Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
"On peut stalker un ex ou une ex pour nourrir une forme de masochisme."

Espionner son ex, son compagnon ou sa future conquête, on est nombreux à le faire. Voilà pourquoi…
Transcription
00:00Lorsqu'il y a une séparation amoureuse, c'est d'autant plus compliqué parce que l'autre
00:21est toujours en vie et très souvent dans les premiers temps du deuil, nous sommes
00:25comme tyrannisés par l'image de l'autre, alors certains vont paradoxalement tout déchirer,
00:30pourquoi pas rompre tout contact avec cette personne, et d'autres, qui peut-être sont
00:35dans une voie de deuil dit pathologique, vont venir stalker comme une manière de continuer
00:40et de s'empêcher de faire le deuil.
00:42Au fond, le stalking est une manière d'éviter l'effondrement dépressif qui existe lorsqu'il
00:46y a un deuil amoureux, entre autres, et je crois que c'est parfois terrible de penser
00:51que d'autant plus dans cette société où il faut aller profondément bien, c'est aussi
00:58dans les moments où on va mal qu'on apprend à mûrir et à dépasser les choses et à
01:04vivre avec.
01:05En général, on va stalker souvent une personne, pourquoi pas avec qui on a rendez-vous, pour
01:17mieux savoir à qui j'ai affaire, peut-être pour avoir des informations qui me permettraient
01:21un petit peu de créer une complicité artificielle, et finalement, il est possible ainsi de pouvoir
01:28mieux surveiller, mieux contrôler l'autre, et c'est vrai qu'Internet nous donne cette
01:31illusion de contrôle sur l'autre, et on le voit au-delà du stalking, cette capacité
01:37finalement à pouvoir zapper, ou au contraire, adhérer de manière pathologique à une personne.
01:43On peut, et là ça devient plus compliqué pour la question du Deustalker, finalement,
01:52un ex ou une ex, d'une certaine manière, pour nourrir une forme de masochisme, qui
01:59est celui qui nous empêche justement d'oublier l'autre, et c'est vrai que les réseaux sociaux
02:03à ce niveau-là sont terribles parce qu'ils nous préviennent au quotidien du fait que
02:08l'autre continue à vivre, et là où se situe le piège, c'est que parfois l'autre va nous
02:12montrer qu'il va bien, qu'il a pourquoi pas trouvé quelqu'un d'autre, et donc on
02:16va continuer dans un cercle infernat et dans une forme de cycle un peu vicieux et pervers
02:22à voir peut-être qui est cet ex, et de voir qui il est, et puis peut-être commencer à
02:27percevoir que l'autre, d'une certaine manière, continue à vivre, alors que nous, nous restons
02:32derrière notre écran à surveiller l'autre, inquiet, et en général plutôt en déprime.
02:43Le stocking, évidemment, s'accompagne, son compagnon, pour, pourquoi pas, nourrir une
02:49forme de jalousie en devenir.
02:51Le stocking est, je dirais, non pas forcément une drogue, mais une conduite compulsive.
02:56La problématique qu'on rencontre par exemple dans la jalousie, c'est un cercle en effet
03:01qui fait que ça vient nourrir comme presque d'autres types de pathologies le délire.
03:05Il y a des fonctionnalités propres à réveiller ou à révéler quelque chose d'une angoisse
03:11de séparation.
03:12Il suffit tout simplement d'envoyer à la femme que l'on aime ou à l'homme que l'on
03:17aime un mot d'amour sur une messagerie, sur un réseau social, alors qu'on sait que l'autre
03:22est en ligne, il ne nous répond pas.
03:23Et là, à partir de ce moment-là, si on est enclin au doute, on peut tout à fait
03:28imaginer que la personne va chercher par mille et une manières, astuces, à continuer
03:33à se dire mais il y a quelque chose qui ne va pas, l'autre me ment, l'autre ne m'aime
03:37plus et à partir de ce moment-là, ça peut aller dans une dérive qui est celui du stalking
03:42ou de la surveillance.
03:43Le tactile vient nous donner l'illusion de combler quelque chose d'une distance parce
03:52que le toucher est une sensualité très empathique qui nous renvoie au corps de l'autre alors
03:58que le visuel est quelque chose qui met à distance.
04:00Toucher l'écran, c'est comme une manière justement de se rapprocher.
04:04C'est vrai que même avec la souris, on peut avoir cette illusion de contrôle sur quelque
04:08chose qui nous échappe.
04:09L'être humain n'aime pas quelque chose qui lui échappe mais peut-être d'autant
04:12plus dans notre société où on observe comme ça une sorte de fragilité narcissique dans
04:18ses tout premiers liens où le bébé est accro à la présence de l'autre.
04:24Et si l'autre devient absent, alors que finalement c'est à travers le toucher qu'on a envie
04:30de prendre conscience que l'autre est à côté de nous, on va le faire de plus en
04:32plus par la vue.
04:33Et les réseaux sociaux sont avant tout des médias d'images et d'images en plus totalement
04:38idéalisées.
04:39Donc oui, il y a quelque chose d'un peu pervers qui s'insinue aussi bien à travers la philosophie
04:44des réseaux sociaux qui nous montre un monde terriblement idéalisé, qui ne nous montre
04:48pas la réalité de ce qu'il en est et du fait que nous-mêmes, à certains moments
04:53quand on traverse des phases de doute, nous allons chercher à travers la main comme métaphore
04:57du moi dont le but comme ça serait de serrer le monde entre son point fermé, de contrôler
05:02l'autre, de le stalker, de le surveiller et finalement peut-être d'avoir l'impression
05:08d'être moins seul.

Recommandations