REPLAY - Coronavirus : La France prête à faire face à l’épidémie ? Christophe Prudhomme, Médecin et porte-parole de l’association des médecins urgentistes répond à Rémy Buisine et à vos questions.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00:00Est-elle prête face à l'épidémie de coronavirus ? A-t-elle les moyens face au Covid-19 ?
00:00:06On en parle aujourd'hui avec Christophe Prudhomme qui est médecin au SAMU 93 à l'hôpital Avicenne de Bobigny en Seine-Saint-Denis
00:00:13et qui également porte parole de l'Association des médecins urgentistes de France, l'AMUF, et à la CGT.
00:00:18Bonjour à vous. Justement, je parlais de cette question de « est-ce que la France a les moyens de faire face à l'épidémie ? »
00:00:24Non, la France a été très mal préparée à l'épidémie, ce que nous dénonçons depuis des années,
00:00:28puisque depuis 15 ans, nous, les urgentistes, protestons contre le fait que lors de chaque épidémie de grippe annuelle,
00:00:37lors de chaque canicule, c'est-à-dire poussée de température l'été, lors de chaque grand week-end de l'année,
00:00:43nous manquons de lits de réanimation. Donc nous sommes partis avec un potentiel très bas et les comparaisons ont leur importance aujourd'hui.
00:00:52Parce que les 100 000 lits qui ont été fermés en 20 ans en France, dont des lits de réanimation, nous manquent aujourd'hui.
00:00:58Si nous avions eu pour partir en guerre, pour prendre les propos du Président de la République, le même équipement en lits de réanimation que l'Allemagne,
00:01:06c'est-à-dire non pas 5 000 lits, mais 10 000 lits, c'est le nombre de lits rapportés à la population,
00:01:10si nous étions partis avec 10 000 lits, nous ne serions pas en situation de crise aujourd'hui,
00:01:14parce que nous avons les 10 000 lits aujourd'hui, il va falloir monter à 15 000.
00:01:18Et la seule stratégie qui nous est proposée par le gouvernement, c'est d'organiser des transferts en train sanitaire, en hélicoptère,
00:01:27que nous contestons, parce que c'est très coûteux en personnel, c'est très chronophage, alors c'est très médiatique, ça permet de faire de belles images,
00:01:34mais nous préférerions aujourd'hui qu'on utilise les locaux disponibles, qu'on transfère le matériel de province, qu'on réquisitionne du personnel pour ouvrir des lits de réanimation,
00:01:44en particulier dans un hôpital emblématique où une réanimation a été fermée il y a quelques années, mais où les locaux restent ouverts,
00:01:50il y a toujours de l'alimentation et de l'oxygène, qui est l'hôpital de l'Hôtel-Lieu, en plein cœur de Paris.
00:01:55Aujourd'hui, face à la crise, le choix qui a été fait, c'est d'organiser des TGV, alors qu'on pourrait ouvrir 100 lits de réanimation,
00:02:04si on en avait la volonté, dans les locaux de l'hôpital de l'Hôtel-Lieu, c'est-à-dire en plein cœur de Paris.
00:02:08Alors la question qui se pose aujourd'hui, on va parler des moyens, mais aussi de la situation,
00:02:12je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui ont envie de comprendre où on en est actuellement, la situation en Île-de-France, on sait qu'elle est assez tendue.
00:02:19Oui, heureusement qu'après le Grand Est, c'est l'Île-de-France qui est sous tension, mais que beaucoup de régions, pour l'instant,
00:02:26ne sont pas en phase épidémique, ont peu de patients. Mais l'Île-de-France est une des plus grandes métropoles mondiales,
00:02:33donc c'est 11 millions d'habitants, et aujourd'hui, nous sommes en situation de rupture en termes de capacité de lits d'hospitalisation en réanimation.
00:02:45On a tout utilisé, y compris les établissements du privé, les secteurs privés lucratifs, qui malheureusement disposent de peu de lits de réanimation,
00:02:54puisque ce secteur s'est orienté ces dernières années vers le tout ambulatoire, donc aujourd'hui, ils ont un petit peu de moyens, mais peu,
00:03:01et l'hôpital public, comme je l'ai dit, étant déjà avant le début de l'épidémie en situation de tension,
00:03:07il faut bien comprendre que quand on est en situation de tension, déjà pour l'activité normale, dès qu'on a une augmentation d'activité, ça craque.
00:03:14Parce que là, concrètement, on a une augmentation d'activité importante en termes de nécessité de lits d'hospitalisation.
00:03:21Mais globalement, quand on regarde le nombre de malades qu'on a hospitalisés, ce n'est pas des dizaines de milliers de malades,
00:03:27vous voyez, une crise catastrophique en volume. C'est la nécessité de lits de réanimation, parce que beaucoup de patients, y compris des patients jeunes,
00:03:40brutalement, ont besoin de ventilation assistée. Heureusement, pour les plus jeunes, l'issue est très souvent favorable.
00:03:48Pour les personnes âgées, on a une forte mortalité. Mais il faut comprendre que ces lits qui ont été fermés ces dernières années,
00:03:56j'ai cité l'Hôtel-Dieu, mais dans mon département, en Seine-Saint-Denis, qui déjà a un équipement hospitalier sous-dimensionné par rapport à la population,
00:04:04M. Martin Hirsch, directeur général de l'assistance publique, nous a imposé le début de la fermeture d'un hôpital, l'hôpital Jean-Mervier à Bondy, où il y avait des lits de réanimation.
00:04:13Heureusement que le matériel était encore disponible, avait été mis au fond d'un couloir et qu'on a pu remettre des respirateurs et retransformer ces lits,
00:04:21qui étaient que des lits de soins continus, en lits de réanimation qui permettent de ventiler les patients. Voilà la situation.
00:04:27Donc il y a des causes à la crise et au fait qu'aujourd'hui, on soit en grande difficulté pour pouvoir gérer cette crise, je l'ai dit, dans une des plus grandes métropoles mondiales.
00:04:37À cela s'ajoute le manque de masques, de tenues de protection. Nous sommes à la limite de la rupture en termes de médicaments, parce que ces médicaments,
00:04:47on l'a dénoncé depuis maintenant plusieurs années, c'est ce que vivent les citoyens, la rupture de médicaments en pharmacie.
00:04:54On est passé de 100 médicaments en rupture il y a 2-3 ans, l'an dernier, à 500 ruptures de médicaments dans l'année.
00:05:01Il faut comprendre que quand 60 à 80% des principes actifs, c'est-à-dire la molécule active du médicament, sont produits en Chine ou en Inde,
00:05:09quand on est en situation de crise comme on connaît aujourd'hui, avec des entreprises qui ferment et puis des problèmes de logistique en termes de livraison,
00:05:16on ne peut plus produire ce dont on a besoin en France. Et alors, ce qui est encore plus grave, c'est que la France est un des pays de l'Union Européenne.
00:05:25L'Union Européenne, c'est quand même une des premières économies mondiales. Mais qu'est-ce qu'a fait l'Europe ? Rien.
00:05:31On a fermé les frontières, chaque pays a sa propre stratégie, aucune solidarité au niveau de l'industrie, de l'économie, de la logistique, et donc on aggrave la situation de crise.
00:05:43Nous, ce que nous demandons, les syndicalistes, aujourd'hui, c'est que l'ensemble de l'outil productif, logistique et en termes de moyens humains
00:05:52soit concentré sur deux activités, le système de santé et les besoins essentiels de la population confinée.
00:05:58Est-ce que, justement, il y a beaucoup de questions qui se posent ? On parle des moyens. Alors on va parler des médicaments dans un second temps.
00:06:03Mais dans un premier temps, la question des masques, aujourd'hui, est-ce qu'elle est réglée ? Est-ce qu'on peut faire peut-être un peu un historique de ces derniers jours ?
00:06:09Est-ce qu'il y a un focus sur les masques ? Alors, aujourd'hui, les médias nous présentent tous les soirs l'avion cargo qui vient de Chine.
00:06:18Le premier avion cargo, 4,5 millions de masques. 4,5 millions de masques, ce sont les besoins pour deux jours pour nos collègues qui, aujourd'hui, n'ont pas de masques,
00:06:27qui sont nos collègues en ville, médecins, infirmières et les EHPAD. Donc, c'est remplir un tonneau avec un dé à coudre.
00:06:33Aujourd'hui, la bonne solution, c'est d'utiliser toutes les entreprises textiles du territoire pour produire des masques et pour avoir des circuits courts.
00:06:42Voilà, c'est ça. Pour réquisitionner les entreprises, on a vu, et ce n'est pas du fait de l'État, mais LVMH. LVMH a transformé ses chaînes de production de parfums
00:06:53en chaînes de production de gel hydroalcoolique. Donc, il y a des capacités. On voit aujourd'hui que le dernier producteur de respirateurs en France, qui est Air Liquide,
00:07:05peut être aidé par des entreprises qui ne sont pas du secteur avec des imprimantes 3D, avec des outils de précision. On peut produire les pièces pour pouvoir produire très régulièrement des respirateurs.
00:07:17Donc là, concrètement, si on parle aujourd'hui dans les hôpitaux, il y a des masques ?
00:07:22Dans les hôpitaux, il y a des masques, mais pas en quantité suffisante et surtout pas suffisamment de masques FFP2, qui sont les masques les plus protecteurs pour les soignants.
00:07:31Vous avez des masques chirurgicaux qui protègent moins ?
00:07:35Qui protègent moins. Donc, ça crée une inquiétude chez les soignants. Il faut savoir qu'aujourd'hui, toute la polémique autour des masques et toutes les préconisations qui sont faites
00:07:43autour des masques par les autorités sanitaires aujourd'hui ne sont pas validées scientifiquement.
00:07:51C'est simplement des préconisations qui sont là faites pour gérer la pénurie, pour gérer la pénurie. Et c'est grave.
00:08:00C'est-à-dire qu'on nous ment. On nous ment sur les masques depuis le début parce que nous sommes en manque de masques.
00:08:07Et alors, ce qui est important, c'est de savoir pourquoi nous sommes en manque de masques.
00:08:11Parce que le stock de masques qui avait été fait au moment de la grippe H1N1, 1,2 milliards de masques, quand il a fallu renouveler ce stock sous le gouvernement Hollande,
00:08:23l'arbitrage qui s'est fait entre le ministère de la Santé et le ministère de l'Économie s'est fait en défaveur du ministère de la Santé.
00:08:31Le ministère de l'Économie n'a pas octroyé les crédits pour renouveler le stock de masques auprès de l'établissement qui s'appelle l'EPRUS,
00:08:39qui est l'établissement qui est là pour gérer les stocks de matériel en cas de crise. On a dit plus de stocks centralisés aux entreprises,
00:08:47aux hôpitaux, aux collectivités de faire des stocks, sauf que ces stocks n'ont pas été faits. Et qui a pris la décision de ne pas octroyer le budget nécessaire
00:08:56pour reconstituer les stocks au ministère de la Santé ? Qui était au ministère de l'Économie à l'époque ? M. Macron.
00:09:02Donc la petite guéguerre des politiques qui est insupportable, c'est vraiment du niveau cours d'école. Ce n'est pas de ma faute, c'est la faute de mes prédécesseurs.
00:09:16C'est les mêmes. M. Véran est député depuis 2012. Il a été un des spécialistes des questions de santé quand le gouvernement Hollande était parti socialiste.
00:09:27Depuis, il est passé à La République En Marche. Donc il connaît très bien les choses. Et il a aussi une part de responsabilité.
