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Un déjeuner partagé avec Marie-José Allemand, députée socialiste des Hautes-Alpes pour parler du salon de l'agriculture et aller à la rencontre de nos paysans avec une question clef : comment relever le défi de la transmission ?
Au menu également, la transhumance une pratique séculaire qui figure au patrimoine immatériel de l'Unesco depuis 2023. Quel intérêt pour les troupeaux ? est-elle menacée par le changement climatique ?

Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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00:00Générique
00:02...
00:19Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table,
00:22l'émission qui fait pousser les discussions,
00:24qui élève au grain les réflexions sur notre production alimentaire,
00:28sur l'avenir de notre agriculture.
00:30Cette semaine, on fait la récolte avec Marie-Josée Allemand.
00:33Bonjour.
00:34Et bonjour à vous, Jean-Pierre Montaner.
00:37Vous êtes députée socialiste
00:39de la 1re circonscription des Hautes-Alpes depuis cet été.
00:43Un tout nouveau job pour vous, l'agricultrice.
00:46Enfin, une nouvelle mission, peut-être,
00:48mais qui n'a que très peu de secret pour vous,
00:50vous qui étiez l'assistante parlementaire
00:53de la députée socialiste Karine Berger de 2012 à 2017.
00:56En réalité, depuis plus de 20 ans,
00:58vous avez su nourrir votre appétence pour la politique
01:01tout en développant votre élevage de brebis.
01:03Membre du Parti socialiste cadre
01:06de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles,
01:09tout en restant proche de vos bêtes
01:11que vous élevez avec votre fils et votre mari.
01:14Mais cette fois, et pour la 1re fois,
01:16vous n'avez pas pu suivre la transhumance de votre bétail.
01:19Un sacrifice bien nécessaire pour porter vos combats ici,
01:22à l'Assemblée nationale.
01:23Vous vous opposez fermement à l'accord de libre-échange
01:26avec les pays du Mercosur
01:28et vous défendez l'amélioration des conditions de travail
01:31dans votre secteur.
01:32Sur votre compte Twitter, vous avez épinglé cette phrase.
01:35Je vous cite.
01:36Avant d'être élue, je travaillais pour un salaire
01:39qui ne dépassait pas les 1 300 euros par mois.
01:42Et c'est aussi cette France que je veux représenter.
01:45Et ça tombe plutôt bien.
01:46C'est en partageant ensemble notre déjeuner
01:49que nous allons parler de cette France et des éleveurs
01:52qui ont tout juste de quitter le salon de l'agriculture.
01:55Au menu du jour, mon cher Jean-Pierre,
01:57on trouve aussi du mouton et de la transmission.
01:59On va prendre du gigot d'agneau accompagné d'un gratin dauphinois
02:03et en dessert, du pain perdu.
02:05Il ne sera pas perdu pour tout le monde.
02:07Dans le dessous des plats, on vous emmène dans les allées
02:10du salon de l'agriculture à la rencontre de nos paysans.
02:13Ils sont particulièrement préoccupés
02:15par la transmission de leurs fermes.
02:17Nous verrons si la nouvelle loi d'orientation agricole
02:20répond à leurs attentes.
02:21Dans les pieds dans le plat,
02:22focus sur l'une des plus anciennes traditions régionales,
02:25la transhumance.
02:26Quel intérêt pour les troupeaux est-elle menacée
02:29par le changement climatique ?
02:31Voilà pour le menu.
02:32On passe à table et je vous propose de nous ouvrir l'appétit
02:35avec cuisine et confidence.
02:41D'abord, Marie-Josée Allemand,
02:43je croyais que l'on recevait une députée,
02:45mais non, pas du tout.
02:46Aujourd'hui, on a invité une athlète.
02:48Ni judoka, ni nageuse, encore que,
02:50mais éleveuse d'Auvin, car je découvre
02:53que vous avez connu la gloire au salon de l'agriculture
02:55comme une sportive aux Jeux olympiques.
02:57Vous êtes la Clarisse Agbé Nyenou,
02:59la cassante beau grand de la Porte de Versailles.
03:01Et oui, l'expression est appropriée pour une agricultrice,
03:04une moisson de médaille au concours général du salon.
03:07Cette méga compétition qui honore la meilleure rillette
03:11jusqu'au plus beau ou plus fort taureau.
03:13Bref, vous aviez déjà remporté une médaille d'argent en 2024
03:17pour votre agneau de cisteron, la belle rouge,
03:19et Robolotte Sétanié, regardez cette médaille, avec le bronze.
03:24C'est, vous dites, la récompense de 25 ans d'engagement
03:28en tant que président de l'association Ciel Azure,
03:30qui regroupe près de 80 éleveurs et près de 35 000 brebis.
03:33Alors, si on avait convié ici Paul Marchand,
03:36vous connaissez notre athlète médaillé,
03:38il ne nous aurait sans doute pas invité à boire l'eau de la piscine
03:41où il a nagé le plus vite.
03:43Tandis que vous, vous vouliez débarquer avec la bête
03:46à qui vous devez votre médaille sous la forme d'un gigot
03:48dans nos assiettes, histoire que l'on goûte
03:50ce jeune agneau de cisteron qui ne dépasse pas 150 jours
03:53et dont la chair est claire, fine et onctueuse.
03:56Mais, hélas, on n'en a pas trouvé, figurez-vous.
03:59Alors, on s'est rabattus sur de l'agneau de carci,
04:01mais ma question reste la même.
04:03Peu importe, dites-moi, pour pas venir à ce niveau de qualité,
04:06c'est du sport, non, Marie-Josée ?
04:09C'est beaucoup, beaucoup d'engagement personnel, familial.
04:13Alors, c'est pas ma médaille personnelle,
04:17c'est la médaille de l'ensemble des éleveurs de notre association
04:21qui, depuis, en fait, 35 ans, pas 25, mais 35,
04:25se battent pour faire reconnaître de la qualité,
04:29des produits de qualité.
04:30C'est vraiment une niche et c'est pour ça que,
04:32peut-être, on n'en a pas forcément trouvé ici,
04:35parce qu'il y a à peu près 300 éleveurs
04:38qui produisent de l'agneau sous signe officiel de qualité,
04:42l'agneau de cisteron,
04:43et ces éleveurs-là, ils y mettent tout leur cœur.
04:46Et ça n'aurait pas de sens que d'avoir des très gros élevages
04:50pour pouvoir apporter cette finesse du produit, en fait.
04:56Alors, on va le goûter, justement ?
04:57Alors, même si c'est pas celui de cisteron,
05:00on va quand même goûter ce plat
05:01et vous allez nous dire un petit peu ce que vous en pensez.
05:03Si c'est comme ça que vous le cuisinez aussi chez vous,
05:07madame Allemand, qu'est-ce que vous en pensez, dites-nous ?
05:09Est-ce que la viande est bonne ?
05:10La viande est très bonne.
05:11Très bien.
05:12Il manque ce petit goût de Provence, mais c'est pas grave.
05:15Est-ce que vous dites ça pour la forme ou est-ce qu'à la veuge,
05:18vous pouvez reconnaître, on peut reconnaître deux agneaux,
05:21le carcier, le cisteron, la belle rouge ?
05:23Ces deux agneaux sont des agneaux sous signe officiel de qualité,
05:27donc le cahier des charges est proche.
05:29La chose qui différencie, c'est les bêtes, en fait,
05:34la provenance des races.
05:37Donc, nous, on est sur des races qui sont très locales,
05:40puisque c'est une IGP, c'est protégé.
05:42C'est ce que j'allais vous dire, parce qu'on comprenne bien,
05:44cet agneau de cisteron, dont vous êtes la spécialiste,
05:47c'est une appellation d'origine protégée,
05:49par une indication géographique protégée, c'est ça ?
05:52Tout à fait.
05:53En fait, ça détermine vraiment une zone, un territoire.
05:59Et dans ce territoire, donc, c'est principalement les Hautes-Alpes
06:02et les Alpes d'Outre-Vence.
06:04La Drôme-Provençale, non ?
06:05Un petit peu de Drôme, un petit peu des Bouches-du-Rhône.
06:08Ah oui, aussi.
06:09Mais vraiment, les pourtours, on va dire,
06:12ça reste en PACA, en Provençale Pécole d'Azur.
06:16Et c'est vraiment un secteur typique.
06:20Le bassin de production, il est là.
06:21Les deux gros départements, c'est 0405,
06:25qui produisent cet agneau de...
06:29Pour que les téléspectateurs comprennent bien,
06:31il faut que cet agneau soit né, élevé et abattu.
06:34Tout à fait.
06:36Il faut toute la chaîne dans ce territoire-là.
06:38Exactement.
