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  • 25/03/2025
"Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule"
Pio Marmaï : le contexte derrière la polémique.
Transcription
00:00Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule,
00:04ça évidemment, mais un peu comme tout le monde, dans l'absolu.
00:30Bonjour, c'est Cécile Guttlerman pour Brut. Dans le film Pio, vous avez beaucoup de choses à dire à Emmanuel Macron.
00:37Je voulais savoir si toute l'équipe, vous auriez des choses à dire à Emmanuel Macron et s'il vous invitait pour voir le film à l'Elysée,
00:44qu'est-ce que vous auriez envie de lui dire ?
00:46Alors, très bonne question. Moi, je pense que je n'ai pas grand-chose à dire à pas grand monde,
00:58certainement pas à Macron, je ne donne de leçons à personne, c'est pas le cas. En tout cas, moi, en tant qu'acteur, je n'ai rien à raconter à personne.
01:03Cela dit, ce que j'estime assez fort, en tout cas ce que j'ai essayé de raconter, moi, en jouant ce mec,
01:09c'est qu'il y a cet endroit de la révolte qui m'a toujours été assez intime, enfin qui touche à l'ordre de l'intime de l'individu,
01:15un moment qui est... Quand on pousse des gens à un moment de fragilité et de violence pareil,
01:23c'est sûr qu'il y a un moment où il y a une maladresse qui peut surgir, un moment un peu de dureté, de révolte dure,
01:28un moment brut, quoi. Moi, c'est ça que j'ai essayé de raconter, c'est-à-dire cet endroit un peu de quelqu'un qui est un petit peu dépassé,
01:36mais qui veut quand même rester dans une sorte de réalité, en fait. C'est comment on essaie de s'accrocher au réel quand on est poussé dans un endroit de fragilité totale.
01:46Alors, en l'occurrence, encore une fois, Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule,
01:52évidemment, mais un peu comme tout le monde, dans l'absolu. Mais ce qui est intéressant, c'est de se dire, comment est-ce qu'on raconte cette révolte ?
01:57Qu'elle passe par la langue ou par l'acte de violence ou par quelque chose ? Moi, c'est ce que j'ai essayé de raconter.
02:03Quelque part, j'étais sensible à ça parce que ce n'est pas évident comme trajectoire, c'est-à-dire ne pas tomber non plus dans l'excès d'incarnation d'un truc que j'ai pu voir à la télé,
02:12des mecs qui cassent ou qui sont sur des ronds-points. J'ai aucun jugement sur ça, mais j'étais vraiment sensible à cette trajectoire d'un type qui est dans une sorte de naïveté
02:21en même temps qui est assez belle, qui est assez poétique et romanesque et qui, en même temps, a ce truc juste de vouloir conduire son camion.
02:29C'est quand même dingue, l'existence. C'est quelqu'un qui se prend une grenade dans la jambe alors qu'il veut juste conduire son camion.
02:33C'est un peu ça, cette réalité qui m'a ému. Après, si j'avais Macron en face de moi, je lui dirais, mon pote, merde, qu'est-ce qui se passe là ?
02:41Sur mon front, là, mec, qu'est-ce qui est en train de se passer ? Mais malheureusement, il n'est pas là, à moins qu'il est là. Non, il n'est pas là.
02:51Dans le film, il y a un passage où tu veux rentrer à l'Élysée par les égouts. Si tu avais Emmanuel Macron devant toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?
03:05Si je passais par les égouts, par exemple, devant lui, c'est compliqué parce que j'ai pas mal de questions à lui poser, mais tant personnelles que politiques.
03:14Alors déjà, je lui dirais, merde, mais bon, t'as rendu compte qu'il y a un problème. T'as rendu compte. Ensuite, je lui dirais, résilience, j'en ai marre de ce mot. Il me fait chier.
03:26Et du coup, ça te fait quoi de jouer un gilet jaune et d'être un canne sur la croisette aujourd'hui ?
03:31Tu veux dire la contradiction dans l'absolu de t'accarner un gilet jaune ? Moi, ce que j'incarte, c'est un endroit de révolte.
03:38C'est au-delà de la fonction du gilet jaune. C'est un individu qui est dans la survie, qui est arrivé au bout d'un cycle et qui a besoin d'être entendu.
03:47Que ce soit par la violence ou par la langue, c'est ça que je défends. C'est de la politique pure. En tout cas, c'est de l'humanité.
03:55Et après, je dis que je peux jouer un gilet jaune et monter les marches à Cannes. Il n'y a rien de contradictoire.
04:02Parce qu'à ce moment-là, qu'est-ce qu'on s'autoriserait en tant qu'acteur et que cinéaste ?
04:06On serait obligé de jouer des gens qui montent les marches de Cannes pour pouvoir monter à Cannes.
04:11Je pense qu'à un moment, l'art appartient à tout le monde. Les artistes en font ce qu'ils peuvent déjà, ce qu'ils veulent.

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