00:09:34Donc voilà, on est dirigé par les mêmes qui nous vendent toujours la même politique depuis 20 ans. Fermeture de 100 000 lits, concentration des moyens
00:09:42dans quelques grands hôpitaux dans les grandes métropoles. Quand on met un système de santé sous tension permanence, quand on est en situation de crise,
00:09:50on ne peut pas y répondre correctement. En gros, ça veut dire que c'est une succession de politiques depuis ces dernières décennies qui a conduit au fait
00:09:57qu'aujourd'hui, on est obligé de bricoler un peu en dernière minute pour ajouter des lits ici et là, c'est ça ? On bricole en dernière minute, oui.
00:10:04Les 100 000 lits qui ont été fermés, dont des lits de réanimation en 20 ans, nous manquent aujourd'hui. Un exemple très parlant, il y a une gestion des ressources hospitalières
00:10:18par l'État, par les agences régionales de santé. L'agence régionale de santé de la région PACA, il y a 7 ans, a proposé un plan avec la fermeture de 13 réanimations
00:10:29région PACA dans les hôpitaux de proximité. Heureusement, toutes ces réanimations n'ont pas été fermées, mais un certain nombre ont été fermées et elles risquent
00:10:37de nous manquer cruellement quand la région PACA va être sous tension. Voilà. La fermeture d'hôpitaux en Ile-de-France, parce qu'on a l'impression qu'on a beaucoup
00:10:46d'hôpitaux en Ile-de-France, mais rapporté à la population, ce n'est pas vrai, avec des inégalités géographiques qui, aujourd'hui, nous posent problème.
00:10:53Dans mon département de la Seine-Saint-Denis, ça fait des années que nous dénonçons le fait que nous avons un équipement hospitalier qui est sous-dimensionné, quand on se compare
00:11:01aux autres départements d'Ile-de-France. Eh bien, aujourd'hui, on en paye les conséquences parce que, depuis jeudi dernier, nous sommes le département d'Ile-de-France
00:11:10qui est en rupture en termes de l'hydréanimation et nous sommes obligés de transférer un nombre de patients très importants dans les autres départements d'Ile-de-France
00:11:17et parfois en province, parce qu'effectivement, ce manque de lits, nous l'avons dénoncé et la crise était prévisible.
00:11:31Donc, la polémique ne plaît pas à un certain nombre de politiques aujourd'hui. Moi, je suis désolé, ce n'est pas de la polémique, c'est qu'on a analysé la situation
00:11:45et en termes de stratégie, c'est du concret. Quand on dit qu'il ne faut pas mobiliser 150 personnes dans un TGV, 150 soignants pour transporter 20 patients
00:11:56pendant 24 heures, plutôt concentrer les moyens pour armer des lits d'hôpitaux en Ile-de-France, ça, c'est un choix stratégique que nous contestons.
00:12:03Et on ne peut pas accepter que, sous couvert d'unités nationales, on ne puisse plus avoir un débat démocratique et qu'on ne puisse plus critiquer le gouvernement.
00:12:10On voit de plus en plus ces images de transferts en TGV. Il y en a eu de la région Grand-Est vers d'autres régions. On peut d'ailleurs annoncer à ceux qui nous regardent
00:12:18qu'il y en aura demain pour la région Ile-de-France. Il y a plusieurs dizaines de patients qui vont aller vers l'ouest de la France, où justement, là-bas,
00:12:25les choses sont moins chargées parce que l'épidémie de coronavirus n'a pas pris autant d'ampleur que sur la région Grand-Est et la région d'Ile-de-France.
00:12:31Ce n'est pas une bonne solution de prendre des TGV médicalisés. Qu'est-ce que ça vous inspire, ça ?
00:12:37C'est une solution qui a été choisie, qui soulage un petit peu l'Ile-de-France, mais qui n'est sûrement pas la meilleure solution.
00:12:48Il y avait deux possibilités. Effectivement, évacuer en province, mais il faut analyser la situation. On évacue en province, c'est-à-dire qu'on est en train de remplir
00:12:56les réanimations en province. Si la vague épidémique arrive en province, leurs réanimations sont pleines. Alors que nous, ce qu'on préconisait,
00:13:04c'était d'augmenter les lits de réanimation en Ile-de-France, dans les locaux disponibles, dans les hôpitaux où il y a des locaux vides aujourd'hui parce qu'on a fermé les services.
00:13:13Puis vous voyez, c'est du bon sens quand même. Est-ce qu'il faut organiser des TGV sanitaires en mobilisant énormément de moyens ? Ou est-ce qu'il ne faut pas mieux
00:13:20mettre dans un camion des respirateurs et les ramener en Ile-de-France et affecter le personnel disponible de la réserve sanitaire pour armer ces lits de réanimation
00:13:29en Ile-de-France ? Ça permettrait de gérer des ressources rares que sont le personnel aujourd'hui de meilleure manière que de mobiliser 150 personnes pendant 24 heures
00:13:41pour transférer 20 patients de l'Est de la France vers l'Ouest de la France. Voilà, c'est ça aujourd'hui que l'on conteste. C'est-à-dire que oui, ça fait des belles images médiatiques.
00:13:50Ça permet à un certain nombre de mes collègues de se mettre en avant en disant « je suis responsable des TGV sanitaires » comme je l'ai vu hier sur France Télévisions.
00:14:01Mais ça, c'est la politique spectacle quand on est en situation de crise. Ce n'est pas ce dont on a besoin. Ce dont on a besoin aujourd'hui, c'est d'être efficace.
00:14:10Et être efficace aujourd'hui, c'est de rouvrir des lits aujourd'hui en Ile-de-France.
00:14:17Il y a des capacités d'ouverture ?
00:14:18On a des capacités d'ouverture, on a des locaux qui sont vides. L'hôpital de l'Hôtel-Lieu à Paris, il y a des locaux où il suffit de remettre du matériel,
00:14:26qui sont des locaux hospitaliers dans un hôpital qui fonctionne encore avec très peu de services. Ces services ont été fermés il y a très peu de temps.
00:14:33Donc nous sommes dans un environnement qui est quand même un meilleur environnement que des tentes comme ça a été fait à l'hôpital de Mulhouse.
00:14:40Vous savez, les conséquences des destructions de services de santé, y compris la destruction des services de santé des armées,
00:14:49fait qu'aujourd'hui l'armée française, quand elle a monté un hôpital de campagne avec des tentes en une semaine,
00:14:55ça lui a pris une semaine de mettre quelques tentes avec 30 lits à Mulhouse, et l'armée française a utilisé toutes ses capacités de réserve.
00:15:02Vous imaginez ? C'est-à-dire que là, le service de santé des armées n'a plus de capacité. Ils ont envoyé leurs porte-hélicoptères qui peuvent fournir quelques lits dans les DOM,
00:15:14parce que la situation sanitaire, l'équipement hospitalier dans les DOM est dans une situation catastrophique, en particulier aux Antilles.
00:15:21Et là, après l'hôpital de campagne à Mulhouse, le service de santé des armées n'a plus de capacité opérationnelle.
00:15:27Vous avez évoqué notamment l'hôtel Dieu, sur Paris, qui serait en capacité d'accueil à des personnes, et ce n'est pas le cas ?
00:15:34Ce n'est pas le choix qui a été fait. Le choix aurait pu être de dire « on a les locaux à l'hôtel Dieu, c'est idéalement situé en plein centre de Paris,
00:15:42mettons tous nos moyens sur l'hôtel Dieu ». On peut ouvrir 100 lits de réanimation à l'hôtel Dieu aujourd'hui, il y a les locaux pour,
00:15:48et qui sont des locaux hospitaliers, donc qui sont des locaux adaptés. Et l'hôtel Dieu est un hôpital où il y a encore un service d'urgence,
00:15:53il y a encore un service de radiologie, il y a de la biologie, donc on peut upgrader, pour utiliser le terme à la mode, cet hôpital.
00:16:02Ce n'est pas le choix qui a été fait.
00:16:03Et la question des réanimateurs, est-ce qu'on a aujourd'hui en Ile-de-France la capacité d'avoir de nouveaux réanimateurs et d'avoir les personnels adéquats avec ?
00:16:12Parce que c'est vrai que certains, il faut leur remarquer dans la commentaire en disant « pourquoi pas ouvrir des chambres,
00:16:16mais est-ce qu'on a le personnel et est-ce qu'on a le matériel aussi pour pouvoir les équiper ? »
00:16:19Le matériel aujourd'hui en Ile-de-France, on n'en a plus. Il faut en rapatrier de province, ou en commander.
00:16:25Vous voyez, Air Liquide, qui est la dernière entreprise française qui produit du matériel,
00:16:29les respirateurs fournis par Air Liquide doivent être attribués en priorité aux zones qui en ont besoin.
00:16:35Donc le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l'Ile-de-France, le Nord.
00:16:39Donc c'est les choix stratégiques, vous savez, on parle de guerre.
00:16:44Quand on mène une guerre, les choix stratégiques ont une grande importance.
00:16:50Comment je mobilise ma réserve ? Si je ne mobilise pas correctement mes troupes en réserve, je risque de perdre la bataille.
00:16:57Voilà, c'est ça le problème aujourd'hui.
00:16:58Et donc, ce que nous disons nous, c'est qu'on ne pourra pas évacuer toute l'Ile-de-France.
00:17:03Concentrons les moyens en Ile-de-France.
00:17:05Et il y a un choix politique, économique, qui n'a pas été fait au bon moment,
00:17:11c'est de mobiliser l'ensemble de l'outil de production, l'ensemble des moyens logistiques et l'ensemble des personnels
00:17:17sur les deux activités prioritaires aujourd'hui dans notre pays,
00:17:20le système de santé et l'approvisionnement de la population confinée.
00:17:24Jusqu'à la semaine dernière, il y a eu une polémique autour des livraisons par Amazon de tout et n'importe quoi.
00:17:30Voyez bien qu'on n'a pas mobilisé, on n'a pas pris les bonnes décisions au bon moment.
00:17:34Et ce que l'on conteste aujourd'hui, notre principale critique vis-à-vis du gouvernement,
00:17:39c'est d'avoir toujours un train de retard, sur tout, sur les masques, sur les lits, voilà.
00:17:44Alors, je le répète, gouverner, c'est prévoir.
00:17:51Depuis un an, nous sommes en grève et nous n'annonçons le manque de moyens.
00:17:55Si on avait octroyé les moyens l'an dernier, l'an dernier, vous voyez,
00:18:01au moment où le mouvement des urgences dénonçait le manque de lits, le manque de personnel,
00:18:07eh bien on aurait été dans une autre situation aujourd'hui, voilà.
00:18:11Donc maintenant, on est en situation de crise grave.
00:18:14Et donc, si on est en situation de crise, dans un système où aujourd'hui, on n'est plus à faire l'idéal,
00:18:21mais on gère la pénurie de moyens, eh bien c'est quoi l'urgence ?
00:18:26L'urgence, c'est celle des moyens.
00:18:28Et les moyens, ce n'est pas du bricolage que dans un certain nombre d'Ehpad,
00:18:33vous comprenez, mes collègues sont obligés de se fabriquer des masques à la maison.
00:18:37Les gens se fabriquent leurs propres masques.
00:18:40Parce que le système étatique avec l'Agence rénale de santé n'est pas en capacité d'alimenter en masque
00:18:49les acteurs essentiels.
00:18:50À l'hôpital, on est à peu près livrés, mais en fonctionnement de dégradés.
00:18:55Mais mes collègues de ville, médecins, infirmiers,
00:18:58aujourd'hui n'ont pas suffisamment de masques pour faire des visites à domicile.
00:19:01Et en Ehpad, les personnels en Ehpad n'ont pas suffisamment de masques.
00:19:04Or, il ne suffit pas de dire on va confiner les Ehpad.
00:19:07Vous voyez, il faut avoir aussi des masques.
00:19:10Quand on est auprès de la personne âgée, pour l'aider à manger,
00:19:13on ne peut pas respecter la distance d'un mètre.
