Dans ce nouveau numéro de ZED, Valérie Brochard et les équipes de LCP ont posé leurs caméras dans une classe de 3ème du collège Auguste Renoir à Asnières-sur-Seine , dans les Hauts-de Seine.
Après le visionnage du documentaire : « La dure vie des surdoués », les élèves ont échangé avec le réalisateur, Alexandre Bitoun, et avec Vlinka Antelme, présidente de l'Association française pour les enfants à haut potentiel. Comment le réalisateur, surdoué lui-même, a-t-il vécu sa scolarité ? Où se situe la richesse, et où se situe la souffrance, quand on est un enfant à haut potentiel ? Intègre-t-on mieux ces enfants aujourd'hui ?
Un partage de réflexions et d'expériences... parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
Pour donner la parole aux jeunes, pour les confronter aux enjeux du monde et les aider à décortiquer le travail journalistique, la Chaîne parlementaire apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
Une classe visionne et étudie un documentaire avec l'un de ses professeurs et échange ensuite avec l'auteur ou le réalisateur lors d'un débat animé par Valérie Brochard, parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
Après le visionnage du documentaire : « La dure vie des surdoués », les élèves ont échangé avec le réalisateur, Alexandre Bitoun, et avec Vlinka Antelme, présidente de l'Association française pour les enfants à haut potentiel. Comment le réalisateur, surdoué lui-même, a-t-il vécu sa scolarité ? Où se situe la richesse, et où se situe la souffrance, quand on est un enfant à haut potentiel ? Intègre-t-on mieux ces enfants aujourd'hui ?
Un partage de réflexions et d'expériences... parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
Pour donner la parole aux jeunes, pour les confronter aux enjeux du monde et les aider à décortiquer le travail journalistique, la Chaîne parlementaire apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
Une classe visionne et étudie un documentaire avec l'un de ses professeurs et échange ensuite avec l'auteur ou le réalisateur lors d'un débat animé par Valérie Brochard, parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
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NewsTranscription
00:00:00...
00:00:22Bienvenue dans la zone d'éducation documentaire.
00:00:26Pour vous donner la parole et vous aider à décortiquer le travail journalistique,
00:00:30LCP apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
00:00:34Mais on est où, là ?
00:00:35Aujourd'hui, nous sommes au Collège Auguste-Renoir.
00:00:37À Amiens-sur-Seine.
00:00:38Et vous avez regardé quel film ?
00:00:39La Durvie des Cerdouets.
00:00:40Alors, vous savez quoi ?
00:00:41On va laisser les téléspectateurs le regarder eux aussi
00:00:43et on se retrouve tous ensemble dans votre CDI pour en discuter.
00:00:46...
00:00:57Si je devais retourner à l'école,
00:00:59je m'y opposerais de toutes mes forces.
00:01:02Mon parcours a été biaisé.
00:01:04Pendant ma scolarité,
00:01:05de nombreuses incompréhensions ont fortement contribué à mon décrochage.
00:01:09Aujourd'hui, j'assimile cette époque à des expériences épineuses,
00:01:13particulièrement dans mon rapport avec les autres.
00:01:16Je ne supportais pas le bruit.
00:01:18La communication avec mes camarades était difficile.
00:01:21Pour moi, impossible de faire du par cœur
00:01:23ou de poser des équations sans leur donner du sens.
00:01:27Comportement atypique, attitude taciturne,
00:01:30je passais pour inadapté, retardé, voire déficient.
00:01:34Au fil de ces années,
00:01:36mon désir d'apprendre au sein de cet environnement s'est peu à peu dissipé.
00:01:39Aux yeux des enseignants et de mes camarades,
00:01:41les signes d'un haut quotient intellectuel étaient insoupçonnables.
00:01:44Pourtant, le diagnostic avait bel et bien été posé.
00:01:47Le monde devenait brutal pour moi,
00:01:49semant le doute sur mes capacités.
00:02:14Est-ce que c'est important de savoir lire et écrire ?
00:02:17Oui.
00:02:18Qu'est-ce qu'on peut faire quand on sait lire ?
00:02:20On peut raconter des histoires aux enfants.
00:02:25La plupart des enfants,
00:02:27quand ils sont d'origine socio-économique modeste,
00:02:30même s'ils sont en précoce à l'âge de 5 ans,
00:02:33ne sont pas en précoce à l'âge de 5 ans.
00:02:36Ils sont en précoce à l'âge de 5 ans,
00:02:38mais ils ne sont pas en précoce à l'âge de 5 ans.
00:02:41Quand un enfant intelligent s'ennuie en classe,
00:02:43il peut devenir instable. D'autres s'endorment.
00:02:45C'était simplement des enfants qui s'ennuyaient
00:02:47et qui avaient besoin qu'on leur propose, à leur rythme,
00:02:51des activités qui les amusent
00:02:53et qui les alimentent sur le plan intellectuel.
00:02:56En France, ce sujet du haut potentiel a eu beaucoup de mal à percer.
00:03:01En fait, à la suite de mai 68,
00:03:04le Conseil des éducateurs a annoncé
00:03:06qu'il allait en faire une nouvelle étude
00:03:08En fait, à la suite de mai 68,
00:03:11on a considéré que s'intéresser aux enfants qui seraient les plus intelligents,
00:03:16c'était faire une forme d'élitisme.
00:03:18Jean-Charles Terassier, psychologue pionnier en France
00:03:21dans la problématique du haut potentiel,
00:03:23met en place un dispositif d'intégration à l'attention de ses enfants.
00:03:27Selon les académies, il représente 1 élève sur 20,
00:03:31soit 1 à 2 élèves par classe.
00:03:33C'est dans un quartier populaire de Nice
00:03:35qu'une classe spécifique voit le jour en 1987,
00:03:38une première prise de conscience.
00:03:41C'est seulement 20 ans plus tard
00:03:43que le dispositif d'intégration des élèves à haut potentiel
00:03:46se développe sous sa forme actuelle.
00:03:49À cette époque, j'achevais ma scolarité.
00:03:52Mon envie de découvrir la situation de ces élèves aujourd'hui
00:03:56et les différents échecs rencontrés au cours de ces années
00:03:58m'ont longtemps interrogé.
00:04:01L'encadrement proposé m'aurait-il permis d'envisager autrement
00:04:04l'histoire douloureuse que j'ai entretenue avec le système scolaire ?
00:04:13L'égalité des chances, c'est pas toujours
00:04:15essayer de faire rentrer tout le monde dans le moule,
00:04:17c'est aussi respecter le rythme de développement de chacun.
00:04:21L'intelligence, ça se mesure pas comme la température,
00:04:24c'est pas une mesure qui est sûre.
00:04:28Y a pas vraiment de consensus dans la façon de les appeler.
00:04:30On peut entendre précoce, surdouée.
00:04:33Depuis quelques années, c'est plus haut potentiel intellectuel
00:04:36qui est privilégié.
00:04:37Moi, ce que j'observe, c'est qu'il y a, d'un côté,
00:04:41les compétences intellectuelles et, de l'autre côté,
00:04:44la souffrance psychique.
00:04:45Le haut potentiel ne génère pas de souffrance
00:04:49parce que le haut potentiel ne parle que d'intelligence
00:04:53et l'intelligence ne génère pas d'anxiété.
00:04:56J'ai dérangé mes camarades parce que...
00:05:00je m'ennuyais, en fait.
00:05:02Je suis pas super intelligent, je suis pas le premier de ma classe,
00:05:05j'ai juste la moyenne de ma classe, en fait.
00:05:07Y a des enfants précoces qui ont des très mauvaises notes,
00:05:11y a des enfants précoces qui ont des très bonnes notes,
00:05:14mais moi, personnellement, il faut que je travaille pour les avoir.
00:05:17Pour beaucoup, précocité égale très bon élève.
00:05:22Et c'est parfois le cas, mais c'est pas toujours le cas.
00:05:30J'ai grandi dans les années 90
00:05:32dans une petite banlieue de la région parisienne.
00:05:34C'est à cette époque que j'ai commencé à développer mon imaginaire.
00:05:41Très vite, je me suis rendu compte de la nécessité de me fondre dans le moule,
00:05:45en ayant des sans-intérêts communs avec mes camarades.
00:05:50Sauf que se déguiser est comme mettre un masque.
00:05:53Mon attitude taciturne me trahit,
00:05:55je m'isole de plus en plus et je me fais oublier.
00:05:58De nombreuses désillusions sont apparues,
00:06:01laissant place à un grand sentiment d'échec et d'isolement.
00:06:12C'est ainsi que cette période s'est déroulée.
00:06:14Parfois, j'entends encore ces voix qui raisonnaient le dimanche midi.
00:06:19Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
00:06:21Ça va pas toujours être comme ça.
00:06:22Y en a marre. Tu pourrais faire des efforts.
00:06:25Qu'est-ce qu'on va faire de lui ?
00:06:27On t'exagère.
00:06:31Un sentiment d'incompréhension, d'injustice me poussait à l'abandon,
00:06:35au désinvestissement de l'apprentissage.
00:06:37De fil en aiguille, je collais à l'image qu'on se faisait de moi
00:06:40en rendant des copies blanches.
00:06:42Malgré les apparences, quand j'avais 10 ans,
00:06:45j'écoutais des émissions politiques à la radio toute la nuit.
00:06:48Je suivais les élections
00:06:49et me passionnais pour les films de campagne électorale.
00:06:53Pendant que mes camarades regardaient des dessins animés,
00:06:55je lisais Libération, L'Équipe, Mozart, Beethoven, Vivaldi.
00:06:59J'étais incollable sur les compositeurs de musique classique.
00:07:03Certains enfants vont tomber dans une forme de conformisme.
00:07:07J'ai des jeunes garçons à haut potentiel
00:07:09qui s'imposent d'apprendre par cœur des équipes de joueurs de foot
00:07:13parce qu'un garçon en primaire qui s'intéresse pas au foot,
00:07:16c'est pas un garçon.
00:07:19Le DIEP, c'est le dispositif d'intégration des élèves à haut potentiel.
00:07:23Elles se retrouvent dans des classes ordinaires,
00:07:25c'est-à-dire qu'elles ne sont pas regroupées dans une classe particulière.
00:07:31Pour faire partie du dispositif, il faut avoir fait le test.
00:07:35Il y a un incontournable,
00:07:36c'est la passation d'une épreuve d'intelligence de Wechsler.
00:07:40C'est une épreuve internationale
00:07:42qui est reconnue dans tous les pays.
00:07:45On va explorer différents domaines de l'intelligence,
00:07:48la compréhension verbale, le raisonnement visio-spatial,
00:07:51le raisonnement fluide, la logique mathématique,
00:07:54la mémoire de travail aussi et la vitesse de traitement.
00:07:57Il faut avoir une moyenne de 130 au test WISC,
00:08:01mais ça, c'est une condition nécessaire, mais pas suffisante.
00:08:04Pour être admis dans le dispositif, il faut avoir eu des soucis
00:08:09et parfois avec des enseignants ou avec des camarades,
00:08:11ils ont pu être harcelés.
00:08:12On reçoit des profils très variés,
00:08:14mais ils ont tous eu ce point commun,
00:08:16c'est-à-dire une histoire un petit peu douloureuse avec l'école ou primaire.
00:08:20C'est par le versant des difficultés
00:08:23que l'école, l'éducation nationale,
00:08:25on est arrivés à aborder le sujet.
00:08:27Le revers de la médaille, c'est qu'à partir des années 90,
00:08:32il y a eu beaucoup de publications plus ou moins scientifiquement fondées,
00:08:36mais justement mettant l'accent sur les difficultés,
00:08:39au point que récemment,
00:08:42on a pu accuser tout ce qui avait été publié
00:08:45de pathologiser le haut potentiel, d'oublier aussi,
00:08:49et c'est vrai qu'il y a des personnes à haut potentiel qui vont très bien.
00:08:52Ça a sorti de l'ombre des cancres, en fait,
00:08:55de réenvisager les enfants avec un bonnet d'âne au fond de la classe
00:08:59comme des enfants potentiellement plus valeureux
00:09:02qui pouvaient cacher des merveilles.
00:09:03Certes, certaines personnes à haut potentiel vont très bien,
00:09:07et par contre, c'est vrai qu'il y en a d'autres qui ont des difficultés.
00:09:09C'est important de les accompagner.
00:09:11CMI, c'était un peu...
00:09:15Je compare un peu à un jour sans fin.
00:09:18Au niveau scolaire, ça allait,
00:09:21mais je m'ennuyais un petit peu en classe.
00:09:25Parfois, je me faisais des amis, mais il y a eu quelques histoires.
00:09:30Je veux plus être ton ami, je veux redevenir ton ami.
00:09:34Je me suis dit, c'est pas possible,
00:09:36je veux devenir ton ami, je veux devenir ton ami.
00:09:39Je me suis dit, c'est pas possible, on est dans une...
00:09:42C'est un film, c'est une pièce de théâtre,
00:09:47c'est pas possible, c'est une comédie.
00:09:49Oui, c'est pas possible que ça fasse...
00:09:52Il y a eu des moments où c'était un peu comme ça dans ma tête.
00:09:56...
00:10:06En fait, ça commence par la maternelle,
00:10:08qui s'est pas bien passée pour Césaire.
00:10:11Euh...
00:10:14Beaucoup de difficultés dans ses rapports avec ses camarades,
00:10:18dans ses rapports avec ses institutrices.
00:10:20On était embêtés, quand même.
00:10:22Il commençait à être malheureux.
00:10:24Il disait, j'ai passé une journée, comment tu disais ?
00:10:27Pourrie, comment tu disais ? J'ai passé une horrible journée.
00:10:30Donc, bon, on peut essayer de le travailler, ça,
00:10:34mais bon, à un moment, il y a quelque chose qui va pas, quoi.
00:10:38Et puis, dans ce cas-là, souvent, le regard sur les parents
00:10:41est un peu suspicieux, parce qu'on imagine que...
