François de Rugy : "On voit bien le but, c’est couper la tête à ceux qui gouvernent."
Fabrice Arfi (Mediapart) : "Coupeurs de tête ? Nous on est journalistes, on fait notre boulot."
Une affaire de Rugy. Deux points de vue.
Fabrice Arfi (Mediapart) : "Coupeurs de tête ? Nous on est journalistes, on fait notre boulot."
Une affaire de Rugy. Deux points de vue.
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00:00J'en ai plus que marre de voir qu'on essaye de me tailler un portrait
00:05de M. De Rugy et Mme De Rugy qui vivent la vie de château.
00:09S'il s'était appelé François Rugy, j'aurais titré la vie de château pareil.
00:14Vous trouvez ça glorieux, M. Bourdin, d'attaquer les gens sur leur nom ?
00:17Contrairement à ce qu'il pense, ou en tout cas ce qu'il dit,
00:20il n'y a rien d'ad hominem là-dedans.
00:22C'est un article pamphlétaire, c'est une accusation,
00:25la vie de château, vous voyez bien que c'est grotesque.
00:28Ce qu'il veut, c'est en tuant le messager,
00:30il veut effacer le message qu'il y a derrière.
00:32Ça vous surprend qu'à l'Assemblée nationale,
00:34on puisse être amené à servir du homard ?
00:36Je n'en mange pas, j'ai une intolérance aux crustacés, aux fruits de mer.
00:40Le champagne, ça me donne mal à la tête.
00:42Quand on en est à justifier des agapes sur fonds publics
00:47avec l'argument que je n'aime pas le vin,
00:50le champagne me donne mal à la tête et je suis allergique aux crustacés,
00:54heureusement que les guignols de l'info n'existent plus.
00:56Moi, je ne suis ni connaisseur, ni amateur de grand cru.
00:59Grand bien en face à ceux dont c'est le cas.
01:01Je n'ai jamais acheté une bouteille de vin de plus de 30 euros de toute ma vie.
01:04De toute ma vie.
01:05Ce n'est pas la question.
01:05La question, c'est celle du mélange des genres
01:08entre des dîners récurrents avec entre 10 et 30 convives à chaque dîner
01:12qui sont financés avec l'argent du contribuable.
01:15Et le mélange des genres entre ce qui relève de la vie privée
01:19ou en tout cas difficilement d'un lien avec la fonction du président de la République
01:22et du président de l'Assemblée nationale,
01:24et les fonds publics.
01:26C'est ça la question.
01:27C'était des dîners avec des thématiques,
01:29sous un certain nombre de sujets de travail.
01:32Par exemple, j'ai un plan de table d'un des dîners,
01:36il va falloir m'expliquer le caractère thématique.
01:39Il y a un journaliste qui n'a rien à voir, par exemple,
01:43avec le producteur de cinéma qui est à côté,
01:47une personne qui était un ancien patron de boîte de nuit,
01:49quelqu'un qui est dans la finance,
01:50M. de Rugy, sa femme, voilà.
01:53Mais si c'est thématique, peut-être qu'il y a des comptes rendus.
01:56Si c'est thématique, peut-être que le cabinet a réfléchi à tout ça.
01:59Donc il y a peut-être des mails avec sur quoi on va travailler,
02:03quels thèmes on va...
02:04Ils ont été incapables de produire le moindre élément matériel.
02:08Ah mais on raconte maintenant que j'ai fait acheter un sèche-cheveux plaqué or.
02:12Plaqué or, plaqué avec des feuilles d'or.
02:14Enfin, où va-t-on ?
02:16Où va-t-on ?
02:16À 500 et quelques euros.
02:18Mais c'est n'importe quoi !
02:19François de Rugy a une stratégie de communication
02:21que je connais bien depuis 20 ans de journalisme,
02:23qui consiste à démentir ce qui n'a jamais été dit.
02:26Ce qui est la meilleure façon d'avoir raison.
02:28Il dit un sèche-cheveux plaqué or.
02:31Et c'est pas ce qui a été écrit.
02:32Vous avez déjà vu...
02:33D'ailleurs, vous avez vu un article de Mediapart, par exemple,
02:36sur le résultat d'un certain nombre de procès
02:38où tout ce qu'ils avaient raconté pendant des mois
02:40a été infirmé par la justice ?
02:42Jamais.
