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  • 25/03/2025
Tout le monde a parlé de son agression par des policiers. Aujourd'hui, c'est à son tour de parler. Michel Zecler témoigne.

"Les messages de policiers que j'ai reçus m'ont beaucoup touché. C'est ceux-là qu'il faut mettre en avant, pas ceux qui essayent de défendre l'indéfendable."

Une interview Brut de Rémy Buisine.

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Transcription
00:00Bonjour Michel Zecler.
00:01Bonjour.
00:02Deux mois après ce qui vous est arrivé, on a tout simplement cette première question,
00:06on a envie de savoir, tout simplement, comment vous allez aujourd'hui ?
00:08Ça va, je me suis fait opérer au mois de décembre du tendon au biceps gauche.
00:21On était resté à l'époque sur des ITT de six jours, finalement on est où aujourd'hui ?
00:26Aujourd'hui, si vous voulez, j'attends les résultats des UMG.
00:33Ce qu'il faut savoir, c'est que quand j'ai été entendu par le médecin des UMG,
00:44il était resté assis devant moi, je me souviens très bien de cette scène, il était assis
00:47devant moi et je lui racontais moi tout ce que j'avais subi.
00:52Je me souviens, il y avait un énorme bleu, je lui ai montré, je lui ai dit je ne comprends
01:00pas, j'ai des douleurs, je lui ai demandé si je pouvais, je ne sais pas, avoir une sorte
01:07de dérogation, si je ne pouvais plus mettre mes menottes dans le dos, tout ça m'a été
01:11refusé mais je n'en ai pas tenu rigueur parce que je me disais que c'était la loi
01:15et que pas de problème, c'est juste que j'avais vraiment très mal.
01:20Après, quand j'ai eu les six jours d'ITT et que j'ai vu que les policiers en avaient
01:28cinq, j'étais un peu choqué.
01:31Pour vous le médecin, il n'a pas pris en compte la force de vos blessures ?
01:38Pour moi le médecin déjà, il ne m'a pas ausculté, donc ça a été difficile de faire
01:47un diagnostic.
01:48Pour vous dire la vérité, j'ai pris ça pour de la pudeur au départ.
01:52Mais bon, j'ai vu le résultat comme pour tout le monde au final.
01:58Il y a ce qui se passe d'un point de vue physique mais aussi du côté psychologique
02:03justement.
02:04Comment vous vivez les choses aujourd'hui ?
02:07Psychologiquement, je ne savais pas que ça allait être aussi dur.
02:14Je me fais aider là-dessus pour pouvoir m'en sortir.
02:24C'est pas quelque chose… J'ai vraiment du mal à en discuter parce qu'en plus par
02:41pudeur j'ai grandi comme ça.
02:43Mais c'est pas facile.
02:48Au quotidien, comment ça se passe ? Ça veut dire qu'il y a encore des moments du passé
02:53qui reviennent de ce qui s'est passé ce soir-là ?
02:56Très honnêtement, je n'ai plus trop de cauchemars que je faisais beaucoup au début.
03:07Après, je pense que je suis bien entouré.
03:13On m'aide beaucoup, j'ai mes amis qui sont là, j'ai un soutien… Je ne pensais
03:22même pas qu'il y avait autant de fraternité en France.
03:25Qu'est-ce que vous voulez dire aujourd'hui à toutes ces personnes qui se sont mobilisées
03:29?
03:30En premier temps, merci.
03:31J'ai envie de leur dire merci parce que leur soutien, il me permet de mettre un pied
03:40devant l'autre tous les jours.
03:42Au-delà des messages de soutien, il y a aussi des réactions politiques.
03:48Quelques jours après, il y a le président de la République, Emmanuel Macron, qui a
03:51publié une lettre sur Twitter, en parlant même de honte notamment.
03:56Qu'est-ce que ça vous a suscité, vous, comme réaction ?
04:00Il a eu des mots forts, sa réponse était assez rapide.
04:09Le président, il a cherché à vous rencontrer ? Le ministre de l'Intérieur ?