00:10:44Enfin, moi, c'est ce que je ressentais.
00:10:47Euh...
00:10:48Que les parents ne poussent pas leurs enfants à suivre, à écouter.
00:10:53Moi, on m'a plusieurs fois dit, laissez-le grandir.
00:10:57Oui, on sait qu'il se stresse quand il a pas de temps,
00:11:01il se stresse quand il pense qu'il a pas assez préparé quelque chose.
00:11:06Euh...
00:11:07Mais bon, ça, on...
00:11:10On travaille, quoi, puis on lui dit que c'est pas très important.
00:11:14Pour revenir, il y avait un isolement, quand même,
00:11:17avant le diap, quand même.
00:11:18Donc, rien jusqu'à cette fameuse rencontre
00:11:23en CE2 où il a été détecté.
00:11:53...
00:12:09Quand j'étais jeune psychologue,
00:12:10je vais chercher à la salle d'attente,
00:12:13un enfant, il était là avec sa maman,
00:12:15il était amimique, il exprimait très peu,
00:12:18et alors, il avait tout le temps la bouche ouverte.
00:12:21La première impression, c'était pas très malin.
00:12:24Et il venait, difficulté à l'école, et...
00:12:27Et je me dis, oh là là, celui-là, il n'a pas l'air d'être très...
00:12:30En moi-même, il n'a pas l'air d'être très fûté.
00:12:33Dans l'entretien, c'était quelqu'un de très inhibé,
00:12:36qui parlait pas beaucoup.
00:12:38Je dis, bon, on va quand même pas lui repasser un test.
00:12:41...
00:12:53Et en fait, le gars, il a fait plus de 120 de QI.
00:12:56Et ça, ça m'a fait réfléchir, parce que...
00:12:59Je crois qu'il faut être très prudent,
00:13:00parce que j'entends parfois des gens qui me disent,
00:13:03oui, mais moi, je vois tout de suite si vous êtes au potentiel ou pas.
00:13:06Ils se voient comme ça, ils ont l'impression
00:13:08qu'ils sont des espèces de devins.
00:13:09Ils oublient, et ça, c'est quelque chose que j'ai appris,
00:13:12c'est que l'être humain n'est pas un très bon observateur.
00:13:16C'est pas du tout une solution magique, c'est vraiment au cas par cas.
00:13:19Donc il faut avoir une démarche très déontologique
00:13:23dans l'administration des tests,
00:13:25qui, quand même, ont été créés
00:13:27pour débusquer des précisions sur les difficultés,
00:13:31donc les déficiences, les entraves cognitives,
00:13:33des élèves, au départ, Weschler, etc.
00:13:36Ils n'ont pas du tout créé des tests
00:13:38pour alimenter le fantasme narcissique
00:13:41de parents qui seraient en quête d'un enfant surdoué
00:13:44ou celui de psy-peu-scrupuleux
00:13:46qui viendraient s'enrichir sur le dos d'un fantasme.
00:13:54Sur la socialisation des enfants,
00:13:56on a une salle qu'on appelle la salle du DIEP,
00:13:59qui est vraiment le refuge.
00:14:02C'est bien d'avoir une relation un peu de confiance,
00:14:05quand même, à l'intérieur du collège.
00:14:08J'ai le droit d'accéder à une salle, une salle du DIEP.
00:14:16Quand je suis un peu énervé ou quand je ne me sens pas bien,
00:14:19je peux aller au DIEP.
00:14:28Je pouvais parler, je pouvais m'exprimer
00:14:33et du coup, me calmer et revenir en cours un peu plus tard
00:14:37pour relâcher la pression.
00:14:39Ils peuvent y aller quand ils veulent.
00:14:41Ils peuvent y aller pendant la récréation, le midi,
00:14:43mais même si en cours, ils éprouvent le besoin de sortir
00:14:47parce qu'émotionnellement, c'est compliqué,
00:14:50ils peuvent aller dans cette salle.
00:14:51Et c'est un peu la salle où ils retrouvent un assistant d'éducation,
00:14:55mais ils se retrouvent entre eux aussi.
00:14:57Tu avais vraiment craqué.
00:15:00Alors, on va faire un petit pâté.
00:15:03Non, je crois que ça va.
00:15:05Quand je suis arrivé, j'avais quand même une meilleure idée
00:15:08des problématiques, soit des élèves très, très insolents
00:15:13ou multi-exclus qui venaient souvent dans la salle
00:15:17ou des élèves qui seraient assez discrets, voire harcelés.
00:15:26Oui, c'est Adrien.
00:15:27Oui, c'était pour te dire, les Pavlovas,
00:15:29ils ont cours le jeudi après-midi de 14h à 18h.
00:15:32Il a aussi la langue, il voit quand j'appuie.
00:15:34Ah !
00:15:38En fait, ce qui est paradoxal, c'est d'essayer de faire en sorte
00:15:40qu'ils soient le moins ici possible.
00:15:43Donc, quand ils viennent un peu entraînant des pieds,
00:15:44alors que ça a sonné depuis une minute en disant,
00:15:47on ne m'a pas accepté ou je n'ai pas envie d'y aller,
00:15:49c'est d'essayer de voir que ce cas-là ne soit pas non plus récurrent.
00:15:56Ça, c'est un des problèmes et un des autres soucis,
00:16:00c'est parfois de la gestion émotionnelle.
00:16:04Il y a des élèves qui explosent,
00:16:07un peu comme des petites bombes à retardement.
00:16:10À peine la sonnerie retentit, c'est déjà la fin de la récré.
00:16:14Les groupes d'élèves se forment dans les couloirs,
00:16:17pourvu que la classe soit déjà ouverte.
00:16:25Saisi par le brouhaha qui augmente, on ne peut plus reculer maintenant.
00:16:29Il n'y a pas le choix.
00:16:31Restez calmes.
00:16:32Surtout, restez calmes.
00:17:00C'est compliqué, la frontière entre ce qu'on peut accepter et ce qu'on ne peut pas accepter.
00:17:04C'est super compliqué, parce qu'on sait qu'ils ont une caractéristique
00:17:07qui peut engendrer plus facilement des crises, par exemple.
00:17:09Et jusqu'où on...
00:17:12Pourquoi ça engendre des crises ?
00:17:15C'est des gamins qui sont souvent anxieux.
00:17:17Il y a une gamine qui fabrique des bracelets.
00:17:19C'est pareil, les collègues l'autorisent à faire,
00:17:22mais à condition qu'elle suive le cours.
00:17:24Bien sûr, il y a toujours la condition.
00:17:26Elle n'a pas son truc et puis rien d'autre.
00:17:28Elle a le droit de faire ses bracelets,
00:17:31parce que, justement, ça laisse prendre le vent,
00:17:33ça l'aide à ce qu'elle puisse se concentrer.
00:17:36Et du coup, moi, j'avais les ongletins de notes,
00:17:39parce que je l'assure, à cette heure-là, elle est de 18, de moyenne.
00:17:41Et pourtant, elle fait ses bracelets.
00:17:43Donc, en fait, ça ne la pénalise pas,
00:17:45vu qu'elle a vraiment cette capacité à tout retenir hyper rapidement.
00:17:49Donc ça, je pense, c'est une partie des trucs qu'on peut accepter.
00:17:51Mais on a un élève aussi qui a besoin de faire du rubik's cube.
00:17:55Tiens. Allez.
00:17:56Toujours la même consigne, vous m'inventez une petite phrase
00:18:00qui contient une assonance en l'hypésthéalisme.
00:18:07Voilà.
00:18:11William est son frère Arthur.
00:18:13William a 14 ans, Arthur 11.
00:18:16À l'école primaire, William était timide et parfois bagarreur.
00:18:20Son attitude inquiète à l'école, comme au sein de sa famille,
00:18:24parents et enseignants pressentent un parcours très chaotique.
00:18:27Un ultime incident a amené son entourage à trouver une solution.
00:18:36Je ne sais plus de quoi c'est parti, où s'est bagarré avec un élève.
00:18:40Il y avait deux animateurs pour me retenir, en fait, dans ce bureau.
00:18:44Et en fait, à un moment donné, j'ai réussi à m'évader, à m'enfuir.
00:18:49Et de là, je voulais absolument me...
00:18:53venger, entre guillemets, du...
00:18:57de la personne en question.
00:18:58Au final, il a fallu trois adultes pour me maîtriser.
00:19:02On avait carrément enfermé l'élève qui avait embêté William
00:19:05dans une salle.
00:19:07Pour le protéger.
00:19:09Ce moment qui m'a vraiment fait comprendre
00:19:12qu'il y avait un problème avec William,
00:19:14qu'il n'était pas comme les autres.
00:19:16Je l'avais déjà remarqué, mais maintenant, j'en étais sûre.
00:19:19Musique douce
00:19:21Au cours de mon enfance,
00:19:23j'ai le souvenir d'avoir énormément intériorisé au quotidien.
00:19:26Tout comme William, mon esprit tourmentait,
00:19:30rebutait mes camarades, me poussant à la faute.
00:19:32Je ne trouvais pas le moyen d'expulser sainement mes colères.
00:19:36À l'école, l'autorité était la règle.
00:19:39Aucune possibilité d'être écoutée.
00:19:41En tout cas, c'est ce que je ressentais.
00:19:44Musique douce
00:19:47J'essaie d'ignorer,
00:19:48mais le problème, c'est que vu que j'ai changé de place depuis,
00:19:51je suis juste en train de me déplacer.
00:19:53Chaque élève du dispositif a un tuteur,
00:19:55qui est en général un de ses professeurs.
00:19:57Il y a une familiarité qui se fait
00:19:59entre le tuteur et l'élève au fil de l'année.
00:20:02Musique douce
00:20:03Je regarde la dernière note et je vois 6 sur 10.
00:20:08Et je me dis, bon, j'aurais pu faire mieux, etc.
00:20:12J'ai été un... J'ai un peu pleuré, à un moment.
00:20:16On a tous le droit de pleurer,
00:20:17mais essayez de prendre de plus en plus sur vous
00:20:20pour intégrer la crise.
00:20:23Essayez d'écrire comment vous avez réussi à gérer, d'accord ?
00:20:27Là, il a l'occasion d'exprimer tout ce qu'il ressent
00:20:30par rapport à sa scolarité.
00:20:32La parole est très libre.
00:20:33Le rôle du tuteur, c'est d'écouter l'élève.
00:20:36Hippolyte a sauté deux classes,
00:20:37donc c'est difficile, il m'a dit, pour les anniversaires.
00:20:40Il a des amis en une première classe,
00:20:43il en a dans une autre classe,
00:20:45et il en a encore des en sixième, donc...
00:20:49Son rôle, aussi, consiste à jouer le rôle d'intermédiaire
00:20:53avec d'autres professeurs quand il y a des malentendus,
00:20:56même si la plupart des enseignants sont assez au fait
00:20:58des problématiques de la précocité dans le collège.
00:21:02Les adultes, surtout mon tuteur.
00:21:04Enfin, il me comprend, il n'y a pas de sujet tabou.
00:21:07Enfin, je peux lui parler de tout, de tout.
00:21:10Ça a l'air un peu mieux, parce qu'hier, ça n'allait pas du tout.
00:21:12Ben ouais, hier soir, quand je suis rentré, ça allait mieux.
00:21:15Je pense que c'était la truc d'Espagnol qui me prenait bien la tête.
00:21:21Hum, voilà.
00:21:23Je pense que c'était surtout la fatigue, en grande majorité.
00:21:28Mais sinon, je ne sais pas trop.
00:21:32Félicitations, en tout cas, ton intuition ne s'est pas vérifiée.
00:21:36Tu te souviens de ce que tu m'as dit, là ?
00:21:37Non.
00:21:39Que quand t'étais dans cet état-là, en général,
00:21:41il y avait des gros incidents qui arrivaient.
00:21:43Ben, écoute, j'ai pris sur moi.
00:21:47Et comment t'as fait ça ?
00:21:49Ben, je me suis juste dit...
00:21:53Il faut te calmer, William, il ne faut pas faire de conneries.
00:21:56Moi, j'ai cru vraiment, par contre, au bout d'un moment,
00:22:00que t'allais commencer à chercher un peu, à taquiner,
00:22:03voir un peu la bagarre avec...
00:22:04Pas la vraie peinture.
00:22:06Oui, mais en fait, je me reconnais en lui, si tu vois ce que je veux dire, genre...
00:22:10Je sais ce qui se passe dans sa tête pour qu'il fasse ça.
00:22:13Et qu'est-ce qui se passe dans sa tête pour qu'il provoque comme ça ?
00:22:15La tension des gens.
00:22:17C'est juste pour avoir de la tension ?
00:22:19J'étais pareil.
00:22:21Mais genre, trois ans de moins, tu vois.
00:22:23T'imagines mes profs ?
00:22:25C'était insupportable.
00:22:26Avant le collège ?
00:22:28T'étais pas un peu comme ça quand t'es arrivé ?
00:22:30Ben, j'étais comme ça quand je suis arrivé,
00:22:32mais j'étais encore pire avant.
00:22:35J'avais pas vraiment d'amis en élémentaire.
00:22:37Il y avait souvent des bagarres ou des disputes.
00:22:41J'étais souvent dans des histoires, en fait.
00:22:43J'étais dans aucun groupe, en fait. J'étais tout seul dans mon coin.
00:22:47On en parlait avec les enseignants, on en parlait avec le directeur.
00:22:50Mais on savait pas vraiment par quel côté l'aborder.
00:22:53Ce que je trouve aussi assez mystérieux, parfois,
00:22:56et en tout cas, très inquiétant,
00:22:58c'est qu'il y a des gens qui se disent
00:23:00rencontrent des difficultés à un certain moment de leur scolarité.
00:23:04Ça interroge l'école, ça nous interroge comme enseignants.
00:23:07Quand j'étais enfant, j'étais en plein milieu de deux difficultés qu'ils ont eues.
00:23:11Difficulté à gérer l'échec, difficulté à gérer la relation avec les autres.