02:42On ne juge pas la qualité du journalisme
02:44à l'aune de la décision judiciaire.
02:48Le journalisme, il est là pour produire des faits
02:50vérifiés d'intérêt public.
02:52Parfois, il y a des qualifications pénales.
02:53Parfois, il n'y en a pas.
02:55Voilà, donc...
02:57Mais si je dois répondre à monsieur de Rugy,
02:59je dois parler de Jérôme Cahuzac.
03:01Jérôme Cahuzac, il a été condamné.
03:02Monsieur Balkany, il a été condamné.
03:04Certains sont mis en examen, d'autres s'en sortent.
03:06Mais ça ne me fait pas retirer une seule ligne
03:09de ce que nous écrivons.
03:11Oui, j'envisage de porter plainte pour dénonciation calomnieuse.
03:15On a passé les bornes.
03:16En tant que citoyen, je suis extrêmement rassuré
03:17qu'il ne soit pas ministre de la justice
03:19et qu'il soit ministre de l'écologie
03:21parce que juridiquement, ça ne veut absolument rien dire.
03:23La dénonciation calomnieuse, c'est un délit
03:26qu'on peut reprocher à quelqu'un
03:27qui va saisir l'autorité policière ou judiciaire
03:30d'un éventuel délit en sachant qu'il est faux.
03:34Donc nous, nous n'avons saisi
03:36aucune autorité policière ou judiciaire.
03:38Nous n'avons pas parlé de délit.
03:40Nous ne sommes pas magistrats,
03:41donc on n'est pas là pour qualifier pénalement
03:43ce que nous racontons.
03:44Nous révélons des informations d'intérêt public et vérifiées.
03:47Et ça n'est pas faux,
03:48puisque M. de Rugy ne conteste aucune véracité
03:51de nos informations concrètement.
03:53Il dit qu'il y a des mensonges dans les papiers,
03:54mais il ne dit jamais lesquels.
03:56À ce point qu'il ne les dément pas,
03:58qu'il reconnaît la légitimité de notre travail
04:00puisqu'il reconnaît la légitimité de l'indignation
04:02que cela suscite.
04:04Donc voilà, ma réaction,
04:05c'est que M. de Rugy se défend comme il veut,
04:07y compris en racontant juridiquement
04:09absolument n'importe quoi.
04:10Donc on voit bien le but.
04:11Tout ça, c'est pareil.
04:12C'est de couper la tête à ceux qui gouvernent.
04:14À ceux qui prennent des responsabilités.
04:15En fait, quand on faisait des révélations sur les autres
04:18ou sur ses ennemis politiques,
04:20ils nous adoraient.
04:20Moi, je vous le dis, c'est le fantasme des coupeurs de tête.
04:22Moi, quand je le vois affecté au bord des larmes,
04:24ça ne me fait pas plaisir.
04:26Je veux dire,
04:26je n'ai pas de plaisir professionnel à ça.
04:28Aucunement.
04:29J'ai tout à fait conscience
04:30et je veux tout à fait bien croire
04:32que c'est extrêmement désagréable
04:35pour lui et pour Mme de Rugy,
04:36ce que nous racontons.
04:37Je veux dire,
04:39il y a de la pâte humaine dans tout ça.
04:41J'ai conscience de ça, évidemment.
04:43Mais ça ne va pas m'empêcher de faire mon travail.
04:45Ça ne va pas nous empêcher de faire mon travail.
04:47Parce qu'il n'y a pas que moi.
04:48Mediapart, c'est un collectif.
04:49Les papiers sont pour la plupart co-signés.
04:51Enfin, voilà.
04:52Donc, nous, on fait notre boulot coupeur de tête
04:55parce qu'il veut renvoyer à cette image
04:57Robespierreiste,
04:59Torquemada, procureur,
05:01qui est une image alimentée par ceux qui ne nous lisent pas.
05:05Je veux dire, ce n'est pas notre propos.
05:06Nous, on est journaliste
05:08et je ne vois pas comment il peut tenir
05:10d'un seul point de vue de la communication
05:11de tels arguments
05:13quand lui-même reconnaît
05:15que les Français sont légitimement choqués par nos révélations.
05:18Quand lui-même reconnaît qu'il est prêt à rembourser chaque euro contesté.
05:21Vous voyez ?
05:22Donc, c'est incohérent.
05:23Il est incohérent dans sa défense.