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Connaissez-vous l’histoire du Bon Marché et de ses fondateurs les Boucicaut ? Suivez le guide 😊


À lire sur le sujet :
📚 La naissance des grands magasins 1852-1925 (le catalogue de l’expo)
📚 Le Bon Marché rive gauche, l’invention du grand magasin, Monica Burckhardt, Assouline
📚 Les grands magasins, Bernard Marrey, éditions du Linteau

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Éducation
Transcription
00:00du commerce moderne, palais babylonien. Pour se plonger dans l'atmosphère des
00:03grands magasins du Paris haussmannien, il faut lire Au Bonheur des Dames de Zola.
00:07Mais on peut aussi flâner Au Bon Marché, qui a très largement inspiré Zola,
00:11et dont l'histoire des fondateurs est elle aussi tout à fait romanesque.
00:14Retour en plein Second Empire. On en a beaucoup parlé déjà dans les précédentes vidéos,
00:17les grands travaux d'Haussmann bouleversent Paris. C'est dans ce contexte très favorable
00:21que naissent les grands magasins, qui attirent une clientèle bourgeoise,
00:24et qui vont participer à façonner cette image d'un certain chic à la française,
00:27d'un certain chic parisien même. Ce qui est ironique dans tout ça,
00:31c'est que les fondateurs du Bon Marché viennent de milieux fort lointains de la bourgeoisie
00:34parisienne. J'ai nommé Aristide et Marguerite Boussico. Aristide Boussico naît en Normandie
00:39en 1810 d'un père chapelier. Il va être marchand ambulant avant de monter à Paris en 1825,
00:44et devenir vendeur dans un magasin de la rue du Bac, le Petit Saint-Thomas.
00:47Marguerite Guérin, elle, naît en 1816 près de Châlons-sur-Saône, d'une mère très jeune
00:51et d'un père inconnu. Elle va venir à Paris à 12 ans seulement pour travailler dans une
00:54blanchisserie, puis elle va ouvrir une sorte de petit bouillon rue du Bac, et c'est là qu'elle
00:58rencontre Aristide. En 1839, ils ont un fils, Anthony Aristide, et la famille est au complet.
01:03Mais alors il faut imaginer que leur histoire n'allait vraiment pas de soi. Marguerite vient
01:07d'un milieu très pauvre, à tel point que la famille d'Aristide voulait s'opposer à leur
01:10mariage. Mais ils vont tenir bon. En 1848, le Petit Saint-Thomas ferme,
01:14et Aristide devient vendeur de châles dans une mercerie à l'angle de la rue de Sèvres
01:18et de la rue du Bac. Et cette mercerie, elle s'appelle le Bon Marché. Et là,
01:21tout va aller très vite. Boussicaut va s'associer au propriétaire du Bon Marché,
01:25les frères Vidot, avec l'envie de transformer cette modeste mercerie en un grand magasin.
01:29En 1852, le nouveau Bon Marché est né, et les Vidots vont revendre leur part à Boussicaut,
01:34qui a plein d'idées pour évolutionner le lieu. Des prix affichés et fixes, mais aussi de faibles
01:38marges, des soldes, des catégories promotionnelles... Il va aussi créer le fameux mois du Blanc,
01:43qu'on retrouve encore aujourd'hui un peu partout dans les grands magasins. Alors de très grands
01:46travaux sont engagés pour donner au lieu les contours qu'on leur connaît aujourd'hui. En 1872,
01:50sort de terre cet immeuble, le long de la rue de Sèvres. C'est Marguerite qui pose la première
01:54pierre d'ailleurs, qui sera prolongée ici, le long de la rue Vellepot, au fur et à mesure de la
01:58destruction d'un hospice, qui était situé auparavant sur ce site. Plusieurs architectes vont
02:02travailler dessus, d'abord Alexandre Laplanche, puis Louis-Charles Boileau. Pour la structure
02:06métallique, qui est vraiment remarquable, on fait appel à Armand Moisan, qui est un génie de
02:10l'architecture du fer, et dans une moindre mesure, à un certain Gustave Eiffel, excusez du peu,
02:15pour la dernière partie du bâtiment qui va être construite. A l'intérieur, il y avait un escalier
02:18impérial qui desservait tous les étages et les différents comptoirs de vente, mais il y avait
02:22aussi une bibliothèque, une salle de billard, tout pour encourager le client à rester le plus
02:26longtemps possible et lâcher un maximum de flouze. Pour les salariés, il y avait aussi des chambres,
02:30des réfectoires, des cuisines, mais en 1877, Aristide meurt. Au départ, Marguerite s'associe à
02:35leur fils, mais celui-ci va à son tour mourir prématurément, deux ans seulement après son père
02:39en 1879, et elle va donc reprendre les rênes de l'affaire. À la tête du bon marché, elle va
02:43prolonger l'œuvre sociale qu'elle avait entamée aux côtés de son mari, qui, il faut le savoir,
02:47était surnommée le patron rouge, parce que les journées de travail des employés étaient limitées
02:51à 12h au lieu de 16h, qu'une cantine et des soins gratuits leur étaient proposés, une caisse de
