Depuis une dizaine d’années, la VR s’affirme comme un médium de création cinématographique.
Nous invitons l’autrice-réalisatrice Joséphine Derobe à nous parler de sa carrière, du cinéma à la réalité virtuelle, et des œuvres qu’elle a réalisées depuis ce choix d’écriture dans un format 360°.
Enregistré le 27 février 2025 au Forum des images.
Infos : https://www.forumdesimages.fr/rencontre-avec-josephine-derobe-realisatrice-en-realite-virtuelle
Nous invitons l’autrice-réalisatrice Joséphine Derobe à nous parler de sa carrière, du cinéma à la réalité virtuelle, et des œuvres qu’elle a réalisées depuis ce choix d’écriture dans un format 360°.
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00:00:00Bonsoir à toutes et à tous, bonsoir Joséphine de Robbe, merci d'être avec nous aujourd'hui
00:00:14au Forum des Images pour nous parler de cinéma, de réalité virtuelle, d'immersion, de narration,
00:00:20de réalisation.
00:00:21Vous êtes autrice, artiste, réalisatrice, j'aimerais qu'on commence cette rencontre
00:00:27en remontant un tout petit peu le temps si vous le voulez bien, vous avez fait des études
00:00:31de journalisme et travaillé comme reporter indépendante et photographe de reportage,
00:00:37est-ce que vous pouvez nous parler de ce qui vous a finalement fait vous diriger vers le
00:00:43cinéma ?
00:00:44Alors j'ai fait des études de journaliste et pour journaliste presse écrite, donc reporter
00:00:53et je travaillais en tant qu'indépendante d'abord dans une agence qui s'appelait Taïga
00:00:57avec des photographes, je faisais par ailleurs de la photo aussi, artistique à côté, moyen
00:01:04format.
00:01:05J'ai commencé aussi à travailler en tant que photographe et c'est vrai que mon père
00:01:12qui était un ancien chef opérateur, qui travaillait beaucoup dans le cinéma, dans
00:01:17des formats spéciaux déjà, était vraiment un pionnier dans l'image stéréoscopique,
00:01:24l'image relief, donc tourné avec deux caméras, à l'époque il n'y avait pas le matériel
00:01:30adéquat, c'était le début du numérique, enfin des caméras digitales et il devait
00:01:36faire un projet pour Vulcania, donc un parc à thèmes.
00:01:41Je fais juste une parenthèse si vous voulez bien, vous le disiez votre père travaillait
00:01:45dans le cinéma, votre mère dans le théâtre, je crois, et vous vous disiez moi jamais,
00:01:50moi j'ai ma voix à moi, c'est le journalisme, voilà, je vous laisse reprendre sur Vulcania
00:01:55avec cette info.
00:01:56C'est vrai que c'est une anecdote, aujourd'hui j'assume, mais quand j'ai fait des études
00:02:03de journalisme, j'ai donc grandi dans une famille dite de saltimbanque, ils étaient
00:02:09toujours en tournée ou en tournage et je m'étais dit non moi je ferais quelque chose
00:02:13de sérieux, vraiment c'est véridique, et surtout j'étais aussi très engagée,
00:02:18donc les sujets de reportage que je faisais c'était les mineurs en Pologne, les albinos
00:02:25en Afrique ou le sang contaminé en Chine, j'étais très investie sur des projets,
00:02:32des sujets engagés, mais c'était déjà des projets au long cours, ce qui m'intéressait
00:02:36c'était des temps de découverte, de recherche et d'approfondissement du sujet,
00:02:44ensuite de pouvoir organiser, du coup c'était pas des tournages, mais quand même des temps
00:02:51assez longs, c'était pas pour une journée ou une interview et revenir vite vite, et
00:02:55c'est vrai que même à l'école de journalisme, il y a quelqu'un d'ailleurs dans les mondes
00:03:00XR qui est dans le son et ça le fait beaucoup rire parce que lui il m'a connu à l'école
00:03:04de journalisme, il me dit mais tu lâchais rien, t'étais révoltée, et je sais pas
00:03:09si j'étais révoltée, ce qui est sûr c'est qu'un jour il y a un de nos professeurs,
00:03:14des anciens journalistes, le CFPJ, la partie professionnalisante du CFJ, il m'a dit non
00:03:23mais les reporters c'est pas pour toi, les reporters c'est des gens qui ont beaucoup
00:03:26d'expérience, dans toi tu... et je lui avais dit bah non, en fait je ferai le chemin que
00:03:33je dois faire mais moi je veux faire ça, et c'est vrai que bon je me... voilà je me
00:03:39suis donné les moyens de ça mais l'image était déjà, donc l'image et les mots étaient
00:03:45très forts pour moi, et je n'avais, autant j'avais passé énormément de temps au théâtre
00:03:52avec ma mère enfant, autant je savais pas vraiment ce que mon père faisait, il était
00:03:57assez tassiturne, toujours en train de travailler, il avait pas vraiment de week-end ou de vacances,
00:04:02donc il fabriquait des trucs à l'époque, il avait fait des systèmes de 9 caméras pour le
00:04:09futuroscope, là il était dans le relief mais j'avais franchement aucune connaissance de ce
00:04:14qu'il faisait. Jusqu'à ce tournage ? Jusqu'à ce tournage, donc moi je revenais, je sais plus,
00:04:18je revenais de reportage donc je revenais d'Afrique je crois, où il m'a dit écoute je suis
00:04:22très embêtée, j'ai une équipe de tournage et j'avais aussi une assistante qui, avec des
00:04:30Mamiya, donc des appareils photographiques moyen format, les caméras à l'époque avaient des capteurs
00:04:36et des résolutions qui étaient trop petites pour faire beaucoup d'effets spéciaux, donc il avait
00:04:40besoin d'une assistante photographique, je lui dis écoute je sais pas du tout ce que tu fais
00:04:45comme métier, évidemment j'étais déjà cinéphile, j'aimais le cinéma, mais je sais pas du tout ce
00:04:50que tu fais comme métier, moi je peux aider la photographie, il me dit c'est très bien,
00:04:55je t'apprendrais et ça a été, je pense que ça a été une triple rencontre certainement,
00:05:00c'est à dire j'ai bien sûr du côté familial, j'ai rencontré du coup mon père heureux,
00:05:07professionnel, voilà, mais j'avoue que les deux énormes coups de coeur que j'ai eu c'est que
00:05:14c'est l'ambiance d'une équipe et c'était que des gens extrêmement expérimentés, joyeux de faire
00:05:20leur métier, donc ça a été quand même un galop d'essais génial et surtout cette image, alors
00:05:28même que le matériel n'était pas, voilà, c'était fabriqué maison à l'époque, alors c'est vrai que
00:05:33mon père avait des compétences d'ingénieur, mais c'était quand même un peu du bricolage,
00:05:38de mettre ses yeux dans ses petites visionneuses pour voir l'image relief et cette image m'a
00:05:43fascinée parce qu'elle est venue me prendre aux tripes, elle est venue toucher mon corps et je
00:05:51voyais bien que c'était pas, on était en train de tourner des paysages magnifiques en auvergne,
00:05:56de montagne, de nature, tout ce que j'aime, donc je voyais bien que c'était pas la même chose que la
00:06:02réalité, ce qui ne m'intéresse d'ailleurs pas beaucoup dans mes projets, j'ai pas forcément
00:06:06envie de reproduire une réalité totale. Une réalité des sensations et des émotions. Et ça, ça m'a tenue et
00:06:18fascinée pendant plus de dix ans et je pense que ça fait toujours partie de mon parcours,
00:06:25et quelque part ça se rapproche plus du spectacle vivant ou de la danse ou des performances,
00:06:30c'est comment communiquer aux spectateurs une partie des émotions qui passent, je dis pas qu'il
00:06:37n'y a pas d'intellect à l'intérieur, mais ça passe aussi par le corps. Et du coup c'est vrai que
00:06:43j'ai continué à faire de la photo mais j'ai arrêté le journalisme, j'ai appris ce métier de
00:06:48stéréographe, donc de spécialiste d'image relief, et j'ai commencé tout de suite à écrire mes
00:06:53propres histoires avec ce médium, autant de l'animation que de l'image réelle, parce que
00:07:01j'avais envie de pouvoir partager ce type de sensations et d'émotions que moi-même j'ai
00:07:07pu ressentir par une odeur, un paysage, enfin voilà, des choses qu'on a tous dans notre vie, et de pouvoir
00:07:15les communiquer autrement que par du pur mot, mais que ça passe par le corps.
