« On nous parle d’investir dans l’intelligence artificielle, nous on veut investir dans l’intelligence tout court. » En début d’année, le dévoilement de la carte scolaire pour la rentrée 2025, qui impliquerait un nombre important de fermetures de classes, a déclenché une multitude de petits foyers de colère en France, à Paris comme à la campagne.
La FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, a dénombré cette fois-ci 4950 suppressions de classes pour 2336 ouvertures à la rentrée, soit un solde négatif de 2614 supérieur à celui des cinq dernières années. Depuis la présentation de la première carte scolaire en janvier, les manifestations, blocages d’écoles, grèves, pétitions et autres actions pullulent dans l’Hexagone, relayées par la presse locale.
La FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, a dénombré cette fois-ci 4950 suppressions de classes pour 2336 ouvertures à la rentrée, soit un solde négatif de 2614 supérieur à celui des cinq dernières années. Depuis la présentation de la première carte scolaire en janvier, les manifestations, blocages d’écoles, grèves, pétitions et autres actions pullulent dans l’Hexagone, relayées par la presse locale.
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00:00Comment on peut retirer des classes partout
00:01et remplir d'autres classes qui sont déjà extrêmement surchargées ?
00:04Le but aujourd'hui, c'est de se battre pour que nos enfants
00:07soient heureux à l'école et qu'ils puissent apprendre sereinement.
00:09Jusqu'où peut-on rationaliser l'école publique ?
00:12Le dévoilement de la carte scolaire pour la rentrée 2025
00:15a déclenché une fronte discrète mais déterminée un peu partout en France.
00:19Comme chaque septembre, on fermera et on ouvrira des classes
00:23selon les changements démographiques.
00:24Mais cette fois-ci, le solde serait encore plus négatif que d'habitude,
00:28avec 2600 classes en moins selon le syndicat majoritaire.
00:31Voilà pourquoi aujourd'hui, je suis en Indre-et-Loire,
00:33où les parents, les enfants, les enseignants, les élus
00:37manifestent pour sauver leurs classes et défendre leur vision de l'école publique.
00:41Non ! Non ! Non !
00:43Aux fermetures de classes !
00:45Oui ! Oui ! Oui !
00:47Aux créations de postes !
00:49On nous parle beaucoup d'intelligence artificielle,
00:51d'investir massivement dans l'intelligence artificielle.
00:54Nous, on veut investir dans l'intelligence tout court,
00:57c'est-à-dire l'intelligence de nos enfants, de nos élèves.
00:59Comment on peut retirer des classes partout
01:01et remplir d'autres classes qui sont déjà extrêmement surchargées ?
01:04Le but aujourd'hui, c'est de se battre pour que nos enfants soient heureux à l'école
01:07et qu'ils puissent apprendre sereinement.
01:09On voit toujours que pour des bons résultats scolaires,
01:12il faut plus de profs pour moins d'élèves,
01:14et là, la décision qui est prise,
01:16c'est vrai que c'est inquiétant pour nos enfants.
01:21C'est un secret pour personne, la population française vieillit,
01:24et donc le nombre d'élèves diminue d'année en année.
01:26En 2024, il y en avait 80 000 en moins sur les bancs d'école du premier degré.
01:31Et donc parfois, on supprime des classes.
01:33Dans le département, ici en Indre-et-Loire,
01:3558 écoles sont concernées selon la première version de la carte scolaire,
01:38notamment celle-ci à Saint-Jean-Saint-Germain.
01:41Elle accueille des enfants de petites communes aux alentours.
01:43On appelle ça un RPI, un regroupement pédagogique intercommunal.
01:49Bonjour madame la maire.
01:50Bonjour monsieur.
01:51Donc c'est ici qu'une classe pourrait fermer ?
01:53Oui, alors c'est l'école de Saint-Jean-Saint-Germain
01:57qui comporte actuellement deux classes,
01:59et dont une, effectivement, est susceptible de fermer à la rentrée prochaine.
02:03Qu'est-ce qu'on vous a proposé comme solution ?
02:05Il y a une classe en moins,
02:06donc forcément on répartit les élèves qui devaient être dans la classe
02:10dans les autres classes du RPI.
02:12Donc ça veut dire plus d'élèves par classe.
02:14C'est surtout, à mon avis, plutôt qu'une question de baisse démographique,
02:19une question de chiffres et une question de budget.
02:23Au premier degré en France, on compte en moyenne 22 élèves par classe.
02:27C'est une donnée qui s'est améliorée ces dernières années,
02:29mais ça reste le nombre le plus élevé en Europe.
02:32Dans les pays européens membres de l'OCDE, la moyenne est de 19.
02:41Ça va complètement changer l'organisation des classes.
02:45On va passer à un double niveau sur toutes les classes,
02:47voire triple niveau.
02:48On a des classes qui sont toutes petites,
02:50qui font 40 mètres carrés, donc on ne va pas pouvoir pousser les murs.
02:52On a tout dans nos classes,
02:54le bureau de direction, tout le matériel.
02:56Voilà, c'est la particularité des écoles rurales.
02:58Dans mon école, c'est moi qui serait impactée par la fermeture.
03:01Vous devriez aller enseigner ailleurs.
03:02Oui, il faut faire le mouvement et aller enseigner ailleurs.
03:04Et malheureusement, dans notre secteur,
03:06ça devient compliqué d'avoir des postes.
03:08On est en secteur très rural,
03:10donc je serai impactée pour trouver du travail assez loin.
03:13Nous, ce qui nous impacte à Ferrière,
03:15on a deux classes aujourd'hui.
03:17C'est une toute petite commune.
03:18Donc s'ils ferment une classe et qu'il n'en reste plus qu'une,
03:21le risque derrière, c'est la fermeture totale de l'école de Ferrière.
03:24L'an dernier, l'Inspection générale des finances
03:26et celle de l'éducation ont publié un rapport explosif.
03:30Celui-ci affirme que les perspectives démographiques
03:32pourraient permettre une réduction des moyens d'enseignement
03:35à politiques éducatives constantes, assure-t-on.
03:37En gros, il suffirait de revoir intelligemment
03:40le maillage territorial selon certains critères.
03:42Par exemple, pas plus de 20 minutes en voiture
03:44pour se rendre à l'école.
03:46Plusieurs scénarios sont envisagés.
03:47L'un d'entre eux prévoit la suppression de 1925 écoles,
03:50soit 4% des écoles primaires.
03:53Il faut savoir que la France a déjà perdu 40% de ces écoles en 40 ans.
03:57On est conscient qu'il y a une baisse démographique.
03:59Le problème, c'est qu'avec l'inclusion qu'on nous demande,
04:03par exemple, moi en maternelle,
04:04aujourd'hui, je suis confrontée à beaucoup d'enfants qui ont des couches
04:07et mon métier a totalement changé.
04:09Je ne suis plus là pour faire que de la pédagogie.
04:11Je fais beaucoup, beaucoup de soins et on manque de bras.
04:15On manque d'humanité, en fait, maintenant.
04:17Et moi, je pense que surtout, on pourrait en profiter
04:19pour avoir des conditions qui sont meilleures pour travailler,
04:22notamment parce que les enfants ne sont plus les mêmes
04:23et qu'on a des enfants qui sont beaucoup plus stressés,
04:28avec des problématiques d'inclusion qu'on n'avait pas avant.