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Terres de Mission reçoit par téléphone Frère Benjamin, prêtre salésien et directeur de collège, pour évoquer l'ouvrage qu'il vient de publier à propos de l'accompagnement des adolescents en difficultés : "L'espoir est une force" (Artège/Le Sénevé).
Puis, François-Xavier Gicquel, directeur des opérations de l'association SOS Chrétiens d'Orient, évoque la situation des chrétiens en Syrie, quelques semaines après la prise de pouvoir par les islamistes et quelques jours après les massacres de masse perpétrés contre les minorités, notamment alaouites et chrétiennes.

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00:00La Marseillaise
00:30Bonjour chers amis téléspectateurs, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle
00:44édition de Terre de Mission, l'émission religieuse de TV Liberté et très bon dimanche
00:50de la joie.
00:51Vous savez que le quatrième dimanche de carême est un dimanche en rose puisque nous approchons
00:55de Pâques, le violet se teinte un peu de blanc.
00:59Nous commençons la deuxième partie du carême, donc bonne fin de carême à tous.
01:05Au programme aujourd'hui, deux séquences comme la semaine dernière.
01:08D'abord, nous allons parler avec François-Xavier Jiquel, qui est directeur des opérations
01:13chez SOS Chrétiens d'Orient, de la situation des chrétiens en Syrie.
01:16Vous savez que beaucoup de chrétiens ont été massacrés ces derniers jours en Syrie.
01:19Et voilà, nous allons en parler.
01:21Puis nous aurons par téléphone le frère Benjamin, prêtre salésien, qui vient de
01:27publier un livre destiné aux jeunes en souffrance, L'espoir est une force, qui est paru chez Artej.
01:45Nous revenons sur le plateau de Terre de Mission et j'ai le plaisir d'accueillir
01:47François-Xavier Jiquel.
01:48Bonjour François-Xavier.
01:49Bonjour.
01:50Vous êtes le directeur des opérations d'SOS Chrétiens d'Orient, une association qui
01:54est assez chère à nos cœurs, à moi et à beaucoup de téléspectateurs, parce que
02:00vous avez fait un travail fantastique.
02:02Alors, je ne dis pas à la façon Laurent Fabius, c'est pas SOS Chrétiens d'Orient, on fait
02:07du bon boulot comme Al-Qaïda, mais, pardon pour cette mauvaise plaisanterie, mais depuis
02:142014 ou quelque chose comme ça, votre association a fait beaucoup pour soutenir les chrétiens
02:22d'Orient, évidemment, principalement, mais sur, enfin chez eux, les aider à rester
02:27chez eux, parce que le cœur du sujet, c'est qu'il faut qu'il y ait une présence chrétienne,
02:31spécialement en Syrie, en Terre Sainte, cet endroit où il y a les chrétiens depuis le
02:37Christ, c'est pas supportable d'imaginer qu'on ne va plus en avoir dans 50 ans, et
02:42donc bref, je suis très admiratif du travail que Charles de Meyer, Benjamin Blanchard et
02:47toute l'équipe font, donc je suis toujours ravi de vous recevoir, mais là je vous reçois
02:52pour une mauvaise nouvelle, souvent je vous reçois pour une église dédicacée, c'est
02:58une bonne nouvelle, mais là, c'est une mauvaise nouvelle, c'est la Syrie, la Syrie, donc,
03:02sans grande surprise, le gouvernement de, comment on appelle ça, des islamistes démocrates
03:07ou des islamistes modérés ou des islamistes je sais plus quoi, évidemment devient de
03:12plus en plus islamiste, de moins en moins démocrate ou modéré, et donc il y a eu
03:17ces derniers jours des massacres de chrétiens et d'halawites assez massifs, c'est pas
03:24du tout des, c'est pas des bavures, c'est des vrais massacres, et donc je voulais un
03:29peu qu'on fasse le point et que nous puissions tous prier et puis éventuellement soutenir
03:35nos frères chrétiens de Syrie, quelle est la situation aujourd'hui ?