00:07:21Et vous dites que c'est quelque part entre le théâtre et le cinéma, et c'est quelque chose
00:07:28où d'un seul coup on a un art qui est à la frontière d'autres formes artistiques, et c'est ça qui est
00:07:34absolument fascinant, c'est de comment est-ce que chaque forme apporte des choses différentes, et
00:07:37comment est-ce que là ça se niche dans quelque chose qui est évidemment lié au cinéma, mais qui
00:07:43justement intègre le corps et qui est dans la réalité d'une interaction en fait, ou dans tout
00:07:47cas la sensation d'être en interaction ? Oui oui, et c'est surtout le cinéma que je vais
00:07:53appeler entre guillemets classique, c'est-à-dire un film, un spectateur, on est face à un écran, et toute
00:07:57la construction audiovisuelle et grammaticale de ça, je le respecte profondément, ça me passionne,
00:08:05et j'ai d'ailleurs un premier long métrage qui est fait pour le cinéma, le théâtre aussi, et en
00:08:12même temps c'est vrai, je pense qu'une des choses qui m'anime, ce sont des territoires à des croisés,
00:08:20à des carrefours, où il y a une possibilité, une liberté de pouvoir proposer des façons différentes
00:08:30de raconter, et surtout aussi de transmettre au spectateur, et c'est vrai qu'il y a, alors après
00:08:37dans le terme immersif, il y a énormément de propositions, même en réalité virtuelle, des
00:08:42choses très différentes, ou installatives, mais au final je sais effectivement qu'en fonction d'un
00:08:49sujet, et de la façon dont je vais le raconter, je vais choisir une forme, et je me laisse cette
00:08:53liberté là, est-ce que ça va être une installation, est-ce que c'est une installation
00:08:57interactive, est-ce que c'est une pièce de théâtre, ou une performance dansée, ou un scénario de
00:09:03long métrage de cinéma, et je pense que dans tout ce que j'écris, il y a quand même toujours
00:09:10conjointement, à côté, comment j'implique les futurs spectateurs ou les futurs participants,
00:09:19qu'est-ce qui va être pour moi la chose la plus importante à leur communiquer, ou un état
00:09:24d'émotion que je souhaite leur transmettre. Je vous propose qu'on continue de parler de tout ça
00:09:29après avoir regardé une vidéo dans laquelle on va découvrir quelques-unes de vos oeuvres et
00:09:34on en parle tout de suite après. Ça marche.
00:10:34J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:11:03Plus les paysages sont beaux, plus les histoires sont cruelles.
00:11:14Ce n'était pas la voyage que j'avais imaginé.
00:11:33J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:11:43Ce n'était pas la voyage que j'avais imaginé. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:11:53J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:12:13J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:12:21J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:12:31J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:12:41J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:12:51J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:01J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:11J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:21J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:31J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:41J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:13:51J'ai été condamné à la mort dans mon propre pays. Exil ou mort. J'ai laissé les mains vides au milieu de la nuit.
00:14:01Bravo. On l'a vu, des formes, des expériences différentes. J'aimerais qu'on évoque davantage dans le détail certaines œuvres dont nous avons vu de courts extraits,
00:14:25avec à chaque fois l'envie de départ, la réflexion autour de la forme, de l'implication des spectatrices et spectateurs.
00:14:33Peut-être les défis techniques et narratifs auxquels vous avez dû faire face pour réaliser ces œuvres.
00:14:39Peut-être en commençant par « Moi, fauve », certaines ou certains d'entre vous ont participé à l'expérience il y a quelques minutes.
00:14:47Vous pourrez peut-être nous dire ensuite aussi ce que vous avez ressenti dans votre corps à cette occasion.
00:14:52Sur ce projet, c'était quoi l'envie de départ et qui vous a amené à cette forme, à cette exploration ?
00:14:59Pour certaines personnes qui patientaient, on en a un peu parlé. L'envie de départ, c'est vraiment une rencontre avec un livre qui m'a remué, fait vibrer au très fond,
00:15:12comme ça nous arrive parfois avec film, littérature, musique. C'est « Croire aux fauves » d'Anastasia Martin,
00:15:19une anthropologue française spécialiste des peuples du Grand Nord. C'est son seul ouvrage roman.
00:15:26Le reste, ce sont des livres scientifiques, anthropologiques sur ces peuples du Grand Nord.
00:15:34Mais là, en l'occurrence, elle racontait son odyssée de reconstruction spirituelle et concrètement physique après avoir survécu à une rencontre avec un ours,
00:15:46mais qui l'a laissé défiguré. Et à l'intérieur de son livre, on découvre aussi les missions qu'elle a au Kamchatka, en Alaska.
00:15:54En l'occurrence, là, son accident, sa rencontre avec cet ours se passe au Kamchatka. Elle est chez les Évènes.
00:16:01C'est un peuple dont elle nous raconte le quotidien, la façon de vivre, la façon d'être au monde et cette pratique du rêve,
00:16:11pour pouvoir parler, communiquer avec les autres êtres du vivant. Et en même temps, évidemment, elle parle de son expérience.
00:16:21C'est une odyssée, je ne peux pas dire autre chose que ça. Et ses mots, son texte m'ont tellement touchée que, par ailleurs,
00:16:29j'en ai fait une adaptation pour pouvoir en faire un seul en scène au théâtre. Mais parallèlement, j'ai approfondi les recherches,
00:16:37autant de ses ouvrages à elle, beaucoup plus scientifiques, et d'autres anthropologues, et notamment Marie-Françoise Guédon, ensuite au Canada,
00:16:46pour aller plus loin dans la connaissance de ce que peut vraiment être l'animisme des peuples autochtones du Grand Nord,
00:16:53et leur pratique chamanique du rêve, pour pouvoir ensuite en faire une transposition, qui est la proposition de Moafov.
00:17:02Et avec donc l'importance, puisque vous l'avez dit, ces communications avec le vivant, et donc c'est une immersion collective,
00:17:10c'est-à-dire qu'on est comme ça dans ce monde des rêves, avec d'autres personnes autour de soi, et ça c'est quelque chose d'extrêmement important,
00:17:18et qui vous passionne, je crois, justement. Comment est-ce que les uns et les autres interagissent ensemble ?
00:17:25Oui, c'est sûr que dans beaucoup des sujets qui m'animent, il y a la question de notre présence, nos présences, qu'elles soient physiques,
00:17:37maintenant, virtuelles, oniriques, donc forcément d'autres types de spiritualité, d'autres visions, d'autres façons d'être au monde,
00:17:50ça m'intéresse énormément, donc autant je pense d'une curiosité personnelle ou de mon passé de journaliste,
00:17:57et ensuite, c'est vrai que ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir essayer de révéler un peu de l'invisible qui nous entoure tous tout le temps,
00:18:07et dont on est aussi partie prenante, et en l'occurrence, c'est vrai que pour Moafov, c'était une façon de pouvoir initier,
00:18:17pour les personnes qui ne connaissent pas l'animisme, et le fait que dans l'animisme, on a tous potentiellement une intériorité partagée,
00:18:31quels que soient les êtres du vivant, donc le végétal, le minéral, l'animal, c'est très loin quand même de notre culture française, en tout cas d'aujourd'hui,
00:18:41et ça m'intéressait beaucoup de pouvoir, avec un monde qui immerge totalement les gens de façon collective,
00:18:48de pouvoir les initier à cette pratique, dans ce monde onirique, et de pouvoir dialoguer d'une autre façon qu'avec les mots.
00:18:59Mais justement, vous parlez de dialogue, est-ce que dans ces expériences-là, vous appelez les personnes qui participent des spectateurs ou spectatrices ?
00:19:07Ils ne sont pas uniquement spectateurs et spectatrices, ils sont aussi acteurs avec leur corps, avec justement le regard, les mouvements, la vibration de la voix,
00:19:18est-ce que vous dites que ce sont quand même des spectatrices et spectateurs ?
00:19:21Non, moi je préfère utiliser le mot participant et participante, parce que c'est vraiment ce qui se passe, après c'est vrai qu'il y a visiteurs aussi,
00:19:34spectateurs c'est vrai que les gens sont engagés fondamentalement à plusieurs, avec leur corps, ils vont se déplacer,
00:19:42ils vont choisir ou non d'interagir avec les autres participants ou avec les éléments autour d'eux de leur environnement,
00:19:52donc ils participent fondamentalement, ils ne vont pas forcément changer, je ne leur demande pas de changer le scénario interactif de l'expérience,
00:20:03mais ils sont très engagés, donc oui, participant, je pense que c'est…
00:20:08Et comment est-ce que vous avez imaginé, pensé les éléments graphiques de cette immersion, puisque là on est dans l'onirisme,
00:20:17on est dans l'univers du rêve, on est avec ce vivant, donc nous ne sommes pas avec des images qui auraient été captées,
00:20:26on parlait tout à l'heure de photographie, de filmer, là c'est encore quelque chose de différent,
00:20:33est-ce que vous pouvez nous raconter comment est-ce qu'à partir de ce livre, à partir de cette envie, à partir de ces recherches que vous avez faites, vous avez pensé l'univers ?
