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00:00François Bayrou, les Français sont inquiets. Les mots menaces et guerres ont été employés par le président de la République.
00:05S'ils sont d'accord pour réarmer notre pays, qui a trop longtemps négligé sa défense nationale,
00:10eh bien, ils se demandent aussi qui va payer la note. On va y venir dans cette émission, on aura le temps de nous exprimer.
00:15Mais d'abord une question, François Bayrou. L'Ukraine n'a jamais semblé aussi proche de la paix.
00:20Le président Zelensky l'aveu, le président Trump l'aveu, et pourtant l'Union Européenne, et tout particulièrement la France,
00:26semblent vouloir partir en guerre, et en guerre contre la Russie. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
00:31Oui, c'est une présentation que je crois un peu forcée, un peu excessive.
00:38En quoi ?
00:38C'est très... Ben, je vais vous expliquer. C'est très simple. Nous avons connu, depuis trois ans,
00:46quelque chose qui était totalement exclu de la pensée de tous les pays européens et de tous les pays du monde,
00:57qui était de voir un pays parmi les plus puissants de la planète, le plus vaste, le plus doté de toutes les richesses du sous-sol,
01:08avec une armée qui est une des deux ou trois armées les plus puissantes du monde, se jeter sur son pays voisin pour l'annexer,
01:20pour en prendre le contrôle, pour en chasser les dirigeants, bref, pour le happer et le prendre.
01:28Or, ce pays, la Russie, est membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, c'est-à-dire qu'il est parmi les cinq pays qui sont le garant de la loi internationale.
01:44Ils sont, au nom de toutes les nations de la planète, ils sont ceux qui devaient, s'étaient engagés à garantir qu'on respecterait la loi des nations.
01:57Et voilà que ce pays fait ce que d'autres pays, dans les années 40, dans la fin des années 30, ont fait sur leurs voisins,
02:05et c'est une chose dont nous savions depuis le premier jour que ça changerait la manière dont les nations vont vivre ensemble.
02:15Et aujourd'hui, Monsieur le Premier ministre ?
02:16Il est parti de là, c'est l'épicentre d'un tremblement de terre qui s'est répandu partout sur la planète,
02:23et qui est, au fond, de dire, le monde dans lequel nous avons vécu depuis la guerre,
02:30le monde de la force de la loi, est passé dans un autre monde qui est la loi du plus fort.
02:41Mais si vous avez les moyens, si vous avez l'armée, si vous avez l'aviation, si vous avez toutes les menaces que la guerre moderne a réunies,
02:51alors vous pouvez conquérir le voisin.
02:53Si on ne voit pas à quel point ceci est un déstabilisateur de toute la vie de la planète, on voit rien.
03:02Et donc quand vous dites, ils veulent la paix, il y a l'Europe qui ?
03:08C'est franchement...
03:10On n'a jamais été aussi proche de la paix.
03:12Oui, on est aussi proche de ce que cherchent un certain nombre des acteurs, c'est la capitulation.
03:19C'est qu'on consacre, sans rien dire, les bras croisés, l'idée que oui, l'annexion a réussi, la conquête a réussi,
03:30l'Ukraine sera à genoux et Zelensky sera à genoux.
03:33C'est ce qu'on a vu dans le bureau ovale de la Maison-Blanche et qui est absolument sans précédent.
03:39François Bayon, pardonnez-moi, faut-il mieux une paix imparfaite qu'une guerre interminable ?
03:44Cette présentation-là, on l'a connue dans les années 30, c'est une présentation qui nous a mené au pire.
03:51Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses.
03:54Comment présentez-vous la situation ?
03:57Le mot « paix » revient dans la bouche des Américains, alors que le mot « guerre » revient dans la bouche d'Emmanuel Macron.
04:04En aucune manière. Cette présentation-là qui tendrait, qui chercherait à faire croire que Poutine est un gentil garçon qui voudrait la paix,
04:15que ce qu'il a fait, après tout, c'était presque normal. C'est ça qu'on entend à longueur de temps dans la bouche de certains.
