• il y a 3 jours
Les encouragements d'un prof, le jour où on a mis un prénom devant son nom, l'émotion après la projection de son film "La Belle époque" à Cannes…

Ces moments ont changé la vie de Nicolas Bedos. Il raconte.
Transcription
00:00Bonjour, c'est Nicolas Bedos et nous sommes sur Brut.
00:06C'est la reconnaissance à un moment d'un professeur de français
00:09en première.
00:10J'ai un professeur de français particulièrement brillant
00:12à qui je fais lire mes poésies,
00:15qui sont entre la poésie et la chanson, qui n'ont rien de mémorable,
00:18mais qui portent en elles, en tout cas, ce désir déjà d'écriture,
00:22de musicalité, de jeu avec les mots.
00:25Et il ne m'a pas particulièrement à la bonne.
00:30Mais il m'envoie une lettre très pudique
00:33parce qu'il ne voulait pas en parler dans les autres élèves et tout ça.
00:36Et il me dit en gros, tout n'est pas bon,
00:40mais il y a deux, trois traces
00:43de quelque chose à poursuivre.
00:45Et même très pudiquement dit comme ça, ce type que je trouve
00:49plus intelligent que la Terre entière à ce moment là,
00:51parce qu'on a des transferts sur les profs,
00:53comme avec les psy, comme avec les amours.
00:56Ce mec là,
00:58je crois que ces quelques lignes, je leur dois beaucoup.
01:00Sur le point du professionnel, le premier moment, c'est la première
01:05d'une pièce que j'avais écrite et mise en scène qui s'appelait
01:07Promenade de Santé, qui avait été jouée par Mélanie Laurent
01:11et Jérôme Kircher, qui était un grand acteur également.
01:14Et je parle de cette pièce là parce que
01:18je sortais d'une période extrêmement végétative
01:22où j'étais beaucoup plus doué au bar que sur les plateaux télé.
01:26Et je ne...
01:28C'est la première fois que dans la salle, des gens
01:31de la profession, mais les gens en général, mais aussi des gens,
01:35comme on dirait aujourd'hui, influents,
01:38m'ont mis un prénom.
01:40Je n'étais plus...
01:42À ce moment là, je sentais que j'avais dit quelque chose
01:45qui n'avait plus à voir avec ma filiation.
01:48Et donc ça, j'en suis très reconnaissant.
01:50Ça m'a bouleversé la projection de La Belle Époque à Cannes.
01:53Ça, c'est aussi vertigineux qu'inattendu.
02:01À Cannes, c'est un public qui est très attentif
02:05et je ne sens pas exactement, je ne peux pas être sûr,
02:09ni Fanny, ni Dorian, ni moi ne sommes sûrs
02:11pendant la projection de ce qu'ils ont pensé.
02:13Et donc quand tout d'un coup, le film termine
02:16et qu'on a ces dix minutes de
02:20rose qui nous tombent sur la gueule,
02:22de bouquets qu'on nous envoie au visage,
02:26il y a le chœur qui a fait 250 allers-retours entre la gorge.
02:29Et donc, c'est une libération.
02:33C'est une joie. C'est une joie d'enfant.
02:35Et le plaisir provient du fait d'avoir pu
02:39triompher de l'angoisse.
02:41Et Cannes, pareil.
02:42Et c'est dommage, d'ailleurs, que dans la vie, parfois,
02:44les choses les plus mémorables
02:45soient le soulagement d'un moment très anxieux,
02:49y compris des premiers rendez-vous amoureux.
02:52Moi, je me souviens qu'une femme que j'avais aimée follement.
02:56Aujourd'hui, j'y repense avec tendresse à ce premier baiser.
02:59Mais en fait, je suis allé le chercher
03:01au fin fond d'un whisky, la jambe tremblante.
03:05Il faudrait à un moment donné s'interroger sur le bonheur et la douleur.
03:08À quel point ça danse un tango, tout ça.

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