00:20:42Alors j'ai une co-autrice qui est aussi à la direction artistique, donc on a, je veux dire, l'univers total visuel,
00:20:51donc avec la ralente, qui a co-écrit avec moi et qui était à la direction artistique,
00:20:58ça a été vraiment des échanges sur plusieurs mois, on a aussi fait beaucoup de mood board, de recherche d'images,
00:21:10j'ai fait la même chose aussi avec l'artiste sonore Koum, parce qu'il y a tout un univers à créer,
00:21:17il était évident que ça allait être un univers nocturne et onirique, extrêmement important,
00:21:24et en même temps de s'octroyer une énorme liberté puisqu'on est dans un des mondes des rêves,
00:21:31du coup on pouvait se permettre, moi j'avais déjà fait des recherches pour le projet de pièce de théâtre,
00:21:39je souhaitais vraiment qu'il y ait cette luminescence, cette phosphorescence,
00:21:44qui puisse aussi être très vite raccordée au cosmos, aux constellations,
00:21:52donc on a travaillé vraiment sur cet environnement de bleu et blanc,
00:22:01là où on s'est beaucoup creusé la tête avec l'air,
00:22:05parce que c'est vrai que pour les animistes on n'est pas dans une relation pyramidale avec l'humain,
00:22:14tout au-dessus de tous les animaux et tous les végétaux et tous les minéraux,
00:22:18c'est plutôt un principe horizontal,
00:22:21et c'est vrai, en tout cas je tenais énormément au fait qu'on puisse se métamorphoser dans notre participation à l'expérience,
00:22:34donc on a planché, on a fait des recherches sur le type d'avatar qu'on pouvait avoir,
00:22:39comment cet avatar pouvait réagir,
00:22:43et on a beaucoup réfléchi à de quelle façon il pouvait évoluer, se transformer,
00:22:50et cet avatar végétalo-animal, c'est vrai qu'il nous a demandé pas mal de temps,
00:22:57celui de la fin, celui du cosmos, ça je pense que je l'avais déjà dès le départ,
00:23:02parce que pour moi il y a évidemment dans cette cohérence que tout est connecté,
00:23:08ça va du plus infime au plus vaste,
00:23:11et qui évidemment à l'intérieur regroupe les constellations, le cosmos,
00:23:18mais c'est vrai qu'on se disait comment est-ce qu'on peut faire une peau universelle,
00:23:25quelque chose qui puisse parler de tous les êtres du vivant.
00:23:33On parlera peut-être, parce que là on voit la façon dont on se déplace dans l'histoire,
00:23:40dans ce voyage, et peut-être qu'on pourra parler avec d'autres expériences
00:23:45qu'on va vous présenter rapidement, de l'écriture, des spécificités de cette écriture,
00:23:50mais peut-être parce que je sens déjà que le temps va passer beaucoup trop vite,
00:23:54peut-être qu'on peut parler d'un projet sur lequel vous travaillez actuellement,
00:23:59Pietra, vous pouvez peut-être dire un dernier mot sur Moifov,
00:24:03mais après on reparlera de l'écriture aussi et de ses spécificités.
00:24:08Après s'il y a des questions, bien sûr on pourra revenir sur Moifov,
00:24:12pour l'instant c'est vrai qu'il n'y a pas énormément d'expériences multi-interactives comme ça,
00:24:18parce qu'il y a le regard, le toucher, la vibration de la voix,
00:24:21en embarquant plusieurs personnes en même temps,
00:24:25ce qui est sûr c'est qu'entre ce qu'on souhaitait vraiment transmettre,
00:24:31et de voir dans différents festivals et différents lieux, le plaisir des gens,
00:24:40parfois ils se connaissaient, parfois pas,
00:24:43parfois les groupes se mettent à chanter très très fort, parfois pas,
00:24:46et ce qui n'est pas très grave, il y en a qui se sont mis à faire la ronde,
00:24:49par exemple une jeune femme qui était scarifiée,
00:24:52elle s'est mise à caresser sa peau à l'intérieur de l'expérience,
00:24:55parce que tout d'un coup je pense que ça lui donnait directement une autre perception d'elle-même.
00:25:00Il y a des choses très fortes que j'ai vues, qui sont passées,
00:25:03qui n'étaient pas forcément là où je les attendais,
00:25:06mais ça m'a fait énormément réfléchir sur le fait du collectif.
00:25:11C'est évidemment quelque chose que je connais,
00:25:13ne serait-ce qu'une salle de cinéma à plusieurs,
00:25:16c'est évidemment une performance de danse ou de théâtre,
00:25:20mais c'était ma première expérience collective avec de la réalité virtuelle,
00:25:26n'en ayant pas fait beaucoup, je ne savais pas trop comment ça pouvait se passer,
00:25:32et en l'occurrence, là où je suis très heureuse,
00:25:35c'est que moi-fauve peut être proposée à des gens qui n'ont jamais fait de réalité virtuelle,
00:25:40et c'est bien le but.
00:25:42Ce qui m'intéresse, c'est vraiment le fait de vivre quelque chose en même temps, ensemble.
00:25:47Alors oui, il faut mettre des casques, casques audio, casques VR,
00:25:50mais quelque part, il y a quand même une dimension d'enchantement,
00:25:55de pouvoir se déplacer, d'avoir un corps, c'est le sien,
00:25:59mais il a une autre peau, il réagit différemment,
00:26:03et il vient aussi parler d'un fond qui pour moi est très important,
00:26:08que je trouve très capital, même un essentiel,
00:26:12mais malgré tout, on le fait sur une forme qui est accessible.
00:26:17Je ne sais pas, c'est plus que ludique, je pense,
00:26:20c'est vraiment accessible.
00:26:22Accessible, parce que facilement accessible quand on met les casques
00:26:25et quand on vit cette expérience, on parlera peut-être plus tard
00:26:28de justement les lieux qui proposent ces expériences,
00:26:30et comment est-ce qu'on peut toucher encore davantage de public dans le futur,
00:26:34mais je vous propose qu'on parle un tout petit peu de Pietra d'abord.
00:26:37Ça marche. Donc Pietra, c'est un nouveau projet immersif,
00:26:46sur un modèle aussi de plusieurs participants en même temps.
00:26:52Je m'inspire à mon sens d'un très grand sculpteur sarde,
00:26:59italien, Pinozio Sciola, qui était connu en tant que sculpteur,
00:27:04il sculptait les pierres, essentiellement le basalte et le calcaire,
00:27:08et à la moitié de son parcours d'artiste,
00:27:12il s'est mis à les tailler pour les faire chanter,
00:27:16pour révéler leurs chants, pour nous connecter à leur musique,
00:27:20parce qu'elle vraiment, c'est de la musique,
00:27:22c'est à nouveau le lien qu'il peut y avoir avec Moins Fauve,
00:27:25en tout cas ce sont les vibrations,
00:27:27et c'est une expérience qui va emmener les gens,
00:27:30qui traite autant découvrir l'univers de Pinozio Sciola,
00:27:36mais c'est surtout connecter les gens à ces pierres musicales,
00:27:42et de leur interaction, de leur participation ensemble,
00:27:46de pouvoir moduler leur environnement,
00:27:49et là on se rapproche plus de l'architecture,
00:27:53et qui est une architecture, en tout cas une ville idéale,
00:27:58qui va apparaître grâce à leurs interactions collectives,
00:28:04pour créer une ville idéale.
00:28:08Je vous propose qu'on écoute un tout petit peu les pierres chantées,
00:28:11et on en reparle tout de suite après.
00:28:27Et c'est grâce à ces considérations que, il y a des années,
00:28:30quand je m'entraînais dans la pierre,
00:28:32je me demandais si la pierre avait tout ce potentiel mnémonique,
00:28:35pourquoi n'avait-elle pas un son ?
00:28:38Et on a découvert, mais qui sait, qu'elle n'est pas encore là ?
00:29:27C'est un peu comme si on avait une pierre,
00:29:30et qu'on avait une pierre,
00:29:33et qu'on a une pierre,
00:29:36et qu'on a une pierre,
00:29:39et qu'on a une pierre,
00:29:42et qu'on a une pierre,
00:29:45et qu'on a une pierre,
00:29:48et qu'on a une pierre,
00:29:51et qu'on a une pierre,
00:29:55C'est un prototype,
00:29:58c'est un projet qui est en écriture-développement.
00:30:01J'ai eu la chance d'avoir une aide en écriture au CNC au printemps dernier,
00:30:06et d'avoir été lauréate de cette villa Formosa à Taïwan.