06:39Et puis, il n'y a pas que ça.
06:40Donc, on a nos trois races locales sur les mers.
06:44Et puis, on a aussi l'alimentation.
06:46Alors, j'allais vous demander, dans le cahier des charges,
06:49pour faire cet agneau de cisteron,
06:51il faut aussi donner, nourrir ces bêtes
06:54d'une manière très spécifique.
06:55Très spécifique.
06:56Le foin qu'on donne l'hiver, qu'on donne à manger l'hiver,
07:01est produit dans cette zone de l'IGP.
07:04Elles peuvent aller en alpage.
07:06Et puis, c'est surtout les bêtes dont on va aller dehors.
07:09Elles doivent profiter.
07:10Les animaux doivent courir dans la nature.
07:13Très peu de bêtes par hectare.
07:14Je crois que c'est moins de 10.
07:16Ce n'est pas la surpopulation.
07:18Exactement.
07:19Et c'est de l'élevage qu'on appelle extensif.
07:21C'est-à-dire qu'on profite des territoires.
07:24Les bêtes vont en alpage.
07:26Et c'est vraiment très, très encadré.
07:29On ne peut pas sortir de ce cadre-là.
07:32Non, c'est plus de l'agneau de cisteron.
07:34Exactement.
07:35Est-ce qu'on peut dire que vos brebis sont bio ?
07:39Elles s'y ressemblent.
07:40On n'est pas en démarche bio,
07:43mais on est en démarche de HVE,
07:47donc haute qualité environnementale.
07:50Quelle est la différence ?
07:51Disons qu'on n'a pas sauté le pas pour faire du bio.
07:55Et aujourd'hui, malheureusement,
07:56la filière bio est en très grosse difficulté.
08:01Et nos éleveurs rebasculent en labelle rouge
08:05pour pouvoir avoir des débouchés,
08:06parce que le bio, ça coûte aussi très cher.
08:08Évidemment.
08:09La production est basse,
08:12puisqu'on privilégie le produit aussi.
08:15Et de ce fait, on se retrouve face à une filière
08:20qui est un produit qui est cher
08:22quand on a peu de pouvoir d'achat.
08:23C'est compliqué.
08:24Malheureusement, on se rabat sur des produits moins chers.
08:30Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
08:31la filière est vraiment en très, très grosse difficulté.
08:34Il y a un chiffre qu'on comprenne bien,
08:35que ce qu'a apporté l'IGP.
08:37Il faut savoir qu'avant 2007, date de cette IGP,
08:40vous aviez 400 000 agneaux
08:41qui arrivaient d'autres régions aux abattoirs de Cisteron
08:44avec des producteurs qui se disaient
08:46« Tiens, je veux les abattre là. »
08:47Et comme ça, derrière,
08:48parfait, l'étiquette Cisteron.
08:50Et ça, ça a disparu.
08:51Est-ce que c'est complètement éradiqué
08:53ou il y a encore un peu de...
08:54Non, ce n'est pas possible.
08:55Ce n'est pas possible.
08:57Il y a toujours de l'abattage sur Cisteron.
08:58Oui, bien sûr.
08:59Mais ils ne pourront pas avoir le...
09:00Cisteron est un très, très gros abattoir.
09:02Mais aujourd'hui, pour avoir l'identifique...
09:06D'ailleurs, ce ne sont que les agneaux
09:08qui ont cette étiquette-là.
09:09Oui, bien sûr.
09:10Et c'est surtout...
09:11Comment dirais-je ?
09:13Ils doivent répondre au cahier des charges.
09:14C'est-à-dire que quand ils naissent,
09:17ils ont une médaille.
09:18Il y a une traçabilité de l'agneau
09:21tout au long de sa vie.
09:24Et si cet agneau n'a pas été déclaré par l'éleveur
09:27et qu'on n'arrive pas à retracer, en fait,
09:29où est l'éleveur, quel éleveur, où est la mère...
09:32Toute sa lignée.
09:33On a toute sa lignée
09:34dans son carnet d'agneulages.
09:36On ne peut pas le labelliser.
09:37C'est vraiment très, très strict.
09:39Le cahier des charges, il est pour l'éleveur,
09:41il est pour l'abattoir,
09:42il est aussi pour les distributeurs.
09:44Et le consommateur, à la fin, qui sait ce qu'il mange.
09:46Et le consommateur, par le biais du label rouge,
09:49donc, il commence par...
09:51Le marquage, c'est un 04.
09:53Voilà.
09:55Par ce marquage-là,
09:56on sait que c'est de l'agneau label rouge
09:58et pas autre chose.
10:00Voilà.
10:01Donc, c'est vraiment...
10:03On peut retracer, on peut arriver jusqu'à la ferme
10:05pour retrouver l'éleveur,
10:06qui est le père de...
10:09Je vous ai souvent entendue parler,
10:11dans de précédentes émissions,
10:13même dans d'autres articles,
10:14de vos bêtes, de vos brebis,
10:16que vous appelez vos bébés.
10:17Ah oui, c'est mes filles.
10:18C'est mes filles.
10:20Ce sont vos filles.
10:21Est-ce que ça vous embête pas de les manger ?
10:23Non, parce que...
10:24Comment vous distinguez ?
10:25Non, mais parce que je trouve ça très beau.
10:28Je vous ai vues et je vous ai lues,
10:30en parlant avec le coeur.
10:31Comme vous venez de le faire là,
10:32ce sont vos filles.
10:33Elles se retrouvent dans votre assiette.
10:34Comment on fait ?
10:36On garde les mères.
10:37Les mères, quand elles arrivent chez nous,
10:39on les garde jusqu'à la fin de leur vie.
10:41D'accord.
10:42Elles meurent chez nous.
10:44C'est nos animaux.
10:47Un éleveur...
10:48Moi, je suis capable de vous dire, dans mon troupeau,
10:50s'il y a des bêtes qui ne sont pas à moi.
10:52On les connaît.
10:54On le sait.
10:55On a quelques coquines aussi,
10:56parce qu'on a toujours des animaux à privoiser.
11:00On sait, on connaît nos animaux.
11:03On les aime, on les connaît.
11:05Moi, c'est une passion.
11:07Vous avez parlé tout à l'heure de la transhumance.
11:10Ça a été un déchirement de voir partir les camions à l'Alpa.
11:14Je sens y aller.
11:15Première fois depuis 35 ans que je ne fais pas une transhumance.
11:18Ça a été terrible.
11:20Mais de notre côté, bon, voilà.
11:22Comment on fait pour les manger ?
11:23Comment on fait pour manger cette viande derrière ?
11:25On fait abstraction.
11:27On fait abstraction.
11:30Il y a l'élevage.
11:32C'est aussi ce qui nous nourrit, finalement,
11:34parce qu'à un moment donné,
11:36il faut des agriculteurs pour nourrir les gens.
11:40On est là pour nourrir et pour nourrir.
11:42Et le mieux, on les nourrit.
11:44Nous, c'est notre dada.
11:45On fait de l'agneau sous la Belle-Rouge,
11:47mais aussi on fait des blés en qualité de la Belle-Rouge.
11:50Notre vocation, nous, sur notre ferme,
11:54c'est de faire de la qualité.
11:56On en fait moins, mais on le fait correctement.
11:59Je rebondis sur cette question parce qu'effectivement,
12:01ça touche, mais il y a de l'affect.
12:03On le sent, mais est-ce que le plus dur,
12:04c'est pas forcément peut-être de le manger,
12:05c'est de voir ces bêtes partir à l'abattoir ?
12:08Non, parce que, vous savez, on se fait une raison.
12:12Le plus dur, je dirais, c'est le premier.
12:14Après, on se fait une raison.
12:16Ça fait partie du métier.
12:17Après, vous savez, quand il y a une bête qui nous affecte,
12:21par exemple, on a aidé à naître,
12:24on a des fois plus d'affinité avec certains animaux,
12:29on les garde, elles restent dans le troupeau.
12:32On est comme tout le monde, on aime nos animaux.
12:35Là, on a un plat typique que vous avez choisi,
12:39je crois, en préparant cette émission,
12:43que vous cuisinez bien d'autres choses, n'est-ce pas ?
12:45Dites-nous un peu ce que vous faites.
12:47Qu'est-ce que je fais ?
12:48J'aime beaucoup faire des plats qui mettent du temps à cuire
12:53parce que pendant ce temps-là, on fait autre chose.
12:55Donc, préparer, c'est de l'adobe,
12:59c'est une ratatouille du jardin,
13:02mais c'est quelque chose d'extraordinaire.
13:04J'ai mon jardin personnel, mon potager.
13:06Le matin, c'est ma petite heure tranquille au lever du jour.
