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Avez-vous déjà vu une prison vue de haut ? Quand on prend un peu de hauteur, on se rend compte que certaines formes reviennent aux quatre coins du monde. Prisons carrées, rondes ou en étoile, à chacun de ces modèles d'architecture carcérale correspond une vision de la prison. Enfermer et réinsérer : voilà les deux utopies que les architectes cherchent à réconcilier depuis plus de 200 ans. Dans ce nouvel épisode d'Atlas, on part en quête de la prison-modèle. Et vous allez voir qu'on cherche encore...

Quelques sources qui nous ont aidé :

- "Les murs de la punition", Conférence de Caroline Soppelsa aux archives départementales de la Vienne : https://youtu.be/oUS-h4RuhKY?si=_wVGGu8evAHwDQx5
- "Quand la cellule devint la norme", article d'Elsa Besson : https://metropolitiques.eu/Quand-la-cellule-devint-la-norme-Theories-de-l-architecture-carcerale-au-XIXe.html#:~:text=L'encellulement%20individuel%20reconnu%20comme%20norme%20unique&text=%C3%80%20la%20suite%20de%20la,prises%20sous%20le%20Second%20Empire.
- Interview de l'architecte Christian Demonchy par Criminocorpus : https://criminocorpus.org/en/library/video/374/
- "Histoire de la prison en Europe", article d'Elsa Genard : https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/l%27europe-politique/encadrer-et-discipliner/histoire-de-la-prison-en-europe-19e-siecle-20e-siecle
- "Cahiers d'études pénitentiaires et criminologique n°65", Ministère de la Justice https://www.justice.gouv.fr/sites/default/files/2024-08/Cahiers_etudes_penitentiaires_et_criminologiques_n65.pdf

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Transcription
00:00Voici le centre correctionnel de Stateville, une prison sous haute sécurité où on peut
00:05voir des bâtiments à la géométrie bien particulière, de construction en rond ici,
00:09entouré de deux immeubles en étoile là, et connecté à un édifice latéral de plusieurs
00:14centaines de mètres de long. Et ça n'est pas un hasard.
00:17Quand on prend de la hauteur, on se rend compte que les prisons suivent des motifs bien définis,
00:25des formes géométriques qui se retrouvent aux quatre coins du monde. Ronds, carrés,
00:30croix, mais aussi des étoiles, des prismes, voire des poteaux téléphoniques, à chacune
00:34de ces formes correspond un modèle de prison, une tentative de réponse à une question qu'on
00:38se pose depuis plus de 200 ans, comment bien enfermer les gens. Et vous allez voir que ça
00:43n'est pas qu'une affaire d'évasion. Voici le Presidio Modelo. Cette prison,
00:50elle se trouve à Cuba. C'est ici que Fidel et Raoul Castro ont été emprisonnés avant de
00:54mener leur révolution et d'y emprisonner à leur tour leurs opposants. Ces cinq bâtiments
00:58circulaires, c'était une promesse de prison modèle, mais qui a rapidement viré au cauchemar.
01:02Et pour le comprendre, il faut revenir un peu en arrière.
01:07On est en 1789, et une prison, ça ressemble à ça. Des cachots, insalubres, où sont jetés
01:17les personnes en attente de jugement, quelques mendiants et vagabonds, fous et libertins,
01:20hommes et femmes, sans savoir quand ils reverront la lumière.
01:23Mais à l'époque, la prison, c'est pas une peine très commune. On y préfère les
01:28châtiments corporels, des peines publiques, expéditives, brutales.
01:32Mais à partir de leur évolution, la France change d'air. Fini l'arbitraire de l'ancien
01:36régime, la France adopte la déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
01:39puis son premier code pénal en 1791. Et avec ces textes, l'idée d'une juste proportion entre les
01:45délits commis et les peines prononcées. Et c'est à ce moment là qu'on commence
01:49à réfléchir à ce que devrait être une prison. Non seulement un lieu de privation de liberté,
01:53mais aussi un espace de pénitence et de régénération morale.
01:57Objectif, rendre les détenus moins dangereux pour la société.
02:01Et ça, c'est plus facile à dire qu'à faire. Comment on rend les gens moins dangereux ?