00:19:15On ne peut pas avoir une grande cuillère de un mètre pour donner à manger à un patient.
00:19:19Il faut être raisonnable, donc il faut des masques.
00:19:20Quand on parle justement de la préparation d'un pays qui n'était pas prêt à faire face à cette épidémie,
00:19:26on a quand même à la fois aussi eu, il y a un mois, beaucoup de discours qui disaient
00:19:29c'est pas très grave, il ne faut pas non plus peut-être arrêter l'économie.
00:19:33On vous a fait beaucoup réagir, notamment sur les réseaux sociaux,
00:19:37avec cette vidéo qui date du 6 mars sur LCI, où on vous entend dire
00:19:40il faut éviter une surréaction qui pourrait être plus grave que les conséquences de l'épidémie.
00:19:44Quelle réaction un mois après ?
00:19:46Tout à fait, mais à l'époque, l'illuminé que l'on avait était que, visiblement,
00:19:52le nombre de patients atteints et le nombre de morts n'était pas ce qu'on avait pu craindre au départ.
00:20:01Mais comment on a été induit en erreur, franchement ?
00:20:03Comment on a été induit en erreur ?
00:20:04On a été induit en erreur par le fait qu'on verra si la Chine a menti sur les chiffres,
00:20:13mais même s'il y a eu plusieurs dizaines de milliers de morts en Chine, et non pas simplement 4000.
00:20:21Ça reste assez raisonnable en termes de mortalité.
00:20:24Je répète quand même que lors des grandes épidémies de grippe en France,
00:20:29la grippe annuelle, nous avons 15 000 morts chaque année,
00:20:33que l'épidémie de grippe annuelle mondiale, c'est entre 350 000 et 650 000 morts chaque année.
00:20:39On n'en parle pas.
00:20:40Aujourd'hui, même si on arrive à 3000 morts en France, c'est important.
00:20:44Ce sont y compris des gens jeunes, c'est une mortalité importante.
00:20:48Mais ce qui nous met en situation de crise et en situation de catastrophe,
00:20:53c'est le manque de moyens pour répondre aux besoins à l'instant T.
00:20:57Quand j'ai dit moi-même qu'il ne fallait pas surréagir initialement,
00:21:01j'aurais préféré qu'à l'époque, plutôt que les mesures qui ont été prises par le gouvernement à l'époque,
00:21:07et qu'on a contesté, on parlait de surréaction,
00:21:09qu'on reconstitue les stocks de masques à l'époque, ce qui n'a pas été fait.
00:21:13Vous voyez ?
00:21:14Parce que ça, ça aurait été important.
00:21:17Aujourd'hui, on est face à une situation qui nécessite une adaptation.
00:21:21Moi, je suis urgentiste.
00:21:22Quand je prends une décision thérapeutique sur un patient initialement,
00:21:27si le patient s'aggrave, je change mon traitement.
00:21:32Vous voyez ? C'est l'adaptation à la situation.
00:21:35Quand on était au début de l'épidémie, ce qu'on a dit, c'est qu'il ne fallait pas s'affoler,
00:21:40parce que ça aurait été une catastrophe de s'affoler.
00:21:42Mais lors de mon interview du 6 mars, ce que j'ai dit aussi, qu'on l'a coupé,
00:21:47c'est que si, effectivement, on avait un influx de malades importants de manière brutale,
00:21:53nos hôpitaux ne seraient pas en capacité de les accueillir.
00:21:56Ça veut dire qu'on a été induit en erreur par des données de la Chine
00:22:00sur le nombre de patients touchés, sur la mortalité ?
00:22:03Parce que c'est vrai qu'il y a un mois, vraiment, tout le monde,
00:22:05et je veux dire, il y avait des témoignages, mais il y en a d'autres,
00:22:07même des chefs de médias infectieux, des professeurs reconnus,
00:22:10qui étaient unanimes de dire « ce n'est pas si grave ».
00:22:14Oui, parce qu'à l'époque, on ne voulait pas affoler la population.
00:22:17On ne voulait pas affoler la population.
00:22:20Et donc, ce qui est particulier dans cette épidémie, c'est que c'est la première fois
00:22:27que grâce aux réseaux sociaux, grâce à la mondialisation,
00:22:30on a des informations qui nous arrivent à flux tendu.
00:22:34On sait ce qui se passe, alors avec une marge d'erreur sur ce qui peut être caché.
00:22:38En temps réel, on avait des informations.
00:22:40On avait des informations.
00:22:41Donc, on avait à l'époque une appréciation par rapport aux informations qu'on avait de l'époque,
00:22:46qui nous paraissait plutôt rassurante.
00:22:50Mais même aujourd'hui, il faut être assez rassurant.
00:22:52C'est-à-dire que ce qui est nouveau, c'est qu'on a besoin brutalement de beaucoup de réanimation
00:22:57parce que beaucoup de gens sont malades en même temps,
00:23:00et en particulier les patients jeunes.
00:23:02Mais sur le nombre de patients globalement,
00:23:05nous ne sommes pas face à une épidémie qui touche des millions de personnes
00:23:08avec des dizaines de milliers de patients qu'il faut mettre en réanimation.
00:23:12Aujourd'hui, nous avons,
00:23:17toute région française confondue,
00:23:21nous avons un peu plus de 5 000 patients en réanimation.
00:23:245 000 personnes en réanimation et 20 000 personnes hospitalisées, ce qui est quand même…
00:23:27C'est important.
00:23:28Mais enfin, je veux dire, dans un pays comme la France,
00:23:305 000 patients en réanimation, 20 000 personnes hospitalisées,
00:23:33ce n'est pas des centaines de milliers de personnes qu'il faut hospitaliser,
00:23:39ce n'est pas des dizaines de milliers de personnes qui ont besoin de réanimation.
00:23:43Ce qu'on pouvait craindre au départ,
00:23:45c'est que les modèles mathématiques au départ envisageaient cette hypothèse.
00:23:50Est-ce que cette hypothèse, justement, on a réussi à ne pas la voir avec ce confinement ?
00:23:53On a réussi à ne pas la voir avec les mesures qui ont été prises en Asie.
00:23:58C'est-à-dire le confinement brutal en Asie.
00:24:02Vous voyez, parce qu'on critique la Chine,
00:24:03mais où on peut avoir effectivement un doute sur la réalité des chiffres qui nous sont donnés.
00:24:08Mais les chiffres de la Corée du Sud,
00:24:10les chiffres de la Corée du Sud sont fiables.
00:24:12La Corée du Sud, en ayant mis en place un dépistage de masse dès le départ,
00:24:17n'a pas besoin du confinement.
00:24:18Ce qu'il faut comprendre, c'est que le confinement généralisé
00:24:21qui a été mis en place en France,
00:24:23est uniquement dû au fait que nous n'avons pas la capacité
00:24:28de faire des tests en masse dans la population comme ça a été fait en Corée du Sud,
00:24:31y compris avec des drives,
00:24:32parce que le problème de l'épidémie aujourd'hui,
00:24:36c'est la contamination par des patients sains de gens fragiles.
00:24:39Et une des causes de la surmortalité en Italie
00:24:43est liée au fait que c'est une population âgée,
00:24:47la population italienne,
00:24:48avec un mode de vie qui est la cohabitation de plusieurs générations
00:24:53dans la même maison.
00:24:55Donc des gens jeunes,
00:24:57qui n'aient pas de signe de la maladie mais qui étaient porteurs du virus,
00:25:00ont contaminé les personnes âgées avec lesquelles elles vivaient.
00:25:03C'est ça le problème, vous comprenez ?
00:25:05Donc la stratégie du confinement généralisé
00:25:08n'est pas celui qui a été pris par d'autres pays.
00:25:11On l'a pris en France parce qu'on n'avait pas la capacité des tests,
00:25:15et qu'on n'a toujours pas.
00:25:16Et ce qui est quand même catastrophique,
00:25:18c'est l'incapacité de l'Europe à avoir une stratégie coordonnée.
00:25:21Pourquoi en Allemagne aujourd'hui, qu'un pays moins touché que la France,
00:25:24on peut faire 500 000 tests par semaine,
00:25:27et que M. Véran, notre ministre de la Santé, nous dit
00:25:30fin avril,
00:25:32nous serons peut-être en capacité
00:25:35de faire autant de tests que ce que fait l'Allemagne aujourd'hui.
00:25:38Vous voyez, il y a un problème.
00:25:39Il y a un problème.
00:25:41Pourquoi l'Allemagne a des tests et pourquoi nous n'en avons pas ?
00:25:43Il suffit de franchir le Rhin,
00:25:44et vous pouvez vous faire tester en drive,
00:25:46après avoir fait vos courses.
00:25:48Et nous en France, aujourd'hui,
00:25:50quand vous voulez tester, c'est la croix et la bannière,
00:25:52il n'y a pas suffisamment de laboratoires qui sont alimentés en tests.
00:25:55Donc voilà, c'est ça qui, aujourd'hui, nous met un petit peu en colère.
00:25:59C'est-à-dire que, concrètement, ce n'est pas la prise de décision
00:26:01du confinement ni la date qui vous interroge,
00:26:03c'est surtout les moyens préparés sur les lits, sur les tests.
00:26:07Tout à fait, tout à fait.
00:26:09C'est-à-dire que, je le répète,
00:26:11quand nous avons dit,
00:26:13et nous avons été nombreux à le dire,
00:26:15que, par rapport à la crainte qu'on pouvait avoir
00:26:20au début janvier,
00:26:21quand nous n'avions pas d'informations réelles
00:26:24sur ce qui se passait en Chine,
00:26:26qu'ensuite, grâce à la mondialisation,
00:26:28la Chine a pu séquencer le virus très rapidement,
00:26:32ce qui a permis de pouvoir mettre au point des tests.
00:26:36Il aurait fallu en produire en masse.
00:26:38Il aurait fallu prévoir qu'on aurait besoin de ces tests.
00:26:42Ensuite, au regard de l'évolution en Chine,
00:26:47qui, visiblement, avait jugulé l'épidémie,
00:26:50indépendamment des doutes qu'on peut avoir
00:26:53sur le nombre de morts, on se disait,
00:26:56finalement, en quelques semaines,
00:26:58ils ont pu, finalement, éviter une catastrophe.
00:27:02Si l'épidémie vient chez nous,
00:27:04on pourra le gérer.
00:27:06Sauf que, on ne l'a pas géré
00:27:09avec une stratégie qui, dès le départ, était adaptée.
00:27:14Alors, il peut y avoir la stratégie
00:27:16d'un pays autoritaire comme la Chine,
00:27:18confinement brutal, police, etc., armée,
00:27:22ou la stratégie qui a été née en Corée du Sud,
00:27:25qui a été complètement différente,
00:27:27qui a été de tester en masse la population,
00:27:29d'isoler les personnes contacts.
00:27:32Vous voyez, l'utilisation du GPS
00:27:34pour tracer les personnes contacts
00:27:36qui ne sont pas malades,
00:27:37de la personne qu'on a dépistée positive,
00:27:39et pour les isoler, ces personnes-là.
00:27:41La stratégie de la Corée a été d'isoler
00:27:44les gens porteurs de manière très stricte.
00:27:47Si vous êtes porteur, on vous isole.
00:27:49Vous avez le minimum de contacts
00:27:51avec d'autres personnes
00:27:52pour limiter la contamination.
00:27:54Aujourd'hui, on a un nombre de cas importants
00:27:57dans certains pays européens,
00:27:59parce qu'une personne contact qui n'est pas isolée
00:28:02va contaminer deux à trois personnes autour d'elle.
00:28:05Quand vous avez la cohabitation,
00:28:06comme en Italie ou en Espagne,
00:28:08de plusieurs générations dans la même maison,
00:28:10avec des personnes âgées,
00:28:11vous avez une surmortalité chez les personnes âgées.