13:11On va passer une heure dans le jardin,
13:14on décompresse, et après, on mange des produits,
13:17des tomates qui sortent de votre jardin.
13:19Si je comprends bien, vous ne faites jamais vos courses.
13:22Vous n'êtes pas en autarcie, quand même.
13:24On n'est pas en autarcie, quand même, mais on aime...
13:27Moi, je fais mes courses aussi,
13:30mais la viande, on privilégie les collègues
13:33qui produisent de la viande avec des colis.
13:35Super.
13:36Donc, on vient en vente directe.
13:38On a aussi nos poules, enfin, nos produits de la ferme,
13:43mais on est comme tout le monde.
13:45Moi, je vais au marché.
13:46C'est un peu compliqué maintenant, je l'avoue,
13:48mais je vais au marché, je vais acheter des légumes.
13:51Quand c'est la saison, on trie aussi, on fait attention,
13:54mais la plupart du temps, l'été, on n'achète pas de légumes,
13:58parce qu'on les a dans notre potager,
14:00et puis c'est tellement bien...
14:02C'est super.
14:03Lorsqu'on consomme sa propre production,
14:06c'est d'une satisfaction incroyable.
14:10Vous êtes aussi médaillée au fourneau ?
14:12Vous avez une médaille d'or pour votre plat ?
14:14Non.
14:15Vous êtes modeste. Je suis sûr que vous cuisinez très bien.
14:18Ça va.
14:19Je m'en sors.
14:21On a compris.
14:22Oui, voilà.
14:23Après, on a souvent la problématique aussi de...
14:26Quand on arrive, on arrive tous ensemble,
14:29avec mon conjoint et avec mon fils.
14:33C'est le premier qui arrive, qui se met au fourneau.
14:36Pour le coup, j'ai un fils qui adore cuisiner aussi,
14:39qui adore manger, qui adore la même cuisine avec ses copains.
14:42C'est la compète, alors, en cuisine.
14:44C'est génial.
14:46Chez les Allemands.
14:48Moi, ça m'arrange aussi quand c'est les garçons qui cuisinent.
14:52Mon conjoint aussi cuisine.
14:54Mais qu'est-ce qu'il y a de plus agréable ?
14:56D'arriver et de mettre les pieds sous la table
14:58quand ça a été cuisiné par quelqu'un d'autre.
15:01C'est des produits...
15:02On a quand même cette chance, quand on est agriculteur,
15:05d'avoir des bons produits de nos exploitations.
15:09C'est quand même vraiment une chance.
15:11Qu'est-ce que vous faites de la laine des moutons ?
15:15C'est une petite complication qu'on a dans notre métier.
15:20Pourquoi ?
15:21La laine est considérée comme un sous-produit dans notre pays,
15:24contrairement à l'Australie, par exemple.
15:26Aujourd'hui, les éleveurs n'ont plus de débouchés dans notre pays.
15:30Il n'y a plus de débouchés, il n'y a plus personne qui achète la laine
15:35parce qu'il faut la laver, puisqu'il faut enlever le soin.
15:38C'est une vraie...
15:39Laisser derrière.
15:40La laine, c'est vraiment... On part d'un produit brut.
15:43Il y a beaucoup de manipulations et d'étapes.
15:47C'est à la sortie un produit qui est très cher.
15:51Nous, on a la chance d'avoir des Merinos d'Arles.
15:54La laine Merinos, elle se vend,
15:56mais l'année dernière, c'était 50 centimes le kilo, par exemple.
16:00Voilà.
16:01Aujourd'hui, on a le coutume de dire que la vente de la laine
16:06paie les tondeurs qui viennent tondre les brebis dans nos exploitations.
16:10Ce n'est plus le cas. Malheureusement, ce n'est plus le cas.
16:13C'est quand même une difficulté.
16:15On a beaucoup d'éleveurs qui ont leur laine sur les bras,
16:18qui ne peuvent pas la vendre.
16:20Moi, j'espère que petit à petit,
16:23on arrivera à faire pas que de l'habillement avec cette laine,
16:27mais aussi faire de l'isolation,
16:29parce qu'il y a quand même un marché.
16:31On a de la demande pour faire...
16:33Convertir cette laine en isolation,
16:36faire de l'isolation des bâtiments.
16:38Voilà.
16:39Si on peut faire un appel,
16:41développons ce marché-là,
16:43parce qu'on en a besoin, nous aussi,
16:45parce qu'il n'y a pas que ça.
16:48Il faut qu'on puisse avoir d'autres débouchés avec la laine,
16:52pas que la filière texile.
16:54Bien sûr.
16:55Je voudrais revenir avec vous,
16:57tant qu'on a compris que cette laine, c'est dommage, est sous-évaluée,
17:02sur une recette emblématique.
17:04Je pensais qu'on aurait droit à ça, peut-être,
17:07c'est les paquets de cisterons.
17:09On se dit, qu'est-ce qu'on mange ?
17:11J'en ai jamais entendu parler.
17:13Qu'est-ce que ce sont, les paquets ?
17:16Alors, c'est, là aussi,
17:18la transformation du sous-produit.
17:20Donc, ce sont des pieds d'agneau et de veau
17:23qui sont mijotés avec les paquets.
17:25En fait, c'est de la pince d'agneau
17:28qu'on farcit.
17:30On met une farce avec de l'ardon,
17:32un peu de tout dedans.
17:34On fait une petite farce.
17:36On fait un paquet avec une ficelle
17:38et on fait tout ça pendant 10 heures.
17:41Il faut que ça mijote.
17:43Ca, vous les faites vous-même ?
17:45Bien sûr.
17:47Mais là, il faut vraiment avoir le temps.
17:49Il faut bien laver ses produits
17:52pour enlever toute forme de goût.
17:54Après, on fait une sauce.
17:56Nous, on fait une sauce tomate
17:58avec de la tomate dedans.
18:00C'est presque un plat qui se prépare la veille, non ?
18:04Ah oui.
18:06Le réchauffer est toujours très bien,
18:08quel que soit le produit.
18:10Lorsque c'est des plats mijotés,
18:12il faut les réchauffer.
18:14C'est encore meilleur le lendemain.
18:17Les pieds paquets de Sistebon ont leur réputation.
18:19Avec des pommes de terre, c'est excellent.
18:21Quand vous reviendrez, on dégustera ça.
18:23Revenons plutôt à cette belle assiette.
18:25Pour faire un bon gigot d'agneau,
18:28il faut savoir 3 choses que vous allez nous dévoiler.
18:30Je parle sous le contrôle d'une pro
18:32de l'agneau et du gigot.
18:34D'abord, toujours la veille,
18:36mariner votre gigot selon vos goûts et vos envies
18:38dans une marinade à base d'herbes.
18:41Par exemple, thym, origan,
18:43mais des épices aussi, si on veut le faire à l'oriental.
18:46Du cumin, de la badiane, du za'atar,
18:48du miel aussi pour un gigot d'agneau
18:50un peu sucré-salé.
18:53Certains aiment beaucoup.
18:55De l'huile, bien sûr, et du vin, pourquoi pas.
18:57Vous couvrez la viande avec du film alimentaire
18:59et vous laissez reposer 24h.
19:01Le lendemain, pensez bien à sortir votre gigot
19:04au moins 1h avant de le mettre au four.
19:06Il faut que la température de la viande
19:08redevienne normale
19:10avant de subir le choc thermique du four.
19:12Surtout, encore, je parle sous le contrôle,
19:14ne faites pas ce que beaucoup font à tort,
19:17c'est-à-dire de piquer le gigot d'agneau
19:19pour y mettre de l'ail.
19:21Effectivement, ça tombe un peu sous le sens.
19:23C'est meilleur l'ail, mais du coup,
19:25vous allez faire des trous dans votre gigot
19:28et le jus en cuisant va s'écouler par ces trous
19:30et il sera plus sec.
19:32Mettez plutôt vos gousses d'ail autour de l'agneau
19:35qui vont confire dans le jus et la graisse
19:37de l'agneau
19:39et ça sera beaucoup mieux.
19:41Ne jamais saler, c'est toujours dans le même ordre d'idée,
19:43ne jamais saler aussi votre gigot
19:46parce que ça peut le dessécher.
19:48Enfin, si vous n'avez pas fait mariner votre gigot,
19:50pratiquez-le avant de cuire un petit massage à l'huile.
19:52Puis on l'enfourne autour de 240°C
19:54pour le saisir pendant 15 minutes
19:57puis on poursuit la cuisson à un peu moins
19:59200°C, 180°C
20:01et il faut compter environ 15 minutes
20:03de cuisson de votre gigot de viande, un peu moins
20:05si vous les met rosés, mais je crois que ce n'est pas votre cas.