02:05Est-ce qu'on doit les faire bosser dans des ateliers, ou les isoler dans une cellule ? Est-ce
02:10qu'on doit les amener vers la religion, les contraindre au silence, ou les maintenir dans
02:15l'obscurité ? Dans l'enceinte du Mont-Saint-Michel, ou de la conciergerie, qui servent alors de
02:18prison de fortune révolutionnaire, on commence à penser la prison idéale.
02:22Il faut que le détenu soit maintenu en bonne santé pour assurer l'exécution de la peine,
02:26en réalité. Il ne s'agit plus de faire souffrir le corps du détenu, au moins en tout cas dans les
02:31intentions de départ, c'est pas le but recherché. Et il se trouve qu'en ce début de 19e siècle,
02:36il y a un modèle de prison qui commence à prendre de la vitesse dans le monde anglo-saxon. Un modèle
02:40dont les principes élémentaires se sont maintenus jusqu'à aujourd'hui, le panoptique.
02:46Le panoptique, c'est une idée du philosophe britannique Jérémy Bentham.
02:50Et le principe, c'est l'intériorisation de la surveillance.
02:53C'est une construction en cercle, élevée sur plusieurs étages avec des cellules sur tout le
02:58périmètre. Au centre, une tour de surveillance avec des gardiens à chaque étage, eux-mêmes
03:02supervisés par un chef au sommet du dispositif. Toute l'astuce du panoptique, c'est que les
03:06vitres de la tour de surveillance sont pensées pour être opaques. Les détenus ne peuvent pas
03:10voir à l'intérieur de la tour, les gardiens ne peuvent pas voir leur chef.
03:13Les surveillés ne voient jamais les surveillants. Résultat,
03:17tout le monde intériorise la surveillance et agit comme s'il était surveillé.
03:21Que le gardien les regarde ou non, qu'il y ait un gardien ou non.
03:25D'ailleurs, si vous travaillez dans un open space, la logique c'est la même. Tout le monde peut
03:29surveiller tout le monde et partant de ce principe, tout le monde agit comme s'il était surveillé.
03:33Mais revenons-en au panoptique. L'objectif numéro 1, c'est d'assurer une surveillance parfaite.
03:38Et l'objectif numéro 2, c'est de reformater les individus, de les conditionner à
03:43ce qu'ils suivent les règles en prison, mais aussi une fois qu'ils en seront sortis.
03:47Et puis, dernier objectif, mais pas des moindres, la prison qui se surveille
03:50elle-même, elle va permettre de faire des économies. Le panoptique, c'est la prison
03:55idéale. Sauf que non, parce que cette prison circulaire, c'est une idée de philosophe,
04:00pas d'architecte. Et si le concept du panoptique a eu un impact considérable dans le développement
04:05des sociétés de surveillance, en tant que prison, le panoptique, c'est plutôt nul en fait.
04:09L'acoustique déjà. Avec cette forme ronde, l'écho infernal rend fou. Détenu comme gardien.
04:15La salubrité ensuite. Les volumes du bâtiment sont quasi impossibles à chauffer. On est à
04:21une époque où il n'y a pas encore de toilettes. L'évacuation des excréments de chacune des
04:25cellules est un casse-tête, qui rend l'air vicié. Et puis on est quand même sur un bâtiment
04:29technique. Cette disposition circulaire, cette coupole et ce toit, c'est cher et difficile
04:34à construire. Ce qui fait qu'on se restreint à de petits établissements. Rajoutez-y dictature
04:38fasciste, torture et sévices corporels, et vous obtenez le Presidio Modelo, qui malgré sa
04:43construction bien plus tardive, a conservé tous les écueils du modèle de Bentham.
04:47Bref, la prison panoptique est loin d'être la prison idéale. Mais elle va laisser sa trace.
04:53Voici l'Eastern State Penitentiary, la prison de Philadelphie. Et si elle n'est pas purement
04:59panoptique, on voit bien l'influence de Bentham. C'est un modèle de prison brillonnante. On reprend
05:03l'idée d'un point central, avec des gardiens qui ne surveillent plus directement les cellules,
05:07mais les couloirs de détention, disposés en étoiles. Depuis le centre, une personne peut
05:11facilement surveiller chaque couloir, sans que les détenus ne sachent si leur porte est observée.