00:23:14Je suis redoublé trois fois.
00:23:15Ça a été compliqué.
00:23:17La vie à la maison n'était pas facile non plus.
00:23:19En tout cas, je me suis rendu compte qu'il y avait des difficultés.
00:23:22Je me suis rendu compte qu'il y avait des difficultés.
00:23:24Je me suis rendu compte qu'il y avait des difficultés.
00:23:26Je me suis rendu compte qu'il y avait des difficultés.
00:23:28La vie à la maison n'était pas facile non plus.
00:23:30En tout cas, j'aurais pu être détecté au potentiel à l'époque.
00:23:32J'ai fait le test sept ans adulte.
00:23:34Assez tardivement, je l'ai fait l'année dernière.
00:23:35Et donc, oui, il n'y avait pas tout ça.
00:23:36T-H-P. Très haut potentiel.
00:23:39Il dit haut potentiel, mais non, il est très haut potentiel.
00:23:43Je me suis un peu rattrapé sur ma carrière professionnelle.
00:23:45Tout simplement, mon premier matin de l'air,
00:23:47j'ai découvert que la vie à l'école, c'était mon truc, quoi.
00:23:50Les sujets qui m'intéressaient étaient plus soit de niveau lycée,
00:23:53soit de niveau post-bac, alors que j'étais juste au collège.
00:23:57Et finalement, le cours continuait à avancer.
00:23:59Vous, vous n'êtes plus là, vous avez décroché, vous n'écoutez plus
00:24:01et puis vous faites autre chose.
00:24:02Difficile d'être captivé par un interrupteur et une ampoule
00:24:06quand on regarde des circuits électroniques
00:24:08ou le fonctionnement d'une centrale nucléaire.
00:24:10Il y a eu un moment dans ma scolarité où vraiment, j'étais au fond du trou.
00:24:12C'était vraiment l'échec complet.
00:24:14Et j'ai un enseignant qui m'a remis le pied à l'étrier.
00:24:17Ça a tenu deux, trois ans.
00:24:18En tout cas, ça m'a permis de reprendre confiance.
00:24:21Eh bien, du jour où j'ai eu ça...
00:24:23Tchou !
00:24:26Parfois, on a eu tendance à faire tout de suite un lien de causalité
00:24:29en disant, il a ces difficultés-là parce qu'il est à haut potentiel.
00:24:35Je trouve ça très dangereux.
00:24:36C'est sûr que c'est beaucoup plus consensuel de dire à une famille,
00:24:40ah bien, monsieur, madame, votre enfant est surdoué.
00:24:43C'est beaucoup plus facile de dire ça à des parents.
00:24:46La raison de tout ce malheur, c'est une qualité.
00:24:49Nous, psys, ne rencontrons que des enfants en souffrance, a priori.
00:24:52Donc, on a le sentiment, enfin, certains psys pas très rigoureux
00:24:58ont véhiculé cette association entre l'intelligence élevée et le malheur,
00:25:02mais c'est tout à fait injustifié.
00:25:03Il y a des sujets qui, parfois, gâchent leur potentialité
00:25:07pour des facteurs, à cause de facteurs
00:25:09qui n'ont rien à voir avec l'intelligence.
00:25:14Comme si c'était hier.
00:25:16J'ai cinq ans.
00:25:18Depuis l'arrière de la voiture,
00:25:20je perçois l'inquiétude de mon père dans son regard.
00:25:30Ses lunettes s'arrachent de son visage.
00:25:34Ça tourne, je me cramponne.
00:25:38Verrai-je la fin de cette journée ?
00:25:51Ma petite sœur n'est pas avec nous.
00:25:53Elle fait la sieste à la maison.
00:25:57Juste à côté de moi,
00:25:59les bris de verre transpercent son petit siège auto.
00:26:02À partir de là, rien ne sera plus comme avant.
00:26:08L'insouciance de l'enfance a laissé place à une anxiété permanente.
00:26:13Qu'a-t-elle pensé de l'inquiétude de son père ?
00:26:19Kouaina l'a su parler très tôt.
00:26:21Et quand elle a commencé à parler,
00:26:23elle posait beaucoup de questions autour de la mort,
00:26:27des questions autour de l'existence de la Terre,
00:26:30de la création du monde, des choses assez mystiques.
00:26:33Quand j'ai su que le diagnostic a été posé,
00:26:37même si j'avais de fortes doutes,
00:26:39sinon je ne serais pas allée la faire tester,
00:26:41je ne l'ai pas du tout pris comme une bonne nouvelle.
00:26:44J'ai perdu mon père avant que Kouaina soit née.
00:26:48Elle était très affectée de ne pas connaître son grand-père.
00:26:52Un jour, elle avait trois ans et quelques,
00:26:55Kouaina a fait une réflexion autour de ça en me disant
00:26:58qu'elle ne l'avait pas connue, qu'il ne pouvait pas exister en elle
00:27:02puisqu'elle ne l'avait pas connue, puisqu'elle n'existait pas.
00:27:05Et tout d'un coup, elle m'a regardée et elle m'a dit
00:27:09que si j'existais déjà,
00:27:11puisque avant de m'avoir, papa et toi, vous m'avez imaginée.
00:27:14Elle avait trois ans et je suis restée un peu estomaquée
00:27:18devant un truc pareil.
00:27:20Je trouvais qu'elle avait raison, je lui ai dit que c'était vrai,
00:27:23qu'elle existait déjà, puisqu'elle existait dans notre imaginaire.
00:27:26Je pense que ça a été la réflexion
00:27:30qui a un peu déclenché le fait que je me suis dit
00:27:32qu'il fallait faire un bilan.
00:27:35Ils vont se poser des questions métaphysiques
00:27:38à un âge où ils ne sont pas toujours prêts
00:27:40à pouvoir faire face à l'angoisse vertigineuse, par exemple,
00:27:46de l'infini, des questions de la mort et après la mort,
00:27:51des choses comme ça.
00:27:52Quand vous vous posez ces questions-là et que vous avez sept ans,
00:27:55alors que c'est des questions qu'on se pose plutôt à l'adolescence,
00:27:58ce n'est pas évident.
00:27:59Je n'aimais pas l'école parce que je m'ennuyais un peu quand même en classe,
00:28:03parce que ce n'était pas trop des trucs que j'avais spécialement envie d'étudier.
00:28:08Je me détestais pour être frécosse et pour être comme ça en primaire.
00:28:13Ils ne comprenaient pas que je préfère passer ma majorité du temps
00:28:17avec des livres qu'avec des gens.
00:28:19Et qu'au collège, les adultes, surtout mon tuteur,
00:28:24m'en comprennent.
00:28:26Donc c'est quand même quelque chose d'assez nouveau.
00:28:29Elle t'a dit aussi hier...
00:28:30Tu t'auras tous les jours.
00:28:32Elle aurait aimé.
00:28:33Pas juste une fois par semaine, tous les jours.
00:28:36Donc c'est bien que ça fonctionne bien, si t'en demandes plus.
00:28:39Oui.
00:28:40Oui, parce qu'à chaque fois, je pourrais rester là encore une heure
00:28:44parce que je n'ai pas fini de tout lui dire.
00:28:46Souvent, c'est des élèves qui ont une personnalité assez forte.
00:28:48Même quand ils sont réservés, au fond,
00:28:51ils ont souvent une grande richesse intérieure,
00:28:54une grande curiosité intellectuelle.
00:28:56Et donc s'ils ne rencontrent pas un environnement
00:29:00qui est à l'écoute de cette particularité-là,
00:29:03ça peut effectivement être source de souffrances,
00:29:07de décrochages, de désintérêts, d'ennuis.
00:29:10Un enfant qui a des troubles d'attention,
00:29:12on va essayer d'adapter les choses pour que ça puisse aller.
00:29:15Un enfant qui a une dyslexie, on va aussi adapter un peu les choses.
00:29:19Donc je crois que c'est un peu un devoir, pour moi, de l'école,
00:29:23d'être à l'écoute des besoins de chacun.
00:29:26À son jeune âge, Léopold a déjà traversé de lourdes épreuves.
00:29:29À trois ans, ses parents se séparent.
00:29:32Lorsque son père meurt, il n'a que six ans.
00:29:35Durant cette même année de CP, on lui fait sauter une classe.
00:29:39Très vite, on lui diagnostique un trouble du déficit de l'attention,
00:29:43le TDAH.
00:29:44Il est alors réorienté vers une classe spécialisée,
00:29:46une classe ULIS, pour les élèves en situation de handicap.
00:29:50Traité avec de l'aritaline,
00:29:52un médicament qui régule l'hyperactivité,
00:29:54Léopold régresse, mais son haut potentiel
00:29:57est finalement identifié par un psychologue.
00:29:59Sa mère apprend l'existence du dispositif d'intégration
00:30:02des élèves à haut potentiel,
00:30:04mis en place au collège Georges Brassens.
00:30:07Je pense que ça mérite d'être revu.
00:30:09Poulette et le renard.
00:30:11Le renard s'incrusta dans le congrès annuel
00:30:13du club des Amis des Poules
00:30:15afin de croquer quelques animaux à plume.
00:30:18Poulette...
00:30:19J'étais avant dans un collège où ça se passait plutôt mal.
00:30:24C'était là où mon TDAH était un peu beaucoup développé.
00:30:28C'était beaucoup développé.
00:30:30Je faisais beaucoup d'études et...
00:30:34Et je faisais pas mon travail, en fait.
00:30:37Je pense que c'est parce que je me sentais pas trop à ma place.
00:30:41Surtout quand ils m'ont mis dans...
00:30:43En classe Ulysse, tu te sentais pas à ta place.
00:30:46Il y a jamais eu de résultats, de mauvais résultats.
00:30:50Il y a juste eu un arrêt du travail.
00:30:51Je regrette qu'il n'y ait pas d'observatoire
00:30:55de la scientificité des psychologues
00:30:58qui s'exprime dans les médias.
00:31:00Parce que ça aurait évité à un grand nombre de professionnels
00:31:03et de familles, et d'enfants, évidemment, tout particulièrement,
00:31:07d'être fourvoyés dans des explorations diagnostiques flottantes
00:31:13et dans des diagnostics infructueux,
00:31:15voire cruels pour le destin des enfants.
00:31:18Quand on m'a déménagée dans le 19e arrondissement,
00:31:21eh bien, j'ai donc changé de collège.
00:31:24Et là, ça se passe beaucoup mieux.
00:31:26J'ai pas été coulée une seule fois.
00:31:29Je fais mon travail, j'ai des bonnes notes.
00:31:31Quand il y a un décalage entre la façon de penser de l'autre
00:31:34avec la sienne, un trop gros décalage,
00:31:36et puis aussi une vivacité d'esprit,
00:31:38vraiment avoir tout de suite la réponse,
00:31:40un répondant comme ça qui fuse, c'est assez impressionnant.
00:31:46Et un côté aussi solitaire, ne pas trop supporter le bruit,
00:31:49ne pas avoir du mal à communiquer avec les autres.
00:31:53Le bruit, je...
00:31:54Le bruit, par exemple, Léopold, tu supportes pas de manger à la cantine.
00:31:56Il y a trop de bruit.
00:31:58Je fais pas des crises, c'est juste que ça me dérange beaucoup.
00:32:01Non, tu peux, tu pourrais, mais c'est compliqué.
00:32:05Je pourrais faire des crises ?
00:32:07Non, non, non, tu pourrais manger à la cantine.
00:32:09Je lui fais des paniers repas.
00:32:13Donc, il mange en salle à 120 avec madame le maire.
00:32:17Comment ça ?
00:32:18Parce que je m'en rappelle. Donc, en petit comité.
00:32:22Ça va, Léopold ?
00:32:23Très bien, et vous, monsieur ?
00:32:24Ça va.
00:32:25Comment s'est passée la semaine ?
00:32:26Elle s'est très bien passée.
00:32:28Ce matin, j'ai fait un contrôle d'anglais,
00:32:30qui s'est très bien passé, sur les métiers.
00:32:34Et par rapport à ce que tu me disais la dernière fois,
00:32:36sur le fait que t'étais un peu fatigué ?
00:32:39Je suis toujours un peu fatigué,
00:32:40parce que ce matin, je me suis levé un petit peu tôt,
00:32:43un petit peu...
00:32:44Parce que moi, je trouve que t'es un peu différent, quand même.
00:32:47Avec Ritalin Essent ?
00:32:48Oui.
00:32:49Ah bah... Comment ?
00:32:51Bah, comme je te disais la dernière fois,
00:32:54je te trouve plus vif, mais...
00:32:57T'es plus très vite, t'es plus...
00:33:00Ah oui, avec Ritalin, j'étais toujours très très fatiguée.
00:33:03Là, je le sais un peu moins, mais...
00:33:06Encore un peu.
00:33:07Donc là, oui, t'es plus vivant, on va dire.
00:33:09Oui.
00:33:10Mais je veux dire qu'en classe, sur la concentration,
00:33:12t'arrives à rester sur une tâche
00:33:15sans avoir un moment besoin de regarder ailleurs ou de...
00:33:20Toi, ça va, y a pas de souci ?
00:33:22Non, pas de souci.
00:33:23Non, mais c'est ça le plus important.
00:33:24Si tu sens vraiment que c'est difficile, il faut le dire.
00:33:27Non, c'est pas difficile.
00:33:29Avec les troubles de l'attention,
00:33:31parfois, ça peut masquer le potentiel,
00:33:33parce qu'ils arrivent pas à tenir en place,
00:33:36ils bougent beaucoup, ils sont distraits.
00:33:39Et alors, à nouveau, on a tendance un peu à les qualifier
00:33:42de pas très malins.
00:33:43Et parfois, les enseignants vont les disqualifier.
00:33:45Et le testing est plus compliqué aussi.
00:33:48Donc on peut parfois se tromper.
00:33:49Là aussi, c'est important que ce soit fait par un professionnel
00:33:52compétent, vraiment un psychologue clinicien,
00:33:54qui sait ce que c'est une dyslexie,
00:33:56qui sait ce que c'est un TDAH,
00:33:58qui sait ce que c'est un trouble du spectre de l'autisme, etc.
