Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
"ll n'y a rien qui puisse justifier de laisser les gens mourir."

En 5 ans, il a participé à des dizaines de sauvetages sur la route migratoire la plus meurtrière du monde : la Méditerranée centrale. Marin-sauveteur sur le navire Ocean Viking de SOS MEDITERRANEE France, Jérémie raconte.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Il n'y a rien qui puisse soutenir l'idée de justifier le fait de laisser des gens mourir.
00:05Qu'ils soient d'une profession ou d'une autre, que je sois d'une profession ou d'une autre,
00:09d'une couleur ou d'une autre, ça je m'en fous complètement.
00:13Tant qu'il y aura des gens qui vont disparaître et mourir dans des situations atroces,
00:18il est de notre devoir que d'être sur place pour pallier un manque de moyens.
00:31Depuis 2014, il y a un peu plus de 20 000 personnes qui ont disparu, pour ce qu'on sait,
00:36ce qui est l'équivalent d'une zone de conflit.
00:38Entre l'aquarium sur lequel j'avais travaillé aussi et l'Ocean Viking,
00:42un sauvetage c'est toujours compliqué, c'est énormément de stress, énormément d'angoisse.
00:47Vous avez des vies, 120 vies à sauver.
00:50Il y a des gens qui sont en train de mourir,
00:52il y a des gens qui sont en train de mourir,
00:54il y a des gens qui sont en train de mourir,
00:56c'est un stress, énormément d'angoisse.
00:58Vous avez des vies, 120 vies, sous votre responsabilité,
01:01qui peuvent disparaître dans la minute,
01:03dans une embarcation qui est une menace de partir par le fond à tout moment,
01:06au milieu d'éléments qui sont extrêmement dangereux pour nous comme pour eux,
01:09et on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer.
01:15On patrouille dans des zones qui sont immenses,
01:17on a un horizon propre qui est de l'ordre de 15 kilomètres
01:21et on doit couvrir des zones de 200 kilomètres carrés.
01:24Et à l'horizon, un bateau avec 120 personnes,
01:27c'est grand comme une tête d'épingle.
01:33Le Covid, ça nous a impacté,
01:35ça a alourdi considérablement nos logistiques.
01:37Donc voilà, là je suis en full pipi,
01:42là il y a la medical team qui est en train d'organiser les tests antigéniques,
01:46à l'intérieur il y a des chambres d'observation
01:49où on peut prendre soin des gens,
01:51leur rendre leur dignité, leur rendre le sourire,
01:53faire en sorte que cette plateforme ne soit pas un centre de détention,
01:58mais soit un renouveau humain pour ceux qui sont sortis de l'eau.
02:02Quand ils arrivent à bord,
02:03donc quand on a réussi à les extraire de leur bateau
02:06et de les ramener sur Ocean Viking,
02:08la première phase de toute façon, c'est une phase de choc,
02:10ils sortent d'un enfer que je n'ai pas besoin de décrire je pense,
02:15ce qui se passe en Libye,
02:17et ensuite ils ont été extraits in extremis d'une noyade, d'une mort atroce.
02:22On a de plus en plus de mineurs non accompagnés,
02:25entre 12 et 15 ans,
02:27enfin quand on en arrive,
02:28à se retrouver au plein milieu de la mer Méditerranée à 12 ans,
02:31sans parents, sans frères, sans soeurs, sans personne.
02:35Des bateaux qui vont faire du sauvetage, il y en a beaucoup moins.
02:40Une mission de sauvetage en mer,
02:42comme celle de SOS Méditerranée qui est à frette l'Ocean Viking,
02:45c'est extrêmement coûteux,
02:47c'est de l'ordre de 14 000 euros par jour,
02:49parce qu'il nous faut un équipage,
02:51des équipements, des entraînements, de la logistique.
02:55On est financé quasi exclusivement par des dons privés de la société civile,
03:01donc par vous.
03:02On a réussi les cinq dernières années,
03:05mais on a toujours besoin de vous,
03:07spécialement Jean-Luc.
03:16Ce qui m'impressionne le plus,
03:17c'est la dimension et l'envergure, la puissance de ces gens-là,
03:20et ils sont passés au travers d'un destin,
03:22ils traversent le Styx à chaque fois.
03:24Ces gens-là, c'est des survivants,
03:26mais à un point qu'on ne peut même pas imaginer.

Recommandations