A deux ans de l’élection présidentielle, la possible organisation de primaires commence à agiter la sphère politique. Une méthode qui, pourtant, peine à porter ses fruits pour accéder à l’Elysée comme l’explique François-Xavier Bourmaud, journaliste au service politique
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00:00Ça va faire bientôt 20 ans que le mécanisme de la primaire s'est imposé dans le paysage politique français
00:04comme l'outil indispensable de désignation des candidats des partis à l'élection présidentielle.
00:08Alors, 20 ans et 4 élections présidentielles plus tard,
00:11on peut commencer à adresser un premier bilan du mécanisme des primaires.
00:18La primaire, ça apparaît avant tout dans le meilleur des cas comme une machine à mal gagner
00:22et dans le pire des cas comme une machine à perdre.
00:24Et pourtant, les partis politiques, à chaque élection présidentielle qui approche,
00:28et c'est encore le cas pour 2027, se demandent comment organiser la meilleure primaire
00:32pour désigner leur candidat le plus susceptible d'accéder à l'Élysée.
00:35Quand on regarde derrière soi, quand on tire le bilan,
00:37on réalise en réalité que les candidats qui ont gagné une primaire
00:40souvent ne se sont pas imposés lors de l'élection présidentielle suivante.
00:43Dans le pire des cas, les candidats qui ont remporté la primaire dans leur parti,
00:47Ségolène Royal en 2007, Benoît Hamon en 2017,
00:50Valérie Pécresse pour Les Républicains en 2022,
00:53n'ont pas réussi à franchir le cap du premier tour.
00:55Et dans le meilleur des cas, c'est-à-dire quand la primaire s'est bien passée,
00:58les candidats ont ensuite connu toutes sortes d'ennuis.
01:00Et pour les candidats qui ont remporté brillamment une primaire
01:03et qui ensuite ont réussi à accéder à l'Élysée,
01:05alors il n'y en a qu'un seul, depuis 20 ans, c'est François Hollande.
01:07La victoire à la primaire l'a en réalité fermée parce qu'il s'est retrouvé,
01:10dans la foulée de sa victoire à la primaire de 2012,
01:13obligé de passer un accord avec Martine Aubry et tout au long de son quinquennat,
01:16l'aile gauche du PS a commencé à formuler des revendications,
01:19ça s'est terminé avec l'effrandeur et François Hollande n'a pas pu se représenter
01:22à l'élection présidentielle suivante.
01:24Pire, il a même renoncé à participer à la primaire que voulait organiser son parti.
01:27Quant au deuxième exemple de primaire réussi,
01:29qui était incontestable celui-là aussi, c'était la victoire de François Fillon en 2017,
01:33il se retrouvait enfermé par la légitimité que lui a conférée cette primaire populaire,
01:384 millions de voix, sur laquelle il s'est appuyé pour refuser de retirer sa candidature
01:42lorsque les ennuis judiciaires avec l'affaire Pénélope Fillon ont commencé à apparaître.
01:47Donc naturellement, à l'approche de l'élection présidentielle de 2027,
01:49la question d'organiser une primaire commence à se poser de droite à gauche,
01:53en passant évidemment par renaissance le parti d'Emmanuel Macron.
01:56C'est très compliqué parce qu'en s'agissant du parti d'Emmanuel Macron,
01:59il y a un bloc central, il faudrait faire une primaire qui aille de renaissance,
02:02c'est-à-dire de Gabriel Attal jusqu'aux Républicains,
02:06qui sont alliés au sein du gouvernement de François Bayrou,
02:08c'est-à-dire une primaire qui irait de Gabriel Attal à Laurent Wauquiez.
02:11Or pour l'heure, personne n'envisage réellement cette possibilité.
02:14Et pourtant, le thème de la primaire s'impose parce qu'avec la multiplication des candidats,
02:19ça ouvre la voie à un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
02:23Il va falloir choisir, opérer un choix entre les candidats,
02:26et pour l'heure, que ce soit du côté des Républicains, du Parti Socialiste ou de renaissance,
02:30personne parmi les candidats déclarés n'envisage de se retirer
02:33ou d'entrer même dans le processus d'une primaire.
02:35C'est la situation que tout le monde redoute de LR au Parti Socialiste en passant par renaissance,
02:40de voir les candidatures se multiplier entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
02:44pour ouvrir la voie à une victoire des extrêmes à l'élection présidentielle de 2027.
02:47Ce processus des primaires s'est imposé dans le paysage politique français
02:50parce qu'il n'y a pas d'autre alternative qui soit véritablement crédible.
02:54L'autre alternative, ce sont les sondages.
02:55Désigner un candidat sur la fois des enquêtes d'opinion,
02:58c'est friable, ce n'est pas forcément durable et ça peut s'avérer catastrophique à la fin.
03:02Il y a enfin une autre alternative qui est celle de la responsabilité politique
03:05où les présidentiables en course décident de se retirer en faveur d'un autre candidat.
03:09Mais pour l'heure, on n'en est pas encore à ce stade-là.
03:11Il reste deux ans pour décanter la situation au sein des partis de l'arc républicain.