00:34:02Arthur, testé en même temps que son frère,
00:34:05est identifié au potentiel.
00:34:07On lui diagnostique aussi une dyslexie
00:34:10que l'entourage ne soupçonnait pas du tout.
00:34:12Certaines épreuves du test au potentiel,
00:34:15j'étais incapable, mais vraiment incapable
00:34:18de les faire.
00:34:20On me donnait une suite de nombres.
00:34:22Je devais la dire dans l'autre sens.
00:34:24J'étais incapable de le faire.
00:34:27Incapable.
00:34:29Il a été diagnostiqué dyslexique en fin CE1.
00:34:34C'est-à-dire que jusqu'avant la fin de CE1,
00:34:38on avait l'impression qu'Arthur lisait.
00:34:39Ça se voyait pas.
00:34:40Donc, effectivement, le potentiel lui a donné des capacités
00:34:43pour que tout ça soit masqué,
00:34:45jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de stratégie possible.
00:34:47À un moment donné, il faut savoir lire,
00:34:49parce qu'on peut pas faire sans.
00:34:53Par exemple, quand on était petits,
00:34:56on nous donnait des histoires faciles.
00:34:57Petit chapeau rond rouge, trois lignes par page.
00:35:00Je connaissais les histoires par coeur,
00:35:02donc je décodais à peu près difficilement
00:35:05les deux premières lettres.
00:35:07Avec le contexte, je connaissais.
00:35:10Le grand méchant loup
00:35:12attrapa le chapeau rond rouge,
00:35:16et sa grand-mère...
00:35:20Voilà. Par contre, quand on nous sort un texte
00:35:24qui vient de je ne sais où, là, je...
00:35:29J'observe, chez certains enfants et chez certains adultes,
00:35:32un surinvestissement un peu défensif de la pensée.
00:35:35C'est-à-dire une propension à utiliser l'intelligence,
00:35:39la réflexion, la maîtrise culturelle d'informations
00:35:44comme une défense.
00:35:45Ça peut protéger de certaines effractions,
00:35:47de certaines anxiétés, etc.
00:35:49Pas de problème.
00:35:50Et dans le cas de développer et facturiser,
00:35:53si tu fais deux étapes dans le calcul, c'est autorisé.
00:35:55Pour un groupe avec des rapidités d'exécution
00:35:58des tâches très variables,
00:35:59un élève DIEP, quand il a saisi une notion,
00:36:02il va avoir tendance à la saisir dans son ensemble,
00:36:05et ces mécanismes psychiques vont commencer même
00:36:07à s'intéresser aux cas particuliers,
00:36:08justement à ces fameuses limites,
00:36:10alors que nous, déjà, on veut, dans un premier temps,
00:36:13faire en sorte que le groupe classe comprenne le cas général.
00:36:172,5 cm ?
00:36:18Exactement.
00:36:19Ce dont on se rend compte qu'il y a un problème assez général,
00:36:23c'est des problèmes dénoncés.
00:36:25C'est-à-dire que l'élève est complètement en capacité,
00:36:28voire a les connaissances pour résoudre les problèmes,
00:36:32mais est en difficulté parce qu'il a mal lu l'énoncé,
00:36:36mal compris l'énoncé, ou il manque de confiance en lui.
00:36:39Je prends l'exemple de Léopold, mais il n'est pas seul dans la classe,
00:36:42de ne pas répondre à la question,
00:36:44d'aller plus loin que la question et ne pas répondre à la question,
00:36:47donc il n'a pas les points de la question
00:36:49parce que la question est simple, bête et méchante.
00:36:52Il y a deux actions différentes.
00:36:53Alors, d'abord...
00:36:54Non.
00:36:56C'est des précipitations cognitives.
00:36:57Le fait d'investir la pensée avec autant d'appétit,
00:37:01parce que dans la précipitation,
00:37:03on court quand même plus vite que les autres,
00:37:05ça témoigne d'un appétit pour la réflexion, pour la pensée.
00:37:11Donc on n'est pas très étonnés que ces enfants se retrouvent
00:37:14parfois à avoir un QI élevé,
00:37:16parce qu'ils aiment réfléchir, ils aiment se remplir d'informations.
00:37:21Ce qui peut être très intéressant, c'est le fait de les solliciter
00:37:25en tant qu'aides aux autres camarades.
00:37:27Je suis convaincue que ce ne sont pas les centres d'intérêt
00:37:30qui font le lien entre enfants.
00:37:32Je pense que ce qui écarte les enfants les uns des autres,
00:37:36c'est des dynamiques affectives, des dynamiques relationnelles.
00:37:40Un enfant qui est odieux avec ses camarades,
00:37:43qui est complètement désinhibé, qui impose sa loi,
00:37:46qui dit tout ce qu'il pense et fait tout ce qu'il veut faire,
00:37:50change les règles des jeux,
00:37:52sera mis à l'écart par le groupe.
00:37:54Les enfants consultants, qu'ils aient un QI élevé ou pas,
00:37:57sont immatures.
00:37:58Les potentialités, c'est quelque chose qu'on va activer.
00:38:01L'intelligence, c'est un outil au service de l'apprentissage.
00:38:04L'apprentissage n'est pas déterminé que par notre intelligence.
00:38:08Il est déterminé par nos intérêts, notre motivation,
00:38:11le contexte social dans lequel on est.
00:38:14Je vois des enfants qui sont en difficulté psychologique
00:38:17parce que dans l'école, ils sont harcelés.
00:38:31...
00:38:42Nous, on prélige systématiquement l'arrivée en sixième
00:38:45parce qu'on estime qu'il y a différentes phases et étapes
00:38:48qui doivent être mises en place.
00:38:50Quand les enfants arrivent en quatrième ou en troisième,
00:38:53c'est très compliqué.
00:38:54Les enfants arrivent fragilisés, on a de la phobie scolaire,
00:38:57on a des enfants qui n'ont plus confiance en l'école,
00:39:00qui sont complètement cassés par le système.
00:39:03...
00:39:10L'être humain n'est pas un très bon observateur,
00:39:14n'est pas nécessairement un bon juge,
00:39:17qu'il est victime de beaucoup...
00:39:18On a beaucoup étudié ces dernières années,
00:39:21en psychologie sociale, les biais de jugement.
00:39:23Et donc, simplement se baser sur son jugement intuitif
00:39:26ne garantit pas du tout de faire un bon jugement.
00:39:29...
00:39:34En primaire, on me disait que mon fils avait des problèmes
00:39:37de mémoire, de concentration.
00:39:39On m'a toujours évoqué des moins, jamais des plus.
00:39:42On ne s'est jamais demandé si mon fils s'ennuyait en classe,
00:39:45alors que moi, je l'ai déjà évoqué avec des professeurs principaux,
00:39:49en me disant peut-être qu'il s'ennuie, voilà.
00:39:52Donc, on n'a jamais été entendus.
00:39:54Au cours préparatoire, 15 jours après la rentrée,
00:39:57il avait déjà fait des groupes.
00:39:59Il avait déjà fait des groupes de niveau.
00:40:01Les mauvais avec les mauvais, les moyens, les bons.
00:40:04Voilà, mon fils était avec les mauvais.
00:40:05...
00:40:33C'était ça, le problème.
00:40:34J'aurais dû arriver sûrement un an avant à Georges Vincens.
00:40:39Merci à tous d'être venus.
00:40:41Adrien ?
00:40:42Du coup, j'ai trois élèves.
00:40:44Alors, on va commencer avec Ilias, qui est en 3e Wolfe.
00:40:47C'est un élève qui était en échec scolaire l'année dernière,
00:40:50qui n'allait plus dans son collège.
00:40:52Et il estimait qu'il avait été un peu,
00:40:55enfin, même carrément harcelé par les adultes de son ancien collège.
00:41:00Donc, voilà, le gros point positif,
00:41:02c'est qu'il a renoué la confiance avec l'institution et les adultes.
00:41:06Ça, c'est quand même un gros point pour Brassens.
00:41:09Le revers de la médaille, c'est qu'il se sent tellement à l'aise
00:41:12qu'il ne suit pas tellement.
00:41:14On lui demande de participer, il ne participe pas.
00:41:16C'est un peu la cata avec les orientations.
00:41:19Ça se passe bien en techno, en sport, en art, mais...
00:41:22Voilà, c'est tout.
00:41:23Du coup, on se retrouve...
00:41:25Ouais, là, on se retrouve dans un...
00:41:27Un peu dans une impasse, là.
00:41:28Complètement, ouais. C'est moi que je cherchais, ouais.
00:41:30Dans une impasse.
00:41:32Déjà, juste avoir quelqu'un avec qui tu peux parler,
00:41:35donc Adrien,
00:41:36ça change beaucoup de mon ancien établissement,
00:41:39parce que tu ne pouvais parler à personne.
00:41:43C'est vrai qu'en début d'année et milieu d'année,
00:41:47c'était pas... Les résultats n'étaient pas fameux,
00:41:50mais je me suis beaucoup amélioré au niveau des notes
00:41:55vers la fin d'année.
00:41:56C'est ça qui m'a permis de pouvoir être accepté en seconde générale.
00:41:58Ah, trop bien. C'est cool.
00:42:00Il s'occupe beaucoup plus de toi.
00:42:06Il prêtait plus attention.
00:42:08Juste de dire que t'as fait un bon boulot,
00:42:11que le travail est bien, que je me suis investi,
00:42:14bah, c'est...
00:42:16Ça fait du bien d'entendre ça, quoi.
00:42:17Il y a certains enseignants aussi
00:42:19qui n'ont pas forcément les connaissances également
00:42:22pour voir derrière peut-être un élève
00:42:25qui pose des problèmes de comportement,
00:42:27qui a des résultats un peu décevants.
00:42:28C'est souvent un élève qui a de grandes capacités.
00:42:31L'histoire personnelle d'Ilias m'évoque ma propre histoire.
00:42:34Il n'est pas toujours simple,
00:42:36quand un élève ne s'épanouit pas à l'école,
00:42:38de faire entendre ses ambitions à propos de son avenir.
00:42:41Des décisions importantes peuvent être prises à un âge précoce.
00:42:45Malheureusement, certains raccourcis empruntés ces dernières années
00:42:48amènent certains parents à attribuer le mal-être de leur enfant
00:42:51à leurs grandes capacités intellectuelles.
00:42:54Un jour, j'ai rencontré une jeune fille
00:42:56qui était vraiment brillantissime.
00:42:59Elle ne pouvait pas s'arrêter de lire et de se renseigner en permanence.
00:43:02Elle était vraiment décrochée des intérêts des autres.
00:43:05Elle était aussi assez agressive avec les autres.
00:43:07Elle était fâchée, etc.
00:43:09J'ai rencontré sa maîtresse, le directeur de son école, etc.
00:43:12On a fait des réunions.
00:43:14Et j'ai dit, écoutez, franchement, il faut lui faire sauter au moins une classe
00:43:17parce que là, cette enfant s'ennuie trop, quoi.
00:43:19Elle est vraiment décrochée de...
00:43:21des affinités des autres. C'est au début de ma carrière.
00:43:23Donc, j'ai cédé à cette facilité, cette illusion
00:43:26que la souffrance de cet enfant pouvait être guérie, entre guillemets,
00:43:29par un aménagement du cadre scolaire.
00:43:32Et le résultat, c'est que l'année d'après, elle est devenue boulimique.
00:43:36C'est-à-dire que l'avidité qui avait diffusé dans la pensée
00:43:41avait été rassasiée
00:43:43et donc, elle s'était déplacée ailleurs.
00:43:47Il y avait eu des conflits, des conflits d'intérêts,
00:43:50Il y avait une séparation entre les parents qui était terriblement douloureuse,
00:43:54une mère qui n'allait pas très bien,
00:43:56à laquelle elle se défendait de ressembler en intellectualisant beaucoup.
00:43:59En fait, j'aurais pu lui faire sauter toutes les classes qu'elle voulait,
00:44:02c'était pas là, le problème.
00:44:03Le noyau de la souffrance de cet enfant était bien dans son vivier familial.
00:44:07Donc, cette idée d'être trop intelligent pour être heureux
00:44:10est un slogan marketing malhonnête.
00:44:12Lorsque j'allais à l'école, j'y allais comme un...
00:44:14Non, pas un touriste, je n'étais pas touriste, je n'étais pas au Club Med,
00:44:17mais comme un passant.
00:44:21Je verse moi-même le thé, bien au milieu du bol.
00:44:23Le sucre doit être vertical, sinon c'est bazar.
00:44:25Ensuite, je range tout, je range les mômes, je range les gosses.
00:44:30C'est essentiellement la même chose, d'ailleurs, je range la voiture
00:44:33et j'assique le zèbre.
00:44:34Oui, j'ai toujours eu des zèbres.
00:44:36Les rayures sont bien parallèles.
00:44:37Sous-près de ce que l'on est,
00:44:38il y a une supériorité intellectuelle
00:44:40qui fait qu'on surpasserait tout le monde en les matières,
00:44:43qu'on aurait des notes explosives.
00:44:44C'est complètement chimérique, ce n'est pas vrai, ce n'est pas la réalité.
00:44:51Je me crois digne de ta flamme
00:44:54Et de porter ton nom
00:44:57Car pour m'avoir choisi pour femme
00:45:00Faut vraiment que tu sois...
00:45:02Homme
00:45:03Homme
00:45:04Homme
00:45:05Homme
00:45:06Homme
00:45:08Vous êtes formidables.
00:45:09Je ne pourrais jamais cracher sur le système de l'éducation,
00:45:13même si, pour moi, il est parfaitement imparfait, à bien des égards.
00:45:16Je pense que tu t'accorderas sur ce point-là avec moi.
00:45:19Le terme d'assiduité, je ne peux pas l'associer à l'école,
00:45:23mais je peux l'associer à ce que je faisais extrascolairement.
