• il y a 3 jours
"On a un métier où on doit, normalement, pas montrer de sentiments. Là, c'était pas possible."

L'annonce de la mort de Coluche, son premier JT "par accident", le jour où Jamel Debbouze a fait danser Ségolène Royal sur "La Boulette" de Diam's… Ces moments ont changé la vie de Michel Denisot. Il raconte.

Le film "Toute ressemblance..." réalisé par Michel Denisot, comédie sur le milieu de la télévision, sortira en salle le 27 novembre.

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Amusant
Transcription
00:00Bonjour, c'est Michel Deniseau pour Brut.
00:02Madame, mademoiselle, monsieur, bonsoir.
00:03La première fois que j'ai fait un journal télévisé,
00:06c'était en région à la Limoges, ouais.
00:08Et c'était par accident, je remplaçais quelqu'un l'été,
00:12qui avait un rendez-vous galant.
00:14La direction n'était pas là et il m'a dit « est-ce que tu peux me remplacer ? »
00:16Donc j'étais à la radio à l'époque et il dit « évidemment que je peux te remplacer ».
00:20Et puis on s'est fait engueuler le lendemain, mais j'ai continué.
00:23J'ai pas eu le temps de penser vraiment, parce que je me souviens que j'avais dans le tiroir,
00:32je présentais sur un bureau de façon très classique,
00:36et j'avais mis un verre avec des martinis dans le tiroir,
00:40qu'entre les sujets, je buvais un coup à chaque fois pour justement pas penser
00:46à autre chose que ce que j'avais à faire.
00:47J'ai jamais rêvé de ce qui m'est arrivé,
00:49c'est après coup que je me suis rendu compte que ça aurait pu être un rêve,
00:52mais de temps en temps, pas toujours.
00:53Mais oui, j'avais envie d'être journaliste tout simplement.
01:00Bonsoir à toutes et à tous, c'est donc un Zenith spécial
01:02que je vais vous présenter avec Philippe Gildas et Marie,
01:04qui sont venus me rejoindre ce soir.
01:05Je pense qu'on sera pas trop de trois.
01:09Pardon.
01:13Si aucun d'entre nous ne peut parler, on n'a aucune chance de continuer.
01:16Donc Coluche est mort.
01:18Alors je vous propose de revoir Coluche, qui était donc à Zenith lundi dernier.
01:21Ah oui, oui, ça, oui, c'est compliqué, ça.
01:24On a un métier où on doit, normalement,
01:27dans la transmission d'informations, pas montrer de sentiments.
01:31C'est normal, mais parfois on peut pas.
01:35Et donc là, c'était pas possible.
01:37C'était compliqué, je pouvais pas, c'était pas possible.
01:40Et j'allais le soir à Mougin dans sa maison, à l'époque,
01:42juste avant sa mort, où il préparait son nouveau spectacle,
01:47ses nouveaux sketchs qu'il me faisait écouter.
01:50Et il me demandait mon avis, voilà, et puis, voilà.
01:53Donc c'était pas rien.
01:58Le Grand Journal à Suisse en direct avec Prince en live.
02:01Moi, je suis fan de Prince comme beaucoup de gens,
02:03mais j'avais la chance de pouvoir assister aux répétitions l'après-midi.
02:06Et les répétitions étaient aussi fortes que le show,
02:08parce qu'il répétait, il arrivait pas,
02:10comme d'autres artistes, une heure avant pour faire la balance.
02:13Il répétait tout l'après-midi, il arrivait à 2h, 14h pour 19h.
02:17Et il réglait tout, et il jouait, il répétait.
02:20Et tout le monde lui obéissait.
02:21Il savait faire tout ce que les autres devaient faire autour de lui.
02:23Donc tout le monde le savait.
02:25C'était un patron.
02:26La guitare, on avait l'impression que c'était le prolongement de son bras.
02:28Enfin, tout était naturel.
02:30C'était effectivement du travail au départ.
02:33Mais à l'arrivée, tout semblait facile et très beau.
02:37De tous les gens que j'ai rencontrés, c'est celui qui m'impressionnait le plus.
02:40Il y en a quelques-uns qui m'ont impressionné.
02:42Mais finalement, notre but, c'est de ne pas être impressionné.
02:48C'est notre métier aussi de ne pas être impressionné.
02:50Il faut parfois faire un effort de ne pas être impressionné,
02:52de rester dans notre rôle.
02:54Mais avec Prince, c'était compliqué.
02:56Quand je le voyais dans la loge, franchement, il ne dégageait pas grand-chose de particulier.
03:00Non, mais il était presque commun.
03:04Et dès qu'il rentrait sur scène, ça n'avait rien à voir.
03:07Et il était transformé, quoi.
03:11C'était autre chose.
03:13C'est comme s'il descendait du ciel.
03:18On est parti un peu à la pêche pour faire une interview de lui.
03:21Il sortait de prison depuis quelques temps.
03:23Il allait revenir sur le ring.
03:25On avait rendez-vous à New York.
03:26On est arrivé, il n'était pas là.
03:28On nous a dit qu'il était à Phénix.
03:29On est parti à Phénix.
03:30Et puis, on a attendu 24 heures.
03:32Et il s'entraînait.
03:34Il voulait retrouver un peu l'origine de la boxe dans une salle assez vétuste.
03:37La température était montée à fond, du rap à fond.
03:41Il s'entraînait comme on peut l'imaginer.
03:43Et puis, je l'attendais au bord du ring pour faire l'interview.
03:46Quand il m'a serré la main, j'ai un peu compté mes doigts.
03:48Et c'était un moment assez fort, quoi.
03:51Et c'est toujours quand on rencontre des gens qui sont dans l'extrême,
03:58que ce soit à l'extrême d'une certaine forme de violence,
04:02mais qui s'exprimait que sur le ring avec lui,
04:04ou de la spiritualité avec le Dalai Lama que j'ai vu plus tard,
04:06qu'une autre forme d'extrême.
04:08Parfois, on ressent comme s'il y avait une onde qui vous frôlait.
04:13Et donc ça, ça ne se voit pas à la télévision,
04:15mais c'est ce qu'on ressent.
04:20Pour les élections présidentielles, la campagne de 2007.
04:23La campagne commence, Ségolène Royal va y aller, mais elle ne l'a pas dit.
04:26On a réuni trois choses qui sont difficiles à faire cohabiter
04:30et qui ont apporté quelque chose.
04:32Dire que Diams était dans une période de succès avec la boulette, etc.
04:37Elle chante, ça crée une atmosphère que Jamel récupère
04:40et arrive à se lever Ségolène Royal pour faire deux pas de danse,
04:46si on peut appeler ça de la danse.
04:48Et derrière, il lui fait dire qu'elle est candidate
04:49alors qu'elle avait prévu de ne pas le dire.
04:51Vous vous présentez aux élections présidentielles ou pas ?
04:53Parce que nous, on ne sait pas, nous, finalement.
04:54C'est au mois de septembre qu'on va décider de ça.
04:56Mais dites-le nous, là, entre nous, il n'y a personne qui regarde.
05:00Si ça reste comme ça, probablement, oui.
05:02Elle a dit oui !
05:04C'est un concours de circonstances,
05:05mais ça n'arrive pas par hasard, quand ça arrive, ces choses-là.
05:09Ça a un côté hasardeux, mais ce n'est pas un hasard non plus.
05:13Et je trouve ça plus émouvant que d'être fier,
05:16ça m'émeut encore aujourd'hui.

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