04:15Le ministre de l'Intérieur, je ne crois pas.
04:18Le président de la République, oui, mais pour l'instant, ça ne s'est pas concrétisé.
04:24Non, je pense qu'il y a eu d'autres priorités.
04:29Quand on entend le terme justement que les policiers ont déconné, c'était ce qui
04:34avait été utilisé par Gérard Darmanin, déconner.
04:36Je voudrais dire aux policiers et aux gendarmes que moi, je les soutiens sans faille.
04:40Mais le contrepartie de ce soutien, c'est évidemment l'exigence du ministre de l'Intérieur
04:44pour le respect absolu de la loi et de la déontologie.
04:47Lorsqu'il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l'uniforme de la République,
04:51ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail et ils doivent être punis
04:54par la justice.
04:55Je n'ai pas compris, je n'ai pas compris, en fait, je ne suis pas son ennemi, moi, je
05:06n'ai pas compris.
05:07J'ai lu ces mots-là, ok, après, ça va peut-être avec tout le reste, mais je n'ai pas compris
05:18moi, personnellement.
05:20C'est une sorte de blessure, à ce moment-là, supplémentaire, psychologique, de se dire
05:25qu'on ne met pas les bons termes sur ce que moi, j'ai vécu.
05:27Je l'ai pris comme un manque de respect, moi, mais après, chacun est libre de...
05:34Moi, en tout cas, personnellement, je l'ai ressenti comme ça, un jeu mot footiste, quoi.
05:42Heureusement qu'il y avait eu d'autres mots, d'autres personnalités ou d'autres députés,
05:52enfin, heureusement qu'il y avait d'autres personnes qui disaient autre chose, qui accompagnaient
05:58ce que j'avais lu, j'ai pu lire autre chose derrière.
06:02Il y a aussi le point concernant l'affaire, on rappelle qu'il y a quatre policiers qui
06:06ont été mis en examen, il y en a deux qui étaient en prison, ils ont finalement été
06:09libérés peu de temps avant les fêtes de fin d'année.
06:12Comment vous avez vécu ces rebondissements judiciaires entre le fait qu'ils aillent en
06:17prison au début, qu'ils soient finalement libérés quelques semaines plus tard ?
06:21Honnêtement, je l'ai mal vécu.
06:24Je l'ai mal vécu.
06:28Parce que tout le monde sait où je serais, moi, si je n'avais pas toutes ces vidéos.
06:36C'est quelque chose que je ne comprends pas.
06:44Je n'arrive pas à comprendre comment, enfin, je n'arrive pas à comprendre, tous les faits,
06:59toutes les preuves en vidéo sont là.
07:03J'ai l'impression d'avoir, en tout cas je parle de mon affaire, d'avoir plein de choses
07:11accablantes qui ne laissent pas trop de place à quelques doutes que ce soit, mais qu'ils
07:21peuvent, je ne sais pas, je ne comprends pas, j'ai l'impression que l'État veille sur
07:30cette bienveillance sur ces trois personnes-là.
07:35Je ne suis pas sûr que, dans des circonstances similaires, d'autres gens auraient eu ce
07:47même traitement.
07:48Il y a l'importance de la vidéo, justement, ce que vous évoquez à l'instant, de dire
07:51que s'il n'y avait pas ces vidéos, ça aurait pu être l'inverse, ce serait vous
07:55qui seriez en prison aujourd'hui.
07:56Oui, c'est une certitude.
08:00Je pense que personne n'en doute de ça.
08:02Il n'y aura pas eu mes vidéos, celles des voisins, ma seule voix, je n'ai pas l'impression
08:15que ma voix aurait eu le même poids que celle de ces personnes-là.
08:22Moi, j'ai la chance d'avoir eu des vidéos, il y a plein de gens, je suis obligé de penser
08:27à ces gens-là, au bout d'un moment, quand je dors, je suis obligé.