00:45:25Et mes résultats étaient inégals, hautement inégals.
00:45:29En classe de 4e, ce n'était vraiment pas la joie,
00:45:31j'étais complètement...
00:45:32Je n'étais pas épanoui, c'est une évidence,
00:45:36avec mes camarades qui, franchement,
00:45:38ne me confortaient pas dans l'idée que j'avais ma place dans ces classes.
00:45:43Et donc, Mme Sardet-Michel a décidé,
00:45:46en tant que principale, de me faire sauter une classe.
00:45:50Alors, c'était une décision...
00:45:53Voilà.
00:45:55Qui a été un poids, ça a fait un reménage, je te laisse imaginer tous les...
00:45:58Mais ça s'est fait.
00:46:00Son choix, ce n'était pas de me faire sauter une classe pour mon plaisir.
00:46:03Elle m'a dit, Enzo, je suis convaincu qu'une chose,
00:46:05plus vite vous sortirez du système scolaire et plus vite vous serez épanoui,
00:46:09parce que vous pourrez faire ce que vous souhaitez.
00:46:10Mais ça, c'est un cadeau...
00:46:13remarquable.
00:46:15Et je crois qu'il faut saluer les êtres exquis qu'on rencontre comme ça.
00:46:32La couleur du verre brisé se reflète sur ta main.
00:46:35Ton sourire a l'air d'hurler que tu m'appartiens.
00:46:38Tu aimes bien, je soutiens. Ton odeur me rend ivre de bonheur.
00:46:41Tout à coup, je ne la sens plus. Je veux respirer, où es-tu ?
00:46:53Je hurle mon impuissance face à la mort.
00:46:56Devant elle, je ne suis rien, mais j'aimerais être tout
00:46:58pour t'arracher de ses bras et te glisser dans les miens.
00:47:01Au nom de tous les dieux auxquels je ne crois pas,
00:47:03au nom de tout, au nom de rien, s'il te plaît, reviens.
00:47:09Je veux ton souffle, ta voix et ton odeur.
00:47:11Je veux respirer, où es-tu ?
00:47:13Te partager avec la mort ne me convient pas.
00:47:22En général, quand j'écris longtemps, c'est plutôt du fantastique.
00:47:27Après...
00:47:30Est-ce qu'il y a des thématiques qui se rejoignent ?
00:47:32Il y a souvent des histoires autour...
00:47:36Quand j'écris sur Notepad, autour de la mort, surtout.
00:47:41Quand je suis dans des mondes un peu négatifs
00:47:43et que j'écris des trucs, après, comme c'est sorti de moi,
00:47:47c'est un peu mieux.
00:47:49Au début, quand j'ai écrit,
00:47:50c'était parce que je faisais tout le temps des cauchemars.
00:47:53Et du coup, j'ai commencé à écrire des histoires
00:47:57sur les thèmes qui me préoccupaient.
00:47:59Au début, je réfléchissais pas forcément pour faire mon métier,
00:48:03mais depuis un certain temps,
00:48:06je pense que je me dis que ça pourrait être sympa, en vrai.
00:48:11Quand j'étais petite,
00:48:13moi, j'aurais bien aimé que quelqu'un enseigne parler avec moi
00:48:16de littérature dans la cour ou ce genre de choses,
00:48:18et c'était pas trop leur truc.
00:48:22Plus mature, intellectuellement parlant,
00:48:25que la majorité des enfants de mon âge,
00:48:28sur certains trucs, ça peut être bien,
00:48:31mais après, ça peut être pas ouf non plus
00:48:34par rapport au centre d'intérêt.
00:48:35Avec mes amis, on rigole bien, ça, c'est chouette.
00:48:44Les trucs engagés aussi, on parle pas mal de politique.
00:48:48Dans le collège, il y a pas trop de racisme,
00:48:50mais il y a beaucoup, beaucoup d'homophobie.
00:48:54Genre, tu marches dans les couloirs et on te dit
00:48:56« Ah, espèce de gros pédé ! »
00:48:58Même, ça devient une insulte entre potes,
00:49:00genre « Oh, si tu me touches, ça veut dire que t'es gay.
00:49:02Oh là là, me touche pas. »
00:49:04Après, il y a du sexisme aussi, principalement.
00:49:08En fait, j'ai quand même la chance d'être dans un collège
00:49:12globalement avec des idées politiques pas trop nulles,
00:49:17mais après, ça empêche pas
00:49:20qu'il y ait des gens qui soient complètement stupides.
00:49:26William, c'est l'exemple même de la réussite
00:49:29de tout un établissement scolaire.
00:49:32Il a fait une sixième très compliquée,
00:49:35conseil de discipline en cinquième,
00:49:37donc il a failli être exclu du collège.
00:49:38Quatrième, donc déjà un grand changement.
00:49:41Et cette année, William, on voit vraiment l'évolution.
00:49:49C'est l'exemple même de la réussite
00:49:52de tout un établissement scolaire.
00:49:54Je préférais le jeu de logique, de stratégie, de réflexion
00:49:59qu'aller dans la cour, courir ou faire du sport,
00:50:03car à l'époque, j'aimais vraiment pas trop le sport.
00:50:06Faire du sport, souvent, on fait plusieurs.
00:50:07Et le truc, c'est que comme j'avais pas d'amis,
00:50:09je pouvais pas jouer, du coup, je préférais rester dans la classe.
00:50:24Ma dyslexie masque un petit peu mon potentiel.
00:50:29J'ai certains résultats qui sont super hauts,
00:50:32mais j'en ai d'autres qui sont aussi super bas.
00:50:41Au cours des expériences de la vie,
00:50:43j'ai réalisé que l'exploitation du potentiel de chacun
00:50:46dépend aussi des différentes rencontres que l'on peut faire.
00:50:50Faut-il encore qu'il y ait un dialogue entre adultes et enfants ?
00:50:53Pour moi,
00:50:55le manque d'écoute que je ressentais m'a parfois joué détour.
00:50:58L'école est l'essentiel du quotidien d'un enfant.
00:51:01Y arriver le matin avec la boule au ventre est intolérable.
00:51:08Tout le monde connaît quand même le parcours d'Albert Camus,
00:51:11qui vient d'un milieu extrêmement pauvre en Algérie
00:51:15et qui a un instituteur qui était M. Germain
00:51:18qui repère quand même ce petit garçon qui est quand même doué.
00:51:24C'est très touchant, le discours de Camus
00:51:26quand il a été reçu pour son prix Nobel,
00:51:28où il a rendu hommage à son instituteur,
00:51:31parce qu'effectivement, sans son instituteur,
00:51:33il n'aurait sans doute pas été où il était à ce moment-là.
00:51:37Cher M. Germain,
00:51:39j'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré ces jours-ci
00:51:43avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur.
00:51:47On vient de me faire un bien trop grand honneur
00:51:50que je n'ai ni recherché ni sollicité.
00:51:53Et quand j'ai appris la nouvelle,
00:51:55ma première pensée après ma mère a été pour vous.
00:51:59Sans vous, sans cette main affectueuse
00:52:01que vous avez tendue aux petits enfants pauvres que j'étais,
00:52:04sans votre enseignement et votre exemple,
00:52:07rien de tout cela ne serait arrivé.
00:52:11Mon cher petit,
00:52:12j'ai l'impression que ceux qui essayent de percer ta personnalité
00:52:16n'y arrivent pas tout à fait.
00:52:18Tu as toujours montré une pudeur instinctive
00:52:20à déceler ta nature, tes sentiments.
00:52:24Tu y arrives d'autant mieux que tu es simple,
00:52:27direct et bon par-dessus le marché.
00:52:30Ces impressions, tu me les as données en classe.
00:52:34Je crois donc bien connaître le gentil petit bonhomme que tu étais.
00:52:39Et l'enfant, bien souvent, contient en germe l'homme qu'il deviendra.
00:52:51Et voilà, c'était La dure vie des surdoués,
00:52:54un formidable film réalisé par Alexandre Bitoun.
00:52:57Bonjour.
00:52:58Juste à vos côtés, nous avons la chance d'accueillir Vinka Antelme.
00:53:01Présidente de l'Association française pour les enfants à haut potentiel.
00:53:06Merci à tous les deux d'avoir accepté de participer
00:53:09à la zone d'éducation documentaire
00:53:11et de répondre aux questions des élèves du Collège Auguste Renoir
00:53:15à Angers-sur-Seine. Bonjour, les élèves.
00:53:17Je sais que vous avez bien préparé cette émission.
00:53:20Vous l'avez regardée, ce documentaire, vous l'avez décortiquée.
00:53:23Vous avez plein de questions à poser à nos invités.
00:53:26Mais juste avant, j'aimerais savoir ce que vous en avez pensé.
00:53:29Est-ce que c'était la première fois que vous entendiez parler
00:53:33de haut potentiel ?
00:53:34Non ? Non ? Dis-moi, Isaiah.
00:53:36J'en avais déjà entendu parler, mais pas plus que ça.
00:53:39En fait, j'en ai déjà entendu parler un peu en école primaire,
00:53:43mais pas plus que ça.
00:53:45Est-ce que vous avez reconnu la voix
00:53:47qui parle tout au long du documentaire ?
00:53:49Oui, dis-moi, Swan.
00:53:50Alexandre Bittoun.
00:53:52Oui, je crois que c'est ça.
00:53:53Il n'a pas encore parlé.
00:53:55Exactement, c'est le réalisateur.
00:53:57Absolument, Swan.
00:53:58Maintenant, j'arrête de vous questionner.
00:54:00C'est vous qui allez poser des questions à nos invités.
00:54:03On commence par toi, Yannis.
00:54:04Pour le réalisateur Alexandre Bittoun,
00:54:07comment êtes-vous passé de quelque chose d'intime
00:54:10et de personnel à quelque chose de public et collectif ?
00:54:13Écoute, c'est une très bonne question, la question que tu poses.
00:54:16Et c'est vrai
00:54:20qu'aborder un documentaire à la première personne,
00:54:23ce n'est pas quelque chose de facile à la base.
00:54:25D'ailleurs, c'est vrai que pendant un petit moment,
00:54:28je me suis demandé si c'était une bonne idée,
00:54:30s'il fallait le faire.
00:54:31Et de fil en aiguille, j'ai trouvé que c'était important.
00:54:34Parce que comme vous avez pu le voir dans ce film,
00:54:36d'une part, je suis concerné par cette question-là.
00:54:39Et puis, vous savez,
00:54:42et puis, comme vous avez pu l'évoquer tout à l'heure,
00:54:45ce n'est pas forcément une question
00:54:47qui est toujours bien perçue de la part du grand public.
00:54:50Et je m'étais dit aussi que l'aborder de façon personnelle,
00:54:53ça permettait aussi d'humaniser cette question-là.
00:54:57Donc, je pense que ça rejoint aussi à la question que tu posais,
00:55:00quand tu dis comment t'es passé de quelque chose d'intime
00:55:03pour ensuite l'aborder au grand public.
00:55:07Écoute, moi, je trouve que dans ce que je t'évoque ici,
00:55:13c'est tout à fait ça, c'est-à-dire que je pars de quelque chose d'intime,
00:55:16ce qui permet d'humaniser justement la question
00:55:18et ensuite, le partager au plus grand nombre,
00:55:21comme ça a pu être le cas au fur et à mesure de ce documentaire.
00:55:24On continue avec Inès.
00:55:26Une autre question pour Alexandre Bittoun.
00:55:28Qu'est-ce que cela vous a fait
00:55:29de rencontrer tous ces enfants HPI lors des tournages ?
00:55:32Écoute, c'est vrai que c'est...
00:55:35Justement, tout à l'heure,
00:55:36je t'ai dit que j'étais concerné par cette question.
00:55:39Il se trouve que quand j'avais été détecté,
00:55:41donc à l'âge de 13 ans, il n'existait pas de dispositif,
00:55:43en tout cas pas dans l'enseignement public.
00:55:46Et donc, justement, aller à la rencontre de ces enfants aujourd'hui
00:55:50et se rendre compte justement que l'Éducation nationale
00:55:53a pris conscience de cette question,
00:55:54puisque depuis 2007, ils appliquent justement
00:55:57au sein d'un collège public à Georges Brassens,
00:56:00donc le collège où j'ai tourné,
00:56:03ils appliquent justement une classe
00:56:06qui est en réalité...
00:56:10Enfin, les enfants sont inclus, ils sont dans des classes ordinaires,
00:56:14mais il y a un dispositif qui est en place.
00:56:16Et donc, justement, j'ai trouvé...
00:56:19Ça m'a fait...
00:56:22Ça m'a fait poser beaucoup de questions
00:56:23sur comment la prise en charge aurait pu être faite à l'époque.
00:56:27Et puis, peut-être que j'aurais eu un parcours un peu différent,
00:56:30puisque c'est vrai que j'ai eu une scolarité un peu compliquée.
00:56:33Et donc, écoute, j'ai trouvé que ces enfants étaient bien pris en charge.
00:56:39Et ce que j'aime beaucoup, justement, c'est qu'ils sont inclus dans le collège.
00:56:43C'est pas juste... Voilà, c'est la classe des HPI.
00:56:46Ils sont dans toutes les classes,
00:56:49et puis en plus, d'ailleurs, ils frayent avec tous les enfants,
00:56:52contrairement à ce qu'on pourrait penser des personnes à haut potentiel.
00:56:55Voilà.
00:56:57Il y a des dessins animés dans le documentaire.
00:57:00Vous vous en souvenez ? Oui ?
00:57:02Pendant que mes camarades regardaient des dessins animés,
00:57:05je lisais Libération, L'Équipe, Mozart, Beethoven, Vivaldi.
00:57:09J'étais incollable sur les compositeurs de musique classique.
00:57:12Qu'est-ce que ça vous a fait de voir ces petites séquences animées ?
00:57:16C'était bien, parce que ça changeait de vraiment juste caméra tout le temps.
