Et si en un coup d'œil, grâce à une note, on pouvait savoir si le produit que l'on met dans notre panier respecte l'environnement ou non. On appelle ça un score environnemental et ça semble être une super idée. Mais en réalité, c'est plus compliqué que ça. Notre journaliste a voulu comprendre pourquoi.
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00:00Et si on pouvait distinguer en un seul coup d'œil un produit très polluant d'un produit bien meilleur pour la planète ?
00:07En gros, l'équivalent d'un Nutri-Score, mais pour comparer les impacts sur l'environnement de ce qu'on achète.
00:12C'est tout le concept de score environnemental que veut mettre en place le gouvernement dès l'année prochaine.
00:16Mais ça, c'est pas si facile.
00:18Moi, j'y crois beaucoup. Je pense que le consommateur a besoin d'être informé davantage.
00:23En l'état actuel de la méthode, un œuf de poule en cage vous sera qualifié de bien meilleur pour l'environnement
00:28qu'un œuf de poule plein air.
00:30Voici 7 enjeux à trancher pour que ce score soit le plus utile possible pour la planète.
00:35Sur quels produits l'afficher ?
00:37Le gouvernement s'est engagé à le déployer sur deux secteurs de consommation courante,
00:41l'alimentaire et les vêtements.
00:43On a trop peu d'informations sur l'impact environnemental des produits,
00:46alors que je sais que c'est une attente très forte des consommateurs.
00:49Pour les produits alimentaires, plus de 80% de l'impact global, c'est ce qui se passe sur les fermes.
00:54Donc c'est hyper intéressant parce que ça va permettre aux consommateurs d'être informés,
00:58d'avoir de la transparence sur ce qu'ils ne voient jamais sur les packagings.
01:01Ça va permettre notamment d'inciter les marques à mieux concevoir, à mieux fabriquer,
01:06de valoriser les marques qui font des bonnes choses
01:09et aussi de permettre aux consommateurs de prendre en compte l'environnement
01:12lors de leurs achats de vêtements.
01:14C'est quoi l'impact environnemental d'un produit ?
01:17La grosse difficulté, c'est que les atteintes à l'environnement sont nombreuses et variées.
01:22Il y a le réchauffement climatique, la disparition des espèces,
01:25la surexploitation des ressources, les pollutions diverses,
01:28la maltraitance animale et encore bien d'autres.
01:35Pour les produits alimentaires comme textiles, les critères sont sensiblement différents.
01:40Et d'ailleurs, ils n'auront pas le même poids pour la méthode de calcul qui sera retenue.
01:44Par contre, ce qu'on peut dire, c'est que l'impact environnemental, en fait, c'est quoi ?
01:48C'est en effet les émissions de gaz à effet de serre.
01:51C'est les matières premières utilisées.
01:53C'est la consommation d'eau, la consommation de pesticides.
01:56C'est tout ça qu'on va devoir regarder.
01:58Et concrètement, comment on calcule ce score ?
02:00La Commission européenne recommande une méthode de calcul avec un nom un peu barbare,
02:05le PEF ou empreinte environnementale des produits en français.
02:08Ça prend en compte ses impacts sur l'environnement sur toutes les étapes de la vie d'un produit.
02:12Ensuite, ça marche un peu comme au bac ou au brevet,
02:15on additionne tous ses impacts et on met des coefficients à chacun,
02:18ce qui permet d'obtenir une note globale unique.
02:20Ça va bien quand on rationalise une chaîne de production de boulons.
02:23Ça ne va pas du tout quand on parle d'animaux
02:25ou quand on parle même de production comme des fruits ou des céréales.
02:29Cette méthodologie, elle ne prend pas assez en compte
02:32la pollution des microplastiques, la biodiversité,
02:35la durabilité, la fréquence des collections.
02:38Une pomme qui a reçu en moyenne 36 traitements
02:40aura un score 2 à 3 fois meilleur qu'une pomme bio, par exemple.
02:44Le conseil scientifique nommé pour étudier le volet alimentaire de ce score
02:47pointue aussi des limites de cette méthode
02:50dans la prise en compte de la biodiversité,
02:52du stockage du carbone dans les sols, de la toxicité
02:55ou encore de certains bénéfices de l'agroécologie.
02:58Pour autant, il recommande de se baser sur ce type de méthode
03:01et de ne pas multiplier les modifications
03:04au risque d'avoir des effets majeurs sur les notes finales.