00:28:13Brutale, ce qu'on a en Italie ou en Espagne.
00:28:16Chez nous, en France,
00:28:17on verra le nombre de morts dans les EHPAD,
00:28:20mais il y a peu de cohabitations, nous,
00:28:22de plusieurs générations.
00:28:23Nos personnes âgées sont en EHPAD.
00:28:25Donc moins qu'en Italie ou en Espagne, peut-être ?
00:28:27Moins qu'en Italie.
00:28:28Sûrement, sûrement.
00:28:29Mais là, on craint le pire dans les EHPAD,
00:28:32parce que quand vous avez le virus
00:28:35qui circule dans un EHPAD,
00:28:37vous avez vu, il y a eu quelques cas là,
00:28:39c'est sur un EHPAD de 100 personnes,
00:28:41vous avez 10 morts, 15 morts.
00:28:43Donc une surmortalité importante.
00:28:44Mais on a eu exactement,
00:28:47exactement la même surmortalité en EHPAD
00:28:50lors de la canicule en 2003, quand même.
00:28:52Il faut rappeler des choses.
00:28:53C'est-à-dire que l'ampleur de la mortalité
00:28:56sera peut-être supérieure à la canicule de 2003 dans les EHPAD.
00:29:00Peut-être, peut-être.
00:29:02Mais peut-être que ça sera
00:29:07une mortalité à peu près équivalente à celle de 2003.
00:29:09Parce que pour l'instant, oui, il y a une surmortalité.
00:29:12Mais 3 000 morts, 3 000 morts.
00:29:14Mais pour l'opinion publique, c'est quand même,
00:29:16on a tous les soirs le point presse de Jérôme Salomon
00:29:18qui nous dit, il y a 300 morts, 400,
00:29:20et on était à plus de 400.
00:29:22Mais c'est ça qui est anxiogène.
00:29:23Parce que si chaque hiver,
00:29:25si chaque hiver, on nous écoutait,
00:29:27nous les médecins urgentistes,
00:29:29et qu'on avait comptabilisé les morts de la grippe chaque hiver,
00:29:32y compris qui mouraient sur des brancards par manque de lit,
00:29:35des personnes âgées qui étaient évacuées des EHPAD,
00:29:37il y a 4 ans,
00:29:39on aurait pu vous annoncer un nombre de morts très important.
00:29:42Et on aurait abouti à la fin de l'hiver,
00:29:45il y a 4 ans, de l'épidémie de grippe,
00:29:46avec une surmortalité de 15 000 morts.
00:29:4815 000 morts, quand même, il faut le dire.
00:29:51Voilà, donc aujourd'hui, oui,
00:29:54on sait de quoi meurent les gens quand on fait le test.
00:29:57Parce que pour l'instant, on ne fait pas le test dans les EHPAD,
00:29:58donc on ne sait pas de quoi meurent les gens dans les EHPAD.
00:30:00D'ailleurs, on sait que dans les tout prochains jours,
00:30:03normalement cette semaine,
00:30:05le point presse de Jérôme Salomon,
00:30:07vous savez pour ceux qui nous regardent,
00:30:08c'est le directeur général de la Santé,
00:30:10qui chaque soir à 19h fait un point complet sur la situation,
00:30:13le nombre de cas, le nombre de personnes hospitalisées,
00:30:15en réanimation, et hélas aussi ceux des personnes décédées.
00:30:18Et aussi la bonne nouvelle, parce que c'est important,
00:30:20les personnes guéries,
00:30:21on aura l'occasion d'en parler dans quelques instants.
00:30:23Et ce chiffre ne comprend que les personnes
00:30:26qui sont en milieu hospitalier.
00:30:29Donc le nombre de décès que vous avez chaque jour à la télévision
00:30:32ou en live sur Brut quand on vous diffuse,
00:30:34eh bien c'est le nombre de personnes
00:30:36qui sont décédées dans les hôpitaux.
00:30:37On n'a pas les décès en ville,
00:30:39ni ceux dans les EHPAD,
00:30:40ça devrait être intégré très prochainement.
00:30:42Parce que vous voyez, quand on disait qu'il fallait être
00:30:44pas trop alarmiste au début du mois de mars,
00:30:48je pense que c'était important parce que
00:30:51malheureusement il y a cette jeune fille de 16 ans qui est décédée.
00:30:54Mais enfin les éléments qu'on avait,
00:30:55c'était que cette maladie touchait peu les enfants.
00:31:00C'est confirmé, on a quelques cas,
00:31:02on a quelques morts d'enfants, mais finalement très peu.
00:31:05C'est quand même assez rassurant,
00:31:07vous voyez, pour les familles.
00:31:09Donc les éléments qu'on avait à l'époque,
00:31:12qu'on a toujours aujourd'hui,
00:31:13c'est que finalement, on ne sait pas pourquoi,
00:31:15il faudra faire des études sur l'immunité.
00:31:18Mais finalement, on a une très faible mortalité
00:31:20chez les personnes très jeunes.
00:31:22Et ça, ce qui est plutôt rassurant.
00:31:24On rappelle qu'il y a eu cette jeune fille de 16 ans,
00:31:26qui est un jeune garçon au Portugal de 14 ans.
00:31:30Mais on compte, c'est à l'immunité,
00:31:31vous voyez, c'est une personne sur 3000,
00:31:34sans compter les personnes en EHPAD
00:31:36qui sont sûrement décédées du coronavirus.
00:31:38Alors, ce qui est nouveau,
00:31:40et ce qu'on n'avait pas imaginé début mars,
00:31:45c'est qu'on ait autant de malades,
00:31:48relativement jeunes,
00:31:51qui aient besoin de soins de réanimation.
00:31:54Parce que c'est important.
00:31:56On a beaucoup de gens jeunes
00:31:58qui ont besoin de soins de réanimation
00:32:00et qui ont ce qu'on appelle, nous, en termes médicals,
00:32:04une décompensation brutale.
00:32:05C'est-à-dire, ils vont relativement bien,
00:32:06et puis en 2-3 heures de temps,
00:32:08leur état se dégrade et il faut les mettre en réanimation.
00:32:10Donc ça, c'est tout à fait nouveau.
00:32:12Ce qui est plutôt rassurant,
00:32:13et c'est les chiffres qui nous sont donnés aujourd'hui
00:32:16que l'on a en France, en Italie et en Europe,
00:32:19c'est que ces gens relativement jeunes,
00:32:22finalement, ont besoin de réanimation,
00:32:24mais avec une mortalité qui est assez faible
00:32:26par rapport aux personnes de plus de 70 ans.
00:32:29On a une mortalité qui est quand même concentrée
00:32:32sur les personnes âgées.
00:32:33Pourquoi ?
00:32:33Parce que quand on vieillit,
00:32:35on a un système immunitaire qui est moins performant.
00:32:38Et quand on a une agression par ce virus,
00:32:41qui est un virus relativement agressif,
00:32:44eh bien l'organisme,
00:32:44l'organisme qui vieillit,
00:32:45qui sent qu'il est déjà fatigué,
00:32:46ne résiste pas.
00:32:49Je lis pas mal de commentaires,
00:32:51notamment sur la question des tests.
00:32:52Aujourd'hui, on en est où ?
00:32:54Malheureusement, les tests, aujourd'hui,
00:32:56on est en incapacité...
00:32:56On les réserve avec qui, justement ?
00:32:57Comment ça se passe, concrètement ?
00:32:59On est en incapacité de faire,
00:33:02de réaliser les tests de masse.
00:33:03Les tests sont réservés
00:33:05à certaines catégories de la population.
00:33:07C'est-à-dire que si quelqu'un,
00:33:08aujourd'hui, ce qui peut être légitime,
00:33:10souhaitait tester,
00:33:12pour savoir s'il doit se confiner à la maison
00:33:13pour ne pas contaminer le reste de la famille,
00:33:15c'est très difficile
00:33:16parce que le nombre de tests est réduit.
00:33:18Je le répète,
00:33:19nous pourrons peut-être,
00:33:21si les promesses du ministre de la Santé
00:33:25se réalisent,
00:33:26à la fin avril,
00:33:28faire le même nombre de tests
00:33:30que fait l'Allemagne aujourd'hui.
00:33:32Et si, sur une autre polémique,
00:33:37si aujourd'hui, nous ne sommes pas en capacité
00:33:40de faire de vraies études
00:33:42sur l'hydroxychloroquine
00:33:44chez les patients peu graves,
00:33:46et c'est ça qui nous intéresse,
00:33:48c'est parce qu'on n'est pas en capacité de les tester.
00:33:51Et c'est la raison pour laquelle
00:33:52l'étude a été réservée
00:33:54à un nombre de patients réduits,
00:33:55hospitalisés.
00:33:57Parce que vous voyez là,
00:33:58on peut penser ce qu'on veut du professeur Raoult.
00:34:00Moi, la guéguerre entre les professeurs de médecine,
00:34:03ça ne m'intéresse pas.
00:34:04Moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir
00:34:05si l'hydroxychloroquine est efficace ou pas
00:34:08pour la donner précocement aux patients.
00:34:10On a un certain nombre d'éléments
00:34:12qui montrent que,
00:34:12et il y a eu un article négatif qui venait de Chine
00:34:15qui montrait que finalement,
00:34:16ça n'avait pas l'air de faire effet,
00:34:17mais il y en a un autre article qui est sorti hier
00:34:19qui montre que quand on administre l'hydroxychloroquine,
00:34:22la charge virale baisse.
00:34:24Or, l'étude qui est parue hier
00:34:29montre que les malades qui s'aggravent rapidement
00:34:31sont des malades qui ont une charge virale élevée.
00:34:33Donc si on administre l'hydroxychloroquine
00:34:35avant qu'ils s'aggravent,
00:34:37peut-être qu'on éviterait leur passage en réanimation.
00:34:40La question-là de l'incapacité
00:34:43de notre système de santé
00:34:46de réaliser les tests en masse
00:34:48et pouvoir contrôler la prescription
00:34:50de l'hydroxychloroquine
00:34:52fait qu'aujourd'hui,
00:34:53on est obligé de faire des annonces
00:34:56pour que les gens ne s'auto-traitent pas
00:34:57avec l'hydroxychloroquine
00:34:59qui n'est pas un médicament plus enjeu que l'autre.
00:35:02Mais quand on prend un médicament,
00:35:04vous savez, on a énormément au quotidien,
00:35:08on a énormément de gens qui sont hospitalisés
00:35:13parce qu'ils s'auto-médiquent
00:35:16sans connaître la toxicité du médicament.
00:35:18Voilà.
00:35:19Parce que c'est vrai que
00:35:20c'est vraiment le débat de ces derniers jours,
00:35:22c'est par rapport à l'hydroxychloroquine.
00:35:23Alors, en plus de ça,
00:35:24il y a d'autres traitements qui sont testés.
00:35:27Mais il y a une attente énorme
00:35:30pour une partie de la population.
00:35:31On voit que c'est un sujet
00:35:31qui enflamme les réseaux sociaux
00:35:33et qui fait même que sur des plateaux télé,
00:35:35on voit des médecins qui,
00:35:37on va dire, se disputent à ciel ouvert.
00:35:39C'est quelque chose qu'on n'a pas l'habitude de voir.
00:35:42Concrètement, qu'est-ce qu'on peut expliquer
00:35:44à ceux qui nous regardent ?
00:35:44Parce que c'est vrai que c'est quand même pas évident.
00:35:46Il faut exiger que tout citoyen,
00:35:49quand il souhaite être dépisté,
00:35:50puisse être dépisté.