00:30:10Du coup j'ai fait un mois de résidence là-bas,
00:30:13mon co-auteur, Ko, m'est venu 15 jours,
00:30:16et on a créé ce prototype à cette occasion-là,
00:30:19ce qui nous a permis de le faire tester,
00:30:22ne serait-ce que pour pouvoir tester les interactions.
00:30:25En l'occurrence, c'est pas comme moins fauve,
00:30:28la voix n'est pas engagée, le regard non plus,
00:30:31c'est vraiment un principe de toucher,
00:30:34des frottements, des manipulations d'une petite pierre ou d'un archet,
00:30:38et tout ça, on avait quand même besoin de pouvoir le tester
00:30:42pour voir si les gens s'en emparaient bien, si ça marchait,
00:30:45et c'est vrai qu'il y a aussi l'écoute,
00:30:48qui nous fait découvrir un univers sonore par pierre,
00:30:51et par nature de pierre, qui est très beau,
00:30:54là pour le coup on était très contents de ça,
00:30:57je ne l'avais pas forcément mis dans mon scénario d'écriture de départ.
00:31:00Ce que vous voyez, c'est vraiment ce qu'on appelle du work in progress,
00:31:04et en même temps on a eu cette chance formidable avec la résidence
00:31:08de pouvoir le faire tester à peu près à une centaine de personnes,
00:31:13qui après ont rempli gentiment un petit questionnaire,
00:31:20pour nous aider aussi à voir la façon dont ils le perçoivent,
00:31:24et c'est vrai qu'à un moment d'écriture-développement,
00:31:28c'est assez rare, c'est un luxe de pouvoir avoir ça,
00:31:32nous ça nous permet surtout, moi j'avoue que je suis très heureuse
00:31:36quand j'ai la possibilité de voir les gens faire mes expériences,
00:31:40parce que je vois comment ils se comportent de l'extérieur,
00:31:44et du coup je vois si c'est fluide, si c'est acquis, s'ils y vont,
00:31:48parfois ils ont des réactions auxquelles je n'ai pas du tout pensé,
00:31:52ce qui est bien normal, et c'est comme ça qu'on nourrit,
00:31:56et qu'on peut proposer aussi des...
00:31:59Par exemple ?
00:32:01En fait, ce que vous avez vu, c'est évidemment des extraits de ce prototype,
00:32:06et les gens ont un espace, pour l'instant, de 3 mètres sur 3,
00:32:10ils ont ces 4 sculptures, parce qu'on ne peut pas faire tout le projet
00:32:14dans une économie de prototypes, donc ils ont 4 sculptures différentes,
00:32:18ils sont au centre, et puis ils peuvent tourner autour,
00:32:22et je n'avais absolument pas du tout pensé,
00:32:26il y a beaucoup de personnes qui, une fois qu'ils avaient fini,
00:32:31ils essayaient aussi, en même temps, de toucher une autre sculpture,
00:32:35parce qu'ils, d'eux-mêmes, avaient hyper envie de faire de la musique tout seuls.
00:32:39Alors, on a fait nos choix, aussi un prototype, on ne peut pas tout tester,
00:32:43donc là, pour nous, c'était vraiment de quelle façon ils s'emparent des objets,
00:32:47est-ce que les interactions marchent ?
00:32:51Mais je veux dire, de voir ce qu'on peut faire,
00:32:55de voir ce qu'on peut faire, de voir ce qu'on peut faire,
00:32:59mais je veux dire, de voir, non pas une, mais 20 personnes différentes,
00:33:03de cultures différentes, donc ça a été testé à Taïwan, ça a été testé au 104,
00:33:07et à Taïwan, il y avait quand même un festival international,
00:33:11donc des gens différents, et de le voir, du coup, d'âges différents, de pays différents,
00:33:15on se dit, il y a une vraie volonté, autant moins fauve que piétra,
00:33:19d'essayer de faire des projets pour tous,
00:33:23assez universels, des choses qui peuvent tous nous toucher,
00:33:27d'essayer vraiment de se rapprocher
00:33:31d'un côté universel, donc de voir ça, oui, c'est...
00:33:35Mais j'imagine qu'il y a quelque chose, parce que vous disiez,
00:33:39c'est une grande chance qu'on ait pu tester ce prototype, qu'on ait pu le faire,
00:33:43mais j'imagine qu'il y a quelque chose de tellement, comment dire,
00:33:47de voir justement des participantes et des participants participer à ces expériences,
00:33:51ça doit être dur pour ce type de projet de se dire,
00:33:55il y a une fin, en fait, et voilà, c'est l'expérience définitive,
00:33:59parce qu'il y a quelque chose où j'imagine qu'à force
00:34:03d'avoir des réactions des gens, de voir, on pourrait avoir des envies
00:34:07de modifications, enfin, il y a quelque chose
00:34:11qui me paraît, moi, qui suis très extérieure à tout cela,
00:34:15qui me paraît, on aurait voulu quelque chose en mouvement permanent,
00:34:19presque, alors que c'est impossible.
00:34:21Oui, mais ça, c'est vrai pour tous les projets et tous les domaines,
00:34:25on parlait, que ce soit le cinéma, le théâtre,
00:34:29dans l'équipe qu'on constitue,
00:34:33il peut parfois y avoir des frottements, mais il y a aussi des belles idées qui sortent,
00:34:37c'est pareil quand il y a des gens extérieurs qui lisent le projet ou qui le vivent,
00:34:41le vivre, c'est aussi très important pour nous, parce qu'après,
00:34:45sinon, ça ne peut pas être que dans notre tête de se dire,
00:34:49tout le monde va se mettre à vibrer et faire,
00:34:53et puis mettre les mains comme ça, et en fait, ce sont des économies
00:34:57qui ne sont pas celles du cinéma, on est souvent,
00:35:01on attend d'avoir les aides,
00:35:05à différentes étapes, d'écriture, développement, production, parfois des aides de région,
00:35:09de coproduction, mais on ne peut pas avoir
00:35:13plein de tests et voir comment les gens se comportent,
00:35:17se réajuster, donc il y a énormément de choses qui viennent
00:35:21de l'expérience, aussi de la proposition qu'on a envie de faire,
00:35:25mais il y a quand même des choses où, seule ou avec son ou sa co-actrice,
00:35:29il y a un moment où on se dit, est-ce que c'est que dans ma tête,
00:35:33ou est-ce que vraiment ça va se passer,
00:35:37et ce type de résidence où il y a un petit budget
00:35:41pour pouvoir faire un prototype, déjà permet
00:35:45de tester certaines choses, alors que souvent, c'est une étape
00:35:49où il n'y a pas de financement pour ça, il n'y a pas de budget pour ça.
00:35:53Quant au fait de s'arrêter, je vais le prendre autrement,
00:35:57un projet a toujours besoin qu'on fasse des choix,
00:36:01plus ou moins joyeux, plus ou moins douloureux, mais quand on est obligé d'abandonner quelque chose,
00:36:05je me rends bien compte aussi qu'il y a souvent des jolies
00:36:09options, propositions qui viennent en même temps,
00:36:13et c'est vraiment moi fauve,
00:36:17quand j'ai eu la chance de pouvoir être là
00:36:21pour la première à Nemo pendant une semaine, et puis ensuite
00:36:25au festival New Images du Forum des Images l'année dernière,
00:36:29dans la foulée il y avait aussi un festival d'éducation à l'image, les révélations au Havre,
00:36:33en fait, c'est à ce moment-là seulement que je me suis dit,
00:36:37ah, le prochain, il est aussi collectif, envers et contre tout,
00:36:41alors que c'est très compliqué, il n'y a pas l'argent suffisant,
00:36:45ensuite il y a les problèmes de diffusion,
00:36:49donc il faut avoir la foi, que ce soit le studio, la production,
00:36:53les auteurs, les réalisateurs, et en même temps
00:36:57la rencontre avec les spectateurs,
00:37:01l'expérience qu'ils ont vécue,
00:37:05je me suis dit, je souhaite très fort que la prochaine soit
00:37:09à nouveau collective, malgré ce que je viens de vous dire.
00:37:13Et du coup, sur des choses que je n'avais pas forcément
00:37:17testées ou imaginées, pour répondre à ta question,
00:37:21c'est que c'est plus en imaginant
00:37:25un autre projet que je me dis, et typiquement,
00:37:29il y a des choses vraiment très fortes avec le son et la musique,
00:37:33mais c'est vrai que
00:37:37le travail de Pinozio là, je me suis dit
00:37:41je veux aller encore plus loin
00:37:45dans la sensation de la découverte du partage
00:37:49qui va être entre la musique et l'architecture.
00:37:53Vous avez dit beaucoup de choses sur lesquelles j'aimerais qu'on revienne,
00:37:57vous parliez de la dimension universelle de ces projets, le fait d'être en résidence,
00:38:01de pouvoir avoir les réactions des participants
00:38:05avec des cultures et des vécus différents.