03:40Alors, la situation est complexe, mais ce qu'il faut en effet, comme vous l'avez
03:45souligné, ajouter à cette équation complexe, c'est qu'on est quand même obligé de
03:49commenter en effet sur la capacité politique d'islamistes à gérer un pays sur les rives
03:56de la Méditerranée, au port de l'Europe.
03:58Donc on essaye de savoir comment ça va s'organiser, à quelle sauce on va être mangé, mais encore
04:04une fois on essaye de faire preuve d'espérance en essayant d'accorder un peu de crédit
04:10à des gens qui hier combattaient sous la bannière d'Al-Qaïda, donc c'est un sujet
04:14qui n'est pas simple à traiter.
04:15Moi j'y ai été il y a 15 jours, alors la situation, alors ça dépend des régions
04:19de la Syrie, il y a des régions comme Damas ou Alep qui sont plutôt bien contrôlées
04:25par le gouvernement, dans lesquelles on peut vivre à peu près normalement pour l'instant
04:29parce que tout change au quotidien, il faut quand même éviter de sortir le soir une
04:34fois la nuit tombée et on rencontre des gens qu'on n'aurait pas fréquenté il y a quelques
04:40années.
04:41Mais je me suis rendu également dans notre bureau de Homs où la situation est extrêmement
04:45pesante.
04:46Notre collègue sur place, Pierre-Augustin Guillermet, une personne qui s'est fait
04:51abattre en bas de son immeuble en sortant le matin pour aller au travail, il a vu le
04:56cadavre entouré de barbus sur le trottoir.
04:58Un de nos anciens collègues également a eu sa femme qui l'a appelée en urgence parce
05:03que quelqu'un s'est fait assassiner devant lui et en fait c'est relativement monnaie
05:06courante des gens.
05:07Alors c'est toujours pareil, pour des crimes crapuleux se font enlever et tuer au quotidien
05:14et on dit qu'évidemment ce sont des groupes qui échappent au contrôle du gouvernement,
05:18le problème c'est que est-ce que le gouvernement veut vraiment chercher à contrôler et peut
05:24vraiment contrôler.
05:25Et c'est ce qui s'est passé dans ces exactions auprès de la population à la
05:28Huit.
05:29Tous les observateurs internationaux, la majorité disent que ce ne sont pas les troupes du gouvernement
05:34qui ont commis ces exactions, alors il faudrait rentrer dans le détail de qui fait quoi quand
05:38il n'est pas en service, mais il faudrait mesurer la taille des barbes pour savoir qui
05:43est de quel côté.
05:44Mais ce qui est certain c'est que déjà le gouvernement n'a pas pu l'empêcher,
05:48on sait que les supplétifs qui ont commis ces massacres sont passés par les points
05:51de contrôle du gouvernement, ils n'ont pas été stoppés.
05:53Et maintenant la question est de savoir, le gouvernement a promis la justice et des
05:57arrestations et des jugements, on les attend toujours.
06:00Est-ce que le gouvernement peut vraiment s'opposer à cette base radicale qui pendant
06:04dix ans s'est vue promettre la victoire et l'instauration de la charia et qui aujourd'hui
06:08attend que les promesses soient tenues alors que nous occidentaux nous attendons à ce
06:12que la Syrie devienne comme ça du jour au lendemain un état démocratique, moderne,
06:17dirigé par des gens avec qui nous pouvons parler en toute confiance.
06:19Il y a vraiment deux réalités qui s'affrontent et avec lesquelles Ahmad Al-Shara, le président,
06:25doit jongler aujourd'hui.
06:26– C'est ça.
06:27Par ailleurs, la Syrie n'a jamais été un état-nation au sens qu'on l'entend
06:31chez nous.
