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On a posé les mêmes questions à l’avocat "gilet jaune" François Boulo et à la députée LREM Amélie de Montchalin. Ils n’avaient pas vraiment les mêmes réponses…

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Transcription
00:00Ce grand débat national n'est qu'un enfumage.
00:02Moi je pense que c'est une chance, ce grand débat.
00:09Je crois que le grand débat national n'a servi à rien,
00:11mais nous le savions dès l'origine, qu'il s'agissait en réalité
00:14d'une stratégie d'enfumage du pouvoir exécutif
00:16pour tenter d'anesthésier l'opinion publique
00:18à un moment où le mouvement des gilets jaunes
00:20était extrêmement puissant et le objectif était de l'étouffer.
00:23Ça a été un échange entre des citoyens, de citoyen à citoyen.
00:26Moi j'ai été très impressionnée par l'engagement de citoyens
00:29qui peut-être d'habitude ne parlent pas vraiment de politique,
00:32où ils en parlent avec leurs amis, avec leur famille,
00:34mais là ils ont été en parler publiquement,
00:36dans leur ville, dans leur mairie, dans des associations.
00:43Toutes les conditions du grand débat ont été verrouillées d'emblée
00:47par le cadre qui a été instauré par le Président de la République
00:50qui s'est refusé d'emblée à remettre en cause
00:52les dispositifs fiscaux adoptés au bénéfice des 1% les plus riches.
00:55Il a également balayé d'un revers de la main
00:57la question du référendum d'initiative citoyenne.
01:00Bref, il avait d'ores et déjà écarté l'ensemble des revendications
01:03du mouvement des gilets jaunes.
01:05Il n'y a eu aucune censure dans les débats.
01:07Les gens prenaient le micro et disaient ce qu'ils avaient envie de dire.
01:10Ensuite c'était un débat cadré.
01:12Il y avait quatre thèmes, parce que si vous lancez une discussion
01:15sans aucun cadre, c'est plus difficile que d'avoir des résultats.
01:18Sur l'ISF, bien sûr qu'il y aura des réponses de justice fiscale
01:21et sur le RIC, bien sûr qu'il y aura des réponses
01:24qui permettent aux citoyens de participer plus directement
01:27dans la vie démocratique.
01:29Ça veut dire continuer à avoir des espaces de délibération collective.
01:32Ça veut dire aussi, par exemple, du droit de pétition,
01:35pour que si les citoyens veulent qu'il y ait un amendement,
01:38une proposition soit regardée à l'Assemblée, peut-être qu'on puisse le faire.
01:41Peut-être qu'on puisse faire des référendums d'initiative partagée
01:44au niveau local.
01:45Évidemment qu'il y aura des réponses.
01:47Pas forcément exactement le RIC ou l'ISF,
01:49mais sur les thématiques, sur les inquiétudes,
01:51sur ce que ça dit de l'attente des Français,
01:53on va apporter des réponses.
01:59Le grand débat national n'a eu que des contributions extrêmement faibles.
02:02On parle de quelques centaines de milliers de contributions.
02:05Pour un grand débat institutionnel qui s'est tenu pendant plus de deux mois
02:09dans l'ensemble du pays, c'est évidemment tout à fait ridicule.
02:12Et en plus de cela, nous savons que ceux qui ont participé
02:15ne sont pas les gilets jaunes, puisqu'il s'agit plutôt des retraités
02:18et de la classe moyenne supérieure, c'est-à-dire l'électorat d'Emmanuel Macron.
02:21Dans les salles, il y avait des gens qui n'ont pas voté Emmanuel Macron.
02:24On a essayé ensuite d'organiser des débats dans des lieux
02:26qui ne sont pas forcément des lieux où l'animation politique est habituelle,
02:29dans les quartiers, comme on dit, prioritaires,
02:32dans des zones très rurales, dans des prisons.
02:35Il y a eu des grands débats dans des lieux un peu inattendus.
02:38Et finalement, ça a fait re-rentrer de la politique,
02:40au sens de la décision commune,
02:42dans des endroits où peut-être que ça faisait longtemps
02:44que ça n'avait pas eu lieu.
02:46Tous les gens vont s'apercevoir qu'ils le savaient déjà,
02:50mais ils vont en avoir la confirmation
02:52qu'il s'agissait d'une opération de communication,
02:54mais qu'il n'y a aucune volonté concrète derrière
02:57d'adopter des solutions politiques pour changer le cap
03:00qui est conduit depuis le début du quinquennat.
03:02Ce n'est pas une opération de communication.
03:04Quand vous avez des millions de Français qui participent,
03:06quand vous avez une commune sur deux qui met un cahier de doléances,
03:09c'était un besoin.
03:11On a vécu des semaines de tensions,
03:13on a besoin de se réconcilier, les Français en ont envie
03:15et ils ont envie de participer aux solutions qui vont être proposées.
03:19Si c'était de la communication, ça n'aurait pas duré deux mois,
03:21il n'y aurait pas eu autant de monde.
03:27Nous n'avons pas attendu le grand débat national
03:29pour qu'un processus démocratique de discussion
03:31et de délibération citoyenne soit initié.
03:34En réalité, depuis le 17 novembre 2018,
03:36les discussions politiques sont omniprésentes
03:38sur les ronds-points et des assemblées citoyennes.
03:41Là se déroulent les vrais débats.
03:43Moi, dans ma circonscription, j'anime des grands débats
03:45tous les mois depuis que je suis élue.
03:47Ça s'appelle des réunions publiques, ce n'est pas des meetings politiques.
03:49Les gens viennent parler d'un sujet, ça dure trois heures, quatre heures
03:53et on essaie ensemble de comprendre ce qui marche,
03:55ce qui ne marche pas, comment on pourrait avancer.
03:57Ce travail d'animation, les maires le font depuis longtemps.
04:00Mais souvent, on le fait sur une thématique particulière,
04:02on le fait à une échelle locale.
04:04Là, ce qui était intéressant, c'était que c'était tout le pays,
04:06c'était tout le monde en même temps.
04:12Le grand débat national est un échec cuisant
04:15et désormais, il va en cuire au pouvoir exécutif
04:17parce que les gens vont manifestement se mobiliser.
04:20Soit on reste dans l'idéologie et l'opposition.
04:22C'est une façon de faire de la politique,
04:24c'est ce que font certains partis politiques.
04:26Soit on se dit qu'on essaie de remettre le pays en marche,
04:28c'est notre nom, et donc il va falloir qu'on avance,
04:30c'est-à-dire qu'il va falloir qu'on trouve des compromis,
04:32qu'on prenne des décisions, qu'on les explique
04:34et qu'on soit capable de continuer à alimenter
04:36ce dialogue permanent avec les Français.

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