00:35:53Et il faut exiger qu'on puisse être en place,
00:35:56grâce à ce dépistage,
00:35:58une étude de traitement de masse
00:36:00au stade précoce de la maladie
00:36:02avec l'hydroxychloroquine
00:36:04pour voir si elle est efficace
00:36:05et qu'elle évite l'aggravation des patients
00:36:07et le passage en réanimation.
00:36:09Voilà.
00:36:10Moi, je me place en tant que médecin.
00:36:12Je ne suis pas professeur de médecine.
00:36:14Je ne suis pas un très grand scientifique.
00:36:16Mais en tant que médecin,
00:36:17à priori,
00:36:19vous voyez, j'exerce la médecine
00:36:20depuis un certain nombre d'années.
00:36:22On a toujours fonctionné comme ça
00:36:24pour savoir si un médicament était efficace ou pas.
00:36:26Là, on est en situation d'urgence.
00:36:29Donc, il n'est pas question de faire des études
00:36:30qui nous donnent des résultats
00:36:31que dans trois ou six mois.
00:36:33Donc, il faut se donner les moyens
00:36:33de faire des études rapidement.
00:36:35Et surtout,
00:36:38je le répète,
00:36:39limiter l'automédication.
00:36:41Ne prenez pas de l'hydroxychloroquine
00:36:44sans un suivi médical.
00:36:46C'est important de le dire,
00:36:47ne pas s'auto-administrer.
00:36:49Ne prenez pas de l'hydroxychloroquine sans suivi médical.
00:36:51Un médecin peut vous prescrire
00:36:53de l'hydroxychloroquine
00:36:55après avoir vérifié
00:36:57qu'en vous faisant un électrocardiogramme,
00:37:00que vous n'aviez pas un facteur de risque
00:37:03en termes de complications
00:37:05si vous prenez ce médicament.
00:37:06Mais après, il faut relativiser les choses.
00:37:08L'hydroxychloroquine,
00:37:10la chloroquine,
00:37:12est un médicament qui a été prescrit
00:37:13à des centaines de millions de personnes
00:37:15quand c'était le médicament efficace
00:37:18contre le paludisme.
00:37:19Et c'était un médicament qui était en recul à l'époque quand même.
00:37:22Vous voyez ?
00:37:23Donc oui, tout médicament potentiellement,
00:37:25tout médicament efficace,
00:37:27a des effets secondaires
00:37:28et nécessite une prescription par un médecin
00:37:31et la prise de précaution
00:37:33quand on a des facteurs de risque
00:37:35pour éviter les effets secondaires.
00:37:36Voilà.
00:37:37Mais l'hydroxychloroquine en tant que tel
00:37:38n'est pas un médicament très dangereux.
00:37:41Il a des effets secondaires
00:37:43qui peuvent être prévenus
00:37:44si effectivement on a un suivi médical
00:37:47et qu'on réalise un électrocardiogramme,
00:37:49qu'on sur-règle l'électrocardiogramme
00:37:50lors du traitement.
00:37:52Une question d'été dans les commentaires,
00:37:53il y a quelque chose qui a fait pas mal réagir,
00:37:54c'est notamment sur le...
00:37:55Déjà, au-delà du fait que ce soit une jeune fille de 16 ans qui décède,
00:38:00elle est testée en début de semaine dernière,
00:38:02deux tests négatifs
00:38:03et ensuite un troisième positif.
00:38:05Est-ce qu'il y a un souci au niveau de la fiabilité des tests ?
00:38:07Est-ce que c'est quelque chose
00:38:08auquel on peut être confronté ?
00:38:09De voir que le lundi,
00:38:11quelqu'un est négatif malgré symptôme
00:38:13et le mardi peut l'être...
00:38:14En fait, tous les tests ne sont pas fiables à 100%.
00:38:19Qui plus est, là on est face à une nouvelle maladie,
00:38:21donc on n'a pas de recul.
00:38:23On sait que dans ces maladies infectieuses,
00:38:29on peut avoir à quelques jours d'intervalle,
00:38:31dans toutes les maladies,
00:38:32un test négatif et qui se positive deux jours après.
00:38:35Voilà, on le sait.
00:38:37D'où la nécessité d'avoir un nombre de tests suffisant
00:38:41pour pouvoir renouveler le test.
00:38:43C'est ça la sécurité.
00:38:46Le test négatif, oui,
00:38:48parce que ces tests ont été mis au point rapidement
00:38:51et on sait que dans un certain nombre de cas,
00:38:54ces tests s'avèrent négatifs
00:38:55alors que le patient est porteur du virus.
00:38:58Donc quand on a un doute,
00:38:59il faut pouvoir renouveler le test deux jours après.
00:39:01Mais ce qui compte au-delà du test,
00:39:03ce n'est pas parce qu'elle a été diagnostiquée négative
00:39:06que cette jeune fille est malheureusement décédée.
00:39:08C'est parce qu'elle a eu l'évolution de la maladie
00:39:13donc qui heureusement se produit
00:39:15dans un nombre de cas très limité,
00:39:17très brutal.
00:39:20Mais voilà,
00:39:22toute mort est catastrophique,
00:39:24surtout d'une personne jeune.
00:39:25Mais aujourd'hui, le nombre de morts
00:39:30très jeunes,
00:39:32de moins de 20 ans,
00:39:33mondialement est très, très limité.
00:39:35Et il faut savoir que chaque hiver,
00:39:38nous avons des morts jeunes de la grippe saisonnière
00:39:42qu'on ne médiatise pas.
00:39:44Un nombre très, très limité
00:39:46et à peu près le même nombre que là sur la grippe.
00:39:49C'est-à-dire que la maladie n'est pas encore un virus.
00:39:51Voilà, malheureusement,
00:39:53la mort d'un enfant, c'est quelque chose qui est dramatique,
00:39:57mais on a les enfants qui meurent de la grippe saisonnière
00:39:59chaque hiver.
00:40:02C'est important de dire que quelque part,
00:40:04ce virus ne peut épargner personne.
00:40:06Ce virus n'épargne personne.
00:40:06C'est-à-dire que par exemple, quand on est jeune,
00:40:08on se dit je ne suis pas concerné.
00:40:09Mais quand on est jeune,
00:40:11et il faudra réviser notre position,
00:40:13quand on est jeune,
00:40:15chaque hiver,
00:40:17on peut mourir de la grippe.
00:40:18Ce n'est pas une maladie anodine.
00:40:20Vous voyez ?
00:40:22Toute maladie infectieuse
00:40:24peut vous faire mourir.
00:40:26Vous voyez ?
00:40:27Tout le débat qu'il y a eu sur les vaccins.
00:40:30Vous savez, là, il y a un an et demi,
00:40:33j'ai pris en charge une femme
00:40:36qui était enceinte
00:40:38et qui a fait une rougeole très grave,
00:40:40qui a nécessité une intubation.
00:40:42Elle a perdu son enfant
00:40:44parce qu'elle n'avait pas été vaccinée pour contre la rougeole.
00:40:46Vous voyez ?
00:40:47Maladie qu'on a délaissée.
00:40:48Donc, on a cru pouvoir être
00:40:52dans nos pays riches et développés,
00:40:54omniscient, omnipotent,
00:40:55et qu'on allait vaincre toutes les maladies.
00:40:57Non.
00:40:58Heureusement, aujourd'hui,
00:41:00très peu d'enfants
00:41:02meurent de maladies infectieuses,
00:41:04alors que jusqu'à la fin des années 50,
00:41:07quasiment dans toute fratrie,
00:41:09il y avait un enfant qui mourait en bas âge
00:41:11d'une maladie infectieuse
00:41:12avant qu'on ait diffusé les vaccins,
00:41:14ou qui, s'il ne mourait pas d'une maladie infectieuse,
00:41:17était atteint d'une maladie infectieuse
00:41:18et conservait un handicap,
00:41:21comme la polio.
00:41:22Comme la polio.
00:41:23Vous voyez ?
00:41:24Donc, c'est tout à fait récent.
00:41:25Jusqu'à la fin des années 50,
00:41:27vous voyez, on a des jeunes qui meurent
00:41:29d'une maladie infectieuse.
00:41:30Depuis, on a pu croire
00:41:34que plus aucun enfant ne mourrait
00:41:35d'une maladie infectieuse.
00:41:36Non.
00:41:37Heureusement, grâce à la vaccination,
00:41:39aux antibiotiques,
00:41:41la mortalité chez les enfants,
00:41:43la mortalité infectieuse chez les enfants,
00:41:47a été réduite à un seuil très faible.
00:41:52Mais seuil très faible,
00:41:52on ne peut pas dire 100%.
00:41:54La question qui se pose par exemple, Catherine,
00:41:56dans les commentaires,
00:41:56quand on parle des tests,
00:41:57est-ce que le personnel soignant est-il testé ?
00:41:59Et, deuxième question pour me lire dessus,
00:42:01s'ils sont testés positifs,
00:42:02sont-ils en arrêt maladie ?
00:42:05Ils commencent à être testés.
00:42:06S'ils sont testés positifs,
00:42:08ils sont en arrêt maladie.
00:42:11Mais ils reviennent rapidement au travail
00:42:14avec des mesures de protection
00:42:16quand ils n'ont plus de signe,
00:42:19parce qu'on manque de personnel.
00:42:22Voilà.
00:42:22Le problème aujourd'hui central,
00:42:25c'est de pouvoir disposer de tests
00:42:29qui nous permettent de savoir
00:42:31si même quand on est en bonne santé,
00:42:34on n'a quasiment aucun signe,
00:42:36on n'est pas quand même porteur du virus
00:42:38pour ne pas contaminer des personnes fragiles
00:42:40qui, si elles sont contaminées,
00:42:42risquent de faire des formes graves
00:42:43nécessitant un passage en réanimation
00:42:45qui peut être fatal.
00:42:48C'est ça le problème.
00:42:50Et au niveau de...
00:42:52Ça veut dire que concrètement,
00:42:53le personnel soignant peut avoir des symptômes,
00:42:56est malade mais est obligé de revenir travailler
00:42:57pour faire face à un...
00:42:58Là, quand ils ont des symptômes,
00:42:59on essaye de les épargner.
00:43:01Mais par contre,
00:43:02ils reviennent au travail
00:43:02quand ils n'ont plus de symptômes,
00:43:04sauf forcément qu'on les refait le test
00:43:06pour qu'ils puissent revenir au travail.
00:43:07Et puis, ils peuvent être potentiellement
00:43:08encore contagieux.
00:43:09Bien sûr.
00:43:10Aujourd'hui, il aurait fallu...
00:43:13Dans une bonne stratégie de santé publique,
00:43:16si on avait le nombre de tests suffisant,
00:43:19eh bien, il serait utile de tester
00:43:20l'ensemble du personnel hospitalier
00:43:23pour pouvoir savoir
00:43:26où ce personnel est affecté
00:43:28pour éviter de contaminer les patients.
00:43:31La question qui se pose également,
00:43:34Bastien a un commentaire qui nous dit
00:43:36que pensez-vous des patrons
00:43:39dans des sociétés qui ne font pas
00:43:40des métiers essentiels,
00:43:41qui achètent des masques pour leurs employés
00:43:43quand on sait qu'il y a une pénurie d'un autre ?
00:43:45Quand je parle de métiers non essentiels,
00:43:46on pense bien évidemment pas à tous ceux
00:43:49qui sont aujourd'hui indispensables.
00:43:52Globalement, dans toute profession,
00:43:55qu'on soit médecin,
00:43:57qu'on soit ouvrier, artisan ou patron,
00:44:02il y a des bons et des mauvais.
00:44:03L'essentiel des entreprises aujourd'hui
00:44:06qui possèdent des masques
00:44:09et qui n'en avaient pas un besoin,
00:44:11les ont cédés gracieusement
00:44:13au personnel de santé.
00:44:15On les en remercie.
00:44:16Voilà.