08:30Peut-être même le jour où cette agression m'est arrivée, peut-être même que quelqu'un
08:37d'autre a vécu la même chose, sans caméra, et puis cette personne-là est aujourd'hui
08:41en prison.
08:42Il y a la question aussi des propos qu'ont pu tenir ces policiers ce jour-là, des propos
08:51que vous avez dits, comme étant racistes.
08:55Oui.
08:57Ils m'ont insulté de salle nègre.
09:08Moi, franchement, aujourd'hui, je ne sais pas trop quoi dire à ça, parce que ça me
09:18choque encore aujourd'hui.
09:19Le moment où vous apprenez la libération de ces policiers, on est peu de temps avant
09:23Noël, c'est tout juste un mois après ce que vous avez vécu, quand vous apprenez
09:30cette information-là, vous vous dites « c'est une injustice » ?
09:33Vous savez, moi, je ne souhaite la prison à personne.
09:40Je ne suis pas une personne comme ça, mais je dois avouer que dans ce cas précis-là,
09:50ils étaient en prison, il fallait rester, en fait.
09:55Vous, vous devriez être encore aujourd'hui ?
09:58Non, parce qu'en fait, je comprends totalement pourquoi ils pourraient être libérés aujourd'hui.
10:10Donc je comprends le pourquoi, mais moi, ce que je sais, c'est que moi, j'aurais pas
10:15été libéré.
10:17Voilà.
10:18Et c'est ce qui me dérange.
10:20C'est qu'il y a des vidéos qui sont honteuses pour eux, et au final, je sais pas, on essaie
10:37de... ça se passe pas comme... c'est pas équivalent, il n'y a pas d'égalité, en fait.
10:44C'est du deux pour deux mesure ?
10:45Oui.
10:46Aussi, la justice, justement, qu'est-ce que vous en attendez, vous, aujourd'hui ?
10:51Quel juge les fait ? J'ai été tabassé à l'intérieur et à l'extérieur de mes studios.
11:01Il y a la question raciale.
11:08Enfin, il y a les faux procès-verbaux, les faux procès-verbaux, ils m'auraient envoyé
11:20en prison.
11:21C'est une double peine, en fait.
11:24Je me fais tabasser, ils mentent, et je me retrouve en prison, si j'ai pas mes vidéos.
11:31Ça, c'est une réalité.
11:33Et je pense que c'est bien de le reconnaître.
11:38Moi, aujourd'hui, tout ce que je demande, c'est que la vérité soit faite.
11:46Du coup, encore une fois, je fais confiance à la justice.
11:51Vous avez une confiance totale en la justice, aujourd'hui ?
11:53J'espère ne pas changer d'avis.
11:57Il y a la question, justement, quand on parle des policiers en général, au moment de la
12:04révélation de l'affaire, il y a certains syndicats de police qui, sur les réseaux
12:08sociaux, sur des plateaux de télé, ont justement cherché à vous ramener à votre passé judiciaire,
12:14à votre passé, loin de l'affaire, loin de ce qui s'est passé ce jour-là.
12:17Avec le recul, aujourd'hui, ça vous suscite quoi comme réaction de voir que des syndicats
12:24ont voulu justement mettre ça sur le tapis, ce qui n'était pas en lien avec les faits
12:28ce soir-là ?
12:29Ça m'a choqué.
12:30Moi, quand j'ai vu ça, ça m'a choqué.
12:34De voir comment ils agissent, comment ils essayent de distordre la réalité en faisant
12:45presque de moi une caricature.
12:47Moi, finalement, j'ai trouvé ça grotesque après.
12:51Mais au moins, ça m'a permis de comprendre comment ils ont réussi à délégitimer d'autres
13:03personnes qui étaient pourtant des victimes à la base.
13:08Vous avez aussi reçu des messages de soutien de la part de policiers.
13:13C'est le cas notamment d'Alain Formaggio, qui est policier.
13:17On va le voir dans cet extrait qu'on va pouvoir écouter.
13:19Je suis pro-force de l'ordre.
13:21Je défends tout le temps les policiers et les gendarmes.