00:57:22C'était un peu rafraîchissant même de voir vraiment des dessins animés,
00:57:24parce que je trouve que c'est plus intéressant,
00:57:26surtout pour les personnes qui ont du mal à se concentrer.
00:57:28Comme ça, ça peut un peu surprendre aussi.
00:57:30Ça m'a un peu surpris de voir ça.
00:57:33OK, mais ça t'a aidé à comprendre, tu dirais ?
00:57:35Oui, j'ai vu, ça a beaucoup aidé même.
00:57:37Ah oui ? J'ai bien aimé.
00:57:39C'est très intéressant comme remarque. C'était le but ?
00:57:44Oui, en fait, au départ, la graphiste avec qui j'ai travaillé,
00:57:48moi, ce que j'aime beaucoup justement dans ses dessins,
00:57:50c'est qu'elle a des traits un petit peu enfantins.
00:57:52Alors, c'est pas du tout... Enfin, c'est voulu.
00:57:54C'est pas que... Enfin, c'est faussement maladroit, voilà.
00:57:58Ce sont des dessins qui sont faussement maladroits.
00:58:00Et en même temps, tu vois,
00:58:03comme on voulait aussi utiliser ce film comme un outil pédagogique,
00:58:06on s'est dit que c'était peut-être la meilleure façon aussi de...
00:58:10Comme on l'a dit tout à l'heure,
00:58:12c'est-à-dire transmettre au plus grand nombre
00:58:16et puis avoir comme ça un parti pris qui permettait
00:58:20que ce soit accessible à tous.
00:58:22Du coup, c'est réussi.
00:58:24C'est vrai que ça me fait plaisir d'avoir vos retours,
00:58:25puisque je me rends compte que peut-être à tout âge,
00:58:27on peut percevoir les messages qu'on souhaite transmettre dans le film.
00:58:31Donc...
00:58:32Vinca Antelm, est-ce que vous l'avez vu, le film ?
00:58:34Et qu'est-ce que vous en avez pensé ?
00:58:36Je le trouve très poétique,
00:58:38super bien monté avec une certaine recherche.
00:58:41Enfin, moi, j'ai tout de suite été enchantée par cela, quoi.
00:58:45C'était... Voilà. Bravo, Alexandre.
00:58:48On continue avec Lucas.
00:58:49Pour vous, madame Antelm,
00:58:51qu'est-ce qui vous a poussé à vous intéresser
00:58:55au sujet des potentiels intellectuels ?
00:58:57Euh...
00:58:58Mais... Mes enfants.
00:59:02Voilà. Tout simplement, c'est...
00:59:04Autant j'avais l'aîné, ma fille, qui fonctionnait très bien.
00:59:08Je ne me suis jamais questionnée.
00:59:10Et après, c'est le garçon, comme par hasard,
00:59:12c'est le garçon qui ne s'est pas manifesté,
00:59:14mais à qui on n'a pas...
00:59:16Il n'y avait pas de diep à l'époque, à ce moment-là.
00:59:20Et la seule réponse était les sauts de classe.
00:59:22Et donc...
00:59:24Et il était vraiment en souffrance à cette époque-là,
00:59:26au niveau du scolaire.
00:59:28Voilà. Ce sont mes enfants qui m'ont amené à ça.
00:59:30Pour le réalisateur Alexandre Bitoun,
00:59:33à l'instar des enfants dans le documentaire,
00:59:35avez-vous déjà eu une phase questionnement
00:59:39métaphysique et existentielle ?
00:59:42Écoute, justement, il y a une des protagonistes du film
00:59:47dont vous vous souvenez sûrement, qui s'appelle Wayna.
00:59:50Et elle, justement, je m'étais un peu retrouvé dans son profil.
00:59:54Notamment, je ne vais peut-être pas développer ça ici,
00:59:59mais quand j'évoque l'accident que j'avais vécu à l'époque,
01:00:02qui est en fait un moment assez charnière à l'époque,
01:00:06parce que je me souviens que je m'étais rendu compte, justement,
01:00:10suite à cet accident,
01:00:12que l'on était mortel, ce qui est normal.
01:00:18Mais disons qu'à l'âge que j'avais,
01:00:20déjà, ça interpellait certaines personnes dans l'entourage de mes parents
01:00:23qui disaient, écoutez, votre enfant n'a pas des préoccupations de son âge,
01:00:28il y a peut-être quelque chose.
01:00:30Et donc, justement, effectivement, ces questions-là,
01:00:32j'ai été amené à me les poser assez tôt.
01:00:36Et donc, justement, Wayna,
01:00:40c'est pour ça que je me reconnaissais dans son profil.
01:00:43Grâce à ça.
01:00:45On continue avec Mohamed.
01:00:46Pour vous, le réalisateur Alexandre Bitoun,
01:00:48vous mettez beaucoup l'accent sur l'importance du diagnostic
01:00:51dans le documentaire.
01:00:52Selon vous, faudrait-il aller plus loin ?
01:00:55Par exemple, une rencontre obligatoire
01:00:57avec un psychologue clinicien pour tous les enfants ?
01:00:59J'irais même plus loin, je dirais que peut-être chaque enfant
01:01:02aurait besoin, justement, de...
01:01:05En tout cas, à partir du moment où un enfant exprime un mal-être à l'école,
01:01:09je pense qu'il y a, peut-être pas un suivi sur le long terme,
01:01:13mais en tout cas, un entretien avec un psychologue s'impose, effectivement.
01:01:17Et ensuite, pour ce qui concerne le diagnostic,
01:01:20moi, je suis pas pour faire des diagnostics à tout va,
01:01:22parce qu'il y a quand même beaucoup...
01:01:23C'est vrai qu'il y a des choses qu'il faut relativiser aussi,
01:01:25puisqu'il y a beaucoup d'enfants au potentiel qui se portent très bien.
01:01:29Mais à partir du moment où ça peut, effectivement, induire un mal-être
01:01:33et peut-être un suivi spécifique,
01:01:34il faudrait pas hésiter à ce qu'il y ait des référents.
01:01:36Mais d'ailleurs, il y a un référent par académie, il me semble, pour...
01:01:39Oui, oui, oui, oui.
01:01:41Il y avait, c'est mis en place depuis 2012,
01:01:45un référent par grande académie qui a nommé un référent par académie.
01:01:48Donc, vous en avez un chez vous.
01:01:51Enfin, il y a un référent pour les élèves à haut potentiel
01:01:54qui est plus rattaché, maintenant, à l'école inclusive.
01:01:56Donc, c'est encore autre chose.
01:01:58Mais il y a un référent, effectivement, dans chaque académie.
01:02:04Si je devais retourner à l'école, je m'y opposerais de toutes mes forces.
01:02:08Mon parcours a été biaisé.
01:02:10Pendant ma scolarité, de nombreuses incompréhensions
01:02:13ont fortement contribué à mon décrochage.
01:02:16Vous le dites très tôt dans le documentaire, je vous cite,
01:02:19si je devais retourner à l'école, je ne le ferais pas.
01:02:22Vous pourriez peut-être nous donner un peu pourquoi vous avez...
01:02:25Enfin, c'est très, très fort, comme phrase.
01:02:27Pour la preuve, je suis quand même là aujourd'hui.
01:02:29Oui, bien sûr, bien sûr.
01:02:30Et tant mieux, et c'est chouette.
01:02:32Mais cette phrase-là, vous avez décidé de la garder dans le documentaire.
01:02:36Pourquoi ?
01:02:37C'est vrai.
01:02:38Non, mais c'est aussi pour mettre l'accent sur le fait qu'à l'époque,
01:02:43j'étais vraiment...
01:02:44Enfin, pour moi, c'était vraiment une corvée d'aller à l'école.
01:02:46Alors, je pense que c'est le cas de la grande majorité des enfants.
01:02:49Mais disons que pour moi, j'avais vraiment...
01:02:52Enfin, pour moi, je m'en rappelle, dès le matin,
01:02:53j'avais vraiment une boucle au ventre.
01:02:55Et en fait, l'essentiel de mon quotidien, c'était ça.
01:02:59C'était ton frère.
01:03:00Oui, c'était ça.
01:03:01Donc, vraiment, l'école, en tout cas, que j'ai connue,
01:03:04il se trouve que j'ai une grande différence d'âge avec mon petit frère.
01:03:07Lui, c'est beaucoup plus épanoui à l'école.
01:03:09Mais je trouve qu'aujourd'hui, alors c'est peut-être une impression que j'ai,
01:03:13mais je trouve qu'il y a beaucoup plus la place, quand même,
01:03:16au parcours individuel et aussi à la parole des enfants,
01:03:20contrairement à l'époque où j'étais scolarisé, en tout cas, je trouve.
01:03:23Pourtant, c'était il n'y a pas si longtemps que ça, mais...
01:03:25Vous avez l'impression, quand même, qu'on peut échanger plus facilement ?
01:03:28Oui.
01:03:29Au collège, c'est assez facile pour vous ?
01:03:30Oui, à l'unanimité.
01:03:32Oui, plutôt, oui.
01:03:33C'est chouette.
01:03:34C'est une grande chance.
01:03:35On continue avec Yasmine.
01:03:37Pour madame Antelm,
01:03:39comment la société peut-elle mieux accompagner les enfants HPI
01:03:41dans le système scolaire traditionnel,
01:03:44qui est parfois inadapté à leurs besoins ?
01:03:46Bien sûr qu'il y a encore des choses à faire,
01:03:49en passant par la formation des enseignants.
01:03:52Mais l'enfant n'est qu'au milieu d'une famille et d'une école.
01:03:57Donc, ce qui est important de faire, c'est effectivement former les enseignants,
01:04:01mais aussi informer les parents.
01:04:03C'est quelque chose, c'est une reconnaissance.
01:04:05Et d'ailleurs, je pense que dans le documentaire, on le voit pas mal.
01:04:09C'est une incompréhension du profil de cet élève,
01:04:12qu'il soit au potentiel ou autre,
01:04:14qui le met en souffrance et en difficulté.
01:04:17On continue avec Ilias.
01:04:19Pour vous, monsieur Alexandre,
01:04:20quel regard portez-vous sur l'accueil des élèves HPI
01:04:23au sein de l'école en 2025 ?
01:04:25Aujourd'hui, c'est une question qui est mieux comprise.
01:04:27Après, cela dit,
01:04:30je parlais de certaines incompréhensions à mon époque,
01:04:32mais il se trouve quand même que le test que j'ai passé,
01:04:35c'était justement pour identifier des difficultés.
01:04:37Alors, au fur et à mesure du test,
01:04:40on a découvert que j'étais à haut potentiel,
01:04:42mais à la base, c'était vraiment pour identifier les difficultés scolaires.
01:04:45Et aujourd'hui, je trouve que, justement,
01:04:47le test est beaucoup mieux abordé dans ce sens,
01:04:52c'est-à-dire d'abord pour identifier des difficultés,
01:04:56pour ensuite, effectivement, voir comment prendre en charge l'élève
01:04:59au fur et à mesure de sa scolarité.
01:05:00Là où on fait l'erreur parfois de penser que ce sont des parents
01:05:03qui, justement, ont une haute estime de leurs enfants,
01:05:06et donc, on dit, tiens, on va lui faire passer un test
01:05:08parce qu'on a vraiment envie de savoir s'il a haut potentiel.
01:05:12Enfin, là, en tout cas, je trouve que, dans ce sens,
01:05:14le test n'a pas d'intérêt et je pense que Vlinka sera d'accord avec moi.
01:05:17C'est vraiment dans le but d'identifier des difficultés
01:05:20et surtout qu'on peut trouver d'autres choses en plus du QI.
01:05:23On peut identifier plein d'autres choses
01:05:25pour accompagner l'élève au fur et à mesure de sa scolarité.
01:05:27Et en 2025, je trouve que cette question
01:05:29est effectivement beaucoup mieux comprise.
01:05:31Mais je regrette quand même, là où je regrette
01:05:33et je rebondis sur ce que dit Alexandre
01:05:35et la question qui est posée,
01:05:37dans le système public, on ne considère...
01:05:40On arrive quand on est en difficulté,
01:05:42c'est-à-dire qu'il n'y a pas de préventif
01:05:45et que s'en occuper avant, ce serait quand même la meilleure chose
01:05:48pour éviter d'avoir effectivement ces écueils.
01:05:50Dans le documentaire,
01:05:53on a aussi l'interview, à un moment donné, de Karline Goldman.
01:05:56Il faut avoir une démarche très déontologique
01:06:00dans l'administration des tests
01:06:02qui, quand même, ont été créés
01:06:04pour débusquer des précisions sur les difficultés,
01:06:08donc les déficiences, les entraves cognitives
01:06:10des élèves au départ, Wechsler, etc.
01:06:13Ils n'ont pas du tout créé des tests
01:06:14pour alimenter le fantasme narcissique
01:06:18de parents qui seraient en quête d'un enfant surdoué
01:06:21ou celui de psypo-scrupuleux
01:06:23qui viendraient s'enrichir sur le dos d'un fantasme.
01:06:26Est-ce que vous, dans votre association,
01:06:27vous êtes aussi parfois confronté à ça,
01:06:29à ces parents qui, peut-être, je le dis certainement mal,
01:06:31mais en font trop, viennent chercher
01:06:34cette espèce de faille narcissique ?
01:06:36C'est comme ça qu'elle l'exprime ?
01:06:37Ils sont minoritaires.
01:06:39Ils sont minoritaires.
01:06:40Et à côté de ça, il y a, à l'inverse,
01:06:42des parents qui, justement, parce que leur enfant va mal,
01:06:47qu'il y a des retours de l'école
01:06:49sur l'élève qui se comporte mal ou qui a des difficultés,
01:06:53vous disent, j'espère qu'il n'aura pas un haut potentiel.
01:06:57C'est-à-dire, j'ai juste peur qu'il y ait un haut potentiel
01:07:00parce que c'est tellement compliqué, après, à gérer.
01:07:03Donc, effectivement, quelques-uns veulent savoir.