05:16Mais l'idée avec ce modèle, c'est moins la surveillance que l'isolement. Ici,
05:19on cherche à isoler les détenus à tout prix, pour éviter qu'ils ne se contaminent moralement.
05:24Une séparation de tous les instants, qui poursuit aussi un objectif de pénitence,
05:28on veut que les détenus soient seuls avec eux-mêmes, face à leur peine.
05:32Pour ça, les détenus sont répartis par couloirs, selon la gravité de leur peine,
05:36et réduits à l'isolement permanent, de jour comme de nuit. Le travail se passe dans la cellule,
05:41elle-même connectée à une cour individuelle, qui n'est accessible que pour un prisonnier à la fois.
05:46Objectif, éliminer tout contact entre détenus. Cette prison, en son temps,
05:50il s'agit du bâtiment le plus grand et le plus cher jamais construit par les Etats-Unis.
05:55Alors forcément, elle va faire office de référence.
05:57Comme à Londres, avec la prison de Pentonville, qui reprend un principe semi-radial. On retrouve
06:03l'idée d'une séparation stricte, avec des espaces de promenade individualisés en camembert.
06:08Lorsqu'ils étaient déplacés, les détenus portaient des masques et avaient interdiction de parler.
06:12Mais le symbole d'isolement le plus marquant, c'est sûrement la chapelle cellulaire,
06:16où les détenus étaient contraints d'assister quotidiennement à la messe dans ces placards
06:19individuels. Une véritable utopie cellulaire, qui va inspirer l'ancienne prison de Mazas,
06:24à Paris, mais aussi à Toulouse, et jusqu'à Malte ou Buenos Aires.
06:28Bref, la prison de Pentonville est la prison idéale.
06:32Sauf que, non. Parce que dans la prison de Pentonville,
06:35les détenus ont une fâcheuse tendance à devenir fous.
06:38Le régime d'isolement strict s'avère être une formidable machine à broyer le cerveau.
06:43Hallucination, panique, dépression, suicide. Moins de dix ans après sa mise en service,
06:48près d'un détenu sur six souffre de troubles psychiatriques.
06:51Donc bon, une prison dont on rentre délinquant et dont on sort délinquant et fou, c'est pas optimal.
06:57Mais ce qui retient l'attention des bâtisseurs, c'est aussi la perte de surface qu'induisent
07:01ces prisons en plan rayonnant. Face au nombre de détenus qui montent en flèche,
07:04on construit de nouveaux couloirs. Mais comme on peut le voir avec la prison de Philadelphie,
07:08on se retrouve avec des espaces triangulaires difficilement exploitables.
07:11Densité et isolement deviennent alors l'alpha et l'oméga de la pensée carcérale.
07:15Lorsque vous pratiquez un enfermement individuel à fortiori en continu,
07:20vous devez penser à des aspects élémentaires de la vie quotidienne.
07:24La prison de Mazas, c'est 1200 cellules, c'est 1200 sièges d'aisance, 1200 tuyaux.
07:30Évidemment, il faut penser à la manière dont on va recueillir tout ça dans les sous-sols.
07:34Les prisons vont être des lieux d'expérimentation. C'est la première fois que les architectes sont
07:39confrontés à ce type d'aménagement avec une telle ampleur.
07:42Dans les congrès pénitentiaires internationaux où les architectes, des médecins,
07:46des représentants politiques de chaque pays réfléchissent à la prison du futur, les cerveaux
07:50moulinent. Comment entasser des milliers de détenus de manière efficace en évitant,
07:54si possible, qu'ils deviennent fous ? On va établir un modèle de cellules
07:58qu'on va considérer à cette époque-là comme particulièrement performante. C'est à la fois
08:03en termes d'hygiène, en termes d'éclairage, en termes de garantie contre le suicide.
08:08Bref, derrière toute cette réflexion, on se demande finalement quel est le minimum
08:12vital pour un prisonnier. D'autant plus qu'en France,
08:15l'encellulement individuel est rendu obligatoire en 1875.
08:19Et ça, ça change tout. Parce que qui dit un détenu par cellule dit une cellule par détenu.
08:24Problème, on n'a pas autant de cellules. On entre alors dans l'ère des méga-prisons.