06:32Est-ce qu'il y a des chances ou des risques, selon le point de vue que vous aurez, qu'il
06:39y ait bientôt un Émirat laouite et puis un Émirat ceci et puis un Émirat ultra-radical
06:46sunnite et que la Syrie explose en plein de petits territoires, mais surtout sultanats
06:56ou je ne sais pas quoi, émirats, autonomes, se détestant cordialement les uns les autres
07:00et puis éventuellement se mettant d'accord pour aller gorger des chrétiens ?
07:02– Aujourd'hui, tout est possible.
07:04Aujourd'hui, il y a encore une fois deux réalités qui s'opposent.
07:08Il y a les grands mots, les pieuses promesses.
07:10La semaine dernière, jeudi dernier, il y a eu un texte constitutionnel, à valeur constitutionnelle
07:16qui a été signé par le Président, qui veut l'unité des Syriens, qui veut que
07:21toutes les minorités soient respectées dans leurs droits, dans leurs pratiques religieuses.
07:25Alors, sous la chape de la charia, puisque là où le droit islamique était une des
07:30sources du droit, il est désormais la source principale du droit, ça y est, c'est édicté,
07:35c'est acté.
07:36Mais il va en faveur de l'unité d'après ses discours.
07:39La même semaine, il a signé un accord avec les Kurdes pour les intégrer dans les institutions
07:45étatiques.
07:46Mais d'un autre côté, c'est la théorie, les Kurdes sont immédiatement plaints de
07:52ne pas avoir été consultés sur ce texte constitutionnel, donc est-ce que cet accord
07:56va exploser ou pas ? Les Alaouites sont encore traumatisés par les exactions de quelques
08:01jours auparavant.
08:02Les chrétiens, qui ont toujours été un terreau de l'unité nationale, ne sont pas les premiers
08:10opposants.
08:11Mais par exemple, le patriarche grec orthodoxe a voulu attendre d'avoir justement ses gages
08:18avant d'arborer le nouveau drapeau sur son patriarcat, car il ne veut pas soutenir aveuglément
08:23un système.
08:24On ne sait pas encore ce qu'il va donner.
08:25Donc il y a quand même encore un peu de retenue et d'attente de voir ce que ça va donner.
08:28Les Druzes sont un peu cantonnés dans leurs villes et villages.
08:33Alors, certains sous occupation israélienne, d'autres… il y a beaucoup de rumeurs.
08:38La semaine sur deux, on nous dit qu'ils ont demandé la protection d'Israël.
08:41La semaine suivante, on dit que non, non, non, ils ont fait allégeance quand même
08:44au régime et qu'ils ne vont pas appeler non plus à envahir la Syrie par l'État
08:47voisin.
08:48Mais il y a quand même un flou artistique là-dedans.
08:51Donc, tout est possible.
08:53Là, on est vraiment à la croisée des chemins.
08:54Si le gouvernement tient ses promesses et réussit à contrôler sa base, ça fait déjà
09:00beaucoup.
09:01Ça fait déjà dossier un peu massif.
09:03On peut s'orienter vers l'unité nationale.
09:05D'ailleurs, ils ont conservé le terme dans la nouvelle constitution de République arabe-syrienne
09:10pour vraiment consacrer l'unité de la nation.
09:12Encore une fois, c'est en déclination.
09:15Mais, encore une fois, il y a beaucoup de défis à relever pour l'avenir.
09:21– Et alors, du point de vue démographique, les chrétiens sont combien sur une population
09:27de combien ? Enfin, en gros.
09:29– Oui, les chrétiens étaient 2 millions au printemps, près de 10% de la Syrie.
09:35Il faudrait avoir des chiffres vraiment mis à jour.
09:38En fait, la grosse problématique, c'est qu'il y avait une migration qui était proportionnelle.
09:45Pas totalement, parce qu'énormément de millions de sunnites sont partis en Turquie,
09:49sont partis au Liban, sont partis vers l'Europe.
