
09:30Sale.
09:31Et nous dire, j'ai un peu faim.
09:33On a été lui chercher des pizzas et continuer l'interview.
09:36Parce qu'à l'époque, on était toute la nuit.
09:38Avec son morceau de pizza.
09:39Mais c'était Bachung aussi.
09:40Il était formidable.
09:41Il a un grand cœur.
09:42Voici quelques anecdotes parmi tant d'autres que vous découvrirez dans ce livre.
09:45C'est hyper bien écrit.
09:46On reconnaît votre style.
09:47On a l'impression, Laurence, que vous êtes chez nous.
09:49Vous êtes installée dans le canapé et vous nous racontez des anecdotes.
09:52Ça se dévore.
09:53Petite pause.
09:54On vient avec vos souvenirs télé.
09:55Pour une fois, aux enfants de la télé, on inverse.
09:57C'est Benoît qui vous fera parler de vos souvenirs télé.
09:59Et on part en pause avec Pat Benatar.
10:02Vous racontez combien...
10:03Mon sosie.
10:04Votre sosie, combien vous aimez cette chanteuse ?
10:06J'aime Pat Benatar.
10:07Allez, on revient tout de suite.