08:29Ça, c'est le centre pénitentiaire de Fresnes. Et lorsqu'il est inauguré,
08:33en 1898, c'est tout simplement la plus grande prison du monde. 1800 cellules dans
08:38une disposition en poteau téléphonique qui inspirera la prison des Baumettes à Marseille,
08:42ou de Rikers Island à New York. Dans ce modèle, le point central devient un couloir, recréant des
08:48centres à chaque intersection. Un pari sur la densité qui ne renie pas pour autant l'isolement
08:53avec sa chapelle cellulaire similaire à celle de Pentonville et ses uniformes à capuchon.
08:57Mais la méga-prison de référence, elle est à Fleury-Mérogis. 3406 places de prison. Deux
09:06fois plus grandes que Fresnes, trois fois plus grandes que Pentonville, c'est la plus grande
09:10prison de l'Union Européenne. Bordée par un centre de jeunes détenus et une maison d'arrêt
09:14pour femmes, la maison d'arrêt des hommes est composée d'un mur extérieur, dans lequel se
09:18trouvent les ateliers, d'un bâtiment hexagonal au centre et de cinq tripales, une disposition qui
09:23vise à limiter au maximum les flux des prisonniers. Contrairement à Fresnes, où la longueur des
09:28bâtiments allonge les temps de trajet, les tripales sont pensées pour maintenir les
09:31prisonniers dans un périmètre restreint, malgré le gigantisme de la prison. À chaque carrefour
09:36de couloir, le poste de contrôle du gardien-chef. Il a sur un clavier électronique le contrôle de
09:41tous les secteurs d'activité et l'ouverture ou la fermeture des portes. Pour ce qui est des cellules,
09:45elles sont construites sur la base d'une modulor carcérale, une unité de mesure inspirée de
09:50l'architecte Le Corbusier, visant à déterminer les dimensions idéales ou plutôt minimales d'une
09:56unité d'habitation. Guillaume Gillet, l'architecte de Fleury-Mérogis, fixe ce modulor carcéral à
10:012,54 mètres et le décline ensuite en plusieurs sous-mesures qui dessinent une cellule d'environ
10:079 mètres carrés. Tout est optimisé, réfléchi, étudié et c'est ce qui fait que la prison de
10:12Fleury-Mérogis est la prison idéale. Sauf que, et bien toujours pas.
10:174 agressions à l'espace de 48 heures. Une évasion de la prison de Fleury-Mérogis.
10:22Et bon, ce petit jeu, on pourrait le continuer encore longtemps. Des prisons modèles,
10:27il y en a encore. Mais ces modèles se cassent tous les dents sur un problème qui existe depuis
10:31aussi longtemps que la prison, la surpopulation. Sur l'établissement qui est prévu pour 80
10:36détenus, vous en avez 240, c'est-à-dire 3 fois plus. Aussi bien pensé que l'a été la prison
10:40de Fleury-Mérogis, ce modèle et tous les autres y restent prévus pour un détenu par cellule.
10:45Or dans ces cellules du minimum vital, c'est très vite 2, 3, voire 4 détenus qui se retrouvent à
10:51devoir partager ces 9 mètres carrés. Une promiscuité qui rend la vie en prison infernale
11:05et qu'on retrouve sur tout le territoire. Au 1er janvier 2023, la densité carcérale dépassait
11:10les 120% dans 100 établissements français, passant même la barre des 200% sur les sites
11:15de Bordeaux-Gradignan, La Roche-sur-Yon, Foix, Perpignan, Carcassonne ou Nîmes.
11:20On est dans des usines et on n'a pas le temps. On fait 3 gabarits, 100 kilos dans une cellule de
11:259 mètres carrés l'été quand il fait canicule ou il n'y a pas de climatisation. Je vous laisse
11:31imaginer un peu les tensions qu'il peut y avoir. Donc dès que nous on ouvre la porte,
11:34tout ressort. Surpopulation d'un côté et sous-effectifs de l'autre. Parce que,
11:40vu pas d'optique au tripale, la recherche d'une prison modèle est aussi une recherche
11:44de réduction des coûts, y compris des moyens humains. Dans les prisons actuelles, le détenu
11:49attend tout seul devant une porte et un surveillant placé à distance appuie sur un bouton pour qu'il
11:55puisse changer de sas. Ça veut dire que vous pouvez limiter le nombre de personnels de
11:59surveillance qui auparavant devaient l'accompagner. Ça limite beaucoup les interactions. Mais c'est
12:04ça qui est mal ressenti par les détenus et aussi par les personnels pénitentiaires. Le
12:09fait d'être simplement un presse-bouton et aussi de ne pas pouvoir parfois identifier des
12:13fragilités, des violences dont pourraient être victimes les détenus, faute de les fréquenter
12:18quotidien. Nous, notre mission de réinsertion est à des mises de côté, à un manque d'effectifs.