20:07Il est érosé, vous les met plus cuits
20:10et puis il y a le fameux gigot de 7 heures,
20:12alors là, on le fait cuire 7 heures,
20:14il devient fondant.
20:16Vous avez tout compris, là, c'est plutôt de la basse température
20:18et on part plutôt sur un thermostat à 120°C.
20:21Il a tout bon ?
20:23Il a tout bon, mais le meilleur,
20:25c'est quand même nature.
20:27C'est-à-dire rien ?
20:29Pas d'ail, rien du tout ?
20:32Pas de badiane, pas de cumin, pas de miel, pas de vin,
20:34c'est l'éleveuse qui parle.
20:36Très bien, c'est noté aussi.
20:39Pour accompagner ce plat, vous nous avez apporté
20:41un vin rouge qui porte votre nom,
20:43c'est-à-dire que vous faites du vin aussi ?
20:45Non, pas du tout, c'était un clin d'œil
20:47à aussi une viticultrice de mon département.
20:50Alors expliquez-nous, je vais la montrer
20:52à l'antenne, cette bouteille.
20:54Domaine allemand, qu'est-ce qu'on boit exactement ?
20:56Expliquez-nous, c'est quoi ?
20:58Pour cette bouteille,
21:00c'est un assemblage
21:03de 3 cépages différents,
21:05mais le principal cépage,
21:07c'est le mollard,
21:09ça veut dire petit mont ou petite montagne,
21:11et la particularité, c'est qu'il n'y en a
21:14que 15 hectares dans le monde.
21:16Il n'y en a que 15 hectares dans le monde ?
21:1815 hectares dans le monde,
21:20chez nous, et donc Laetitia Allemand,
21:22qui a remis au goût du jour ce cépage,
21:25et c'est un cépage
21:27qui a un vrai avenir,
21:29parce que...
21:32Il est résilient.
21:34Exactement, il est résilient à la sécheresse,
21:36c'est un cépage,
21:38c'est des vignes qui fleurissent
21:40un peu plus tardivement,
21:43donc on évite les gelées de printemps,
21:45et puis il est de l'altitude,
21:47il s'adapte très bien chez nous à l'altitude,
21:49et c'est vraiment quelque chose
21:51qui est typique
21:54du terroir des Hautes-Alpes.
21:56Avec le réchauffement climatique, c'est peut-être
21:58un terroir qui est peut-être amené à s'agrandir un peu ?
22:00Exactement.
22:02C'est ça l'idée, c'est de développer ce terroir,
22:04de développer ce cépage, parce qu'encore une fois,
22:07la résilience au réchauffement climatique,
22:09aujourd'hui, on en a besoin,
22:11parce que de toute façon,
22:13il faut qu'on avance, on le voit toutes les années,
22:15c'est de pire en pire,
22:18donc il a un véritable avenir,
22:20et puis c'est vraiment
22:22un clin d'oeil à Laetitia Allemand,
22:24qui elle aussi est vigneronne,
22:26finalement,
22:28et dans cette profession qui est quand même assez masculine,
22:31aujourd'hui, la place des femmes,
22:33et on arrive aussi à la journée du liman,
22:35c'est vraiment une figure
22:37emblématique de notre département,
22:39sur ces cépages-là,
22:42et franchement, moi, c'était un petit coup de...
22:44On aime les coups de coeur, vous l'avez goûté ?
22:46Il est délicieux.
22:48En plus, il est très bon, je ne sais pas...
22:50Il est peut-être rare en termes de superficie,
22:53mais il est rare en goût aussi.
22:56Ca marche très bien avec l'ail.
22:58Après le nectar des Alpes sur nos papilles,
23:00je vous propose maintenant
23:02d'abreuver nos esprits avec les quiz.
23:04...
23:07...
23:09Alors, les quiz.
23:11En tant qu'habitué du concours général agricole,
23:13on l'a vu avec votre médaille de bronze
23:15argent l'an dernier, sauriez-vous nous dire
23:18si ces affirmations sont vraies ou fausses
23:20à propos des concours culinaires ?
23:22C'est vous qui passez le concours.
23:24Mof, meilleur ouvrier de France,
23:26est plus qu'un concours, en fait.
23:28C'est aussi un diplôme d'Etat.
23:31Est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ?
23:33Je dirais que c'est faux.
23:35C'est vrai ? D'accord.
23:37C'est très important, parce que non seulement
23:39vous avez le titre honorifique, mais c'est un diplôme d'Etat.
23:42Donc voilà, Mof, c'est pas bof.
23:44B, le championnat du monde
23:46de pâté en croûte existe depuis 1970.
23:48C'est fort possible.
23:50Alors, faux.
23:53Il est très récent.
23:56C'est avec la mode des concours qu'en 2009...
23:58Mais il existe quand même.
24:00Il existe depuis 2009, c'est très récent.
24:02Cette congrégation a décidé de faire des concours
24:04et aujourd'hui, il est très prisé.
24:07C'est très compliqué.
24:09Ce sont surtout des Japonais qui gagnent.
24:11Depuis la création du Bocuse d'or en 1987,
24:13c'est un beau prix au Syrah de Lyon,
24:15ce sont des chefs japonais
24:18qui sont majoritairement récompensés.
24:20Est-ce que c'est vrai ou faux ?
24:22Faux, oui.
24:24Ce sont des Français, 9 fois,
24:26donc cette année avec Paul Marcon
24:28et beaucoup de Scandinaves qui sont très bons au Bocuse d'or.
24:31Enfin, D, le vainqueur 2024 de Top Chef,
24:33le plus médiatique des concours,
24:35est Hugo Riboulet,
24:37le dernier vainqueur de Top Chef.
24:39Vous n'en regardez pas la télé ?
24:42Très peu, j'avoue que je regarde très peu la télé.
24:44Alors c'était faux.
24:46C'était le bordelais Jorick Dorignac
24:48qui a été vainqueur en 2024
24:50et qui avait été primé en 2023.
24:52C'était pour les experts.
24:55Je vous propose de passer au fromage.
24:57Dans le quiz qui va suivre,
24:59en tant qu'éleveuse de brebis,
25:01on s'est dit avec Jean-Pierre
25:03que vous étiez forcément amatrice de Roquefort.
25:06Alors, sauriez-vous nous dire
25:08si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
25:10Petit A, comme vous le savez,
25:12le Roquefort a été le premier fromage
25:14à être protégé dès 1925.
25:17Aujourd'hui, 75 fromages français
25:19bénéficient d'une AOP.
25:21C'est vrai ou c'est faux ?
25:23C'est possible.
25:25C'est moins.
25:27C'est 45, comme l'Abondance, le Chahours,
25:30le Comté ou encore le Saint-Nectaire.
25:32Vous voyez, dans notre département,
25:34on a un fromage,
25:36c'est le Bleu du Kéra
25:38qui est en train de demander cette reconnaissance.
25:41Ça fait 8 ans
25:43qu'ils y travaillent,
25:45qu'ils ont lancé la démarche
25:47et ça sera le Bleu du Kéra.
25:49Le 46e.
25:51Exactement, le 46e.
25:54On leur souhaite de l'obtenir.
25:56Petit B, lors de l'exposition universelle de Paris
25:58en 1867,
26:00le Roquefort avait droit à son propre pavillon
26:02avec la reconstitution d'une cave
26:05et la présence d'une brebis du Larzac.
26:07C'est vrai ou c'est faux ?
26:09On peut dire que c'est faux.
26:11C'est vrai.
26:13Je vous propose qu'on inverse les réponses.
26:16On va inverser toutes vos réponses.
26:18Ça marque le début du Storytelling
26:20autour de ce fromage.
26:23Petit C, à la veille de la Première Guerre mondiale,
26:25la production explose
26:27et Roquefort Société entre dans le top 100
26:29des plus grandes entreprises privées françaises.
26:31Pourquoi pas ?
26:34C'est vrai.
26:36Même au 93e rang.
26:38Et seule entreprise de l'agroalimentaire.
26:40Petit D, en 1913,
26:42la première ville à l'étranger
26:44consommatrice de Roquefort est Copenhague.
26:47...
26:49...
26:51Je dirais pourquoi pas aussi.
26:53Mais peut-être pas.
26:55Non, parce qu'il y avait New York en 1er,
26:58Copenhague en 2nd
27:00et Buenos Aires en 3.
27:02C'est drôle, Copenhague. Pourquoi les Danois adorent Roquefort ?
27:04Vous avez la réponse ?
27:06Non, mais le fromage est tellement bon...
27:09C'est tellement bon, de toute façon...
27:11Et les Américains adorent, c'est dingue.
27:13Le Roquefort à New York...
27:16Un petit peu de moisissure, ça donne du goût.