09:52Et des chrétiens qui sont beaucoup moins nombreux, évidemment, ça se voyait un petit peu moins.
09:58Sauf que les chrétiens resteront à l'étranger et que les sunnites, on ne sait pas encore.
10:02Justement, c'est vraiment une interrogation qu'ont notamment les pays voisins comme le Liban,
10:06dont aujourd'hui la moitié de la population est composée de réfugiés syriens,
10:09attendent de savoir si ces réfugiés qui fuyaient Bachar al-Assad,
10:12désormais vont rentrer chez eux, retrouver les révolutionnaires
10:16qui promettaient la liberté et la démocratie.
10:18Donc, en tout cas, ce qui est certain, c'est que la population chrétienne
10:23sort évidemment affaiblie de ces 13 ans de conflit.
10:29Et il faut voir aussi la place que vont leur laisser les autorités syriennes.
10:32Pour l'instant, en effet, il y a eu pas mal de consultations qui ont été mises en place par le Président,
10:38avec des moines à Alep, Parsi, d'autres communautés religieuses par là.
10:43Mais il y a quand même trois patriarches en Syrie, dont le principal est le grec orthodoxe,
10:49qui représente près de la moitié de la population chrétienne de Syrie,
10:51qui n'ont pas été consultés encore par le Président.
10:53Donc, il y a encore une certaine retenue dans la présence des chrétiens
10:58dans l'avenir politique du pays.
11:00Donc, ça reste inquiétant.
11:02– Et leur relation avec les chrétiens du Liban ?
11:04– Alors, c'est un peu du cas par cas.
11:07C'est-à-dire que les chrétiens du Liban ont quand même…
11:11En tout cas, c'est toujours pareil,
11:13on ne peut pas parler au nom des chrétiens du Liban entier,
11:15parce que surtout que là-bas, les chrétiens du Liban sont quand même très politisés
11:18en fonction des différentes factions.
11:20Mais beaucoup n'ont pas oublié l'occupation syrienne,
11:22dont beaucoup d'officiers étaient chrétiens.
11:26Donc, il y a quand même certains souvenirs un peu douloureux entre ces deux pays.
11:30Mais certains ont quand même, durant la guerre,
11:35appris qu'il y avait des choses prioritaires à faire passer
11:39avant ces rancœurs face au péril islamiste.
11:41– C'est clair.
11:43Et donc, Esthènes chrétien d'Orient est présent en Syrie depuis longtemps.
11:48Vous avez l'espoir d'y rester ou est-ce que vous êtes prêts à partir du jour au lendemain ?
11:54Comment ça se présente ?
11:56Si c'est des problèmes de sécurité, vous ne répondez pas à la curiosité.
12:01– Justement, c'est un thème assez intéressant comme question,
12:03puisque certains médias subventionnés nous ont fait des faux procès,
12:08nous ont accusé de servir la propagande de X ou Y,
12:12ce qui n'a jamais été le cas, puisqu'on en parlait juste avant.
12:15Au Liban, nous travaillons avec des chrétiens
12:19qui étaient extrêmement opposés à l'ancien régime syrien.
12:24Nous, on ne fait pas de politique, nous, on travaille avec les autorités légales,
12:27tout comme les associations en France ne travaillent pas pour Emmanuel Macron,
12:30mais pour les Français.
12:31Et donc, nous étions enregistrés légalement auprès des mêmes organes,
12:35par exemple que les Nations Unies, et le régime ayant changé,
12:40nos objectifs stratégiques et les besoins de la population restent les mêmes,
12:43donc nos moyens d'action restent les mêmes.
12:45D'ailleurs, l'organisme auprès duquel nous étions enregistrés est demeuré,
12:49il a simplement changé de nom et de tête dirigeante,
12:53mais en fait, nous, on poursuit des grands projets en faveur de la population
12:58avec ces organismes, et on a été reçus par des autorités légales du pays,
13:05on est en dialogue en bonne intelligence,
13:07on a obtenu les autorisations nécessaires à continuer notre grand projet
13:11du côté de Homs, de production de lignes de boulangerie pour la population.
