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À l’occasion de la sortie de son album ‘Oxymore’, Jean-Michel Jarre a décidé de faire un concert dans le métavers. Il explique à Brut.

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Musique
Transcription
00:00Il y avait là, au milieu, une fille qui était la plus excitée, la plus volubile.
00:03Elle me dit, en fait, moi, je suis de Manchester.
00:05Et donc, elle parle, elle pose beaucoup de questions.
00:08Elle avait dansé toute la soirée.
00:09Et en fait, je réalise dans la conversation qu'elle était tétraplégique
00:13et qu'en fait, c'était la première fois qu'elle assistait à un concert de sa vie.
00:23Dès le départ d'Oxymore, je me suis dit,
00:25ça serait intéressant de jouer Oxymore dans une sorte de village,
00:29de ville imaginaire, de ville musique.
00:31Et j'ai conçu avec la startup Vroom un métavers, un univers
00:36qui est une ville musique qui s'appelle OxyVille, qui est faite en fait de parties
00:39cassées, de vieux magnétophones, de vieux synthés en noir et blanc.
00:44Je dirais entre Métropolis et Sin City.
00:46La véritable expérience qui est démente, c'est le fait de pouvoir justement
00:49rentrer dans cette ville, se balader exactement comme tu te baladerais
00:52dans Paris et d'être en direct avec moi qui suis sur scène.
00:57Je me suis intéressé au métavers et à la réalité virtuelle depuis un bon moment
01:00et principalement pendant le Covid, où c'était évidemment une manière
01:04de se connecter avec le public d'une manière différente.
01:06Et je pense qu'aujourd'hui, c'est une énorme chance pour les jeunes créateurs
01:09parce que c'est un mode d'expression en soi qui est en train de naître,
01:12qui n'a rien à voir, même s'il y a des passerelles
01:14avec le jeu vidéo ou avec le cinéma.
01:16C'est différent.
01:17Il ne faut pas en avoir peur.
01:18Les gens du spectacle vivant qui ont un peu peur du métavers en disant
01:21ça va, ça va rentrer en concurrence avec les vrais concerts, se trompent.
01:25Au début du cinéma, les gens du théâtre disaient mais qu'est ce que c'est que
01:28ces gens qui s'agitent sur une toile blanche ?
01:30Ce ne sont pas des vrais acteurs parce qu'un véritable acteur,
01:32c'est quelqu'un qui est sur une scène devant son public.
01:34Et on sait que le cinéma est devenu l'arme majeure qu'on connaît.
01:36Tu es le pionnier de la musique électro.
01:38Comment ça a commencé ?
01:41Ça a commencé où en fait, mon grand père m'avait donné
01:45un vieux magnétophone d'occasion
01:48et j'enregistrais tout de manière un peu obsessionnelle.
01:51Et puis un jour, j'ai passé la bande à l'envers.
01:52Je devais avoir 12 ans et j'ai eu l'impression que les Aliens me parlaient.
01:56Et à partir de là, j'ai commencé à trafiquer mes sons de guitare.
01:59Je jouais dans des petits groupes de rock et tout ça.
02:02Et puis un jour, le batteur m'a dit tu sais, à la maison de la radio,
02:05la Radio France, il y a des gens qui font un peu ce que tu fais.
02:09Et ça s'appelle le groupe de recherche musicale.
02:11C'est là où j'ai découvert une manière de faire de la musique
02:14qui est finalement celle qu'on fait aujourd'hui.
02:16Cette idée qu'on peut mélanger un son de clarinette avec un son d'oiseau,
02:21que ce côté un peu surréaliste, iconoclaste de la création musicale.
02:27Finalement, elle vient d'ici.
02:28Dans le cas d'Oxymore, c'est exactement l'idée.
02:30C'est à la fois d'avoir fait un pont entre les origines françaises
02:34au fond de la musique électronique et électroacoustique.
02:36Et puis demain matin, c'est-à-dire le fait de pouvoir mélanger
02:39effectivement des sons de la rue et de les enregistrer en même temps,
02:42de les trafiquer avec des outils numériques d'aujourd'hui en multicanal.
02:47Ce qui est ce qui fait l'originalité aussi d'Oxymore.
02:51Moi, quand j'ai commencé à faire de la musique électronique,
02:54j'avais très peu de moyens, je n'avais pas d'argent.
02:57J'ai bricolé, on a pris souvent des oscillateurs,
03:00des machines qui n'étaient pas faites pour faire de la musique,
03:03mais qui étaient faites par exemple à la radio et finalement bidouillées
03:07avec les moyens du bord.
03:08Moi, j'ai eu la chance de vivre trois révolutions.
03:10Le début de la musique électronique, l'émergence de l'ordinateur,
03:14l'émergence de la radio, l'émergence de la musique électronique,
03:17l'émergence de l'ordinateur, l'émergence de la musique électronique,
03:19l'émergence de l'ordinateur et de l'informatique.
03:23Et puis aujourd'hui, l'émergence des mondes immersifs.
03:25Quand on parle de métavers, quand on parle de mondes immersifs,
03:28tout le monde parle de visuel.
03:30Et en fait, le champ visuel, c'est 140 degrés,
03:33mais le champ auditif, c'est 360 degrés.
03:35La première manière d'être d'être immergé, c'est par le son.
03:38C'est par les oreilles et pas par les yeux.
03:40Il y a un territoire absolument incroyable pour les musiciens aujourd'hui,
03:42justement, de spatialiser sa musique.
03:45C'est comme de rentrer dans la toile pour un peintre.
03:47C'est de traverser le miroir.
03:48Et ça, c'est une chose qui va révolutionner complètement la manière
03:51dont on va produire la musique, dont on va la composer
03:54et aussi dont on va l'écouter et la recevoir.
03:55Je n'ai pas conçu Simor en stéréo.
03:57Je l'ai conçu en me disant, tiens, ce son là, j'ai envie de le mettre ici
04:01et puis qu'il se déplace et qu'il aille là.
04:04Et du coup, évidemment, tout le monde peut comprendre
04:06que ça change complètement la manière dont on va composer la musique.
04:08Et je suis convaincu que d'ici quelques années,
04:10on considérera la stéréo avec la même affection
04:13qu'on considère les gramophones de nos grands-parents.

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