27:18C'est pas n'importe laquelle.
27:20Bien sûr, c'est de la bonne moisissure.
27:22On voyage beaucoup dans cette émission.
27:24On voyage aussi dans vos alpages
27:27et dans le monde entier.
27:29On vient de l'entendre, mais aussi dans vos souvenirs.
27:31C'est tout de suite dans la Brève de Comptoir.
27:33...
27:35Madame Allemand, pour préparer cette émission,
27:38on vous a demandé de plonger dans votre mémoire
27:40et de nous raconter un événement.
27:42Une anecdote qui mêle cuisine et politique.
27:44Et vous nous emmenez dans vos montagnes.
27:46Dans nos alpages.
27:49Assise dans l'herbe, c'est ça ?
27:51Pratiquement, oui, tout à fait.
27:53En fait, c'est pas vraiment de la cuisine.
27:55Mais en 2015,
27:57la députée Karine Berger,
28:00pour s'inspirer,
28:02pour comprendre le sujet de la transhumance des alpages,
28:04me propose de nous accompagner en alpage
28:06et d'emmener un ami.
28:08Bon, très bien.
28:11Et l'ami, c'était le préfet des Hautes-Alpes.
28:13Donc, on s'est retrouvés pour faire la transhumance.
28:16Donc, il y a quand même 8 km,
28:18et ça dure quand même 4 heures,
28:20à transhumer,
28:22à mener les bêtes à l'alpage.
28:24Et donc, à la fin, on pique-nique.
28:27Quand on arrive en alpage, on pique-nique.
28:29Et donc, c'était assez cocasse
28:31de sortir notre pique-nique au milieu de l'herbe,
28:33au milieu des brebis,
28:35et de manger avec le préfet, la députée,
28:38à 2 000 m d'altitude,
28:40au milieu des brebis.
28:42C'était vraiment...
28:44Qu'avez-vous mangé ? C'était un pain avec fromage ?
28:46Non, non.
28:48Une transhumance, c'est quand même un moment
28:51qui est extrêmement convivial,
28:53puisque c'est une fête, quand même.
28:55On emmène nos amis,
28:57les proches se joignent
28:59à ce grand moment de la montée en esti.
29:02Et c'était vraiment...
29:04Enfin, c'était rigolo,
29:06parce qu'on pique-niquait,
29:08et tout le monde était là, autour de la table,
29:10à parler de la pluie, du beau temps,
29:12alors que finalement, c'était des personnalités.
29:15On aurait peut-être imaginé
29:17qu'il fallait un peu plus de code
29:19et puis enrober un peu les propos.
29:21Pas du tout.
29:23Ca a été vraiment très franc.
29:26On en a oublié un peu le statut de chacun.
29:28Et c'était très rigolo.
29:30Et puis la redescente se fait dans les 4-4,
29:32dans la benne du 4-4.
29:34C'est pas très souple.
29:37Mais c'était vraiment
29:39le comique de situation.
29:41Après, quand vous rencontrez les personnes
29:44dans un autre cadre, vous vous dites
29:46que c'est vrai qu'on a fait ça.
29:48Mais le préfet n'avait pas gardé son uniforme.
29:50Non, il était tranquille.
29:52En permuda.
29:55Oui, tout à fait.
29:57On lui a donné un bâton pour conduire.
29:59Voilà.
30:01L'expérience qu'il a dû garder en mémoire aussi.
30:03On l'imagine.
30:06On quitte les Alpages.
30:08Direction la porte de Versailles à Paris
30:10pour un salon que vous connaissez bien.
30:12On en a parlé en début d'émission.
30:14Le très célèbre salon de l'agriculture.
30:17Un rendez-vous moins agité que l'année dernière.
30:19Même si les paysans ont toujours de nombreuses inquiétudes.
30:21On les écoute tout de suite
30:23dans Le Dessous des Plains.
30:30La plus grande ferme de France
30:33nous a ouvert ses portes.
30:35Le salon de l'agriculture s'est tenu
30:37dans un climat relativement apaisé.
30:39Tous les participants avaient en tête
30:42la loi d'orientation agricole
30:44tout juste adoptée par le Parlement.
30:46C'est notamment le volet sur l'installation
30:48et la transmission des exploitations
30:50qui a particulièrement retenu l'attention
30:53de nos agriculteurs et agricultrices
30:55qui se sont exprimés au micro
30:57de Dario Bourgogno et Raphaël Lisanbar.
30:59Connu pour ses cochons, ses vaches
31:01ou ses visites à l'agriculture,
31:03le salon de l'agriculture accueille
31:06surtout chaque année plus de 1 000 exposants.
31:08Des agriculteurs qui sont pour certains
31:10proches de la retraite transmettent sa ferme.
31:12Une équation parfois difficile
31:14dont la réponse est souvent la famille.
31:17On a toujours donné des coups de main
31:19à la ferme.
31:21Si on s'installait, c'était plutôt évident
31:23de s'installer sur la ferme familiale.
31:25Mais la transmission peut être compliquée.
31:28Vincent a une petite exploitation
31:30mais doit aussi travailler à côté
31:32en tant que chauffeur laitier,
31:34rythme de vie épuisant, alors qu'on son fils
31:36lui a annoncé qu'il voulait lui succéder.
31:38J'étais pas trop chaud qu'ils reprennent la ferme
31:41parce qu'ils seraient obligés de faire comme moi
31:43de travailler à l'extérieur pour vivre.
31:45On tire pas un salaire de la ferme.
31:47Alors je paye mes emprunts,
31:49j'ai pas de difficulté à rembourser
31:52mes emprunts, mais je tire rien du tout
31:54pour un centime de la ferme.
31:56Autre option, un repreneur extérieur.
31:58C'est le cas pour Philippe et ses brebis
32:01dont l'exploitation sera reprise par un jeune de 25 ans
32:03qui ne vient pas d'une famille du milieu agricole.
32:05L'idée, c'est que dans un an,
32:07il soit à la tête de l'exploitation.
32:10Si je dois finir salarié pendant 2 ans
32:12pour accompagner le jeune,
32:14ça me dérange pas du tout.
32:16Ce qui permet de travailler ensemble
32:18pour connaître les choses,
32:21que je lui transmette certaines choses
32:23et que j'accepte certains changements.
32:25S'installer revient surtout à investir beaucoup d'argent,
32:27pas évident pour un jeune actif.
32:29Si on a des jeunes, 30% d'apport pour s'installer
32:31sur des structures qui sont à 1 million d'euros,
32:34quelqu'un qui s'installe, qui arrive,
32:36qui a 25 ans, il peut pas avoir autant de capitaux.
32:38Donc nous, clairement, si on avait pas eu
32:40des prêts familiaux, j'aurais pas pu m'installer.
32:42La transmission se joue aussi dans la confiance
32:45des banques pour les futurs exploitants.
32:47C'était le cas du propriétaire de la vache
32:49et jérie de cette année, Oupette.
32:51Il y a le cheptel, le matériel, le bâtiment,
32:53ça chiffre énormément.
32:56Les banques ont du mal à garantir le financement
32:58pour que le jeune puisse s'installer.
33:00Donc si on n'avait pas eu une banque conciliante,
33:02Oupette serait peut-être pas là aujourd'hui.
33:04La loi d'orientation agricole adoptée début 2025
33:06prévoit d'accompagner les jeunes exploitants.
33:09Une urgence quand on sait que plus de la moitié
33:11des agriculteurs seront à la retraite dans 10 ans.
33:16L'idée, c'est de maintenir 400 000 exploitations
33:18d'ici à 2035.
33:20Vous travaillez avec votre fils.
33:23Est-ce que l'idée, c'est de lui transmettre
33:25votre exploitation ?
33:27C'est le départ, j'avoue.
33:29Quand il nous a annoncé qu'il allait reprendre la ferme,
33:31ça nous a fait...
33:33Je ne vais pas dire un choc.
33:36On s'est dit, comment on va faire ?
33:38Notre exploitation agricole est en zone périurbaine.
33:40Ça veut dire qu'on a des gens
33:42qui ne sont pas forcément agriculteurs
33:44qui viennent s'habiter autour des bâtiments,
33:47autour de la ferme,
33:49avec les problèmes qu'on rencontre
33:51sur la cohabitation.
33:53Mais après, on s'y fait.
33:56On voit qu'aujourd'hui,
33:58il est heureux d'être à nos côtés.
34:00On a l'impression
34:02qu'il est né pour ça.
34:05Il est né pour ça.
34:07On en est très fiers.
34:09On est très fiers de Thomas.
34:11Parce que...
34:13Voilà.
34:16Transmettre sa passion
34:18à ses enfants
34:20et ses sœurs viennent aussi.