03:07De leur côté, des scores indépendants comme Planet Score, Clear Fashion ou d'autres
03:11ont préféré développer leur propre méthode.
03:13Ce qui est important, vraiment, c'est que les modes de calcul ne puissent pas être mis en cause.
03:18Moi, je considère par exemple incohérent que des viandes venues de l'étranger,
03:22de très loin, puissent être mieux notées que du pain français, même s'il est non bio.
03:27C'est pour ça que c'est intéressant d'en discuter avec les acteurs
03:29pour trouver la méthode de calcul la plus cohérente.
03:35La forme peut être très variable.
03:37Elle peut être très simple comme une triscore avec des lettres, des couleurs ou des chiffres.
03:41Elle pourrait aussi être plus développée avec des sous-scores pour préciser des informations,
03:45une note sur 100, un QR code, mais tout ça doit tenir dans les emballages.
03:49Il faut faire en sorte que la note globale soit visible d'un coup d'œil,
03:53notamment avec un traffic light, donc une note rouge quand c'est pas bien
03:57et une note verte quand c'est bien.
03:59Il faut pouvoir permettre aux consommateurs de s'informer et d'en savoir plus
04:03grâce à des indicateurs qui permettent de comprendre la note globale
04:07comme les déchets, le réchauffement climatique, la biodiversité, la pollution des eaux ou des sols.
04:16L'affichage environnemental accompagnera les consommateurs à partir de 2024.
04:19Au départ, ce sera sur la base du volontariat et on va discuter justement cette année
04:24du calendrier, du cadre juridique et bien sûr, ce sera obligatoire.
04:28Il faut qu'on détermine maintenant avec les acteurs à partir de quel moment.
04:32Faut-il interdire les autres scores ?
04:35Bien sûr, on s'inspire de ce qui est fait ailleurs et on est très heureux
04:40de pouvoir échanger régulièrement avec Claire Chachon, avec également PlanetScore
04:45sur leur modèle et leur façon de calculer.
04:48La seule chose, c'est qu'on pense que si on veut avoir quelque chose d'abouti,
04:51il faut qu'il n'y en ait qu'un et qu'il n'y en ait qu'un seul qui puisse évidemment aiguiller les consommateurs.
04:56Et appliquer des sous-scores, est-ce que c'est une option qui peut être envisageable ?
04:59En effet, PlanetScore, par exemple, donne des éléments sur la biodiversité
05:04et ça peut être intéressant en complément qu'ils puissent continuer à le faire.
05:08Sur le principe, oui bien sûr, donner de l'information environnementale, écologique
05:12sur les produits alimentaires notamment, c'est indispensable.
05:16Et à notre sens, il faut absolument que le consommateur puisse accéder à ces infos,
05:20mais pas dans une forme de censure ou de dispositif unique.
05:24Il faut permettre à des acteurs comme Claire Chachon ou d'autres
05:27d'afficher des informations complémentaires, par exemple l'impact social,
05:31l'impact bien-être animal, l'impact sur la santé des consommateurs.
05:36Pour l'alimentaire, le score principal peut chercher à comparer tous les aliments du magasin
05:41avec une échelle transversale sur tous les produits.
05:44Ou alors, il peut chercher à comparer les aliments d'un même rayon
05:47avec une échelle spécifique pour chaque catégorie de produits.
05:51Quand je vais être au rayon viande, il faut que je puisse comparer les viandes entre elles
05:54parce que j'ai décidé de faire un bœuf aux carottes.
05:56Et quand je suis au rayon carottes, il faut que je puisse comparer les carottes entre elles.
06:00Donc avoir quelque chose de très global qui dirait simplement
06:03que les carottes c'est mieux que le bœuf, on pense que c'est utile,
06:07mais ça ne va pas être le plus pertinent pour accompagner les consommateurs
06:12dans de la pédagogie sur où sont les produits plus ou moins impactants sur l'environnement.
06:16Dans les expérimentations qu'il a menées, le Conseil scientifique indique
06:20que c'est cette option qui génère le plus de changements,
06:23même si l'écart est faible par rapport à l'option d'une note transversale.
06:26Toujours selon le Conseil scientifique, une note transversale accompagnée de sous-scores
06:30permet de favoriser les fruits, les légumes et légumineuses et les produits bio et label rouge.
06:34Et les changements vers des produits d'autres rayons
06:36compensent l'impact des prix plus élevés des produits labellisés.