00:44:17La question qui se pose aujourd'hui,
00:44:19c'est est-ce qu'il est licite
00:44:20de continuer à faire travailler
00:44:23les ouvriers chez Airbus
00:44:24pour construire des avions,
00:44:26alors que les ouvriers spécialisés
00:44:30dans cette entreprise pourraient
00:44:32plutôt aider leurs collègues d'Air Liquide
00:44:35pour construire des respirateurs ?
00:44:37Et ça, c'est le problème
00:44:38aujourd'hui qui se pose.
00:44:40Pas mal de questions également
00:44:42dans les commentaires.
00:44:42Je vais en regarder également
00:44:43tous ceux qui sont présents sur le live.
00:44:44Je vous dis bonjour à toutes et à tous.
00:44:45On est avec Christophe Prudhomme
00:44:47sur ce live.
00:44:49On parle également,
00:44:50il y a cette question de Asiel
00:44:51dans les commentaires qui nous dit
00:44:52délocaliser les malades
00:44:53n'est pas un facteur pouvant délocaliser
00:44:55l'épidémie par la même occasion.
00:44:57Est-ce que c'est un risque ?
00:44:59Dès qu'on transporte des patients,
00:45:01bien sûr, il y a un risque.
00:45:02C'est la raison pour laquelle,
00:45:05je le répète,
00:45:06nous sommes un certain nombre à dire
00:45:08qu'il faudrait mieux déplacer
00:45:10le matériel, y compris,
00:45:12voire même du personnel,
00:45:14plutôt que de déplacer les patients.
00:45:15Au niveau de l'efficacité
00:45:17et de l'efficience,
00:45:18qui est un terme à la mode,
00:45:20ce serait beaucoup plus pertinent.
00:45:22Comment va s'organiser un peu la suite ?
00:45:25On voit que,
00:45:26il y en a pour un moment,
00:45:29le pic, est-ce qu'on a une estimation,
00:45:30l'idée du pic encore,
00:45:31au moins pour la région Île-de-France ?
00:45:32Écoutez, là aujourd'hui,
00:45:34je prends un peu de repos.
00:45:35J'étais au SAMU jusqu'à hier soir.
00:45:38On a l'impression qu'on est
00:45:41sur le plateau de l'épidémie,
00:45:44en tout cas en Île-de-France,
00:45:45qu'on atteint le plateau.
00:45:46C'est quoi le plateau ?
00:45:47Le plateau, c'est que le nombre de cas
00:45:50cesse d'augmenter.
00:45:53Mais on a un nombre de cas très important.
00:45:55Combien de temps va durer ce plateau ?
00:45:57C'est ça le problème.
00:45:58Après, on voit qu'il y a quand même
00:46:00un nombre de personnes admises en réanimation
00:46:02qui reste très important au quotidien.
00:46:03Oui, mais qui n'augmente plus
00:46:06de manière exponentielle.
00:46:07Donc ça, c'est important.
00:46:08Vous voyez, pour nous, c'est très important.
00:46:10Qui n'augmente plus de manière exponentielle,
00:46:12en tout cas en Île-de-France et en Alsace.
00:46:14C'est-à-dire qu'on ne prend pas 10% par jour,
00:46:15on a toujours un nombre d'admissions important,
00:46:17mais qui n'est plus...
00:46:19Ça a l'air de se tasser.
00:46:21C'est ce que j'ai vu hier.
00:46:22On va voir aujourd'hui,
00:46:23parce que vous avez vu, on a dit...
00:46:25En Italie, on dit un jour,
00:46:26« Ah, ça baisse, puis le lendemain, ça augmente. »
00:46:28On ne sait pas trop.
00:46:29Mais ce qui est clair,
00:46:30c'est par rapport à ce qu'on a connu la semaine dernière,
00:46:33on n'est plus dans l'augmentation
00:46:36qu'on a connue la semaine dernière.
00:46:37On a l'impression que ça se tasse un petit peu.
00:46:39On va voir si ça se confirme dans les jours suivants.
00:46:43Ce qui permettra effectivement,
00:46:46si ça commence à diminuer en Alsace,
00:46:49qu'on est en plateau en Île-de-France,
00:46:51ça permettra effectivement que les collègues de province
00:46:56qui, pour l'instant, ne sont pas confrontés
00:46:58à une arrivée en masse des patients,
00:47:00puissent être un petit peu rassurés,
00:47:02dans le sens où leur capacité reste intacte
00:47:05pour accueillir les patients
00:47:06qui risquent de se présenter dans les semaines à venir,
00:47:08parce qu'il y a de grandes chances que l'épidémie
00:47:09touche l'ensemble des régions de France,
00:47:11peut-être avec une moindre intensité,
00:47:13grâce au confinement.
00:47:15Quand on parle justement que ça se tasse,
00:47:17ce n'est pas qu'il n'y a plus de nouveaux cas
00:47:18ou qu'il n'y a plus de personnes qui rentrent,
00:47:19c'est-à-dire qu'on n'a pas...
00:47:20On est en plateau.
00:47:21On n'a pas une augmentation de 10% chaque jour
00:47:24du nombre de cas par rapport à la journée précédente.
00:47:27Il y a toujours des cas,
00:47:27il y a toujours des personnes qui arrivent,
00:47:29mais c'est quelque chose de plus régulier.
00:47:32Hier, moi j'étais en régulation de SAMU,
00:47:35une bonne partie des patients qu'on avait à prendre en charge,
00:47:37qui appelaient, étaient des gens
00:47:40qui étaient atteints par la maladie déjà depuis 10 jours,
00:47:44et qui avaient ce qu'on appelle le V-grippal,
00:47:46c'est-à-dire que c'est quoi ?
00:47:47C'est que vous êtes malade au début pendant quelques jours,
00:47:49ça s'améliore,
00:47:51et puis au huitième, neuvième jour,
00:47:52ça se réagrave.
00:47:54Vous voyez, donc il y en a eu beaucoup plus d'appels
00:47:56de gens qui étaient à ce stade-là de la maladie
00:47:59que de gens qui déclaraient la maladie.
00:48:01Vous voyez ?
00:48:02Donc ça, c'est aussi plutôt rassurant,
00:48:05puisqu'on a l'impression qu'il y a moins de nouveaux cas,
00:48:11bien sûr grâce au confinement de la règle de l'activité économique, etc.
00:48:14Ce qui était le but recherché.
00:48:15Heureusement qu'il y a une certaine efficacité du confinement généralisé.
00:48:19Donc, mais tout ça, c'est à confirmer cette semaine.
00:48:23On pourra être sûrs qu'on est dans la situation
00:48:28que je vous décris à la fin de la semaine.
00:48:31Donc, en gros, il faut attendre à peu près trois semaines
00:48:34pour voir quelque chose, les premiers effets du confinement.
00:48:37C'est vrai qu'on voit cette situation en Italie.
00:48:39Il y a une semaine, enfin pas samedi dernier,
00:48:42le samedi d'avant, l'Italie avait atteint le bilan des 793 victimes.
00:48:46On se disait, ça y est, c'est le pic.
00:48:49Et puis, finalement, les chiffres ont baissé, augmenté.
00:48:52Et puis, on a presque atteint les 1 000 personnes
00:48:54au milieu de la semaine dernière.
00:48:55Mais on voit qu'on a à peu près un plateau.
00:48:57Vous voyez, ça varie.
00:48:58Puis ça dépend un petit peu comment on compte les morts.
00:49:01Ça varie.
00:49:01On a atteint ce pic très rapidement.
00:49:03Vous voyez, on s'est monté à 700, 800.
00:49:04Mais vous voyez, on est chaque jour à 700, 800, 1 000.
00:49:08Voilà, on a l'impression que ça se stabilise autour de cet étiage.
00:49:10C'est un étiage élevé.
00:49:12On a l'impression que c'est en train de se stabiliser autour de ces chiffres.
00:49:16Et donc là, on peut imaginer que les prochains jours
00:49:18vont encore être très difficiles.
00:49:20C'est ça.
00:49:20C'est-à-dire avec des bilans compliqués,
00:49:22comme on l'a pu entendre hier.
00:49:23Et que fin de semaine, début de semaine prochaine,
00:49:26on aurait une éclaircie, quelque chose qui nous permettrait peut-être...
00:49:29Il faut espérer.
00:49:30On a l'impression qu'en Alsace, les choses ont l'air de se stabiliser.
00:49:35En Ile-de-France, on pourra vous dire que ça se stabilise à la fin de la semaine.
00:49:41Et heureusement, pour l'instant, le nombre de régions touchées reste limité.
00:49:48Et on a des retours d'informations des régions du sud de la France
00:49:53qui, pour l'instant, montrent que le nombre de cas
00:49:56n'est pas aussi important que dans les deux régions que vous venez de citer.
00:50:00Comment on évite justement une vague,
00:50:03comme on peut avoir parfois dans la situation épidémique,
00:50:05région Grand Est, Ile-de-France,
00:50:07et qu'ensuite, ça continue de se propager sur le reste de la France ?
00:50:10Parce que c'est vrai que justement, c'est ce que vous dites à l'instant,
00:50:12il y a une énorme...
00:50:13La vague de l'Alsace, comme la vague qu'on a connue en Corée,
00:50:18a été due à des rassemblements de personnes très localisées,
00:50:25comme ça a été le cas de Muse ou de cette église en Corée,
00:50:28avec une contamination d'un nombre très important de personnes,
00:50:32de manière brutale.
00:50:34Et comme on a eu des difficultés pour tracer ces personnes
00:50:38et pour mettre en place le confinement des personnes contagieuses,
00:50:42eh bien, l'épidémie s'est étendue très rapidement dans ces deux régions,
00:50:47en Corée et en Alsace.
00:50:49Hum, d'accord.
00:50:51Donc, on a le recul maintenant pour dire ces choses-là.
00:50:59En Ile-de-France, on n'a pas eu cette vague brutale.
00:51:05Pourquoi ? Parce que l'Ile-de-France,
00:51:07c'est une grande métropole où les personnes voyagent beaucoup
00:51:14en transport en commun, on se côtoie dans la rue, dans les magasins.
00:51:18Donc là, l'épidémie s'est répandue dans l'ensemble de la population.
00:51:21De façon progressive.
00:51:22C'est-à-dire, dans l'argent Grand Est, on a ce rassemblement à Belouse.
00:51:27Avec une explosion brutale.
00:51:28Explosion brutale, très compliquée à gérer.
00:51:30À Paris, c'est plus progressif.
00:51:31Alors, en Ile-de-France, on a bien vu qu'on a eu...
00:51:36C'est la marée qui monte, quoi.
00:51:38Ça a été plutôt la marée qui monte.
00:51:40Alors qu'en Alsace, si on veut prendre une autre image,
00:51:45ce foyer, avec ce rassemblement, ça a été le tsunami.
00:51:50Alors que nous, c'est la marée qui monte.
00:51:53La question qui se posera sur l'après,
00:51:56moi, je vois la réaction dans les commentaires.
00:51:58Il y en a qui sont très encourageants.
00:51:59D'autres qui disent, mais on n'a pas réussi à bien prévoir les choses.
00:52:04Ça revient un peu sur ce qu'on disait tout à l'heure.
00:52:07Par exemple, certains vous confrontent aux commentaires de dire,
00:52:09il ne faut pas sur-réagir.
00:52:10Oui, mais je maintiens mes commentaires de l'époque.
00:52:13Il faut les prendre dans leur totalité.
00:52:15À l'époque, à ce moment-là.
00:52:17Moi, je suis constant.
00:52:18On peut prendre tous mes commentaires depuis 20 ans.
00:52:21Depuis 20 ans !
00:52:22Depuis 20 ans, nous délançons la même chose.
00:52:24Vous voyez, moi, je suis droit dans mes bottes.
00:52:26Je peux me regarder dans la glace.