34:22C'est vraiment le cercle familial.
34:24On a des gros coups de manutention.
34:27La tonte, la montagne d'alpage.
34:29Il faut de la main-d'oeuvre.
34:31Il faut du monde.
34:33Ses sœurs répondent présentes.
34:35Elles viennent, elles l'aident.
34:38C'est beau.
34:40La famille autour de la solidarité.
34:42C'est très beau, mais est-ce que c'est facile ?
34:44Non, ça ne sera pas facile.
34:46Nous, on se dit, comment il va faire ?
34:49Nous, on a toujours été tous les deux,
34:51avec mon conjoint, pour l'exploitation.
34:54Même si on s'est toujours gardé la possibilité
34:56que moi, je puisse travailler ailleurs.
34:58J'ai travaillé ailleurs pour faire bouillir la marmite.
35:00Vous l'avez dit tout à l'heure,
35:021300 euros par mois, on nous impose
35:05de prendre cette somme-là parce que nous sommes en société.
35:07Mais on la re-injecte derrière.
35:09Parce que...
35:11Sinon, ça ne tourne pas.
35:13Non, ce n'est pas possible.
35:16On ne peut pas sortir 3 salaires de 1300 euros par mois.
35:18Vous vous rendez compte.
35:20On n'a pas ce revenu
35:22qui suit.
35:24On a beaucoup
35:26de cas
35:29d'agriculteurs qui n'y arrivent pas
35:31à joindre les deux bouts. Malheureusement, on le sait.
35:33C'est un suicide tous les deux jours.
35:35J'ai une pensée
35:37pour un collègue
35:40qui est parti dimanche.
35:42De cette façon-là,
35:44on n'arrive pas à vivre
35:46de nos exploitations agricoles.
35:48C'est un vrai souci de savoir
35:51qu'on a notre fils qui reprend la ferme.
35:53Comment il va le faire ?
35:55On sait que sa compagne travaille à l'extérieur.
35:58Ça fera bouillir la marmite, évidemment.
36:00Mais comment il va le faire tout seul ?
36:02Les animaux demandent beaucoup de main-d'oeuvre.
36:04Beaucoup de temps.
36:06Ca veut dire qu'aujourd'hui,
36:09la loi d'orientation agricole ne répond pas à vous ?
36:11Bien sûr que non.
36:13En quoi ? Qu'est-ce qui vous manque ?
36:15Moi, j'ai voté contre cette loi.
36:17J'estime qu'on est allés trop vite.
36:20Trop vite à la fin.
36:22On ne parle pas de revenu.
36:24C'est quand même pour cela
36:26que les agriculteurs se sont battus
36:28et ont été dans la rue l'année dernière.
36:31La colère du revenu, elle existe.
36:33La loi n'est pas à la hauteur.
36:35La transmission, on n'en parle que très peu.
36:37Pourtant, c'est dans le titre.
36:39Le projet de loi s'intitule
36:42d'orientation pour la souveraineté en matière agricole
36:44et le renouvellement des générations en agriculture.
36:46C'est dans le titre.
36:48C'est un très beau titre.
36:50C'est tout.
36:52On ne parle pas de transmission.
36:55On ne parle pas du foncier agricole.
36:57Aujourd'hui, mon collègue Péhio Dufault
36:59va porter une loi la semaine prochaine
37:01pour essayer de faire un petit peu,
37:03à petite touche, mais il n'y a rien.
37:06Une loi d'orientation agricole,
37:08ça trace un chemin sur les 10 ans à venir.
37:10On n'a pas de chemin.
37:12Et franchement,
37:14comment on va faire pour renouveler
37:16ces exploitations ?
37:19La création d'un diplôme spécifique,
37:21le bachelor agro, ça ne sert à rien.
37:23On n'a pas besoin d'être diplômés pour travailler.
37:25On travaille avec nos mains.
37:27Beaucoup avec nos mains.
37:30Même si on a besoin aussi de notre tête
37:32sur le casse-tête administratif.
37:34Le guichet unique, c'est une bonne idée, ça ?
37:36Est-ce que vous croyez qu'un guichet unique
37:38va vous faire conduire un tracteur ?
37:41Je ne pense pas.
37:43Il faut peut-être revenir aux fondamentaux à la base.
37:45Il y a encore une chose.
37:48Le grand absent de cette loi,
37:50c'est les femmes.
37:52Les femmes et les jeunes.
37:54Il n'y a rien sur les conditions de travail des femmes.
37:56Le statut des femmes agricultrices.
37:59Ça n'existe pas.
38:01Je vais développer un petit peu.
38:03Il y a le statut de la femme agricultrice,
38:05mais il y a aussi
38:07la problématique du travail en soi.
38:10Les matériaux ne sont pas adaptés aux femmes.
38:12Absolument.
38:14On n'a pas la même morphologie.
38:16Il faut travailler dessus.
38:18Je travaille beaucoup là-dessus,
38:20notamment en lien avec la MSA,
38:23pour arriver à faire quelque chose
38:25pour qu'on puisse travailler
38:27comme on doit travailler.
38:29Je rebondis un peu sur le manque de revenus.
38:31Dans le reportage, on voit que Vincent,
38:34il est chauffeur laitier.
38:36Il dit que grâce à ça, il survit.
38:38Je pense à votre fils et j'ai vu
38:40que de jeunes agriculteurs, plus en phase
38:42avec le monde et les nouvelles technologies,
38:44font des vidéos TikTok,
38:47font de la méthanisation, du photovoltaïque,
38:49revendent des choses comme ça.
38:51Est-ce que vous pensez que c'est marginal
38:53ou que ça peut permettre à certains agriculteurs
38:55de s'en sortir et d'avoir un revenu à côté ?
38:58Ce que je pense, c'est que tous les agriculteurs
39:00qui ont la possibilité d'entrer dans une niche,
39:02quelle qu'elle soit,
39:04pour tirer du revenu, il faut qu'ils le fassent.
39:06C'est comme ça qu'ils s'en sortiront
39:09de manière individuelle.
39:11C'est comme ça qu'ils s'en sortiront
39:13de leur propre quotidien, qui permet de raconter
39:15la vie des agriculteurs. Tout le monde ne peut pas le faire.
39:17Tout le monde ne peut pas le faire,
39:19mais de notre côté, c'est quelque part aussi
39:22la promotion de notre travail et de notre métier.
39:24Aujourd'hui, on voit bien l'agribushing,
39:26ça devient de plus en plus,
39:28la viande, le machin, le truc,
39:30ça devient de plus en plus récurrent.
39:33Aujourd'hui, il faut que nous, agriculteurs,
39:35on explique notre travail,
39:37qu'on explique pourquoi on fait ça
39:39et pourquoi on le fait de cette façon-là.
39:41Et si on le fait de cette façon-là,
39:43c'est qu'il y a un bon sens paysan
39:46et ça ne sert à rien de nous produire
39:48des lois venues de je ne sais pas où
39:50pour nous expliquer comment on doit travailler.
39:52Non, on sait le faire.
39:54Et moi, enfin...
39:57Ma...
39:59Mon idée que j'ai d'être à l'Assemblée,
40:01c'est justement d'apporter,
40:03mais pas comme monde agricole, au monde rural dans son ensemble,
40:05d'apporter tout ce que je peux apporter
40:07pour faire évoluer les choses.
40:10Est-ce que cette mesure,
40:12dès 2026, les agriculteurs
40:14d'au moins 59 ans qui décideront
40:16de cesser leur activité agricole
40:18pourront bénéficier sous condition
40:21d'une aide au passage de relais
40:23d'environ 1 000 euros par mois jusqu'à la retraite ?
40:25Ça va quand même dans le bon sens ?
40:27Ça va dans le bon sens, mais est-ce qu'on a les relais ?
40:29La formation, c'est quand même important.
40:32Aujourd'hui, on l'a vu sur les budgets
40:34qui nous sont arrivés, la formation,
40:36c'est des choses qu'on coupe.
40:38On coupe la formation, notamment des jeunes.
40:40Il n'y a pas vraiment de mesure
40:42pour cela dans ces lois.
40:45Enfin, nos jeunes
40:47sont aussi les absents de cette loi.
40:49Il faut en prendre conscience.
40:51Le renouvellement des générations
40:53en agriculture, ça ne va pas se faire
40:56tout seul, parce que le dimanche,
40:58le samedi, le dimanche, les vacances,
41:00ce n'est pas forcément
41:02à l'ordre du jour, même si aujourd'hui,
41:04le fait qu'on crée
41:06des GAEC, qu'on ait la reconnaissance aussi
41:09du GAEC et de l'association d'éleveurs,
41:11ça permet de tourner...
41:13Des groupements agricoles.