00:38:09Par rapport justement à ces expériences immersives,
00:38:13c'est quoi la photo globale, ou en tout cas
00:38:17est-ce qu'il y a des pays où c'est beaucoup plus développé,
00:38:21est-ce qu'il y a des pays qui accompagnent davantage que la France,
00:38:25comment est-ce que ça se développe d'un point de vue international ?
00:38:29En France, on est un pays où on est très très soutenu
00:38:33notamment par le CNC, c'est-à-dire que
00:38:37c'est souvent des mots, parce que moi j'en fais partie
00:38:41mais je ne suis pas à côté industrie,
00:38:45mais c'est vrai que notre écosystème d'abord évolue très vite
00:38:49en même temps il n'est pas encore mûr dans le sens où le cinéma,
00:38:53il y a des rentrées d'argent par les billets, une partie de l'argent repasse par le CNC
00:38:57et du coup est là pour aider
00:39:01d'autres projets, documentaires, animations, cinéma, mais aussi
00:39:05des oeuvres différentes ou des nouveaux formats, des nouvelles écritures
00:39:11et tous nos projets sincèrement peuvent...
00:39:15ça n'empêche pas que ce n'est pas forcément simple parfois
00:39:19mais c'est notre soutien premier.
00:39:23Après il y a des festivals comme New Images,
00:39:27Venise aussi, qui sont des festivals très importants
00:39:31parce qu'ils y croient depuis le départ
00:39:35ils montrent des choses de qualité qui viennent aussi du monde entier
00:39:39et pour prouver que ça a une valeur créative
00:39:43littéraire, enfin une valeur créative
00:39:47au même titre que d'autres arts
00:39:51c'est pas juste faire joujou sous un casque
00:39:55quelqu'un qui fait des projections, quelqu'un qui danse
00:39:59il y a un vrai propos, ça peut mélanger des formes
00:40:03mais c'est des propositions artistiques
00:40:07et totales, parce qu'il y a quelque chose qui engage le corps
00:40:11qui engage tous les sens, donc il y a quelque chose d'assez impressionnant
00:40:15et d'assez génial dans tout ça.
00:40:19Je parlais de l'état de la production dans le monde, vous parliez tout à l'heure
00:40:23comment est-ce que vous voyez l'évolution de cette diffusion
00:40:27parce qu'on aurait envie, moi tout à l'heure quand je vous regardais avec le casque
00:40:31en train de participer à MOIFO, j'aurais eu envie qu'on puisse
00:40:35dans beaucoup plus de lieux le faire et dans beaucoup plus de territoires
00:40:39comment est-ce que vous voyez ça, est-ce que vous avez le sentiment
00:40:43qu'on va vers ça, qu'on va vers une plus grande accessibilité
00:40:47d'un plus grand nombre de personnes ?
00:40:51Je le souhaite, oui fondamentalement, et je pense qu'en plus
00:40:55après il y a aussi des problématiques de matériel, d'espace
00:40:59de médiation, et ça c'est quand même un problème
00:41:03mais c'est vrai que ce type de proposition comme MOIFO
00:41:07vous la piétra
00:41:11c'est donc des expériences
00:41:15à vivre avec un matériel qui peut être transporté
00:41:19dans deux petites valises, c'est ce qu'a fait Léo pour arriver
00:41:23donc le matériel s'est allégé déjà depuis quelques années, c'est possible
00:41:27alors évidemment
00:41:31j'espère que le matériel va continuer à s'optimiser et surtout ce type de formule là
00:41:35peut permettre aussi à des espaces
00:41:39d'exposition, des galeries, des lieux d'art, parfois aussi
00:41:43juste des lieux de culture, de pouvoir voyager dans les régions
00:41:47dans des lieux qui ne sont pas forcément dédiés
00:41:51pour pouvoir justement être plus accessibles
00:41:55je pense qu'on est beaucoup à le souhaiter, il y a des prémices
00:41:59ça avance, malgré tout c'est vrai qu'il y a encore du travail
00:42:03de ce côté là, il y a certaines productions qui se sont spécialisées
00:42:07sur vraiment embarquer les gens à grande échelle
00:42:11donc là on est vraiment sur des groupes beaucoup plus grands
00:42:15qui ont le même type d'interaction ensemble et ça marche
00:42:19ça marche en France, ils le font voyager à l'étranger
00:42:23donc je pense qu'il faut aussi qu'on ait le temps nécessaire pour que ça puisse se déployer
00:42:27c'est vrai qu'on a en tout cas en tant que
00:42:31participants, de participants, je pense que vous avez tous envie de pouvoir
00:42:35davantage participer à ce type d'expérience
00:42:39et je ne vous ai pas oublié, je vous donnerai la parole dans quelques minutes pour que vous nous parliez
00:42:43de la façon dont vous avez ressenti cette expérience qui est moifauve
00:42:47mais j'aimerais qu'on prenne quand même le temps de parler de Mythe Mortasa
00:42:51alors là on change de forme et vous le disiez tout à l'heure, l'idée c'est
00:42:55selon chaque projet, chaque envie de se dire c'est quoi la forme idéale
00:42:59alors là on remonte dans le temps par rapport à vos créations
00:43:03vous en avez parlé très rapidement tout à l'heure mais est-ce que vous pouvez nous parler
00:43:07de ce projet, de comment est-ce que vous l'avez pensé et là encore une fois
00:43:11de ce que ça impliquait en termes d'écriture, en termes de défis techniques
00:43:15s'il y en a eu et voilà.
00:43:19Après là je pense qu'on peut couper, enfin ça peut rentrer ensuite dans les réponses
00:43:23d'une des questions mais c'est à chaque fois des défis techniques, je pense que du coup
00:43:27là en l'occurrence
00:43:31parler de l'exil et de l'asile, en l'occurrence
00:43:35c'est l'itinéraire d'un réfugié afghan en France
00:43:39il s'avère que sa trajectoire est une trajectoire heureuse
00:43:43il a maintenant la nationalité française
00:43:47il est marié, il a une petite fille
00:43:51il parle extrêmement bien le français, il a écrit un livre, c'est comme ça que j'ai découvert
00:43:55Mortaza et il était très partant pour que justement
00:43:59son histoire, une parmi des centaines
00:44:03et des milliers, puisse être, moi c'est vrai que
00:44:07je lui ai proposé
00:44:11de parler de son histoire parce que j'avais envie d'impliquer les gens
00:44:15autrement, et notamment du coup par le corps
00:44:19et avec la réalité virtuelle, c'est l'image réelle, je repars sur les traces
00:44:23de son exil, ça faisait déjà dix ans qu'il était en France
00:44:27entre Kaboul et Paris et je souhaitais
00:44:31emmener les gens dans une intimité avec lui
00:44:35pas forcément de le voir tout de suite physiquement
00:44:39mais une intimité sonore, sa voix, dans des lieux par lesquels
00:44:43il était passé, alors parfois il y a de l'animation
00:44:47comme à Kaboul sur la mer entre la Turquie et la Grèce
00:44:51et aussi à la fin, qu'on puisse se sentir
00:44:55proche de lui, de son histoire, qu'on soit dans des lieux
00:44:59on est très loin du coup d'un reportage dans le sens où
00:45:03on n'est pas au milieu malheureusement des drames
00:45:07ou de l'horreur, on repart sur ces traces
00:45:11à une certaine forme de distance, et en même temps
00:45:15moi en tout cas ça me permettait de transporter
00:45:19fondamentalement les gens dans des ailleurs, des ailleurs auxquels à priori
00:45:23ils n'auront pas accès, et de pouvoir
00:45:27rentrer dans l'intimité de Mortazar
00:45:31et de pouvoir se sentir proche de lui à la fin de cette expérience
00:45:35malheureusement le Covid a fait que
00:45:39ah non je ne l'ai pas
00:45:43le Covid a fait que
00:45:47on n'a pas pu faire la suite, donc ça c'est un documentaire
00:45:51d'une quinzaine de minutes dans un cas de réalité virtuelle
00:45:55il n'y a pas d'interaction, vous êtes sur une chaise tournante
00:45:59et vous embarquez dans une forme d'image documentaire qui est poétique
00:46:03parce qu'il y a un peu d'animation aussi sur des paysages interdits
00:46:07comme l'Afghanistan auquel elle ne pourra jamais retourner
00:46:11ou les personnes disparues en mer entre l'Orient et l'Occident
00:46:15mais ça reste quelque part une forme linéaire
00:46:19c'est à dire un film qui a un début, qui a une fin
00:46:23et ça parle de son voyage physique
00:46:27extrêmement dangereux mais qui a été compressé dans le temps