13:23Il y a des trucs indéfendables.
13:24Des choses comme on a vu là, c'est un manque de formation flagrant.
13:28Les gens, ils ont fait n'importe quoi.
13:30Pas de code de hantologie.
13:32Le code de musique, en plus, je le connais parce qu'il a fait partie de mes élèves.
13:36Donc, c'est n'importe quoi.
13:38C'est un gentil garçon.
13:39C'est un bébé comme toi.
13:40Il fait 100 kilos.
13:41Il envoie des patates.
13:43Il met tout le monde KO.
13:44Il n'a pas mis un coup.
13:45Donc là, les collègues, ils ont fait n'importe quoi.
13:48C'est impardonnable.
13:50Il y a des choses que tu...
13:51Voilà.
13:52C'est leur faute, pas leur faute.
13:54Il y a un code de hantologie qui n'est pas là.
13:56Il y a l'isthme de défense qui n'est pas là.
13:57Le droit n'est pas là.
13:58Au niveau de la riposte, il n'y a rien.
14:01Il y a un manque de formation qui est clair.
14:03Moi, ça m'a beaucoup touché ce qu'ils ont essayé de faire.
14:11Me faire passer pour un anti-flic.
14:12Je ne suis pas un anti-flic, moi.
14:16Moi, Alain, qu'on vient de voir sur la vidéo, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup,
14:23que j'aime beaucoup.
14:25Il a quand même contribué à ma façon de penser sur les forces de l'ordre.
14:34Ça veut dire que Alain, c'est un bon flic.
14:37Quelqu'un de droit.
14:39Franchement, aujourd'hui, si je ne mélange pas tout, c'est une personne qui m'a réellement
14:50beaucoup apporté.
14:51Réellement.
14:53Est-ce qu'il peut y avoir aujourd'hui la crainte, quand on croise un policier, la
14:59crainte de l'uniforme avec ce qui vous est arrivé ? Comment on arrive à vivre cela ?
15:02Moi, personnellement, je ne me sens pas à l'aise et ce n'est pas normal.
15:15Je vous l'accorde.
15:17Moi, je pense qu'avec tous les messages de policiers que j'ai reçus, avec policiers,
15:26gendarmes, il y en a qui m'ont beaucoup touché.
15:28Moi, je pense que c'est ces gens-là qu'il faut mettre en avant.
15:31C'est ces policiers-là qu'il faut mettre en avant.
15:33Pas ceux qui essaient de défendre l'indéfendable.
15:37Honnêtement, je m'en méfie de ces gens-là.
15:40Ils sont en train d'essayer de défendre quelque chose qui n'est pas défendable.
15:44Je pense que c'est eux qui créent le fossé qu'il y a entre la population et la police
15:50d'aujourd'hui.
15:51Il y a un point important aujourd'hui, si on parle vraiment de vous, c'est comment
15:55vous arrivez à vous reconstruire aujourd'hui, avec tous les traumatismes qu'on a évoqués,
16:00psychologiques, physiques ?
16:02Vous savez quoi ? J'essaie de rester actif.
16:05J'essaie de rester actif.
16:08Je vais au studio.
16:11Je vois mes artistes.
16:14Je sais qu'eux aussi voient des fois les absences que j'ai.
16:18Je ne suis pas sûr qu'ils les comprennent, mais ils les voient en tout cas.
16:22On parle d'absence, c'est…
16:25Je suis là, mais des fois, ça m'arrive d'avoir des petits flashs.
16:33De ce qui s'est passé ?
16:35C'est simple, pour me reconstruire.
16:39Il faut que j'oublie les images.
16:43Et comme je suis dans une procédure, quand je vais voir le juge, je regarde les images.
16:49Et je les vois, on me les montre, quoi.
16:52Pour que le justice se fasse.
16:54Et pour que le justice se fasse, il faut que j'assume ça.
16:57Je parle beaucoup avec les jeunes d'ici et là.
17:01J'entends leurs…
17:04J'entends les soucis.