13:18Donc nous, tant qu'on veut bien de nous,
13:20on est très heureux de travailler en Syrie, encore une fois,
13:23pour les Syriens et pas pour un gouvernement enregistré, quel qu'il soit.
13:26– Merci beaucoup, François-Xavier, pour ces éclairages,
13:28et évidemment, nous prions bien pour les chrétiens de Syrie,
13:32et puis par ricochet pour SNS Chrétien de l'Orient,
13:35qui y fait, encore une fois, du bon boulot.
13:38Je trouve que M. Fabius est quand même un attaché de presse remarquable.
13:42– C'est ça.
13:43– Merci, François-Xavier.
13:44– Avec plaisir.
13:45« Chant »
13:57– Retour sur le plateau de Terre de Mission,
13:59et j'ai le plaisir d'accueillir, mais hélas, par téléphone,
14:01simplement le frère Benjamin.
14:03Bonjour, mon frère.
14:04– Bonjour, bonjour.
14:05– Merci beaucoup d'être avec nous.
14:08Vous êtes prêtre salésien et directeur de collège.
14:12Alors d'abord, c'est quoi un prêtre salésien ?
14:15– C'est vrai que c'est plus très connu en France.
14:18En tout cas, on est très nombreux dans le monde.
14:20Ce sont des religieux prêtres éducateurs.
14:22On consacre, à l'instar de Saint Jean Bosco,
14:24on consacre notre vie aux jeunes,
14:25en priorité les jeunes en souffrance.
14:27Et voilà, donc c'est une vie totalement consacrée aux jeunes.
14:31– À l'éducation.
14:32– On travaille, on fait différents métiers auprès des jeunes.
14:34– D'accord.
14:35Et alors, vous, vous êtes directeur d'un collège qui s'appelle Jean Bosco,
14:40précisément, ce qui est manifestement étenu par les salésiens aussi ?
14:44– Oui, bien sûr.
14:46– Et alors, je vous reçois, pas pour le collège que je ne connais pas,
14:50mais pour un livre que j'ai reçu récemment et qui est très inspirant,
14:56qui s'appelle « L'espoir est une force »,
14:58qui est paru aux éditions Artej,
15:01sous-titré « Petit manuel pour trouver la lumière quand tout va mal ».
15:05Donc, évidemment, le sous-titre est extrêmement clair.
15:09Concrètement, ce livre, c'est un petit livre
15:14qui est un livre plutôt pratique,
15:15avec plein d'exercices, de propositions, de témoignages, etc.
15:19Donc, ce n'est pas du tout un livre théorique,
15:21ce n'est pas un livre de philo,
15:23mais c'est un livre qui est très adapté, si je vous suis bien,
15:28aux adolescents qui sont un peu mal dans leur peau, si je puis dire.
15:31– Voilà.
15:32J'ai l'honneur, depuis maintenant, je peux déjà dire des décennies,
15:37d'accompagner des jeunes qui sont dans des problématiques de mal-être.
15:41Et finalement, j'ai repéré, à un moment donné,
15:45un certain nombre d'idées, ou de façons de transmettre des idées,
15:49qui sont en fait, clairement, des idées issues d'évangiles, évidemment,
15:54mais des idées qui ont pu les aider à passer ce cap,
15:58à éviter le pire, parfois.
16:00– Quand vous dites le pire, pardon de vous interrompre,
16:04quand vous dites le pire, vous voulez dire, y compris jusqu'au suicide ?
16:07– Oui. – D'accord.