00:46:31parce que c'était trois mois et demi pour fuir Kaboul
00:46:35puisqu'il était menacé de mort dans son pays et d'arriver en France
00:46:39la deuxième partie de l'expérience, mais ça aussi ça fait partie des projets
00:46:43c'était d'engager les gens à la suite
00:46:47ils enlevaient les cas de réalité virtuelle et ils avaient des tablettes
00:46:51avec de la réalité augmentée sur des objets propres à Mortaza
00:46:55et ça donnait parler du voyage administratif
00:46:59chose que nous connaissons extrêmement peu, nous Européens
00:47:03c'est quand même des moments, en tout cas pour Mortaza
00:47:07alors même que c'était un candidat parfait, il a tout de suite appris le français
00:47:11il cumulait les petits jobs
00:47:15il voulait être là et vivre là et ça a duré trois ans
00:47:19et c'est autant de temps où une personne n'a pas d'identité
00:47:23elle n'a pas de passeport, elle a du coup énormément de difficultés
00:47:27à tout simplement se reconstruire
00:47:31et pour moi c'était extrêmement important cette partie-là
00:47:35et du coup il y avait un changement de statut aussi
00:47:39il passait d'un monde d'une bulle
00:47:43où je l'émergeais complètement pour parler du voyage
00:47:47et on a déjà tous un aperçu, un imaginaire de ce que peut être un voyage clandestin
00:47:51en revanche c'est vrai que je souhaitais les rendre actifs
00:47:55ensuite en se levant, en ayant des tablettes sur quelques objets
00:47:59avec la voix off de Mortaza pour parler un peu mieux
00:48:03de ce qu'est le voyage administratif
00:48:07cette partie-là devait être faite avec une coproduction belge
00:48:11et puis c'était pendant le confinement
00:48:15donc on n'a jamais pu montrer la deuxième partie en même temps que le documentaire VR
00:48:19Mais ce qui est fascinant c'est qu'on parlait tout à l'heure du fait d'avoir la forme idéale
00:48:23par rapport à ce qu'on veut raconter mais de se dire qu'au sein d'une même histoire on peut avoir des formes différentes
00:48:27et de comment il y a justement des oeuvres qui sont multiples
00:48:31c'est absolument fascinant de se dire qu'on n'est pas obligé de raconter
00:48:35toute une histoire de manière linéaire, on peut passer d'un mode à un autre
00:48:39Oui absolument, et c'est vrai que là pour Mortaza
00:48:43ce qu'il a vécu, ce qui je pense
00:48:47ce n'est pas au nom de tout le monde, je pense qu'il y a aussi des personnes qui sont très au fait de ça
00:48:51mais malgré tout, je pense que dans tout ce qu'on reçoit
00:48:55comme informations, radio, télé, images
00:48:59on nous montre souvent le drame en mer
00:49:03où les personnes arrivaient sur nos côtes et puis après
00:49:07ou éventuellement sous un pont, ça pose problème
00:49:11à Paris, mais on a très peu de connaissances de ça
00:49:15et puis on a aussi tendance à montrer
00:49:19des dizaines ou des centaines de personnes ensemble
00:49:23donc c'est très compliqué de s'identifier
00:49:27à une masse
00:49:31alors qu'un itinéraire, oui, et la proposition c'est vrai que je souhaitais
00:49:35qu'elle soit avec une double forme
00:49:39et où le spectateur allait changer son propre statut
00:49:43j'ai envie de découvrir des choses qui par ailleurs sont quand même informatives
00:49:47un peu techniques, et dans les deux formes il y a
00:49:51de la poésie, c'est pas du tout
00:49:55de la pédagogie basique, j'ai envie de dire
00:49:59de la poésie aussi dans Portrait émouvant, peut-être rapidement
00:50:03parce que j'aimerais aussi que vous me parliez du long métrage sur lequel vous travaillez
00:50:07et surtout vous donner la parole
00:50:11c'est la première installation que j'ai faite
00:50:15il n'y a pas de caisse de réalité virtuelle, je venais du cinéma, j'avais déjà fait mes deux courts-métrages cinéma
00:50:19j'avais très très envie justement
00:50:23de ce médium, cette image relief, ou même ce son spatial
00:50:27des choses avec lesquelles je travaillais depuis plusieurs années, autant sur les films des autres que sur mes propres projets
00:50:31j'avais très envie de le déplacer dans un espace physique
00:50:35donc une installation in situ, et en l'occurrence
00:50:39c'est un autoportrait filmé en relief
00:50:43et à l'intérieur il y a un écran de 5 mètres au fond de la pièce
00:50:47avant ça sur un tulle flottant, il y a la même image
00:50:51en plus de titre, et puis il y a un système interactif
00:50:55qui va déclencher des sons en fonction de la position et de la proximité des gens
00:50:59ce que peu de personnes, mais ce qui n'est pas grave, connaissent par rapport au relief
00:51:03c'est qu'on filme avec deux caméras, on demande ensuite aux gens d'avoir des lunettes
00:51:07qui de temps en temps peuvent être un peu lourds
00:51:11mais en fait quand on est dans une salle de cinéma on ne se déplace jamais
00:51:15donc ça on ne s'en rend pas compte, mais en fait ce portrait
00:51:19il y a un seul moment, et c'est une forme très très lente, abstraite
00:51:23qui se déforme, qui s'enchevêtre comme là sur l'affiche
00:51:27jusqu'à un moment où le portrait vous regarde, ça dure quelques secondes
00:51:31et c'est juste ça, et quand les gens se déplacent, et ça c'est vrai ils n'ont pas l'habitude
00:51:35mais là c'est un espace qui m'intéressait, c'est que je me demandais si ma présence digitale
00:51:39pouvait avoir autant de présence que celle de maintenant avec vous
00:51:43en reprenant mes codes aussi de la photographie, du cinéma
00:51:47des choses, je voulais éprouver ça sous une autre forme
00:51:51mais les gens, si tout d'un coup ils s'approchent de ce visage qui vous regarde
00:51:55si on s'approche, le visage va se rétracter
00:51:59si vous vous éloignez, il va se déployer
00:52:03si vous allez à gauche, il va à gauche, si vous allez à droite, il va à droite
00:52:07c'est l'illusion d'optique du relief, mais il vous suit partout
00:52:11ce qui fait que les gens, dans cet espace très sombre
00:52:15avec cet espèce de double portrait qui se forme et se déforme en permanence
00:52:19les gens étaient... je pouvais du coup
00:52:23les mettre dans un état de questionnement
00:52:27moi qui m'intéressais aussi énormément
00:52:31il y a quelque chose d'intéressant là-dedans
00:52:35qu'est-ce qui se passe quand on ne sait plus et quand on est surpris
00:52:39elle est importante pour moi
00:52:43parce que l'année suivante, je l'ai adaptée
00:52:47sur une version VR
00:52:51c'était vraiment les premiers casques, c'est très succinct
00:52:55mais ça m'intéressait aussi de voir le rapport d'un spectateur qui était moins dans un déplacement
00:52:59parce que la vraie installation faisait
00:53:03je crois 70 mètres carrés, donc elle était quand même assez vaste
00:53:07et tout d'un coup dans la variation 2, en réalité virtuelle
00:53:11les gens ne bougeaient pas trop, mais pour le coup je voulais voir ce que ça faisait
00:53:15de les englober directement dans un univers qui était lui très déstabilisant
00:53:19et c'est vrai que
00:53:23cette installation-là, avec la recherche
00:53:27de la sensorialité, de l'image-relief et du son spatial
00:53:31m'ont amené à ensuite me poser des questions
00:53:35disant que la forme en réalité virtuelle m'intéresse par ailleurs
00:53:39sur le fait de pouvoir transporter
00:53:43envelopper les gens dans un monde total
00:53:47Il nous reste quelques minutes à peine, est-ce que certaines ou certains d'entre vous
00:53:51ont des questions pour Joséphine ou peut-être un partage
00:53:55d'expérience par rapport à l'expérience immersive
00:53:59que vous avez vécue pour celles et ceux qui ont eu la chance d'y participer juste avant?
00:54:03Moi j'avais une question par rapport à l'expérience
00:54:07en mid-mortasa
00:54:11tu disais que
00:54:15la deuxième partie en réalité augmentée, vous avez
00:54:19pas pu la faire finalement
00:54:23justement parce que c'était la Covid et tout ça
00:54:27ou est-ce que vous l'avez quand même terminé mais finalement vous ne l'avez jamais montré
00:54:31pu montrer ensemble?