01:07:06Mais quelque part, pourquoi pas,
01:07:08à partir du moment où ça traumatise, entre guillemets, le parent.
01:07:12Si le parent se questionne à savoir
01:07:15est-ce que mon enfant a un haut potentiel ou pas,
01:07:17et que l'enfant perçoit tout, il ressent tout.
01:07:21Donc, s'il y a ce questionnement chez la maman
01:07:24et que l'enfant le perçoit, notamment,
01:07:27parfois, si ça brouille la tête, ça brouille l'esprit,
01:07:32passons au test.
01:07:33Mais c'est un risque.
01:07:35C'est que derrière,
01:07:37s'ils veulent vraiment qu'il y ait ce haut potentiel
01:07:38et qu'il n'y en a pas,
01:07:40bon, mais ce n'est pas un jeu, le test de QI.
01:07:44Et donc, vraiment, il faut être très prudent par rapport à ça.
01:07:48Il y a, justement, dans ces écoles spécialisées,
01:07:51trop rares, malheureusement,
01:07:53en tout cas, dans ces établissements qui mettent en place
01:07:55des systèmes particuliers,
01:07:57la présence de tuteurs spécialisés.
01:07:58Vous vous souvenez de ce tuteur qui est très présent dans une salle,
01:08:03qui joue aux échecs, qui discute beaucoup ?
01:08:05Est-ce que...
01:08:07Je ne sais pas, est-ce que ça vous a rappelé certains CPE,
01:08:10peut-être, ici, ou tout simplement surveillants ?
01:08:12Ça dépend de la situation.
01:08:13Non ? Dites-moi.
01:08:15Ça dépend de la situation.
01:08:16Parfois, ils vont rigoler avec nous,
01:08:17parfois, ils vont être très sévères avec nous,
01:08:19parfois, ils vont être là pour nous surveiller,
01:08:21mais vraiment, ça dépend de la situation.
01:08:23Est-ce que, quand vous avez vu ce surveillant-là,
01:08:26ce jeune qui est là, particulièrement disposé
01:08:29pour s'occuper des élèves à haut potentiel,
01:08:32est-ce que vous vous êtes dit, tiens, ça me rappelle mon CPE,
01:08:34ou ma CPE ?
01:08:35Non.
01:08:36Non ? Pourquoi ?
01:08:37En fait, il n'y a pas vraiment ce rapport de...
01:08:40On va pouvoir parler à cœur ouvert avec nos CPE, en fait.
01:08:45C'est ce que j'attendais.
01:08:47Ça ne va pas être une relation où on peut parler de choses
01:08:52à nos intimes, en fait.
01:08:54Ces genres de surveillants, ils sont plus à l'écoute
01:08:56pour ce genre d'élèves et ils ont aussi moins d'élèves à gérer,
01:09:00donc on peut plus parler avec eux et...
01:09:03Voilà.
01:09:04Oui, ils ont un temps aussi qui est dédié,
01:09:06qu'il n'y a pas forcément toujours ici.
01:09:08OK. Vous vouliez réagir ?
01:09:10Non, c'est très bien, sa réaction, de dire que...
01:09:14Parce que là, on le voit très bien dans le reportage,
01:09:16c'est qu'ils se libèrent avec leur tuteur.
01:09:19Et c'est ça, en fait, c'est un peu le rôle d'une psychologue.
01:09:23Là, tu peux dire, quand tu n'y vas pas,
01:09:25quand tu as un problème, quand tu enseignes français à l'école,
01:09:27tu as quelqu'un à qui parler.
01:09:29Et c'est pour ça que je pensais que le CPE...
01:09:31Mais vous dites que ce n'est pas possible parce qu'il y a trop d'élèves,
01:09:35mais le CPE ne peut pas être à disposition d'un élève
01:09:39pour que vous puissiez vous confier ou c'est pas...
01:09:41Alors, ça serait le psychologue, alors.
01:09:43Ce qui est favorable aussi, justement,
01:09:46pour que les élèves puissent se livrer à cœur ouvert,
01:09:49c'est que c'est exactement les mêmes tuteurs
01:09:50entre la 6e et la 3e.
01:09:52Donc, vraiment, il y a une relation de confiance
01:09:55qui est développée tout au long des années de collège pour ces enfants.
01:09:58Une question pour vous, madame Antel.
01:10:01Les HPI peuvent-ils parfois souffrir de solitude ou de déconnexion sociale
01:10:04en raison de leur manière de percevoir et d'interagir avec le monde ?
01:10:08Tout à fait.
01:10:09Alors, c'est leur manière d'apercevoir ou de réagir.
01:10:13C'est que dès le départ, quand je disais le repérage en maternelle,
01:10:16dès le départ, certains se sentent complètement isolés
01:10:20du fait d'un vocabulaire qui n'est pas celui des autres.
01:10:24Donc, il y a déjà ce retrait qui se fait petit à petit,
01:10:27et c'est l'incompréhension, et on le voit bien dans le reportage.
01:10:31Il y en a un qui dit, mais on ne comprend pas...
01:10:34On ne me comprend pas.
01:10:35Je ne peux pas partager avec lui parce qu'on ne me comprend pas.
01:10:38Et effectivement, qu'est-ce que tu fais ?
01:10:40Et Alexandre le faisait aussi.
01:10:42Je reste... Je me renferme chez moi.
01:10:46Et après, ce que tu fais chez toi,
01:10:48effectivement, peut être beaucoup de choses.
01:10:50Mais il y a effectivement ce côté solitude
01:10:53qui n'est peut-être pas que dû au potentiel,
01:10:57mais qui peut être, effectivement, souvent constaté
01:11:02parce qu'il y a soit un rejet...
01:11:04Le haut potentiel, c'est quelque chose qui peut être,
01:11:07comme on le disait au départ, pourquoi s'intéresser ?
01:11:10Je ne sais plus qui disait...
01:11:12C'est toi qui disais pourquoi s'intéresser ?
01:11:14Pourquoi s'intéresser ?
01:11:15Et s'il avait un haut potentiel, il aurait de bons résultats en maths.
01:11:18Donc c'est déjà le rejet de cet élève, de cet enfant,
01:11:21où tu ne peux pas être...
01:11:23Il faut que tu sois dans le moule, dans la norme.
01:11:25Donc, ne pas se faire comprendre des autres
01:11:27et ne pas savoir comment se faire comprendre des autres,
01:11:30effectivement, tu as tendance à t'isoler.
01:11:32Donc ça peut être, effectivement, un repère en se disant pourquoi...
01:11:36Après, il y a la période d'adolescence où on s'isole.
01:11:39Mais tout est questionnement, en fait.
01:11:41Quand on voit un enfant grandir, quand on l'élève, qu'on soit en famille,
01:11:44enfin, à l'école, mais notamment en famille,
01:11:47le moindre des petits travers,
01:11:50en tant que parent, on se questionne, qu'est-ce qu'il passe ?
01:11:52Voilà, mais discrètement.
01:11:54On continue avec Abigail.
01:11:56Pour le réalisateur,
01:11:57quel conseil donneriez-vous à des parents
01:12:00qui s'interrogent sur l'intelligence de leurs enfants ?
01:12:03Alors, c'est une bonne question,
01:12:04mais figure-toi que, pour ma part,
01:12:06je trouve que je ne suis pas la meilleure personne
01:12:08pour donner des conseils aux parents.
01:12:09Mais en revanche, je peux témoigner sur ce que j'ai pu vivre.
01:12:13Et moi, alors, vraiment, avec beaucoup de réserve,
01:12:17ce que je conseillerais à un parent,
01:12:18si un enfant est identifié et qu'il s'isole,
01:12:22c'est justement l'amener à frayer plus avec ses camarades,
01:12:26peut-être lui donner des conseils,
01:12:28même parfois, tu sais, dans la façon de t'habiller aussi, tu sais.
01:12:32Parce que parfois, il y a...
01:12:33Vous devez aussi l'observer entre vous,
01:12:36mais je pense qu'il y a des codes aussi.
01:12:38Donc peut-être encourager l'enfant à intégrer les codes
01:12:42pour s'intégrer au sein de ses camarades
01:12:44et puis garder ses propres centres d'intérêt,
01:12:47mais faire l'effort aussi de s'intégrer socialement.
01:12:50Alors, entre guillemets, faire l'effort,
01:12:52parce qu'on ne peut pas reprocher à ses enfants d'être isolés,
01:12:54mais je pense que vous voyez ce que je veux dire.
01:12:56C'est-à-dire, chacun fait un pas vers l'autre.
01:12:58Voilà mon avis.
01:13:00Les parents, parfois, peuvent attendre des résultats excellents
01:13:06quand un enfant est identifié au potentiel.
01:13:09Il se dit, mon enfant est intelligent,
01:13:11quand il a une certaine intelligence.
01:13:13Il est intelligent, donc il ne peut avoir que de bons résultats scolaires.
01:13:15Et effectivement, il peut y avoir une pression là-dessus.
01:13:18Et le parent ne peut attendre que des bons résultats.
01:13:20Et donc, quand l'enfant revient avec des notes moins bonnes,
01:13:24ça peut être très compliqué pour lui,
01:13:27d'où la nécessité d'accompagner aussi des parents
01:13:29pour éviter encore une fois qu'il ait malheureux à l'école,
01:13:32mais il va être malheureux à la maison
01:13:34si on ne comprend pas cette incompréhension.
01:13:36Donc effectivement, c'est ne pas mettre la pression sur ce...
01:13:39Et vouloir absolument qu'il fasse de grandes études
01:13:42parce qu'il a un haut potentiel.
01:13:43Non, c'est écouter.
01:13:46On continue avec toi, Inès.
01:13:47Pour madame Antem,
01:13:49quel conseil donneriez-vous aux parents d'un enfant
01:13:51à haut potentiel intellectuel pour l'aider à s'épanouir au quotidien ?
01:13:54Ne pas mettre la pression, comme je le disais au départ.
01:13:57Ne pas focaliser sur les études, c'est ça, ne pas mettre la pression.
01:14:01Après, le prendre comme il est
01:14:04et ne pas se laisser déborder par l'enfant
01:14:06parce que souvent, c'est un enfant qui pose énormément de questions,
01:14:09vous êtes en train de faire quelque chose
01:14:12qui va sans cesse vous poser des questions.
01:14:14Donc c'est prendre un moment pour l'écouter
01:14:17et non pas répondre comme ça parce qu'il a une très bonne mémoire.
01:14:21Un enfant, vous lui répondez, et vous très certainement aussi.
01:14:24En passant, vous posez une question à maman qui va vous dire...
01:14:28Qui va vous répondre.
01:14:29Vous posez la même question à papa qui va vous répondre autrement.
01:14:31Et c'est vrai que chez le haut potentiel qui est en avance
01:14:35par rapport dans ses pensées, dans ce que tu disais,
01:14:37dans la mort et dans tout ça,
01:14:39ça va devenir très anxiogène, ce qu'on lui répond.
01:14:41Et donc, c'est temporiser et ne pas le prendre pour un adulte, surtout.
01:14:45Ne pas converser avec lui comme si c'était un adulte,
01:14:49c'est le garder, se dire toujours que c'est un enfant.
01:14:52On continue avec toi, Inès.
01:14:53Pour madame Antlem,
01:14:55existent-il des ressources spécifiques ou des approches pédagogiques
01:14:58recommandées pour mieux comprendre et gérer le HPI
01:15:01dans le milieu éducatif ?
01:15:02Oui, tu as des documents.
01:15:04Alors, depuis que je suis à l'association,
01:15:07on a eu plusieurs rencontres au ministère.
01:15:12Donc, des documents se sont créés, notamment en 2007,
01:15:14pour donner des outils aux enseignants
01:15:17pour pouvoir gérer ce profil d'enfant.
01:15:20C'est quoi exactement ? Quels sont ces outils ?
01:15:22C'est ce qu'on appelle le test WISC, par exemple ?
01:15:24Non, c'est des outils au niveau pédagogique.
01:15:27D'accord.
01:15:27C'est-à-dire, bon, cet élève a une difficulté à cet endroit-là,
01:15:31il a un potentiel, qu'est-ce que je fais ?
01:15:32Ah oui, donc une fois qu'ils sont identifiés.
01:15:34Voilà.
01:15:35Néanmoins, ce que nous faisons comme formation
01:15:39pour les élèves à haut potentiel,
01:15:40c'est valable pour tous les élèves.
01:15:42On ne fait pas une formation uniquement pour eux,
01:15:44mais ce qu'on peut mettre en place pour eux,
01:15:46ça peut être mis en place pour les autres.
01:15:49Pour Alexandre Bitoun,
01:15:52en tant qu'adulte HPI,
01:15:53comment s'adapte-t-on au monde professionnel ?
01:15:58Écoute, c'est une très bonne question.
01:16:01Moi, je pense justement que,
01:16:04surtout à partir des études supérieures,
01:16:06tu commences à travailler par intérêt,
01:16:08pas pour faire plaisir à tes parents
01:16:10ou parce que tu es obligé d'être à l'école,
01:16:12mais parce que tu as un intérêt pour quelque chose.
01:16:15Donc moi, je trouve, en tout cas pour mon cas personnel,
01:16:18que c'est justement beaucoup plus simple
01:16:19par rapport à l'époque de la scolarité
01:16:21de s'intégrer dans le monde professionnel
01:16:23à partir du moment où tu trouves ta voie
01:16:25et à partir du moment où tu travailles par intérêt.
01:16:27Donc pour ma part, ça se passe plutôt bien.
01:16:30Après, j'ai aussi conscience
01:16:32qu'il y a des gens qui ne sont pas dans mon cas,
01:16:34qui n'ont pas eu cette chance d'avoir trouvé leur voie,
01:16:36et je pense que pour eux, c'est un petit peu plus compliqué,
01:16:40mais comme n'importe quelle personne
01:16:41qui a du mal à trouver sa voie.
01:16:43Est-ce qu'ils sont plus, on va dire, privilégiés,
01:16:47vu des employeurs, quand ils les regardent ?