00:52:28Voilà, il n'y a pas de problème.
00:52:30Mais par contre, ceux qui nous critiquent aujourd'hui,
00:52:33le temps n'est pas à la polémique stérile.
00:52:36Mais à la fin de cette crise,
00:52:40on reprendra le débat et on verra qui peut se regarder dans la glace
00:52:44et qui devra faire son autocritique.
00:52:46Voilà, il faut être clair.
00:52:48Mais comment justement, on s'est dit que d'un point de vue politique,
00:52:53certains parlent de retard à l'allumage,
00:52:55et d'autres vont dire, mais en même temps,
00:52:56les médecins à cette époque-là disaient,
00:52:58ce n'est pas si grave que ça.
00:53:00Ils étaient même dans la températion de dire,
00:53:02voilà, ce n'est pas trop grave.
00:53:04Mais ça pose le problème de ce que nous délançons
00:53:06depuis des années, un certain nombre.
00:53:08Pourquoi ce virus est apparu ?
00:53:11Parce qu'on déforeste, parce qu'on en contacte un monde animal
00:53:14qui est porteur de ce virus avec la population.
00:53:17Les grandes épidémies de ces dernières années
00:53:19sont liées à ce problème écologique.
00:53:21Le VIH, l'Ebola, le SRAS, le coronavirus
00:53:25viennent du monde animal.
00:53:26Donc, il faut se poser des questions au niveau écologique
00:53:29sur la déforestation et sur ces contacts rapprochés
00:53:33avec un monde animal qui n'a plus son espace pour vivre
00:53:36et qui transmet ce virus à la population, première chose.
00:53:38Deuxième chose, la mondialisation que nous dénonçons depuis 40 ans.
00:53:43Depuis 40 ans.
00:53:45Ces processus de production qui font que la première usine
00:53:48de production de masques en volume était localisée à Wuhan
00:53:51et qu'en France, on n'est même pas capable de produire des masques,
00:53:54qu'on n'est pas capable de produire les principes actifs des médicaments,
00:53:56ça, on en somme un certain nombre à dénoncer depuis des années.
00:53:59Cette mondialisation libérale,
00:54:01et puis surtout, l'atrophie des services publics.
00:54:05Les fameux 3% de déficit qu'il ne fallait pas dépasser
00:54:10et les économies qui ont le manque de fer.
00:54:12Il faut toujours faire plus avec moins.
00:54:14On a étranglé les hôpitaux, ce qu'on dénonce depuis des années.
00:54:17Et si nous sommes dans cette situation aujourd'hui,
00:54:19c'est parce qu'on a étranglé les hôpitaux
00:54:20et qu'on a détruit notre outil de production.
00:54:23Ça, c'est clair.
00:54:24Et ça, c'est ce que nous dénonçons depuis 20 ans.
00:54:27Et donc, ça, on est droit dans nos bottes,
00:54:29on continuera à le dénoncer.
00:54:31Et il est clair qu'on ne pourra pas repartir sur les mêmes bases
00:54:34et en particulier sur toutes les choses.
00:54:36Je vous ai parlé tout à l'heure de l'Europe.
00:54:37À quoi nous sert l'Europe aujourd'hui ?
00:54:39À rien.
00:54:40Chaque pays se replie sur lui-même, on a fermé les frontières.
00:54:42Alors que dans une crise sanitaire,
00:54:44on aurait dû justement coopérer, collaborer
00:54:47et ne pas se piquer les respirateurs et les masques,
00:54:49ce qui se passe aujourd'hui.
00:54:50C'est ça, la réalité.
00:54:51Donc, ça posera des problèmes politiques fondamentaux.
00:54:53Et moi, je suis très optimiste
00:54:55parce que la bataille que je mène depuis des années
00:54:57sur ces questions-là,
00:54:58eh bien, là, aujourd'hui,
00:55:01ça débatte partout sur ces questions.
00:55:03Et après la crise,
00:55:04eh bien, il faudra qu'on trouve d'autres solutions
00:55:06que celles qu'on nous a vendues
00:55:07et qu'on arrête de nous mépriser, nous, en disant
00:55:10« Mais vous comprenez, parce qu'il a la CGT,
00:55:12il est toujours contre tout. »
00:55:14Parce que c'est ça, les arguments,
00:55:15y compris qui a été mis en avant hier
00:55:19par Mme Bachelot sur la 5,
00:55:22en truquant mon intervention.
00:55:24C'est de bas étage.
00:55:26Et moi, je méprise et j'aurais 3 dans mes bottes
00:55:28et j'assume ce que j'ai dit
00:55:29et je continuerai à critiquer,
00:55:31à des critiques positives.
00:55:33Et moi, je critique parce que je suis au boulot tous les jours
00:55:35et c'est ce que je vis quotidiennement.
00:55:36C'est vrai que Mme Bachelot, hier,
00:55:37elle était justement sur le plateau de 7 à vous
00:55:39sur le chien non confiné de France 5.
00:55:41Elle a été assez virulente à votre propos,
00:55:43en reprenant justement ce fameux extrait du 6 mars,
00:55:45où on voit aussi, face à Philippe Juvin,
00:55:48dire que ce n'est pas trop grave d'éviter de cette surréaction.
00:55:52Vous ne comprenez pas le fait qu'elle puisse vous...
00:55:56Je sais de la politique de bas étage.
00:55:58Elle trompe mon intervention.
00:56:00Mme Bachelot, la prochaine fois que je la verrai,
00:56:03je lui rappellerai les décisions qu'elle a prises
00:56:05en termes de fermeture de lit
00:56:06quand elle était ministre de la Santé
00:56:08et que je la rencontrais comme syndicaliste.
00:56:10D'accord ?
00:56:11Et à la différence de Mme Bachelot,
00:56:12moi, je ne suis pas chroniqueur sur une chaîne de télé.
00:56:16Je suis à mon travail
00:56:18et je fais aussi en plus de mon travail
00:56:20sur mes horlimes, mon travail de syndicaliste.
00:56:22Voilà.
00:56:23Et donc, moi, je suis fier de ce que je fais
00:56:26et je ne retire rien de ce que j'ai dit
00:56:28ces dernières semaines.
00:56:30Parce que quand j'ai dit qu'effectivement,
00:56:32il ne fallait pas s'affoler,
00:56:33à l'époque, il ne fallait pas s'affoler.
00:56:35Il fallait se préparer.
00:56:37Il fallait se préparer.
00:56:39Et surtout, j'ai vu à l'époque,
00:56:41ce que l'on constate aujourd'hui,
00:56:42c'est que la mise à mal de notre système de santé,
00:56:44y compris par Mme Bachelot,
00:56:47avec les fermetures massives de lit,
00:56:49ne nous permettrait pas,
00:56:51ne nous permettrait pas,
00:56:52effectivement,
00:56:53de pouvoir accueillir des malades
00:56:55si on avait une véritable épidémie
00:56:57avec un nombre de malades
00:56:59de l'importance qu'on a aujourd'hui
00:57:01et qui n'est pas un nombre de malades,
00:57:03finalement,
00:57:04pour nous médecins,
00:57:05dramatiquement important.
00:57:07Si on avait,
00:57:08si on avait, je dis,
00:57:09aujourd'hui, je le répète,
00:57:11si, au début de la crise,
00:57:13nous avions eu
00:57:15autant de lits de réanimation
00:57:17que ce qui existe en Allemagne
00:57:19rapporté à la population,
00:57:21nous serions partis,
00:57:22non pas avec 5 000 lits,
00:57:23mais avec 10 000 lits.
00:57:25Aujourd'hui, nous avons 10 000 lits de réanimation
00:57:27qu'on a montés avec de grandes difficultés.
00:57:29Demain, il va falloir 15 000.
00:57:31Oui, c'est ce qu'il y a dans ces lits d'ouvrance.
00:57:33On n'a plus aucune ressource
00:57:34pour ces 5 000 lits à monter là.
00:57:36Enfin, on n'a plus aucune ressource.
00:57:37On attend qu'on nous livre des respirateurs.
00:57:39Voilà où on en est.
00:57:40Voyez ?
00:57:41Donc, c'est ça, la réalité.
00:57:43Et donc, moi, je me suis battu
00:57:45contre la fermeture des hôpitaux
00:57:46pour obtenir du matériel,
00:57:47du personnel supplémentaire.
00:57:50Et que ce soit Mme Bachelot,
00:57:51que ce soit Mme Buzyn,
00:57:52que ce soit M. Véran,
00:57:53ils nous ont envoyé chier
00:57:55ces dernières années, ces derniers mois.
00:57:56En particulier M. Véran,
00:57:57quand on a été le voir
00:57:59pour qu'il ne vote pas
00:58:00la loi de finances de la sécurité sociale,
00:58:02qu'il continuait à mettre l'hôpital
00:58:06en grande difficulté
00:58:07en ne lui donnant pas les moyens
00:58:09dont il avait besoin.
00:58:10Voilà.
00:58:11Donc, moi, je continuerai à me battre,
00:58:12je continuerai à critiquer.
00:58:13Et tant mieux si Mme Bachelot
00:58:16me met en avant dans une émission.
00:58:17Moi, je ne cherche pas la médiatisation.
00:58:20Mais je suis très content
00:58:21parce que ça a boosté
00:58:22mes interventions sur les réseaux sociaux.
00:58:25Ça veut dire qu'il y a beaucoup de gens
00:58:27qui participent au débat.
00:58:29Et moi, je pense que c'est très important.
00:58:30Et je fais confiance à l'ensemble des citoyens
00:58:33pour qu'ils fassent le tri
00:58:34entre ce que je dis,
00:58:35ce que disent d'autres personnes.
00:58:37C'est le débat démocratique.
00:58:38Et voilà, moi, j'ai des critiques.
00:58:39Je suis, j'accepte que les gens
00:58:40ne soient pas d'accord avec moi.
00:58:42Mais je maintiens mes positions
00:58:44et j'en suis fier.
00:58:45Quelle suite, justement ?
00:58:46Parlons peut-être de l'avenir, de tout ça.
00:58:49Emmanuel Macron a annoncé la semaine
00:58:50un plan massif d'investissement
00:58:51pour l'hôpital.
00:58:53Je sais que c'est ce que vous réclamez
00:58:54depuis un moment,
00:58:54parce qu'il y a cette crise
00:58:57de l'hôpital public
00:58:57qui existe depuis un moment.
00:58:58On a pu voir depuis un an
00:59:00la grève dans les services des urgences,
00:59:01qui s'est ensuite étendue
00:59:02dans d'autres secteurs.
00:59:04Comment on imagine la suite
00:59:06et qu'est-ce qu'on réclame un peu
00:59:07pour couvrir un peu tout ça ?
00:59:08Ce qui nous choque dans ce qu'a dit
00:59:10Monsieur Macron,
00:59:12c'est que ça ne reste que des promesses
00:59:13et qu'il reste dans le même discours
00:59:15qui nous a servi au mois de novembre,
00:59:17lors au plus fort du mouvement de l'hôpital.
00:59:19C'est-à-dire que moi, je suis médecin.
00:59:21Quand il y a un malade,
00:59:22l'hôpital est malade
00:59:24et que je prescris un traitement.
00:59:26Le traitement, il faut aussi,
00:59:30choisir le médicament
00:59:32et préciser la dose du médicament.
00:59:35Or, Monsieur Macron a parlé
00:59:36d'un plan massif pour l'hôpital
00:59:38sans citer aucun chiffre.
00:59:40Or, nous avons chiffré nos besoins
00:59:41en urgence pour l'hôpital
00:59:44et pour les EHPAD.
00:59:46C'est 100 000 personnes en plus à l'hôpital,
00:59:47200 000 personnes de plus en EHPAD.
