🇨🇲 Son titre "Rentre à la maison" dans lequel le rappeur cherche à avoir des nouvelles du président Biya, est vite devenu viral. Nous avons rencontré le rappeur Camerounais engagé Xzafrane. Il nous explique son combat à travers sa musique.
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00:00Je m'agresse à vous, mes frères artistes,
00:02vos coraux sont énormes.
00:03Des millions de Camournais dorment avec vos musiques
00:05dans leurs téléphones.
00:06Ils vous écoutent avant de dormir
00:08et ils vous écoutent au lever.
00:09Quel héritage allez-vous leur laisser ?
00:112025 va passer comme ça.
00:13On va juste faire acheter des beaux habits,
00:15montrer comment on est sapé,
00:16comment on est dans les belles maisons.
00:17Mais est-ce qu'on pense à ceux qui nous suivent ?
00:19Nos responsabilités sont très grandes cette année, les gars.
00:21Bonjour Brut, moi c'est Hexafland,
00:23je suis artiste et rappeur engagé.
00:25100 % Camournais, 100 % Africain.
00:27Je suis avec vous ce soir.
00:28Rank à la maison, rank à la maison,
00:30plaisir à la rampe.
00:43Chaque artiste Africain devrait forcément être un artiste engagé.
00:46C'est-à-dire qu'un artiste qui milite pour le bien de sa société.
00:50Chaque artiste Camournais,
00:51chaque artiste Africain devrait s'engager
00:54dans la dénonciation du néocolonialisme,
00:56dans la dénonciation de ces chefs de l'État
00:59qui ne comprennent pas,
01:01ou alors qui ne voudraient pas,
01:02qui ne veulent pas que l'Afrique évolue.
01:04Chaque Africain qui est resté silencieux et qui est artiste
01:07devrait comprendre qu'il est complice
01:08de tout ce qui est en train de se passer.
01:10Je crois que moi j'ai énormément peur quand je le dis.
01:12Les gens posent toujours la question de savoir
01:14est-ce que tu as peur Hexafland ?
01:16Est-ce que vous avez déjà subi des menaces ?
01:18Effectivement j'ai peur, j'ai énormément peur.
01:20Et on a souvent subi des menaces.
01:22J'ai fait des cellules.
01:23Depuis 2018, on a souvent dormi en cellule.
01:26On a suivi des bricolages dans des concerts.
01:28On a coupé des scènes.
01:29Tout le temps.
01:30Parfois la ligne est surveillée.
01:32Parfois il y a des choses que je ne voudrais pas forcément
01:34dire en l'antenne pour ne pas faire peur aux gens.
01:37Mais pour vous dire que c'est un choix
01:39et on ne se plaint pas parce que
01:41ce sont des conséquences normales
01:43du combat qu'on a choisi miné.
01:49Personne ne me paye pour le faire.
01:51Je le fais parce que je me sens concerné
01:53par le chômage des jeunes.
01:55Je me sens concerné par la violence
01:57face à laquelle sont souvent exposés
02:00ceux qui prennent la parole librement.
02:02Je me sens concerné face aux restrictions de liberté,
02:05face au cliquetage électoral,
02:07face à l'injustice.
02:08Je me sens concerné.
02:09Et vraiment, pas besoin qu'on me paye
02:11pour que je puisse dire quelque chose à propos.
02:13Parce que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
02:15j'ai fait de la musique engagée.
02:17Et la musique engagée,
02:18c'est davantage une musique qui se sensibilise,
02:20qui tantôt dénonce,
02:22qui tantôt conscientise,
02:23qui tantôt fait de l'engagement citoyen.
02:30Les artistes dans mon pays
02:31jouent le jeu du pouvoir en place,
02:32qui est le jeu de la distraction.
02:34Le pouvoir en place, ça a transformé
02:37la musique en une arme de distraction.
02:39Je peux comprendre les autres artistes
02:40qui, eux, ne veulent pas subir ce sacerdoce-là
02:43et qui estiment qu'ils vont vivre leur petite vie,
02:45ils vont dealer avec le système,
02:47ils vont prendre le peu d'argent qu'ils peuvent prendre,
02:49ils vont abrouter la jeunesse comme ils peuvent abrouter,
02:52ils vont parler du sexe, de la grogue, du kiosque,
02:54de tout ça pour que les jeunes de 17 ans
02:57soient davantage connectés à tout ce qui va les perdre.
03:01Je peux comprendre,
03:02mais moi j'ai choisi un chemin différent.
03:04Je ne vais pas faire le procès des autres,
03:06mais j'estime qu'il faut bien des gens comme nous
03:09pour continuer le combat.
03:10Nous avons la responsabilité en 2025
03:12de chanter, de mettre nos voix,
03:14ne serait-ce que pour une fois,
03:16pour que les choses changent
03:17et pour notre propre bien,
03:19pour que l'année prochaine,
03:20il y ait plus de concerts,
03:22qu'il y ait plus de mécènes,
03:23qu'il y ait des questions de droits d'auteur soient résolues,
03:26qu'il y ait un statut d'artiste.
03:27Nous avons cette mission-là.
03:28Et si cette année, nous choisissons toujours
03:31de vivre pour nous-mêmes,
03:32de divertir,
03:33de continuer à chanter le kiosque et tout le reste-là
03:35pour que les gens soient tête en l'air,
03:37si nous continuons à pactiser, à dealer avec le système,
03:39à aller prendre des rétrocommissions derrière,
03:41ça va rattraper nos propres enfants.
03:44Parce que chacun d'entre vous, la plupart,
03:46sont en train de fonder des familles.
03:47Posons-nous la question,
03:48quel est le futur qu'on souhaite laisser à nos enfants ?
03:54Assumer nos responsabilités,
03:57c'est demander à chaque jeune
03:58d'aller s'inscrire sur les listes électorales,
04:00de voter.
04:01Je ne suis pas en train de faire une recommandation
04:03sur un candidat parce que
04:04je ne suis pas engagé dans un parti politique.
04:07Mais il est clair qu'on ne veut plus du RDPC,
04:09qu'on ne veut plus du M. Biya
04:11et qu'un autre Camerounais peut faire le job.
04:12Ils sont nombreux.
04:13Pour moi, l'ennemi du Cameroun actuellement,
04:15c'est le RDPC.
04:17C'est ceux à qui on a déjà fait confiance pendant 43 ans.
04:19Ce qu'on est en train de faire,
04:20c'est que cette opposition-là,
04:21qui a des grands leaders actuellement,
04:23entre Cabral Libi, Maurice Camteau,
04:25l'espoir Matomba et tous ceux qu'il présente,
04:28c'est que si on veut pouvoir changer les pôles,
04:30il faut qu'on laisse le pouvoir à une de ces personnes-là.