"Après la guerre d'Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants."
Emmanuel Macron demande pardon aux harkis au nom de la France.
Emmanuel Macron demande pardon aux harkis au nom de la France.
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00:00Je dis aux Harkis et à leurs enfants, à voix haute et solennelle,
00:04que la République a alors contracté à leur égard une dette.
00:10Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance.
00:17Nous n'oublierons pas.
00:20Aux combattants abandonnés, à leurs familles
00:24qui ont subi les camps, la prison, le déni.
00:29Je demande pardon. Nous n'oublierons pas.
00:33Dans l'Atlas, dans les Ores, en Kabylie,
00:35en ville comme à la campagne, partout en Algérie,
00:39les Harkis ont rendu des services éminents à la France.
00:44Ils ont servi la France.
00:47Ils ont tout risqué,
00:50leur bien, leur vie, celle de leur famille.
00:56Et beaucoup ont tout perdu.
00:59La France a des devoirs à l'égard de ceux qui la servent et la défendent.
01:05Les Harkis ont été, ont toujours été et sont des Français.
01:12Par le sang versé, les combats choisis
01:15et leur naissance à chaque fois.
01:19Or, après la guerre d'Algérie,
01:21la France a manqué à ses devoirs envers les Harkis,
01:24leurs femmes, leurs enfants.
01:28Le 19 mars 1962, c'était la fin des combats,
01:33le soulagement pour beaucoup, l'angoisse pour tant d'autres,
01:38le début du calvaire pour les Harkis,
01:42la cruauté des représailles, l'exil ou la mort.
01:46Entre l'hiver et le printemps 1962,
01:49la France, elle, a tergiversé pour ouvrir ses portes aux Harkis.
01:54Avec un premier oui pour une poignée d'entre eux,
01:57une dizaine de milliers, puis un refus,
02:00par peur d'infiltration terroriste d'un bord ou de l'autre,
02:03avec interdiction à quiconque de les aider.
02:09Enfin, et c'est l'honneur de Georges Pompidou,
02:12la décision formelle de les accueillir.
02:16Il ne s'agit pas ici, comme je le disais,
02:19de juger les décideurs d'alors.
02:22Ca n'est pas mon rôle.
02:24C'est le travail de mémoire et d'histoire
02:27des universitaires, des historiens.
02:31Mais les faits sont là, têtus, cruels.
02:38Cet accueil ne fut pas digne.
02:42Et la moitié des Harkis rapatriés fut reléguée, parfois des années,
02:46dans des camps et des hameaux de forestage.
02:50Il y eut même des familles de Harkis parquées dans des prisons.
02:54Oui, des prisons.
02:58Ils avaient dû quitter une terre qui était la leur
03:00et celle de leurs ancêtres,
03:02la terre qui abritait leurs maisons, leurs biens, leurs traditions,
03:05la terre où ils avaient construit leur vie et forgé leurs espérances,
03:09parce qu'ils avaient porté les armes de la France.
03:14Et voilà qu'ils trouvaient dans ce pays
03:17qu'ils avaient servi notre pays, leur pays.
03:23Non pas un asile, mais un carcan.
03:27Non pas l'hospitalité, mais l'hostilité.
03:32Les barreaux et les barbelés, les couvre-feu,
03:36le rationnement, le froid, la faim,
03:40la promiscuité, la maladie, l'exclusion,
03:44l'arbitraire et le racisme.
03:48Au mépris de toutes les valeurs qui fondent la France,
03:51au mépris du droit, au mépris de toute justice.
03:56Les portes de l'école de la République fermées à leurs enfants,
03:59à vos enfants, à vous.
04:02Au mépris de l'avenir.
04:06Ce dont je parle était les années 1960 et 1970,
04:11et c'était en France.
04:15Ce fut le terrible sort des Harkis.
04:18Exclus, assujettis, empêchés,
04:23français toujours,
04:26bannis de leur sol natal,
04:28bafoués sur leur sol d'accueil.