17:08J'ai connu les mêmes.
17:11On parle des jeunes.
17:14Qu'est-ce qu'ils ont vécu ? Quel parallèle vous pouvez faire entre vous et eux ?
17:17Justement sur le vécu.
17:23Ben…
17:26Des contrôles incessants.
17:32Aujourd'hui, on reçoit même des amendes sans être là.
17:36D'ailleurs, les jeunes, quand ils ont été sortis du studio,
17:41amenés au commissariat, excusez-moi, sortis du studio,
17:45battus, amenés au commissariat,
17:48et relâchés derrière,
17:50certains ont reçu des amendes pour non port du masque,
17:54sans avoir eu un contrôle quelconque.
18:01Moi, je trouve ça…
18:05pas bien.
18:06Je suis pas sûr que la France…
18:09C'est pas le regard ou c'est pas l'image que j'ai de la France, en tout cas.
18:19Ou que j'aimerais avoir de la France.
18:22– Il y a beaucoup de choses à faire face aujourd'hui.
18:23Il y a les frais judiciaires, il y a aussi les frais médicaux.
18:28Ça fait énormément de choses à débourser sur une période assez courte.
18:33Vous dîtes au début, vous n'avez pas voulu, vous avez hésité à lancer une clé d'œil.
18:37C'était une certaine forme de pudeur de se dire, j'ose pas, j'ose pas le faire ?
18:40– Je ne sais même pas si je le pensais comme ça,
18:43mais naturellement, je ne savais pas où j'allais.
18:49Et comme je vous dis, je n'avais pas forcément envie de crier sur tous les toits.
18:57Je me suis fait tabasser par trois personnes habillées en policiers.
19:05– Vous dites habillées en policiers ?
19:07– Oui, parce qu'en fait, je respecte tellement les policiers
19:10que je ne veux pas penser que c'est des erreurs de parcours.
19:16Après, j'entends, ils ont des bonnes notes, tout ça, très bien.
19:19Vous avez vu ? Vous avez vu ?
19:22Alors si on se pose deux secondes et qu'on regarde un peu plus en profondeur
19:27qu'est-ce qu'on va découvrir ?
19:29Parce que moi, je rappelle qu'ils m'ont bien tabassé,
19:34mais d'abord, ils ont veillé à fermer la porte.
19:40Si je suis dans un hall, ça se passe comment ?
19:45Alors soit je reste là, en sang, et après je me débrouille,
19:48ou soit je suis en sang et en plus de ça, je finis en prison.
19:54C'est dur le truc.
20:00– Sur l'instant, vous êtes vu ? – Mort.
20:04– Vous avez peur de la mort, à ce moment-là, sur ces longues minutes ?
20:08– Ben, la haine, la haine que j'ai ressentie, sincèrement,
20:22qui se dégageait de leurs yeux, c'est des policiers.
20:26Je ne vais pas mettre un coup, je ne vais pas me défendre.
20:31Je ne sais pas ce qu'ils me veulent.
20:35On se pose plein de questions et je leur parle en même temps.
20:38Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Vous vous trompez de personne.
20:42Je dis plein de choses, et puis de manière très calme.
20:47Pourtant, je m'en prends, moi, des coups.
20:51Rien, ils ne veulent pas entendre.
20:55Ta gueule, ils m'insultent.
20:59Non, ces trois personnes-là ont très mal agi.
21:06Et c'est pour ça que, d'ailleurs, je regarde les gens qui les soutiennent,
21:10qui arrivent à trouver quelque chose à soutenir là-dessus.
21:15Même à des amis, on peut ne pas être d'accord.
21:19On peut leur dire « t'as abusé ».
21:24Moi, même à des amis policiers, on n'est pas d'accord sur tout.
21:27C'est des amis, pourtant. On n'est pas d'accord sur tout.
21:31Je ne vois pas pourquoi, là, on emploie des mots pour les soigner.
21:41Je ne comprends pas. Moi, je ne comprends pas.