16:08– Clairement, à un moment, j'étais vraiment avec des jeunes
16:10qui étaient dans ces problématiques-là,
16:13et donc, pas mal de correspondances écrites,
16:18qui permettent de poser les idées, et pour eux, et pour moi,
16:21et j'ai un petit peu fait un compendium de tout ce qui a été porteur
16:29dans ces idées, dans cette façon d'exprimer les choses,
16:32qui ont, entre guillemets, peut-être aidé des jeunes
16:35à passer des étapes difficiles,
16:37et donc, je l'ai dérassemblé dans un livre que j'ai ensuite,
16:40dans un deuxième temps, fait lire, revoir, corriger, augmenter,
16:48soustraire, bref, affiner, par une équipe de jeunes
16:51qui étaient un peu touchées par ces problématiques,
16:53parce que c'est eux-mêmes qui disaient que ce serait bien
16:55que tout ce qu'on s'était échangé puisse profiter à d'autres,
16:58et c'est comme ça que s'est mis en place, tout doucement,
17:01s'est dessiné tout doucement ce livre, voilà.
17:03– D'accord, donc c'est un peu l'anti-suicide mode d'emploi,
17:07si je puis dire.
17:08– Oui, d'ailleurs, je voulais l'appeler suicide mode d'emploi
17:11de façon un peu ironique, mais bon, effectivement,
17:13ça a été déjà pris, donc bon…
17:15– Et pas forcément très bien illustré, donc c'est pas forcément…
17:18– C'est-à-dire suicide virgule mode d'emploi,
17:20pour montrer quoi faire quand on est dans des problématiques,
17:25mais bon, plus largement que suicide,
17:27en tout cas, des problématiques de mal-être…
17:28– Oui, je comprends bien, bien sûr, anorexie…
17:30– Sur les temps, c'est pas toujours simple,
17:33même dans des familles, dans des bonnes familles,
17:36on a parfois des coups de mou assez profonds,
17:40et voilà, ce livre veut apporter un peu des petites clés
17:43pour donner du sens à la vie, voilà.
17:46– Et alors, la clé un peu globale, c'est l'idée que,
17:54même dans les situations les plus noires,
17:56il reste l'espoir, en quelque sorte.
17:58C'est un peu la chanson de l'espérance, c'est…
18:01– Oui, alors, rien n'est jamais foutu,
18:04ça c'est capital de le saisir, on l'enlarge à travers,
18:09c'est tout le cœur de l'évangile,
18:10rien n'est jamais foutu, alors qu'on était condamnés,
18:13nous sommes sauvés, et on a besoin d'être sauvés d'ailleurs.
18:16Donc voilà, oui, ça c'est vraiment le message central du livre, c'est ça.
18:21Et même montrer que les épreuves, les impasses dans lesquelles on pense être
18:27sont peut-être au contraire des tremplins,
18:32c'est une façon aussi de voir les choses,
18:34c'est un peu ça que j'essaie d'indiquer dans le livre,
18:36c'est une façon peut-être plutôt que de résister à la souffrance,
18:41résister, c'est-à-dire se rebeller,
18:44plutôt accueillir ce qu'elle a à nous apprendre, à nous dire, à nous révéler.
18:48– Et ça c'est un discours qu'on peut entendre,
18:49y compris dans la période de souffrance,
18:51ou qu'on n'entend qu'à la fin de la période,
18:53quand on se retourne vers ce qu'on vient de vivre ?
18:56– C'est sûr qu'il ne faut pas attendre d'en être sorti,
18:59même si parfois avec le recul, on s'aperçoit à quel point c'est vrai.
19:04Mais non, je pense qu'il faut tout de suite dans les moments de difficulté
19:09se dire, tiens, ça vient me dire quelque chose,
19:11ça vient me révéler quelque chose, un peu comme la douleur,
19:13la douleur, on a mal quelque part,
19:15voyons voir ce que ça veut dire, pourquoi j'ai mal là,
19:17c'est quoi ce symptôme, d'ailleurs on va voir un médecin,
19:19pour essayer d'y voir plus clair.