00:54:35Non malheureusement, après je pense qu'il ne manquerait pas beaucoup
00:54:39ce qui est sûr c'est que je pense, et je le dis vraiment sans aucune
00:54:43aigreur
00:54:47c'est que ce que l'auteur
00:54:51l'artiste a en tête et la façon dont il veut le communiquer
00:54:55au spectateur et une production, le producteur ou la productrice une fois que le projet
00:54:59est fini, il est fini, il y a forcément une différence
00:55:03et c'est vrai que pour moi c'est un sujet assez universel
00:55:07ce sont des questions qui reviennent en permanence
00:55:11j'espère qu'on connaitra nous jamais ça
00:55:15mais c'est aussi à la portée malheureusement de tous
00:55:19en fait on a des éléments, on avait un dessinateur en Belgique
00:55:23qui avait fait justement les dessins qui m'intéressaient
00:55:27qui pouvaient prendre vie
00:55:31en réalité augmentée, on a les enregistrements des voix
00:55:35de Mortaza, donc tout ce travail là est fait
00:55:39mais on n'a pas la totalité des animations de la réalité augmentée
00:55:43le choix des objets aussi
00:55:47on est tout à fait prêt, mais il ne manquerait pas grand chose
00:55:55Bonjour, comment vous visiez ce souci
00:55:59de difficulté de diffusion
00:56:03quand on passe 3 ans, 2 ans, très longtemps, beaucoup d'énergie
00:56:07beaucoup d'argent aussi à faire une oeuvre et qu'elle soit au final
00:56:11partagée par peu, même de manière très forte
00:56:15vous satisfait assez
00:56:19ou est-ce que vous ressentez quand même
00:56:23une potentielle frustration
00:56:27de tout ce potentiel qui n'est pas vu
00:56:31c'est une super question
00:56:35par exemple pour Mead Mortaza
00:56:39c'est une chance, il a pu aussi être montré à Venise
00:56:43mais c'était le Covid, même nous
00:56:47on a été invité à se connecter en ligne
00:56:51dans un monde virtuel, c'est un peu spécial
00:56:55et surtout à cause, parce que c'est sorti en 2020
00:56:59il a beaucoup circulé dans les festivals
00:57:03malgré tout, entre 2020 et 2021
00:57:07très souvent même sans moi, sans la productrice
00:57:11et ce qui est un peu dommage
00:57:15c'est que l'idée c'était de le partager avec le public
00:57:19et je pense que ce type de projet peut toujours
00:57:23être partagé avec le public, au musée d'immigration
00:57:27alors il tourne, c'est là aussi où parfois il faut
00:57:31être patient, ne pas baisser les bras
00:57:35il tourne dans les bus itinérants
00:57:39dans sa vie ensuite de distribution avec Astra
00:57:43il a pas mal tourné, j'ai su aussi qu'en Europe
00:57:47il est montré
00:57:51finalement il suffit d'un casque
00:57:55ce type de proposition là, il faut un casque audio, un casque VR
00:57:59mais il peut être montré très facilement
00:58:03c'est quelque part ni plus ni moins un fichier qu'on met dans un casque
00:58:07et finalement il a une vie, alors évidemment c'est pas
00:58:11toute mon énergie et mon obsession de maintenant
00:58:15mais je me dis peut-être qu'un jour je vais pouvoir le montrer
00:58:19tel que je le souhaite dans un espace et surtout quelque chose qui est vraiment fait
00:58:23moi je pensais énormément aux scolaires, aux adolescents
00:58:27et au public en règle générale vraiment européen
00:58:31non pas que ça n'intéresse pas les autres pays, il a quand même été ailleurs
00:58:35il est absolument pas moralisateur, je suis pas là pour juger les gens
00:58:39mais je me suis dit que c'est une proposition qui peut nous sensibiliser autrement
00:58:43sur le coup j'étais évidemment
00:58:47bien peinée, sans doute
00:58:51mais depuis 2020, même l'année dernière
00:58:55je sais qu'il tourne encore, qu'il est encore montré
00:58:59le bus itinérant c'est justement des villes, des lieux, des banlieues
00:59:03qui n'ont pas forcément accès facilement à de la réalité virtuelle
00:59:07donc ça c'est aussi joyeux
00:59:11moi Fouv, j'ai eu pas mal de chance l'année dernière
00:59:15il a voyagé beaucoup, pas qu'avec moi, avec le type de la production
00:59:19de Small Creative, j'espère qu'il a dans sa seconde vie
00:59:23va pouvoir être montré dans des lieux dédiés
00:59:27où les lieux s'y retrouvent et la production aussi parce qu'il y a un système de billetterie
00:59:31où du coup il peut être accessible longtemps aux gens
00:59:35parce que les festivals c'est merveilleux, ça amène des gens, des professionnels
00:59:39et du public, quand c'est des festivals qui sont ouverts au public
00:59:43New Images l'année dernière, à partir de 17h et les week-ends c'était ouvert au public
00:59:47et là on voit
00:59:51le potentiel du projet dans le sens
00:59:55pour le coup moi c'est pas un retour financier, c'est le potentiel de se dire
00:59:59ah, en fait je sais pourquoi j'ai travaillé trois ans dessus
01:00:03parce que là je vois de la joie, de l'engouement, des gens qui sont enchantés
01:00:07des gens qui avaient jamais fait ça, qui disent merci ou qui repartent
01:00:11qui se disent tiens, je pensais pas que c'était ça la réalité virtuelle, je vais en faire
01:00:15ou l'animisme, et là pour le coup je sais pourquoi j'ai travaillé trois ans
01:00:19et ça je pense que
01:00:23j'espère et je croise les doigts sur le fait qu'il y ait
01:00:27des lieux de diffusion, c'est très important
01:00:31je paye bien sûr
01:00:35déjà on peut travailler des années sur un film, là je suis sur un scénario de long-métrage
01:00:39cinéma classique, ça peut prendre des années, il peut aussi ne pas sortir
01:00:43ou sortir en salle de jour et ne pas être vu
01:00:47ce que je veux dire c'est qu'il y a toujours une prise de risque
01:00:51et là on est dans des territoires d'exploration
01:00:55parfois on le paye cher mais même sur le matériel, le process,
01:00:59les limites, les limites techniques, mais en même temps
01:01:03j'en parlais un peu à Sonia, je pense aussi qu'il y a
01:01:07à l'intérieur de tout ça, un petit côté exploratoire
01:01:11le fait d'aller dans des territoires où on a
01:01:15aussi pas mal de liberté, de pouvoir expérimenter
01:01:19il faut trouver aussi les personnes qui se joignent au projet ou qui portent
01:01:23aussi le projet avec nous, mais je veux dire c'est aussi un moment où tout d'un coup
01:01:27il y a beaucoup de choses qui sont possibles, et en narration
01:01:31et en musique audio, et en
01:01:35proposition, et donc la plupart du temps
01:01:39j'assume assez bien que il y a un prix
01:01:43à payer forcément, et du coup c'est pas toujours facile, mais oui oui bien sûr
01:01:47ça fait partie des préoccupations
01:01:51Alors on a encore deux dernières petites questions et ce seront les dernières
01:01:59Bonsoir, merci, dans la bande démo de vos travaux j'ai vu qu'il y avait
01:02:03des films 3D comme ceux de Wim Wenders, Everything Will Be Fine et Pina
01:02:07et je me demandais quelles étaient vos discussions avec Wim Wenders sur l'apport de la 3D
01:02:11pour ses films, et comme les films sortent aussi en 2D, est-ce que ça limite
01:02:15forcément d'avoir de la 3D dans un film 3D comme ça
01:02:19où il y a les deux versions 2D et 3D ?
