Depuis 4 ans, l'actrice Ingrid Chauvin cherche à adopter un enfant. Dans le documentaire "Notre combat pour adopter", elle raconte les difficultés auxquelles elle doit faire face…
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00:00Voilà, donc on accueille les petits ou petits, mais non, c'est normal, c'est...
00:09On travaille aussi avec ça, avec l'émotion ?
00:12Bien sûr, c'est important. Je vais me contrôler parce que justement,
00:15je voudrais absolument pas véhiculer du stress à ces enfants.
00:21Quand je pense à cette journée que j'ai passée dans une pouponnière
00:24autour de ces 40 enfants âgés de quelques mois à 3 ans,
00:28qui sont là, sans parents, et j'ai eu qu'une envie, c'est de repartir avec, quoi.
00:47Ils nous disent, voilà, votre dossier est ouvert.
00:49Maintenant, attendez, et le jour où on vous appelle,
00:53il faut que vous soyez disponible pour venir chercher un enfant.
00:55C'est ça. En fait, au final, on s'ensole.
00:57À partir du moment où on a l'agrément, on peut pas s'empêcher de penser
01:01et on est toujours scotché à son téléphone en disant,
01:03mais en fait, on peut nous appeler demain, après-demain,
01:05et là, on est dans une espèce de fourri en se disant, ça y est,
01:09en fait, on va devenir parent. Et puis, en fait, pas du tout.
01:12Je vous ai envoyé un mail et un courrier concernant notre projet d'adoption.
01:17Je voulais savoir si vous l'avez bien reçu.
01:19Oui, oui, oui, vous allez recevoir une réponse.
01:21Alors malheureusement, en fait, si vous voulez,
01:23j'ai beaucoup, beaucoup de candidats sur le département.
01:26D'accord.
01:27Pour des enfants, voilà, à pupille, pupille.
01:31Et du coup, voilà, je garde pas, en fait, ces candidatures-là.
01:37Alors là, vous allez recevoir une réponse en ce sens-là.
01:39D'accord.
01:40Et juste à titre d'information, est-ce que vous pouvez me dire
01:45combien vous avez de pupilles, vous, dans votre département ?
01:47Alors c'est très variable, d'année en année.
01:50C'est-à-dire que sur les enfants qui naissent sous le secret,
01:56Ah, d'accord, d'accord, ok.
01:57On n'est pas un gros département, hein, donc, voilà.
02:00Et j'ai une centaine de candidats.
02:02Une centaine de candidats pour 8 petites pupilles qui sont attribuées ?
02:05Oui, à l'âge de 4 ans.
02:06D'accord.
02:16Après la naissance de Tom, il a fallu qu'on révise notre projet
02:19parce que pour qu'il y ait une espèce de logique familiale,
02:23on se doit d'accueillir un enfant qui est plus petit
02:26que l'enfant qui se trouve déjà à la maison,
02:28sachant qu'il y a seulement 10% des couples qui arrivent à adopter,
02:34alors qu'il y a énormément d'enfants délaissés dans des foyers
02:37ou dans des familles d'accueil.
02:39On s'aperçoit notamment, par exemple, qu'il n'y a pas de loi nationale
02:45concernant l'adoption, c'est-à-dire que chaque département fait en fonction
02:50de comme bon lui semble, donc c'est extrêmement compliqué.
02:54J'ai appris des choses dernièrement, comme quoi quand on avait un agrément national,
02:59on pouvait l'envoyer à tous les départements,
03:01mais ça, on ne nous le dit pas à la base.
03:02Il y a des problèmes.
03:04Il y a en France ce lien du sang qui me semble prioritaire
03:10et qui fait que malheureusement, il y a très peu d'enfants qui deviennent adoptables.
03:14Par exemple, sous décision de justice ou simplement parce que des parents
03:19estiment qu'ils n'arrivent pas à élever leur enfant par manque de moyens,
03:23pour tout un tas de raisons, et qui laissent leur enfant dans un foyer,
03:29dans une pouponnière ou en famille d'accueil, par décision de justice aussi,
03:34parce qu'il y a certains enfants qui subissent des sévices,
03:38qui sont maltraités, qui sont parfois violés, qui sont donc placés.
03:45Malgré tout, il y a certains parents qui, ne serait-ce qu'en donnant quelques nouvelles
03:52sans grand intérêt, mais qui malgré tout donnent ces quelques nouvelles
03:55ou une lettre ou une visite même pas régulière,
04:00gardent malgré tout ce droit parental.
04:04C'est-à-dire que cet enfant reste en famille d'accueil ou en foyer
04:07et ne peut pas être adopté.
04:08Et donc là, à mon sens, il y a une injustice totale.
04:14L'adoption
04:19On a commencé à faire son chemin, l'idée que peut-être finalement j'adopterais pas,
04:25parce que comme je suis dans la dernière année, voire les derniers mois,
04:28je pense qu'à un moment donné c'est important de se préparer.
04:31Et donc je m'y prépare.
04:33Quoi qu'il en soit, je me dis que je suis allée vraiment au bout.
04:38C'est un peu douloureux.
04:40En même temps, encore une fois, moi j'ai la chance
04:44Excusez-moi.
04:47Je suis humaine, voilà.
04:49Encore une fois, moi j'ai la chance d'avoir une famille,
04:52j'ai la chance d'avoir un petit garçon merveilleux.
04:56Je suis émue, je suis frustée, je suis déçue.
05:02Mais je pense surtout...
05:04Ah, c'est con !
05:06À chaque fois, mon mari me dit « ne pleure pas, c'est pas bien ».
05:10L'émotion est plus forte que tout.
05:13Je pense surtout aux couples qui ne peuvent pas avoir d'enfants.
05:16Moi, aujourd'hui, j'ai la chance.
05:18Je me bats pour quelque chose, je me bats pour un désir,
05:21je me bats pour sauver un enfant.
05:23Mais je pense aux couples qui ne peuvent pas avoir d'enfants.
05:26Et pour eux, c'est extrêmement douloureux.
05:28Et je pense à ces enfants que j'ai rencontrés.
05:31Très régulièrement, le soir, en m'endormant,
05:34ça tord le bide.
05:36Quand on est humain, quand on est une femme, quand on est maman,
05:39et qu'on se dit qu'il y a des chouchous qui dorment dans des dortoirs
05:42et qui n'ont pas de papa et qui n'ont pas de maman,
05:45ça fait mal.
05:47Donc j'aimerais que ça change, tout simplement.