19:21Donc non, la souffrance, elle est à entendre dès maintenant,
19:24elle a quelque chose à nous dire, on va attendre d'en être sorti.
19:28– Alors peut-être qu'on peut rentrer un peu dans le plan du livre,
19:35ça commence, les titres sont très jeunes, entre guillemets,
19:40ça commence par « J'en ai marre », c'est un peu l'introduction,
19:42partie 1 « J'en peux plus », partie 2 « Qui suis-je, qui es-tu ? »
19:45et partie 3 « Que faire ou ne pas faire ? »
19:48Comment est-ce que cette gradation s'articule en quelque sorte ?
19:53– Oui, je pense qu'un peu comme lorsqu'on écoute un jeune
19:57qui vient se confier sur ses préoccupations,
20:02on commence par se taire, nous, adultes,
20:05et vraiment ne pas réagir trop vite à travers mille conseils,
20:10mais vraiment accueillir ce qu'il y a à accueillir.
20:12Déjà, un jeune qui ne va pas bien,
20:14il a besoin de se sentir accueilli, de toute façon inconditionnel,
20:18et le meilleur service qu'on puisse lui rendre,
20:20c'est d'abord cette écoute, cette qualité d'écoute sans jugement.
20:23C'est pour ça que je fais un premier chapitre où d'abord,
20:26allons, plongeons dans ce problème que j'ai,
20:30ces épreuves, ces souffrances.
20:32D'ailleurs, il y a un sous-chapitre qui dit
20:35« J'ai honte de t'embêter, il y a pire ailleurs ».
20:37Donc, vraiment plongeons, je dirais, dans cette question de « J'en peux plus ».
20:43Accueillons ça, voilà, gardons-le en face et accueillons-le.
20:47Puis dans une deuxième partie, faire quoi, ça nous mène ?
20:51Qu'est-ce que ça vient nous apporter sur nous-mêmes, sur qui on est,
20:54sur les questions fondamentales de la vie ?
20:57Peut-être que ça nous oblige à nous poser des bonnes questions, en fait.
21:01Voilà, puis après, il y a des choses un peu plus concrètes peut-être dans le…
21:04Bon, il y a toujours des questions,
21:06il y a des choses un peu concrètes tout au long,
21:07mais dans la troisième partie, on est plus sur la solution,
21:12mettre au mouvement.
21:15– Ok, et donc, ce livre, en fait,
21:17c'est un livre que vous avez écrit à plusieurs mains,
21:19alors c'est « Je comprends bien ».
21:21– Ben oui, disons que j'ai repris ce que moi j'ai pu dire
21:29et qui a aidé les jeunes, déjà, et ensuite les jeunes m'ont aidé
21:34à tailler le texte pour que vraiment ce soit parlant,
21:36compréhensible, accessible à des ados,
21:40même des ados qui ne sont pas de milieu culturel très riche
21:45et qui ne sont pas des lecteurs ou quoi,
21:49donc c'est pour ça que le livre est très léger dans son style,
21:52pour pouvoir…
21:54Et il y a eu une troisième relecture avec des professionnels aussi,
22:01une association de psychologues chrétiens,
22:06par exemple un écoutant SOS Amitié, des éducateurs spécialisés,
22:10enfin voilà, des gens de bons conseils aussi,
22:12il y a eu une troisième relecture, je dirais un peu professionnelle aussi,
22:16moi aussi je suis professionnel dans le monde de la jeunesse,
22:17mais c'est pas au monde de…
22:19– Plusieurs regards, il y a toujours mieux qu'un.
22:22– Oui, c'est un peu un sujet délicat quand même.
22:25– Oui, bien sûr, il ne faut pas se planter.
22:28– Très bien, et est-ce que, si ce n'est pas indiscret,
22:32est-ce que vous pourriez nous donner un ou deux exemples de jeunes
22:36qui ont été dans la situation d'avoir besoin de lire ce bouquin-là,
22:39que vous avez accompagné, et qui s'en sont sortis,
22:43qu'est-ce que ça veut dire s'en sortir en quelque sorte ?