41:15Ça permet aussi d'avoir
41:17ce répit
41:20que des vacances.
41:22Les bêtes, elles mangent tous les jours.
41:24Comme nous, on mange tous les jours.
41:26Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais j'avais l'impression
41:28que les écoles agricoles faisaient le plein.
41:31Elles font le plein, mais il n'y a pas assez de places.
41:33Il n'y a pas assez de places.
41:35Donc même si on rassemble tous ceux qui sont dans les écoles,
41:37ça ne suffit pas à assurer ce renouvellement.
41:39Il faudrait créer de nouvelles écoles.
41:41En fait, il faut 150 000 installations par an
41:44pour tenir les objectifs.
41:46Un agriculteur sur deux
41:48va partir à la retraite dans les 10 ans.
41:50Comment on fait un sur deux ?
41:52C'est quelque chose... C'est énorme.
41:55C'est énorme. Qu'est-ce qu'on fait ? Et j'en fais partie.
41:57Donc comment on fait ?
41:59Vous voyez, typiquement chez moi,
42:01dans notre exploitation,
42:03puisqu'on a à peu près le même âge avec mon conjoint,
42:05on va être deux à partir
42:08et il n'y a que notre fils qui s'installe.
42:10Donc on en perd un.
42:12C'est deux contre un.
42:14Et c'est dans beaucoup d'exploitations comme ça.
42:16Aujourd'hui, comme avant, d'ailleurs,
42:19nous, on a toujours eu une pluriactivité
42:21sur notre exploitation.
42:23Un des deux qui ramène un salaire.
42:25Ce n'est même pas des salaires,
42:27c'est un peu d'argent sur les saisons.
42:29Mais nous avons aussi la saisonnalité
42:32de laisser aux agriculteurs la possibilité...
42:34Aujourd'hui, on est contraint
42:36de ne pas pouvoir aller travailler n'importe où, n'importe comment
42:38lorsqu'on est, par exemple, chef d'exploitation.
42:40Mais laissez-nous la possibilité
42:43de faire bouillir nos marmites.
42:45Parce que ce qu'on va gagner à l'extérieur,
42:47bien souvent, c'est réinjecté dans nos fermes.
42:49C'est réinvesti
42:51pour qu'on puisse vivre, tout simplement.
42:54Je ne parle pas du dignement.
42:56Je dis vivre, tout simplement.
42:58On vous a entendu.
43:01On part maintenant dans les pâturages.
43:03Quand il faut passer des vallées protégées en hiver
43:05aux plaines ensoleillées à flanc de montagne en été,
43:07on appelle ça la transhumance.
43:09Une migration qui entraîne
43:12tout le bétail et ses éleveurs.
43:14Tradition ancestrale qui se pratique aussi à l'horizontale.
43:16C'est ce qu'on va voir maintenant
43:18dans les pieds dans le plat.
43:25Dans l'imaginaire de la transhumance,
43:27on voit des bergers, des troupeaux dans les alpages
43:30près des montagnes enneigées avec des refuges en bois.
43:32Eh bien, pas forcément, Valéry.
43:34Halte aux idées reçues.
43:36La transhumance existe aussi au pays des régates.
43:38Oui, en Bretagne, avec vue non pas sur les cimes,
43:41mais sur les eaux claires du golfe du Morbihan.
43:43C'est un reportage étonnant
43:45de Nicolas Corbard et de Stéphane Izad
43:47pour France 3 Bretagne.
43:51Quelques mots de breton
43:54pour mettre Toundra au travail.
43:56Ce chien de berger a pour mission
43:58de s'assurer que les 44 brebis arrivent à bon port.
44:00Elles ont passé 6 mois au pré.
44:02C'est maintenant le moment
44:04de donner naissance à leurs agneaux.
44:07Ils sont à 8 jours du terme à peu près.
44:09Les mettre dans les bétaillers,
44:11c'est quand même des risques d'avortement potentiel.
44:13Et puis, je trouve ça sympa
44:15de les transporter à pied.
44:18Il n'y a pas de pétrole, il n'y a pas de bruit.
44:20C'est sympa, quoi.
44:22Une transhumance à Vannes,
44:24c'est un peu inattendu.
44:26Et sur les 2,5 km de parcours,
44:28l'échappée suscite la curiosité
44:31des habitués des lieux.
44:33J'ai une fille qui habite la montagne.
44:35Je vais lui envoyer la photo.
44:37Il n'y a pas qu'à la montagne.
44:39C'est un spectacle.
44:42Nous, les moutons,
44:44ils font partie de notre univers quand on marche.
44:46On les cherche dans les prés.
44:48On assiste aux petits cantines.
44:50C'est la 3e transhumance
44:53pour ce couple de bergers.
44:55Et la 1re pour le petit Nino,
44:57né il y a tout juste 3 mois.
44:59C'est agréable de voir que ça ramène du monde,
45:01que ça plaît.
45:04C'est un retour un peu
45:06à quelque chose d'un peu plus vrai que de la technologie.
45:08Et justement,
45:10des brebis en chair et en laine,
45:12les maternelles de l'école Jacques Prévert
45:15n'en avaient jamais vu.
45:17C'est les poids des moutons.
45:19Dans le cadre du dispositif
45:21l'école dehors,
45:23les élèves découvrent d'où vient leur alimentation.
45:25Des enfants plus habitués à la ville qu'à la nature.
45:28On a aimé le chien et le mouton.
45:30Il y avait des rottes de moutons
45:32et j'aimais pas.
45:34Là, on est à notre 4e sortie aujourd'hui.
45:36Et l'idée, c'était
45:39que les enfants découvrent
45:41la transhumance
45:43et le métier d'éleveur ce matin.
45:45Les moutons ont finalement retrouvé leur maison
45:47en seulement 3 quarts d'heure de marche.
45:50Au total,
45:5290 brebis donneront naissance
45:54à leurs agneaux dans quelques jours.
45:57...
45:59J'imagine que vous, vous saviez
46:01qu'il y avait aussi une transhumance en Bretagne.
46:03Oui, c'est la transhumance verticale.
46:05On a envie de savoir.
46:08Horizontale.
46:10Verticale, c'est plutôt dans votre coin.
46:12Parlez-nous de la transhumance
46:14parce qu'au moment où la Terre se réchauffe,
46:16ce nom, pour nous, pour citadins,
46:19ça évoque plein de choses,
46:21mais on ne comprend pas bien comment ça marche,
46:23quels sont les effets, est-ce que c'est compatible
46:25avec le réchauffement climatique ou au contraire,
46:27est-ce que c'est un allié du réchauffement climatique ?
46:30Racontez-nous ce que peut donner la transhumance
46:32dans les années qui viennent alors qu'on sait
46:34que c'est une tradition séculaire.
46:36La transhumance, effectivement,
46:38c'est une tradition, mais pas que.
46:41On a des bêtes qui sont chez nous.
46:43Elles sont couvertes.
46:45Elles ont de la laine.
46:47Comme il fait très chaud, le fait d'aller dans les alpages,
46:49elles respirent.
46:51On les mène en alpage.
46:54Au printemps, elles montent.
46:56Nous, au printemps, elles montent autour du 17 juin
46:58et elles redescendent au mois d'octobre
47:00pour faire l'agneulage.
47:02Elles passent l'été dans les alpages
47:05et c'est...
47:07Au-delà de la tradition
47:09d'aller dans les alpages,
47:11les bêtes mangent l'herbe.
47:13C'est bête à dire.
47:16Elles tiennent les milieux ouverts.
47:19Ca permet de randonner.
47:21Ca permet aussi, dans nos stations de ski,
47:23de faire en sorte
47:25que l'hiver, lorsqu'il neige,
47:27la neige adhère à la montagne.
47:30Si on a des herbes longues,
47:32l'herbe va coucher
47:34et la neige va glisser.
47:36C'est quelque chose qui est très important
47:38pour les stations de ski, que de faire pâturer.
47:41Contre les incendies aussi,
47:43parce qu'il y a des broussailles.
47:45C'est quelque chose qui est aussi important.
47:47Les brebis, les vaches, les chèvres
47:49débroussaillent la montagne
47:51et ça prévient des incendies.
47:54Ce n'est pas que du folklore.
47:56En dehors de ça,
47:58les bêtes ont besoin d'aller en alpage
48:00parce que l'herbe est très riche
48:02en altitude.
48:05Elle est extrêmement riche.
48:07Nous, lorsqu'on a des bêtes
48:09qui sont pleines, qui sont gestantes,
48:11elles développent les agneaux
48:13à l'intérieur du corps,
48:15bien mieux à 2 000 m d'altitude
48:18qu'en Valais.
48:20C'est le goût de l'herbe qui fait.