00:59:50C'est un plan d'urgence financier
00:59:52qui correspond à 5% d'augmentation
00:59:53du budget des hôpitaux
00:59:55sans compter l'argent qu'on a dépensé là,
00:59:57c'est-à-dire quelques milliards d'euros.
00:59:58C'est l'arrêt des fermetures de lits,
01:00:01de services et d'hôpitaux,
01:00:02en particulier les hôpitaux de proximité.
01:00:04Monsieur Macron n'a rien dit de tout ça.
01:00:06Est-ce que vous comprenez que c'est peut-être
01:00:08l'idée de se dire que ce plan,
01:00:10il faut peut-être le faire après
01:00:11quand les choses se calment ?
01:00:13Non, mais le plan, on le réclame depuis un an.
01:00:15Donc moi, j'entends M. Macron,
01:00:17mais il nous a fait les mêmes promesses
01:00:18au mois de novembre, d'accord ?
01:00:20Et là, il a gardé le même discours.
01:00:22Donc on verra effectivement à l'issue de la crise.
01:00:25Et moi, je veux des chiffres.
01:00:26C'est combien d'argent ?
01:00:28C'est combien l'embauche de personnel ?
01:00:29Est-ce qu'on arrête de fermer les hôpitaux
01:00:31et les services pour tout concentrer
01:00:32dans les grandes métropoles
01:00:33en désertifiant les territoires ?
01:00:35Est-ce qu'on arrête effectivement
01:00:36de fermer les maternités de proximité ?
01:00:38Est-ce qu'on arrête de nous vendre
01:00:39de tout ambulatoire qui est une joyeuse coutaise
01:00:41parce que ça entraîne la fermeture
01:00:43de l'île-hôpitaux qui nous manque aujourd'hui ?
01:00:44Voilà, c'est ça ce qu'on demande.
01:00:46C'est clair, c'est net.
01:00:47Ça fait un an qu'on le demande.
01:00:49Ça fait un an que l'on le demande.
01:00:51Voilà. Et de manière très large,
01:00:53puisqu'il y a l'ensemble des syndicats,
01:00:55l'ensemble des collectifs,
01:00:57avec un certain nombre d'associations de citoyens.
01:01:00Voilà. Donc on verra.
01:01:02Peut-être pour conclure cela
01:01:03et cette dernière question,
01:01:04en vous laissant vous adresser
01:01:05directement aux personnes ici.
01:01:07C'est vrai que justement,
01:01:08on évoque ces derniers jours qui sont compliqués
01:01:10parce que le bilan dans les hôpitaux est difficile.
01:01:12Peut-être de résumer pour dire
01:01:14à quoi on peut s'attendre un peu dans les prochains jours,
01:01:16même si on ne peut pas être devin, je sais bien.
01:01:18On découvre un peu les choses,
01:01:19même chaque jour en Italie,
01:01:20en se disant c'est le pic, c'est pas le pic.
01:01:21Mais peut-être aussi de préparer les consciences
01:01:24que les prochains jours vont être difficiles.
01:01:26Les prochains jours vont être difficiles.
01:01:28Ça va être difficile pour les malades
01:01:29qui sont atteints du coronavirus.
01:01:31Ça va être difficile pour les malades
01:01:32qui ne sont pas atteints du coronavirus,
01:01:34mais qui ont d'autres maladies
01:01:35et qui aujourd'hui sont en grande difficulté
01:01:38parce qu'on leur a annulé leur rendez-vous,
01:01:41leurs examens.
01:01:43On a repoussé le traitement
01:01:45et que ça peut avoir des conséquences sur leur santé.
01:01:48Donc espérons effectivement
01:01:50qu'on puisse rapidement avoir les moyens
01:01:52de traiter tout le monde,
01:01:53à la fois les personnes qui sont atteintes
01:01:55du coronavirus,
01:01:56mais aussi tous les autres malades
01:01:59qui ont des maladies chroniques,
01:02:01qui ont besoin d'un suivi, d'un suivi régulier
01:02:04et qui aujourd'hui sont à coups laissés pour compte.
01:02:06Voilà, donc il va falloir effectivement
01:02:14se mobiliser, tous, voilà.
01:02:17Et l'appel, c'est merci pour les applaudissements
01:02:21tous les soirs,
01:02:22mais j'espère que demain, au-delà des applaudissements,
01:02:24quand on vous demandera de retourner dans la rue
01:02:27pour soutenir nos revendications
01:02:28et pour faire que le gouvernement
01:02:30remplisse ses promesses,
01:02:32vous serez aussi avec nous dans la rue.
01:02:35Merci à vous.
01:02:36Alors juste pour ceux qui nous regardent,
01:02:38on va vous mettre le lien dans les commentaires de Maïs Brut.
01:02:40C'est notre lien d'information
01:02:42dans cette période de crise sanitaire exceptionnelle.
01:02:44C'est nous qui venons vers vous chaque soir
01:02:46avec une lettre d'information
01:02:47qui arrive dans votre boîte mail
01:02:49avec toutes nos interviews,
01:02:50tous nos sujets en lien avec le coronavirus
01:02:52pour mieux comprendre ce qui se passe.
01:02:54On vous parle aussi de culture
01:02:55et du reste de l'actuité, c'est important.
01:02:57Et puis nous sur Brut, vous avez vu,
01:02:59hier on était avec Philippe Juvin,
01:03:00aujourd'hui on est avec M. Prudhomme.
01:03:02On va continuer de faire ces interviews,
01:03:04des interviews où on va la rencontre
01:03:06des professionnels de santé
01:03:07qui nous expliquent comment ça se passe
01:03:08dans leurs hôpitaux,
01:03:09comment ça se passe aussi au niveau des moyens.
01:03:11On sait qu'il y a eu beaucoup de difficultés
01:03:14et qui sont encore en cours sur certains sujets
01:03:16par rapport aux masques,
01:03:17par rapport aux médicaments,
01:03:18par rapport aux tests.
01:03:19Et c'était aussi l'objet de ce live
01:03:20de pouvoir parler de l'organisation
01:03:22de l'hôpital public.
01:03:24Alors qu'avant cela,
01:03:25il y avait déjà une crise qui existait
01:03:26depuis un an en termes de grève,
01:03:29mais préexistante aussi en termes de moyens.
01:03:31C'est ce que vous expliquez
01:03:32sur les dernières décennies
01:03:34et des politiques que vous avez pu dénoncer
01:03:35dans ce live d'un point de vue personnel.
01:03:39On y reviendra bien évidemment
01:03:41dans les prochains jours.
01:03:42On continue d'aller à la rencontre
01:03:44de médecins, de professionnels
01:03:46de sensibilités différentes
01:03:48qui peuvent aussi avoir des avis différents.
01:03:49Mais c'est intéressant parce que c'est aussi
01:03:50l'idée de pouvoir vous construire votre opinion,
01:03:52de comprendre ce qui se passe
01:03:54dans les hôpitaux,
01:03:55au niveau des services d'urgence,
01:03:57au niveau également des professionnels
01:03:59de santé, chefs de maladies infectieuses,
01:04:01des épidémiologistes,
01:04:03des personnes aux responsabilités.
01:04:05Il faut savoir qu'on y travaille
01:04:06et on travaille énormément là-dessus
01:04:07pour essayer d'avoir également
01:04:08des politiques qui sont à la gestion
01:04:10de cette crise,
01:04:11qui sont aussi des professionnels de santé
01:04:13au niveau du conseil scientifique.
01:04:14On y travaille actuellement
01:04:15pour essayer de pouvoir les avoir
01:04:17dans de prochains directs
01:04:18pour que vous puissiez avoir
01:04:19des réponses à vos questions.
01:04:20Parce que c'est vrai que dans cette période
01:04:22qui peut être parfois inquiétante,
01:04:24anxiogène pour certains,
01:04:26de confinement en plus,
01:04:27on essaie d'aller à leur rencontre
01:04:29pour avoir des réponses à vos questions
01:04:31et on va continuer de le faire
01:04:32dans les prochains jours
01:04:33comme on a pu le faire lors des précédents jours,
01:04:36lors des précédentes semaines
01:04:37avec de nombreux professionnels
01:04:39de santé différents.
01:04:40Et on continuera d'aborder
01:04:42toutes ces questions,
01:04:43des questions auxquelles
01:04:44vous pouvez également venir
01:04:46nous envoyer vos questions
01:04:49ou vos suggestions, vos critiques,
01:04:50vos idées de live.
01:04:51Je vous rappelle que ce format du live,
01:04:52on le construit ensemble.
01:04:54Donc n'hésitez pas à nous envoyer
01:04:56vos messages privés
01:04:56sur la page Facebook de Brut.
01:04:57Vous avez également mon compte Facebook
01:04:59qui est en description de ce live.
01:05:00N'hésitez pas à me suivre,
01:05:01à m'envoyer vos messages.
01:05:02C'est toujours intéressant
01:05:03de pouvoir vous lire.
01:05:04C'est très constructif
01:05:05d'avoir des avis qui disent
01:05:07ça c'est bien,
01:05:07pourquoi pas cette personne-là, etc.
01:05:10Vos suggestions, vos critiques
01:05:11sont toujours les bienvenus.
01:05:12On construit ce média d'information
01:05:15ensemble au quotidien,
01:05:17bien évidemment dans des conditions
01:05:18pas évidentes parce que c'est en forme...
01:05:20Actuellement, on est tous en télétravail,
01:05:22donc on essaie dans ces conditions
01:05:24exceptionnelles de pouvoir vous proposer
01:05:25une information riche et variée.
01:05:27J'en profite pour saluer
01:05:28toute la rédaction qui essaie
01:05:29d'être présente sur le terrain
01:05:30chaque jour pour vous proposer
01:05:32des sujets en lien avec le coronavirus,
01:05:34mais aussi avec la côté.
01:05:35On peut penser notamment
01:05:37avec toutes ces professions qu'on salue.
01:05:39On a parlé des caissières,
01:05:41on a parlé des livreurs de repas, etc.
01:05:46Beaucoup de professions différentes
01:05:47qui sont sur le terrain,
01:05:48qui continuent de travailler
01:05:49pour pouvoir nous permettre
01:05:50de continuer à vivre à peu près
01:05:53normalement, même dans ces conditions
01:05:54exceptionnelles.
01:05:56Et on continuera bien évidemment
01:05:57d'en parler dans les prochaines heures
01:05:58et dans les prochains jours.
01:05:59On doit normalement se retrouver
01:06:01cet après-midi pour un tout autre live,
01:06:02mais qui est un peu en lien
01:06:04avec cette riche actualité,
01:06:05puisque cet après-midi,
01:06:06on sera du côté de l'aéroport d'Orly.
01:06:08L'aéroport d'Orly qui va fermer
01:06:09ses portes aujourd'hui.
01:06:10C'est historique.
01:06:12Ouvert en 1961,
01:06:13l'aéroport d'Orly va donc fermer
01:06:16aujourd'hui pour une durée indéterminée
01:06:18liée justement à cette épidémie
01:06:20de coronavirus, le fait qu'il y ait
01:06:21moins de vols à l'international.
01:06:22Tout va être recentré sur l'aéroport.
01:06:24Voici Charles de Gaulle.
01:06:26Et donc, on y sera cet après-midi
01:06:27pour vous montrer un peu
01:06:29la fermeture de l'aéroport.
01:06:30D'ici là, prenez soin de vous
01:06:32et de vos proches.
01:06:32On se retrouve cet après-midi
01:06:34et à tout moment sur Brut
01:06:35au cœur de l'actualité.
01:06:36Et encore merci à vous,
01:06:37Monsieur Prudhomme,
01:06:38d'avoir accordé de votre temps
01:06:40dans cette période très chargée.
01:06:42Bonne journée à vous et merci.
01:06:43Et bonne journée à toutes et à tous.