12:23Sur le terrain, c'est juste infaisable, infaisable. On n'est que un ou deux agents à l'étage pour 120
12:30détenus. Le petit temps qu'on aurait pu prendre pour donner une petite information fait que la
12:35personne détenue qui, elle, est en attente d'une réponse va ruminer, va s'énerver et puis ça va
12:40créer de la tension, voire des agressions. La France est régulièrement condamnée par la Cour
12:45Européenne des Droits de l'Homme, qui pointe le caractère systémique de la surpopulation dans les
12:49prisons françaises. Et ça ne va pas en s'arrangeant. Parce que déjà, on emprisonne plus. Le recours à
12:54la détention provisoire, qui permet d'incarcérer une personne mise en examen avant son procès,
12:58a notamment bondi de 36% en 7 ans. Et puis, on emprisonne plus longtemps, la durée moyenne de
13:04détention s'est elle aussi considérablement allongée, conséquence de la création de nouvelles
13:08infractions et d'une plus grande sévérité de la politique pénale. Tu casses, tu répares, tu salis,
13:13tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter. Et ce qu'on dit rarement sur la
13:19surpopulation, c'est qu'elle ne touche pas les grands bandits ni les criminels dangereux.
13:23Pour eux, l'encellulement individuel est obligatoire et respecté dans les établissements
13:28pour peine. La surpopulation, elle concerne en écrasante majorité les détenus en maison d'arrêt,
13:33condamnés à des peines de moins de deux ans ou des prévenus en attente de jugement qui sont donc
13:37encore présumés innocents. Et dans ces conditions, le risque c'est qu'ils en ressortent plus dangereux
13:42qu'ils n'y sont rentrés. Bref, s'attaquer à la surpopulation, c'est pas de la grandeur d'âme.
13:46C'est certes une question de dignité, mais aussi de sécurité, dans les murs de la prison et en
13:51dehors. Une question d'effectivité de notre système pénal. Raison pour laquelle on cherche
13:56aujourd'hui à créer des places de prison, comme avec ce plan qui vise à construire 15 000 places
14:01supplémentaires à l'horizon 2027. Mais de là à résoudre le problème...
14:04Les sociologues ont aussi montré que dès l'instant que vous annoncez que vous allez
14:09construire de nouvelles places de prison, il peut y avoir cet effet d'appel d'air où finalement
14:15on a de nouvelles places donc on peut incarcérer un plus grand nombre. Ce qui fait qu'on se retrouve
14:19assez vite dans une nouvelle situation de surpopulation. Alors pour certains spécialistes
14:24de la question, c'est le modèle du tout carcéral qu'il faudrait interroger. On incarcère donc il
14:28faut loger en maison d'arrêt. Je pense qu'une des solutions c'est de dépasser aussi le modèle de
14:33la prison. On a d'autres systèmes qui sont des modèles beaucoup plus ouverts. On a un développement
14:38aussi de la question de la semi-liberté, qui permet aux détenus d'aller se réinsérer dans
14:43la société directement, passer la nuit en prison. Encore une fois, tout le projet de la prison c'est
14:49de plier l'individu à la volonté de la puissance publique. Mais on n'a pas encore inventé le
14:54système où ça marchait à coup sûr. Alors la prochaine prison modèle sera-t-elle toujours
14:59une prison ? Pour moi, vous savez, il ne peut pas y avoir de prison idéale. De toute façon,
15:04quelle que soit l'organisation intérieure, quel que soit le confort que l'on puisse
15:09donner aux individus dans un établissement pénitentiaire, ce sera toujours une privation
15:16de liberté.

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