Michel Onfray sur la question des retraites : «Je suis pour que l’on travaille moins, mais mieux».
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00:00— Oui. Alors moi, vous savez, je reste un homme de gauche, quoique disent pas mal de gens. Et ma gauche, c'est évidemment pas celle des sociodémocrates, pas celle de Mélenchon, c'est pas celle d'Hollande, c'est pas celle... Etc.
00:09C'est celle de Proudhon. C'est celle des ouvriers. C'est celle des travailleurs. C'est celle des paysans. C'est celle des gens simples et des gens modestes.
00:15Donc moi, je suis pour qu'effectivement, on travaille moins mais mieux. Le problème, c'est pas le temps de travail. C'est la qualité du travail.
00:21Plus personne n'a envie de travailler. Il faut dire que tout est fait pour que les gens n'aient pas forcément envie de travailler.
00:26— Alors quand on nous sort l'argument de la finance, on va voir des autres pays, en disant... — 67, 65 ans, voilà. Il y a d'autres pays où on part beaucoup plus tard en retraite.
00:37— Oui. Vous savez, il y a d'autres pays aussi où il y a la peine de mort. C'est pas une raison. Il y a d'autres pays où on coupe la tête d'une femme parce qu'elle a couché avec un homme en dehors du mariage.
00:43C'est pas une raison. Donc n'allons pas chercher dans les autres pays. — A priori, pas en Europe. — Pardon ? — Pas en Europe, a priori.
00:47— Oui. Non mais l'Europe maastrichtienne, c'est pas mon modèle. Je pense que quand on a envie d'argent et de trouver de l'argent pour faire une guerre, par exemple,
00:56ou pour aller aider la Chine, la pauvre Chine, la pauvre malheureuse Chine qui est obligée d'aider, évidemment, on a toujours de l'argent.
01:02Donc si on veut vraiment trouver de l'argent pour que les retraites soient 62 ans et qu'on dise en même temps, en retour, on va repenser le travail.
01:11C'est pas possible que les gens travaillent aussi mal dans un tel climat de violence, dans un tel climat d'insécurité, d'incertitude, que les gens aient pas envie de travailler.
01:20Moi, ça va, j'adore ce que je fais. Donc je peux travailler 10 heures par jour. C'est pas gênant. Mais je comprends très bien que des gens disent
01:25« Moi, j'ai pas envie de ça ». On peut pas d'un côté dire « On va détruire la valeur travail », et puis de l'autre côté dire « Il faudrait que vous travailliez tout de même ».
01:32Ce sont les mêmes qui détruisent la valeur travail depuis des années, depuis post-68, jouir sans entrave, etc. qui nous disent « Ce serait quand même bien que vous puissiez y aller ».
01:40C'est la même chose avec la sexualité libérée, etc. Puis on dit « Ah, ce serait quand même bien que vous fassiez des enfants parce que d'un point de vue démographique, il faudrait savoir.
01:47Est-ce que la sexualité libérée, il faut faire des enfants ? Est-ce que le travail est un vice ? Il faudrait quand même travailler, etc. »
01:53Ça suppose une grande politique générale. C'est pas drôle, le travail, pour plein de gens. Donc il faut aussi donner à des gens qui travaillent, pas seulement, alors d'abord des conditions de dignité,
02:01des conditions de flexibilité. Il y a des gens qui veulent travailler un peu, d'autres beaucoup, des gens qui veulent travailler le week-end, des gens qui veulent mettre le paquet pendant 10 ans,
02:08et puis qui veulent se reposer ou je ne sais quoi. Et puis qu'on arrête aussi de faire du social avec tous les autres, et pas les Français.
02:14On commence à se dire « Comment est-ce qu'on peut repenser le travail pour redonner le goût du travail, le goût de l'effort, même à l'école ? »
02:20Ne serait-ce qu'à l'école, si nous commençons par apprendre l'effort. On n'est jamais violoniste, par exemple, concertiste planétaire, si on n'a pas beaucoup travaillé.
02:28Vous avez raison.
02:29Et bien voilà.