21:43Je ne comprends pas les ITT. Leurs ITT, ils sortent d'où ?
21:46Je ne comprends pas. Je me pose la question.
21:50D'où sortent-ils, leurs ITT ?
21:54Qui leur a donné ? Pourquoi ?
21:59Moi, j'aimerais comprendre.
22:02– Il y a l'idée aussi d'essayer d'impulser quelque chose de positif.
22:06L'idée d'une fondation, c'est ça ? – Oui.
22:09– Ça va être quoi l'objectif ? C'est quoi le but ?
22:13– La fondation, l'idée m'est venue, après avoir discuté avec pas mal de jeunes,
22:18de Bagnoe dans un premier temps. C'est la banlieue d'où je suis originaire.
22:23Après, j'ai vu des petits d'Aulnay, j'ai vu des petits de la Grande-Borne,
22:27j'ai vu des petits de Saint-Denis, un petit peu partout.
22:30Je voudrais modestement apporter ma petite pierre.
22:35Je pense avoir des petites idées pour pouvoir faire bouger les lignes à notre niveau.
22:41– Ce seraient lesquelles ? Comment faire bouger les lignes, aujourd'hui, demain ?
22:46– Je pense que l'échange, c'est déjà un bon début.
22:50Peut-être même qu'un policier pourrait discuter avec un jeune,
22:54il le comprendrait, et vice-versa.
22:58– La notion, c'est le dialogue, l'échange ?
23:02– Je pense que tout part de là.
23:06En tout cas, moi, c'est comme ça qu'on échange avec tout le monde.
23:12On discute, et encore une fois, on n'est pas obligé d'être d'accord sur tout.
23:16On peut échanger. Je peux te faire changer d'avis,
23:19ou tu peux me faire changer d'avis. C'est comme ça que je vois le truc.
23:23– Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?
23:31– De ne pas changer.
23:35Je vous parlais de la haine que j'ai eue dans les yeux de ces personnes,
23:41mais ça, c'est quelque chose que je n'oublie pas, en fait,
23:43que je n'arrive pas à oublier, parce que je n'arrive pas à comprendre
23:46la profondeur de cette haine.
23:50Je n'arrive pas à la comprendre.
23:52Mais j'aimerais ne pas changer.
23:54Si on peut me souhaiter quelque chose, c'est ça.
23:56Parce que quand on voit tout ça, quand on voit comment l'affaire se déroule,
24:06quand on peut peut-être vite vriller, changer d'avis,
24:12moi, je reste confiant.
24:17– Finalement, si vous souhaitez un retour à la vie d'avant,
24:21la quiétude qui était la vôtre, vos projets ?
24:23– Oui.
24:26Ça aurait été bien si je pouvais faire ça.
24:30Ça serait bien, comme Yerona Camora.
24:33Mais ça va être difficile de revenir avec la vie d'avant.
24:41Je faisais beaucoup de sport.
24:42Là, vous avez bien compris que c'est un peu compliqué.
24:47C'est peut-être un concept, je vais peut-être y réfléchir.
24:53Ça va être compliqué.
24:54– Parce que là, justement, au niveau du bras,
24:57vous avez peur de ne pas réussir à retrouver la capacité qui était la vôtre avant ?
25:03– Il y a eu un moment où j'ai eu peur.
25:07Je vous avoue, il y a eu un moment où j'ai eu très peur.
25:14J'ai été opérer dans une excellente clinique avec d'excellents chirurgiens
25:20qui m'ont rassuré là-dessus.
25:23Donc, ça prendra du temps.
25:26Je fais tout ce qu'il faut pour que je puisse me réparer.
25:35Mais ça prendra juste du temps.
25:40Sur ce point-là, je suis rassuré.
25:43– C'est une question de semaines, de mois de rééducation, j'imagine ?
25:47– Deux mois.
25:51Deux mois, après, ce sont les choses qui se voient.
25:57Il y a le reste.
25:59Et le reste, c'est un petit peu plus difficile à quantifier.
26:10– Sous-titrage ST' 501

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