48:22Comment vous faites ?
48:24Vous partez 6 mois de l'année habiter...
48:26Je ne sais pas comment ça se passe.
48:29Est-ce que vous habitez...
48:31Vous avez des Airbnb ?
48:33Dites-nous comment vous faites.
48:35C'est très simple.
48:37Aujourd'hui, on ne fait plus par la route
48:40parce que c'est trop dangereux,
48:42et il faut aussi...
48:44Pendant que les bêtes sont en alpage,
48:47il y a tout le travail de la ferme,
48:49la récolte du foin pour l'hiver,
48:51les moissons,
48:53la préparation de l'automne
48:55et de la prochaine saison.
48:58Comment ça s'organise ?
49:00On a des transporteurs
49:02avec des semis.
49:04Les bêtes montent dans les camions.
49:06Le charme a un peu disparu.
49:09C'est le menu du bateau ?
49:11On va jusque
49:13à un endroit précis
49:15sur l'alpage.
49:17Nous, on va à Châteauville-Vieille.
49:20Les bêtes descendent des camions.
49:22Après, on a 8 km à pied.
49:248 km à pied au pas de la brebis.
49:26Ce n'est pas le pas de l'humain.
49:28On y va très lentement
49:31parce qu'elles partent de 700 m de chez nous.
49:33Elles vont arriver à 2000 m.
49:35Il y a un petit dénivelé.
49:37On monte très lentement.
49:40C'est votre prêt ?
49:42Pas du tout.
49:44On a des regroupements
49:47en association foncière pastorale.
49:49Les mairies louent les alpages
49:51à des groupements
49:53d'éleveurs
49:55qui se mettent
49:58à plusieurs.
50:00Nous, on est 2 éleveurs.
50:02Nous allons embaucher
50:04des bergers pour pouvoir
50:06garder les bêtes les 4 mois d'été.
50:08Avec des cabanes.
50:11Avec toute une vie qu'ils organisent là-haut.
50:13On ne les laisse pas tout seuls.
50:15C'est un métier en tension ?
50:17Extrêmement en tension.
50:19Il faut se couper du monde.
50:22Oui, c'est spécial.
50:24Même si aujourd'hui,
50:26avec les réseaux de téléphone...
50:28Je vais peut-être faire ça.
50:30Venez !
50:33Je ne serais pas douée.
50:35J'aurais trop peur pour vos bêtes.
50:37Un berger regarde
50:40les bêtes manger.
50:42L'objectif du berger,
50:44c'est de rendre autant de brebis
50:46que ce qu'il en a eu.
50:48Il a intérêt.
50:51Il y a un état des lieux.
50:53Un état des lieux corporel.
50:55Parlant d'état des lieux,
50:57un danger auquel doit faire face
50:59le berger, comme les bêtes,
51:02c'est le loup.
51:04Quelle est votre position ?
51:06La réintroduction du loup ?
51:08Qu'en pensez-vous ?
51:10C'est un peu simpliste.
51:12La problématique du loup,
51:15aujourd'hui...
51:17Vous avez eu des bêtes attaquées ?
51:19Oui, depuis 2003.
51:21Le Siston est une région très touchée.
51:23Les Alpes sont très touchées.
51:26On a des attaques.
51:28On fait au mieux pour prévenir.
51:30Mais dire qu'on est pour ou contre le loup,
51:32ça n'a plus de sens.
51:35Moi, je suis favorable
51:37à ce qu'on arrête les débats.
51:39On n'en est plus là.
51:41Aujourd'hui, on a une problématique,
51:44le loup, sur les Alpages.
51:46Mais la problématique du loup,
51:48en a engendré une autant importante,
51:50c'est celle des chiens de protection
51:52sur les Alpages.
51:55Entre autres.
51:57Il n'y a pas que du patou.
51:59On a des bergers d'Anatolie.
52:01On a des matins espagnols.
52:03Il y a toutes sortes de chiens de protection.
52:05Divers et variés.
52:08Chacun a son usage.
52:10C'est utile ?
52:12Disons que les attaques
52:14sont moins importantes.
52:16Ces chiens assurent la sécurité
52:19du troupeau de jour comme de nuit.
52:21Et le berger est alerté.
52:23Lorsque les chiens aboient.
52:25C'est vrai que ça engendre
52:27d'autres soucis
52:30sur le partage de l'espace.
52:32Aujourd'hui, on a pas mal
52:34de morsures de chiens.
52:37Les chiens protègent.
52:39Mais ils n'arrivent pas
52:41à faire la différence entre un loup
52:43et un humain.
52:45Le chien protège le troupeau.
52:48Quel que soit l'agresseur.
52:50Même s'il n'est pas agresseur.
52:52On a ce conflit d'usage sur nos Alpages.
52:54C'est un véritable problème.
52:56Une véritable casse-tête.
52:59Il va falloir essayer de régler.
53:01Ça va être compliqué.
53:03Mais trouver des solutions.
53:05Signaler la présence du troupeau.
53:07Un Alpage, c'est environ 800 hectares.
53:10Il y a de la place à côté.
53:12Plus loin que le troupeau.
53:14Il va falloir trouver des solutions.
53:16Que tout le monde puisse cohabiter.
53:18Sans qu'on ait de manière récurrente
53:21des morsures de chiens.
53:23Aujourd'hui, le chien, la journée,
53:25il est censé dormir.
53:27Il ne doit pas être dérangé
53:30par les humains.
53:32Et par tout ce trafic qu'on a sur les Alpages.
53:34C'est aussi du tourisme.
53:37Bonne chance.
53:39Comme on ne finit jamais un repas
53:41sans une douceur, je vous propose
53:43de parler du péché mignon.
53:45...
53:48Avec un dessert hyper régressif.
53:50Ça va vous faire plaisir.
53:52Il fait son retour dans nos assiettes.
53:54Porté par l'air du temps.
53:56Le pain perdu.
53:58On ne s'échappe pas à la règle de la seconde vie.
54:01Rien n'est jamais perdu.
54:03Surtout pas le pain rassis.
54:05Vous le faites cuire.
54:07Ce dessert qui vaut tous les gâteaux du monde.
54:09Vous le partagez.
54:12Exactement.
54:14Pourquoi ?
54:16D'abord, c'est du bon sens.
54:18C'est quelque chose qui existe
54:20depuis très longtemps dans nos campagnes.
54:23Le pain perdu, c'est le dessert
54:25qu'on mange en famille.
54:27On mange le pain perdu le dimanche soir
54:30avec un lait de poule.
54:32Je ne sais pas.
54:34C'est un jaune d'œuf
54:36battu avec du lait très chaud
54:38et on agrémente.
54:41Les amateurs d'alcool
54:43peuvent mettre du rhum.
54:45Ça fait une petite mousse.
54:47On le boit chaud
54:49avec du pain perdu.
54:52Vous buvez votre lait de poule
54:54avec le pain perdu.
54:56Le pain perdu, on le met dans le lait de poule.
54:58On fait trempette.
55:00Comment vous faites cuire
55:03votre pain perdu ?
55:05On met les deux.
55:07C'est la recette de Mme Allemand.
55:09C'est du pain perdu un peu aristocratique.
55:11C'est de la brioche perdue.
55:14On a compris comment vous le faites
55:16sur ce dessert très réconfortant.
55:18Vous avez choisi une chanson
55:20qu'on écoute en dégustant ce dessert.
55:23Quand on bure des gouttes
55:25aux enfances dans la vase
55:28Il y a toujours
55:30une goutte
55:32qui fait déborder
55:34un vase
55:36C'est Rosa,
55:39écrite et interprétée
55:41par Pascal Obispo.
55:43Pourquoi ce choix
55:45en hommage à Rosa Parks ?
55:47C'est le symbole
55:50de la vie.
55:52De la lutte.
55:54D'abord de la ségrégation raciale
55:56mais aussi de la lutte des femmes.
55:58Vous l'avez compris,
56:00je suis profondément féministe.
56:03Ce symbole,
56:05c'est montrer aussi
56:07que par un petit geste,
56:09le fait qu'elle n'ait pas
56:11cédé sa place dans un obus,
56:14on en arrive à l'abolition de l'esclavage.
56:16C'est quelque chose d'important.
56:18Il n'y a pas de petit combat.
56:20On ne perd que ce combat.
56:22On va terminer l'émission là-dessus.
56:24Merci beaucoup Marie-Josée Allemand
56:27d'avoir partagé ce déjeuner avec nous.
56:29Merci beaucoup Jean-Pierre Montanay.
56:31Et puis on remercie évidemment le Bourbon,
56:33le restaurant qui nous a concocté ces plats.
56:35On se retrouve très vite
56:38pour un prochain numéro de Politique à table.

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