01:02:23J'ai travaillé 12 ans avec Wim Wenders, le tout premier projet c'est Pina
01:02:27où mon père travaillait aussi dessus, donc c'était une très belle rencontre
01:02:31mon père était directeur de la stéréoscopie à ce moment-là et puis j'étais son second couteau
01:02:35j'étais la stéréographe principale
01:02:39il est décédé après qu'on ait tourné Asterix
01:02:43et moi j'ai continué à collaborer avec Wim Wenders
01:02:47pendant 12 ans, donc des projets divers et variés
01:02:51il y a Pina, il y a Cathedral of Culture
01:02:55où c'est ces 6 réalisateurs qui font 6 documentaires sur l'âme des bâtiments
01:02:59Everything Will Be Fine, Les Beaux Jours d'Aaron West
01:03:03là le dernier en date c'est Présence qui est sur l'artiste Claudine Drey
01:03:07et c'est une collaboration formidable
01:03:11et j'ai envie de dire que là je pense que j'ai eu aussi, d'abord j'ai appris beaucoup
01:03:15et j'ai eu énormément de chance dans le sens où
01:03:19Wim Wenders faisait ses projets
01:03:23parce qu'il voulait utiliser le relief
01:03:27comme médium principal, donc la version 2D
01:03:31devenait annexe, qu'après pour des questions
01:03:35de distribution et de diffusion, il fallait en même temps montrer dans les salles
01:03:39la possibilité 3D, la possibilité 2D oui, mais tout le process
01:03:43artistique, de tournage, technique, les prises de décision
01:03:47de montage et tout ça, c'était pour le montrer dans sa forme
01:03:51initiale de relief
01:03:55et puis il y avait malgré tout une version 2D
01:03:59et ça change tout, parce que
01:04:03j'ai donc été stéréographe et à la direction stéréoscopique, direction stéréoscopique c'est
01:04:07ni plus ni moins du coup être chef de poste, un peu comme un chef opérateur, c'est à dire on est là
01:04:11en pré-prod, on fait tout le tournage et on est là à différentes étapes de la post-production
01:04:15jusqu'à l'étalonnage et jusqu'au DCP
01:04:19le fait de pouvoir montrer le projet, donc c'est des projets
01:04:23que j'ai suivi du début jusqu'à la fin, et ça a un rapport aussi
01:04:27avec mes reportages du début, c'est du coup du travail au long cours, ça c'est sûr
01:04:31ça fait partie de ce qui m'anime, j'aime pas
01:04:35être juste là, enfin je peux faire du consulting et je le fais avec grand plaisir
01:04:39mais si je m'embarque dans un projet, c'est pour l'accompagner
01:04:43du début jusqu'à la fin, et il y a évidemment beaucoup d'autres projets
01:04:47sur lesquels j'ai travaillé, où le relief était
01:04:51à ce moment là peut-être plus une opportunité commerciale
01:04:55parce qu'il y a eu quand même quelques années où ça a été un gros boom
01:04:59plus qu'une envie artistique, et auquel cas là du coup
01:05:03le suivi à chaque étape du film était plutôt l'inverse
01:05:07ça c'est nettement moins agréable
01:05:11parce que du coup c'était faire rentrer
01:05:15un rond dans un carré, et ce qui est un peu dommage parce que
01:05:19pour moi, en dehors des projets avec Wim Wenders
01:05:23oui on peut parler d'un film vraiment de référence
01:05:27Gravity d'Alfonso Cuarón, je pense que là
01:05:31tout d'un coup on voit l'exemple parfait d'un réalisateur qui s'est emparé d'un médium
01:05:35qui a vu comment on pouvait
01:05:39proposer une histoire de façon sensorielle différente
01:05:43autant en son qu'en image, le montage de son film, le rythme
01:05:47la façon dont il le propose, les propositions sonores qu'il fait dans Gravity
01:05:51ça reste un bon film en 2D, mais quand on le voit en 3D
01:05:55on est quand même scotché au fauteuil du début jusqu'à la fin
01:05:59je pense que des expériences comme ça
01:06:03j'ai eu des expériences avec Wim Wenders, ça a été formidable
01:06:07parce qu'il y avait, ou même Meurs Cunningham
01:06:11sur lequel j'ai travaillé, d'Ala Kaufgan, qui est sur ce danseur américain
01:06:15je pense que c'est un des rares projets
01:06:19où engagé très très en amont avec la réalisatrice et le chef opérateur
01:06:23on était déjà en train de se questionner sur la façon
01:06:27de faire le montage, de passer d'un plan de coupe à un autre
01:06:31comment on pouvait garder le lien, comment ne pas le rompre
01:06:35comment donner un sentiment d'être connecté au danseur
01:06:39ou au contraire, faire une rupture, couper, passer d'une pièce dansée
01:06:43à une autre, et c'était passionnant
01:06:47parce que là aussi, le relief est une illusion d'optique
01:06:51mais qui engage autrement les gens, et c'est un autre voyage de l'œil
01:06:55donc forcément, si on le envisage comme ça
01:06:59a priori, on ne va pas tout à fait tourner et monter
01:07:03audio et images de la même façon
01:07:07c'est plus une question à peu près sur le processus
01:07:11justement pour ces expériences telles que Moifo, VR
01:07:15ou le projet de la Villa Formez
01:07:19comment justement vous donnez vie à ces projets, dans le sens où vous imaginez
01:07:23l'expérience, et après vous allez voir un studio de production
01:07:27comment vous trouvez les fonds, pour donner vie à ce projet
01:07:31les deux, ça s'est passé comme ça
01:07:35c'est-à-dire au départ, et ça je pense que c'est pour nous toutes
01:07:39et nous tous, il y a quelque chose de très fort
01:07:43qui se passe, soit parce que là en l'occurrence
01:07:47c'est vrai que Pinou de Sciosciola, en fait
01:07:51je l'ai découvert par Koum, qui est mon co-auteur pour Pietra
01:07:55et qui fait déjà le son de Mortaza
01:07:59c'est quelqu'un avec qui j'aime beaucoup travailler, de Moifov
01:08:03et on cherchait des sons très particuliers, du vivant, de la nature
01:08:07moi j'ai trouvé un groupe de musique qui joue des instruments et des voix sous l'eau
01:08:11dans le nord, en Norvège
01:08:15et lui trouve Pinou de Sciosciola
01:08:19et finalement on ne l'utilise pas du tout dans Moifov, et ça fait son chemin
01:08:23il y a aussi un auteur que j'aime énormément en Italie
01:08:27qui est Dallo Calvino, et notamment un livre qui s'appelle Les villes invisibles
01:08:31et tout d'un coup, en réécoutant, en approfondissant
01:08:35après Moifov, Pinou de Sciosciola, j'ai évidemment du coup découvert
01:08:39beaucoup plus son univers, son parcours, l'art pour tous
01:08:43la philosophie qui est derrière, et qu'il y a une vraie philosophie qui est liée à l'architecture
01:08:47là on n'a pas eu le temps d'en parler, donc quelqu'un de vraiment passionnant
01:08:51et j'ai lié tout d'un coup ça avec Les villes invisibles de Pinou de Sciosciola
01:08:55et c'est devenu en quelques jours, quelques semaines, c'est devenu une nécessité
01:08:59totale d'imaginer un projet
01:09:03et du coup, j'ai écrit d'abord
01:09:07le projet, j'ai demandé à Koum de participer, et je l'ai aussi proposé
01:09:11à une production, moi seule, je ne peux pas
01:09:15faire un projet comme ça, surtout qui implique du coup
01:09:19pour l'instant quand même
01:09:23des grosses lourdeurs techniques
01:09:27en revanche l'aide en écriture, si t'es artiste
01:09:31ça c'est vraiment pour les auteurs, au stade de l'écriture
01:09:35donc il faut quand même faire un dossier avec des intentions et tout ça, mais c'est vraiment pour les auteurs
01:09:39et ça permet du coup d'avoir un peu de sous, de pouvoir inviter, moi en l'occurrence
01:09:43ça m'a permis d'aller en Sardaigne avec Koum et d'inviter aussi une gamme designeuse
01:09:47dont c'est le métier aussi de se questionner
01:09:51sur le scénario interactif à venir, de pouvoir
01:09:55aussi échanger bien en amont, comme ça, et moi il faut vraiment
01:09:59c'est venu du texte de Nastassia Martin
01:10:03d'un côté pour la pièce de théâtre, et d'imaginer
01:10:07cette oeuvre en verre
01:10:11et là pour le coup c'est Small Creative qui était
01:10:15vraiment intéressé et qui sont venus me dire
01:10:19ce serait bien de faire une petite expérience
01:10:23immersive autour de ça, voilà, donc oui après je pense
01:10:27que ça dépend, moi je sais que la première phase d'écriture
01:10:31après, non c'est pas vrai, il peut y avoir des travaux de commande
01:10:35aussi qui peuvent être passionnantes par ailleurs
01:10:39mais c'est vrai que j'essaie, j'ai besoin de compiler
01:10:43énormément d'informations visuelles, sonores
01:10:47souvent des documents de recherche qui sont en open source
01:10:51pour être sûr du sujet
01:10:55que je vais aborder, et aussi de me laisser du temps
01:10:59à déjà imaginer les premières images, donc ça va être des moodboards
01:11:03et puis là j'ai commencé tout juste avec Myth du Journée
01:11:07donc j'associe des images, je ne l'ai pas intégré encore totalement
01:11:11dans mon processus créatif, mais à l'étape de l'écriture ça m'aide aussi
01:11:15parce que je viens de l'image, et en fait j'ai besoin des images aussi
01:11:19pour faire un ping-pong créatif avec moi-même
01:11:23après évidemment il y a des étapes d'écriture de scénarios
01:11:27de ping-pong plus littéraire
01:11:31mais ça je pense qu'on a tous des modes différents
01:11:35On aurait eu besoin de deux heures en plus pour continuer
01:11:39d'explorer tout ça, merci infiniment
01:11:43Merci à vous toutes et tous d'avoir partagé ce moment avec nous
01:11:47et pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur ce long métrage que j'ai teasé depuis le début
01:11:51mais dont on n'a pas le temps de parler, on en parlera hors micro
01:11:55Merci à toutes et tous, très bonne soirée