Un nouveau scandale de corruption frappe le Parlement européen, plus de deux ans après le Qatargate. La justice belge soupçonne des lobbyistes de la firme chinoise d’Huawei d’avoir corrompu une quinzaine d’eurodéputés. Joël Matriche et Louis Colart, journalistes du pôle Enquêtes, reviennent en vidéo sur cette affaire.
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00:00Plus de deux ans après le cas Target, un nouveau scandale de corruption résumé frappe le Parlement européen.
00:06Ce jeudi 13 mars 2025, la justice belge a procédé à plusieurs perquisitions.
00:12Elle soupçonne que des lobbyistes ayant travaillé ou travaillant toujours pour la firme chinoise de télécommunications Huawei
00:18aient corrompu des eurodéputés.
00:20Selon les informations du soir avec nos partenaires de Knack et de Follow the Money,
00:25les soupçons se portent sur une quinzaine d'eurodéputés anciens ou actuels.
00:31La justice belge s'interroge sur la possibilité que des lobbyistes travaillant pour Huawei
00:36aient pu tenter d'influencer les cercles européens dans le cadre notamment des intérêts commerciaux de la firme chinoise
00:44puisque il faut savoir que déjà depuis 2019, Huawei fait face à des accusations,
00:49notamment de la part des Etats-Unis, d'espionnage à travers ses appareils
00:53avec des doutes sur sa technologie 5G.
00:57Et donc, pour contrer ces attaques et ces accusations, Huawei a développé un lobbying assez intensif
01:03auprès du Parlement européen notamment.
01:06Et la question que se pose la justice aujourd'hui, c'est est-ce que les lobbyistes ont franchi la ligne rouge,
01:11c'est-à-dire est-ce qu'ils ont participé activement à de la corruption d'élus ?
01:18Effectivement, il y a pas mal de similitudes.
01:20La première, c'est qu'avant d'être une enquête judiciaire,
01:23il y a d'abord eu une enquête de renseignement de la part de la Sûreté de l'État.
01:27On se demande aussi s'il ne peut pas y avoir des tentatives d'ingérence étrangère
01:31puisqu'on sait que les entreprises chinoises et en particulièrement les fleurons technologiques chinois
01:36sont inexplicablement liés aux intérêts du Parti communiste chinois,
01:40bien que Huawei s'en défende vertement depuis des années.
01:43Mais il y a aussi pas mal de différences.
01:45La différence notamment, c'est la manière par laquelle la corruption présumée serait passée,
01:50dans le cas Target, ces images de valises de billets qui ont évidemment marqué les esprits.
01:56Ici, il serait beaucoup moins question d'argent liquide, voire pas du tout,
01:59mais plutôt de cadeaux, de cadeaux de valeurs, de voyages offerts
02:03et également de virements bancaires peut-être maquillés derrière de fausses justifications.
02:10Ça, ça sera à la justice de le déterminer dans les suites de l'enquête.
02:14Valerio Otati, c'est un ancien assistant parlementaire,
02:18il a assisté deux eurodéputés pendant une dizaine d'années
02:21et il est désormais le responsable des lobbyistes d'Huawei à Bruxelles auprès du Parlement européen.
02:27Il est aussi suspecté d'être le principal instigateur de ce schéma de corruption,
02:33en tout cas si corruption il y a eu.
02:36Formellement, elle n'est pas à ce stade puisque l'enquête est ouverte pour corruption,
02:40blanchiment, organisation criminelle, mais pas pour rien.
02:42Donc il n'y a pas de soupçon d'ingérence à l'égard de la Chine.
02:46Mais à partir du moment où ce sont des lobbyistes liés à Huawei qui sont suspectés,
02:50la Chine l'est aussi parce que, comme l'a dit Louis, Huawei est de manière inextricable
02:56très fortement liée au parti communiste chinois et donc forcément les soupçons se portent aussi vers la Chine.
03:03L'enjeu pour Huawei, c'est d'asseoir la réputation de sa technologie 5G en Europe.
03:08Depuis 2019, le groupe est confronté à des interdictions aux Etats-Unis,
03:12mais aussi à des restrictions notamment commerciales en Europe
03:15parce que beaucoup de pays craignent que ces infrastructures 5G permettent aux Chinois
03:19d'espionner les pays membres de l'Union Européenne.
03:21Et donc il s'agit surtout, pour Huawei, de regagner des marchés
03:24et de lever, d'amoindrir les restrictions qui la frappent.