01:16:50Parce que dans le dossier, il est écrit
01:16:52au potentiel intellectuel,
01:16:53mais est-ce qu'il les voit d'une autre manière ?
01:16:55Est-ce que c'est quelque chose qu'on met en avant
01:16:57quand on rentre dans le milieu professionnel, par exemple,
01:17:00ou c'est plutôt quelque chose qu'on cache ?
01:17:01Le haut potentiel ?
01:17:03Alors, maintenant, dans beaucoup d'entreprises,
01:17:06on fait passer des tests.
01:17:08Il y en a beaucoup maintenant,
01:17:09il y a beaucoup d'entreprises qui le prennent,
01:17:10donc effectivement, on peut repérer,
01:17:12mais on n'arrive pas dans une entreprise en disant
01:17:15« j'ai un haut potentiel ».
01:17:16On n'arrive pas à l'école en disant « j'ai un haut potentiel ».
01:17:18Ça, c'est quelque chose, à la limite,
01:17:21c'est encore assez tabou chez nous,
01:17:23et on ne va pas le mettre en avant,
01:17:24parce que moi, déjà, depuis 30 ans,
01:17:26quand on me demande ce que je fais
01:17:29et que je suis très fière de d'être présidente
01:17:31d'une association pour les enfants au potentiel,
01:17:33je peux vous dire qu'il y en a qui...
01:17:35Pourquoi s'occupe-t-il de ces enfants-là ?
01:17:37Donc c'est tout, c'est quelque chose qui est...
01:17:40Non, tu ne le mets pas en avant,
01:17:41mais si l'entreprise où tu es
01:17:46est bien constituée, je dirais...
01:17:48Et maintenant, il y a quand même des personnes,
01:17:50des services où on écoute
01:17:52les aptitudes, je dirais, des adultes,
01:17:57ça peut être pris en considération.
01:18:00Mais non, ce n'est pas...
01:18:02Globalement, non, ce n'est pas...
01:18:03Ça répond à ta question ?
01:18:04Ce n'est pas tant un avantage,
01:18:06pas vraiment un privilège encore.
01:18:08Pour savoir, puisqu'on parle beaucoup
01:18:09de haut potentiel intellectuel,
01:18:11mais est-ce qu'il y a d'autres types de haut potentiel ?
01:18:13On en a parlé pas mal, tu sais,
01:18:14haut potentiel créatif.
01:18:15Tu as le HPS créatif.
01:18:17Tu as le HPS sport.
01:18:19Tu as le musical.
01:18:21Il y a une personne qui s'appelle Howard Gardner
01:18:23qui a identifié neuf intelligences.
01:18:26Il y a vraiment neuf intelligences.
01:18:27Donc, tu as parmi...
01:18:28Ce n'est pas une intelligence,
01:18:30c'est neuf, complètement différentes,
01:18:31dans des domaines différents.
01:18:33Donc, tu as effectivement le créatif.
01:18:34Tu as l'intelligence intrinsèque,
01:18:36tu as l'intelligence sociale,
01:18:38tu as l'intelligence...
01:18:39En fait, tu as énormément d'intelligence.
01:18:41D'ailleurs, Vlinka, je ne sais pas si je me trompe,
01:18:45mais d'ailleurs, sur les tests de QI,
01:18:47tu as le QI verbal et le QI performance,
01:18:50ce qu'on appelle le QI performance.
01:18:51Oui, tu as plusieurs...
01:18:52Ce qui permet...
01:18:53Donc, en fait, c'est dissocier déjà les formes d'intelligence
01:18:55parce que le QI performance,
01:18:57ça va plus se rapprocher de tout ce qui touche,
01:18:59par exemple, la orientation spatiale,
01:19:00ce genre d'aptitudes.
01:19:01Moi, je serais nulle.
01:19:03La mémoire, etc., aussi, je crois.
01:19:04Oui, qui est un indice en plus, la mémoire.
01:19:06Exactement.
01:19:08Et puis ensuite, tu as eu le QI verbal,
01:19:09justement, pour voir un peu...
01:19:10C'est aussi ce qui permet, je pense aussi,
01:19:12Vlinka, tu me dis si je me trompe,
01:19:14mais ce qui permet aussi de voir un peu la complexité
01:19:17aussi du raisonnement, de la pensée.
01:19:20Je pense que c'est ça qui...
01:19:21Le verbal, c'est plus au niveau du vocabulaire et de...
01:19:24Oui, bien sûr, mais ça aussi,
01:19:25ça permet aussi qu'on te pose des questions,
01:19:27de voir comment tu raisonnes.
01:19:28La logique.
01:19:30Oui, bien sûr, mais ça, ça ne rejoint pas aussi
01:19:31certaines aptitudes liées au QI verbal ?
01:19:33Si, si, c'est le côté...
01:19:36Oui.
01:19:37Voilà, moi, c'est vrai que je l'ai passé
01:19:38il y a très longtemps, ce test-là.
01:19:39Il a certainement évolué depuis.
01:19:41Oui, je pense qu'il a évolué.
01:19:43Si ça se trouve, aujourd'hui, je ne serais pas identifié.
01:19:45Non, en général, en général, ça ne bouge pas.
01:19:49C'est-à-dire que quand tu passes un test,
01:19:52même quand tu es tout petit,
01:19:54si on repère ou on identifie un haut potentiel,
01:19:57il ne va pas partir, sauf qu'il peut,
01:19:59comme je le disais au début, se développer ou pas,
01:20:02en fonction de ce qu'on va en faire.
01:20:03Oui, d'accord, il peut se... D'accord, OK.
01:20:06On continue avec Anahia.
01:20:07Avez-vous des nouvelles des enfants présents
01:20:09dans le documentaire ?
01:20:11Oui, je suis encore en contact avec certains enfants.
01:20:14Alors, il y a un parent d'élèves avec qui j'ai beaucoup sympathisé,
01:20:17c'est Mickaël Dusselier,
01:20:18qui est devenu pilote de ligne.
01:20:22Et puis, lui aussi, il a un parcours assez intéressant, je trouve.
01:20:26Et oui, je suis encore en contact avec lui.
01:20:28Et puis, il y a certains enfants
01:20:30qui m'ont donné des nouvelles aussi récemment.
01:20:32Donc, oui.
01:20:34Qu'est-ce qu'ils vous racontent, du coup ?
01:20:35C'est ça qu'on a envie de savoir.
01:20:36La plupart... Non, mais...
01:20:38Est-ce qu'ils vont bien ?
01:20:39C'est par rapport au passage au lycée,
01:20:41parce qu'en fait, il y a une grosse appréhension,
01:20:43parce qu'en fait, le DIEP s'arrête au moment de la troisième.
01:20:46Donc, à chaque fois, il y a cette appréhension
01:20:49de comment ça va se passer au moment du lycée.
01:20:51Et donc là, il y en a, effectivement,
01:20:52qui m'ont raconté un peu comment ça s'était passé.
01:20:54OK. Et tout le monde ?
01:20:55Oui, ça se passe très bien.
01:20:57Ça se passe très bien et je me fais pas...
01:20:59En tout cas, la plupart des enfants que j'ai rencontrés,
01:21:00je me fais pas trop de soucis pour eux, en tout cas.
01:21:03Ouais. Vous avez d'autres questions, les enfants ?
01:21:05Ouais, vas-y, Abigail.
01:21:06À l'échelle mondiale, est-ce que vous entendez parler des HPI ?
01:21:10Alors, au niveau, effectivement,
01:21:13dans certains pays,
01:21:14je vais dire les États-Unis, le Canada ou d'autres pays,
01:21:18il y a des structures adaptées,
01:21:20c'est-à-dire que le haut potentiel est pris en considération.
01:21:23Mais parce qu'il est détecté plus tôt ?
01:21:24Parce que c'est quoi ? Comment c'est possible ?
01:21:26Oui, parce qu'il y a le...
01:21:28Ben oui, parce que...
01:21:29Alors, c'est pas une test systématique.
01:21:30Dans certains pays, il y a des tests systématiques
01:21:32dans d'autres réseaux, comme en Israël, en Russie et tout ça.
01:21:35Mais à partir de... Pour l'entrée en 6e, il y a un test.
01:21:37D'accord.
01:21:38Ce que nous pourrions faire ici, mais c'est excessivement coûteux
01:21:41et on n'a pas le personnel.
01:21:42Sauf si les psychologues de l'éducation nationale le font gratuitement,
01:21:45il faudrait que ce soit pris en charge par l'éducation nationale.
01:21:47Mais le haut potentiel est considéré comme une qualité,
01:21:53je veux dire, qu'on va prendre en compte.
01:21:56Il y a même des pays où il y a une sensibilisation,
01:21:59c'est-à-dire on explique aux autres élèves
01:22:01les signes liés au haut potentiel.
01:22:03Pour que, justement, il n'y ait pas de difficulté
01:22:06à accepter certaines personnalités dans les groupes.
01:22:10En tout cas, il y a d'autres pays, pour répondre à ta question.
01:22:12Oui, donc le Canada, par exemple,
01:22:14le Canada est très en avance par rapport à ça.
01:22:16Et lui, il considère à partir de 120,
01:22:19qu'il y a à partir de 120 pour les prendre en considération.
01:22:21Donc il y a une pédagogie un peu différenciée, un peu différente,
01:22:25même si elle s'applique partout.
01:22:27Après, il y a, oui, tous les pays de l'Est et tout ça,
01:22:30où on prend en considération.
01:22:32Pour revenir sur la question d'Abigail,
01:22:34du coup, est-ce que vous avez déjà entendu parler d'HPI
01:22:38qui serait allé dans des pays comme le Canada
01:22:42par rapport à leur HPI pour être dans des écoles spécialisées ?
01:22:45Je te confirme.
01:22:46Je te confirme parce que dans les familles que nous avons,
01:22:50en post-bac, il y en a pas mal.
01:22:53Enfin, pas mal.
01:22:55En tous les cas, nous, on a eu des retours d'élèves,
01:22:58enfin d'étudiants qui partaient au Canada
01:22:59parce qu'on considère effectivement leurs aptitudes
01:23:02qui ne sont pas considérées pareil en France.
01:23:04Ça, je te confirme.
01:23:05Ça existe, donc.
01:23:06Ça va pour tout le monde ?
01:23:08Il y avait deux, trois mains enlevées.
01:23:09Après, on va s'arrêter là, les amis.
01:23:10Oui, vas-y, Abigail.
01:23:11C'est la dernière. On s'arrête là.
01:23:13C'est chouette, c'est chouette.
01:23:14On est là pour ça, c'est super.
01:23:16Vas-y.
01:23:17Pour terminer, est-ce que si vous avez, par exemple...
01:23:20Qu'est-ce que vous demanderez au plus à l'État de faire ?
01:23:23Une loi ou quelque chose qui devrait plus renforcer
01:23:26pour les HPI ?
01:23:27Déjà, au moment où j'ai fait ce documentaire,
01:23:29il y a une...
01:23:30Je sais pas si c'est dans le cadre d'une loi,
01:23:34mais il y a un travail quand même qui a été fait
01:23:36par rapport à la prise en charge...
01:23:38Par deux députés ?
01:23:39Oui, par les deux députés que j'ai rencontrés, d'ailleurs.
01:23:42Il y avait Mme Rixa.
01:23:43Oui, voilà.
01:23:44Mais il me semble que ce n'est pas dans le cadre d'une loi.
01:23:46Mais en tout cas, ça permet...
01:23:49Ça permet, en tout cas, d'avancer au niveau des identifications
01:23:52et par rapport aussi à la prise en charge du haut potentiel
01:23:55au sein de l'enseignement public.
01:23:57Donc c'est quand même un pas très important.
01:23:59Donc il y a des avancées.
01:24:00Après, il y a effectivement...
01:24:01Ils sont reconnus en tant qu'élèves à besoins éducatifs particuliers.
01:24:05Donc il y a une reconnaissance.
01:24:08Il y a une reconnaissance après pour répondre également à ta question.
01:24:11Moi, ce que je pense aussi...
01:24:13Et tu vois, j'aime beaucoup le modèle de certains pays,
01:24:16justement par rapport aux signes,
01:24:18enfin par rapport aux sensibilisations.
01:24:22Quand on va sensibiliser une classe entière en disant,
01:24:25voilà, quels sont les signes que l'un de vos camarades peut avoir,
01:24:28quels lient au potentiel,
01:24:30pour effectivement favoriser aussi l'intégration.
01:24:32Ça, je trouve que c'est une bonne chose.
01:24:34Donc si on arrivait à avancer autant que certains pays pour ça,
01:24:38je pense que ça peut être intéressant.
01:24:40Et d'ailleurs, il y a aussi des initiatives qui sont pas mal
01:24:43dans ces pays-là.
01:24:44Par exemple, tout ce qui concerne les tournois d'échecs.
01:24:46Pourquoi se serait réservé dans une école
01:24:49uniquement aux personnes à haut potentiel ?
01:24:52Donc voilà, ça permet...
01:24:54En fait, il y a un échange, tu vois, des centres d'intérêt.
01:24:57Et ça, je trouve que c'est un bon pas.
01:25:00C'est une bonne chose.
01:25:01Donc si l'État français avance également dans ce sens,
01:25:04je pense que ce serait bien, oui.
01:25:06Enfin, voilà. En tout cas, c'est mon opinion.
01:25:08On va s'arrêter là-dessus.
01:25:10Merci infiniment. Merci beaucoup, les enfants.
01:25:13Oui, vous pouvez vous applaudir.
01:25:15C'était super. Vraiment génial. Bravo.
01:25:18Bravo pour le moment. Vous pensez à vos questions improvisées.
01:25:21Merci infiniment à vous deux d'avoir participé
01:25:23à la zone d'éducation documentaire.
01:25:24Et nous, on se retrouve très vite, évidemment,
01:25:26avec une nouvelle classe et un nouveau documentaire,
01:25:27parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
01:25:30Allez, salut, les enfants !
01:25:31Salut !