22:46– Oui, là c'est un peu frais pour la sortie du livre lui-même,
22:53mais bon, comme je disais…
22:54– Oui, je ne pensais pas tellement au livre lui-même,
22:55mais à l'accompagnement que vous, vous avez…
22:58– Voilà, c'est ça, parce que je suis amené à dire des choses
23:00qui sont dans ce livre avec des jeunes avec ou sans livre.
23:04Et en fait, on ne s'aperçoit pas qu'il y a parfois des idées,
23:10j'utilise aussi pas mal de contes ou des paraboles,
23:13j'en connais un qui faisait ça il y a 2000 ans,
23:15et derrière le sens profond d'un truc, paf, ça vient faire mouche,
23:22parce que c'est là, c'était le nœud qui coinçait.
23:24Alors, je vais essayer de me souviendre d'un exemple peut-être plus concret.
23:28Par exemple, le « J'ai besoin de toi » qui clôt le livre,
23:38que j'explique bien à la fin, j'explique en fait
23:41si un jeune, il avait eu davantage ce sentiment
23:45qu'en fait on a besoin de lui, le monde a besoin de lui,
23:48ce qu'il a apporté est absolument unique au monde,
23:52et c'est bien ce que fait le Seigneur avec nous,
23:54ce que fait Dieu avec nous, il nous confie d'immenses responsabilités,
23:59il confie même les rênes de l'Église à des pauvres boucres d'apôtres
24:05qui sont loin d'être parfaits, donc en fait il compte sur nous vraiment,
24:09et donc nous, on doit pouvoir aussi signifier à nos jeunes
24:11qu'on compte sur eux, et donc il y a aussi la question des responsabilités.
24:14Enfin, tout ça pour dire qu'un jeune qui, dans ma pratique éducative,
24:18a pu sentir à quel point je lui faisais confiance et que j'avais vraiment besoin de lui,
24:21qu'il faisait pas bien le taf, ou s'il accomplissait pas bien cette mission,
24:27ça allait faire capoter, et en fait ça c'est quelque chose qui peut sauver.
24:33Ça a l'air bête comme ça, ça donne une colonne vertébrale,
24:38le jeune se dit « waouh, en fait on compte sur moi,
24:41j'arrête peut-être de me morfondre, de tourner en boucle,
24:46d'entendre des raisonnements trop enfermants, voire narcissiques, mais voilà. »
24:52– Merci beaucoup mon frère, donc frère Benjamin,
24:56l'espoir est une force, c'est paru chez Artej,
24:59vous voulez peut-être un dernier mot si vous voulez ?
25:01– Ouais, non, non, mais voilà, je sais que ça c'est très prétentieux de le dire,
25:07mais c'est pas grave, c'est pour les deux,
25:08je pense qu'il y a des choses dans ce livre qui peuvent sauver la vie des jeunes,
25:12donc je suis assez disposé à me battre bête et ongles pour le faire connaître,
25:17parce que je vois bien que ça a apporté du fruit,
25:21c'est pas parce que c'est mon livre, c'est parce que finalement c'est des idées
25:24– C'est des idées qui marchent.
25:25– De notre héritage chrétien, tout simplement,
25:28et qui est accessible à des gens pas forcément chrétiens.
25:30– Bien sûr, merci beaucoup frère Benjamin,
25:33toutes nos prières vous accompagnent pour l'éducation des jeunes,
25:37qui est une mission importante de l'Église en général, et de vous en particulier.
25:43Ainsi s'achève notre émission, la semaine prochaine ce sera Jean-Pierre Maugendre
25:46qui animera Terre de Mission,
25:48nous nous retrouvons nous dans trois semaines et d'ici là, que Dieu nous garde.

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