02:55retraite, des congés payés, bref, la folie pour la fin du 19e siècle. La liste est très longue,
03:00mais Marguerite, elle, va notamment mettre en place un congé maternité pour ses employés. Dans sa
03:04région d'origine, elle va faire ouvrir un hôpital, une école, des maisons pour les jeunes mères en
03:08difficulté. C'est aussi une grande donatrice de l'Institut Pasteur, et à sa mort en 1887,
03:13elle lègue l'intégralité de sa fortune à plusieurs œuvres de charité et à ses employés,
03:18qu'il a surnommé d'ailleurs Dame Patronesse pour sa générosité. C'était vraiment une femme hors
03:22du commun, et dont l'histoire a peut-être été un peu éclipsée par celle tout aussi hors du commun
03:26de son mari, moi, ou par le patriarcat. D'ailleurs, quand est-ce qu'on grave son nom ici sur la
03:30façade ? L'expansion du bon marché va continuer après la mort des Boussicaux, mais comme la
03:34plupart des grands magasins, la maison va connaître de sacrées turbulences au 20e siècle, en passant
03:38par une liquidation judiciaire, énormément de licenciements, avant d'être achetée par LVMH
03:42dans les années 80. Ah bah oui, là où il y a du luxe, il y a LVMH. Côté architecture, il y a
03:46trois îlots. Ce bâtiment principal qu'on a évoqué, cette annexe, à l'angle des rues de Babylone et
03:50Dubac, qui date de 1883, dans laquelle il y avait notamment des entrepôts, et c'est là qu'il y avait
03:55encore récemment The Conrad Shop. Et enfin, une dernière annexe, qui abrite aujourd'hui la Grande
03:58Épicerie de Paris, qui a été construite sur le site de la mercerie de départ. Elle, elle était
04:02consacrée à l'ameublement, mais elle va être détruite par un incendie en 1915, et reconstruite
04:07en 1924, dans le style art déco qu'on y connaît aujourd'hui. Il y a énormément de détails à
04:11observer sur les différentes bâtisses. Regardez sur le premier bâtiment rue de Sèvres, les marquises,
04:16les décors sur les marquises. À l'arrière, il y a ces mosaïques d'époque. Il y a plein d'anecdotes à
04:20savoir sur ces lieux. Le chantier du bâtiment de la rue de Sèvres, il va être interrompu par le
04:24siège de Paris en 1870, et le lieu va servir de centre de distribution de vivres. Et le bâtiment
04:29actuel de la Grande Épicerie de Paris a quant à lui servi d'hôpital militaire pendant la Première
04:33Guerre mondiale. Et peut-être le plus fou, c'est que le Lutetia, le palace en face du Bon Marché,
04:38il a précisément été construit pour loger les clients du Bon Marché. Ça en dit long sur le
04:42pouvoir d'achat de la clientèle, déjà à l'époque. À l'intérieur, ce sont 8000 tonnes de fer et de
04:47fonte qui ont servi à faire la charpente métallique, mais aussi les rampes, les balustrades. 8000 tonnes,
04:52c'est tout simplement plus que la Tour Eiffel. Maintenant, je vais être très honnête avec vous,
04:55je fais rarement du shopping au Bon Marché, à part peut-être à la librairie, merci le préjudice du
05:00livre. En revanche, je ne compte plus les fois où j'ai flanné d'un bout à l'autre de ces étages.
05:04Pardon, mais regardez ce lieu, ces coursifs tout autour de ces verrières extraordinaires. Ce n'est
05:09peut-être plus le Bon Marché des Boussicaux, mais il y a toute une atmosphère, une théâtralité
05:13presque, à laquelle c'est difficile de rester insensible, je trouve. Rien qu'avec ce célèbre
05:17escalator croisé qu'on doit à André Putman, on en pense ce qu'on veut, mais aujourd'hui il est
05:20vraiment emblématique du Grand Magasin. Et quand on monte petit à petit avec lui à travers cette
05:25cathédrale du commerce, bah les mots de Zola prennent tout leur sens. Et pour les fans d'Art
05:29Déco, il faut vraiment admirer l'annexe qui abrite la Grande Épicerie de Paris. Ce qui est drôle,
05:33c'est qu'elle a pour architecte Louis-Pauline Boileau, qui n'est autre que l'un des architectes
05:36du Lutetia, et accessoirement le fils de l'un des architectes du bâtiment principal du Bon Marché,
05:41si jamais vous suivez toujours. Il y a encore des centaines de choses à dire sur ce lieu et sur
05:45l'histoire des Boussicaux, mais la vidéo durerait 7 heures, donc je vais m'arrêter là. J'ai essayé
05:49d'en dire le plus, sans trop résumer non plus. Si le sujet t'intéresse, j'en ai déjà parlé dans
05:53une autre vidéo. Il y a une expo sur la naissance des Grands Magasins en ce moment au Musée des
05:58Arts Déco. C'est toujours pas sponsorisé, mais ça vaut le coup d'y aller. Comme d'habitude,
06:01je glisse toutes les infos en description. Et comme d'habitude, dis-moi en commentaire si tu
06:04connaissais l'histoire des Boussicaux. Écris-moi si tu veux que je m'attaque à un autre lieu de la
06:08capitale. Et surtout, abonne-toi pour plus d'histoire parisienne !

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