04:24Qui le dit ?
04:25Vous, par exemple.
04:27Pardonnez-moi, c'est une question. Je pense que beaucoup de Français, de ceux qui nous regardent, nous écoutent cela pour eux aussi.
04:32Vous êtes trop avertis pour ne pas savoir que dans les questions, il y a des réponses.
04:38Et donc, on va essayer de dire les choses comme elles sont, parce que ce que je viens de présenter n'est qu'un aspect de la situation.
04:46Il y a eu le déclenchement d'un tremblement de terre, un épicentre, mais le tremblement de terre ne s'est pas arrêté là.
04:53Parce qu'il se trouve que l'élection du président des États-Unis, M. Trump, a ajouté quelque chose qui, alors, était non seulement inattendu, mais inimaginable.
05:06Inattendu ? M. Trump n'a cessé de prévenir les Européens, M. Bayrou. Les Européens sont sidérés de ce qu'ils ont vu arriver ?
05:12Sonia Rabaud, nous n'avons pas de débat ensemble. Je ne cherche pas à débattre. Je cherche à dire les choses comme elles doivent être dites.
05:21Et précisément sur cette antenne. Qu'est-ce que fait Donald Trump ? Il fait le renversement des alliances.
05:30Nous avions, depuis la guerre, et payé au prix du sang, nous avions payé au prix du sang de nous, les Français, des Européens, des Allemands,
05:43des Allemands qui ont été entraînés dans ce drame et y ont perdu des millions dès l'heure, et aussi ils y ont perdu une certaine idée de l'humanité,
05:53et du sang des Américains qui sont venus nous aider pour sauver ce qui pouvait l'être de la loi internationale.
06:03Nous avons vécu, depuis la guerre, dans ce climat qui était, nous avons, en Europe et dans l'OTAN, l'alliance des libertés.
06:11Et voilà que M. Trump renverse ça, et il ne le renverse pas à moitié. Je rappelle, il est membre du Conseil national des Nations unies, et les Nations unies sont sur son sol.
06:23Eh bien, que fait Donald Trump ? Alors il pousse la logique jusqu'au bout, c'est-à-dire il dit au fond c'est Poutine qui a raison et je vais lui abandonner l'Ukraine,
06:34je vais me payer en captant les minorés, les terres rares, comme on dit, qui sont chez lui, et deuxièmement, alors on ne va pas s'arrêter là,
06:49je vais prendre le canal de Panama, je vais prendre le Groenland, je rappelle le Groenland c'est une terre membre de l'Union européenne par le Danemark,
07:02contre ses alliés donc, je rappelle, le Danemark est membre de l'OTAN, je ne sais pas si vous voyez le bouleversement de tout ça.
07:14Et il va plus loin, et il dit je vais prendre Gaza, je vais faire de Gaza une riviera. Quand on met les deux images l'une face à l'autre, on voit des choses qui sont extraordinaires.
07:30Et il ne s'arrête pas là. Et il ne s'arrête pas là. Mais est-il un allié ? Attendez, laissez-moi poursuivre mon raisonnement jusqu'au bout, c'est une situation historique suffisamment lourde.
07:41Il ne s'arrête pas là, il déclare à l'Europe une guerre commerciale. Notre pays vit en grande partie de ses exportations.
07:51Et à l'inverse, les Etats-Unis exportent chez nous. La balance commerciale entre les Etats-Unis et la France est à peu près équilibrée.
08:00Et l'Europe non, en raison de l'Allemagne, mais entre les Etats-Unis et la France c'est à peu près équilibré.
08:06Il déclare la guerre commerciale qui va avoir, en termes de crise économique, des conséquences impressionnantes et très dangereuses pour nous.
08:17Joe Biden l'avait fait aussi. Il dit, je vais mettre 25% de droits de douane sur les produits européens.
08:24Vous vous rendez compte ? Alors vous dites, est-ce un allié ? Un allié qui décide de passer dans le camp de vos adversaires ?
08:32Un allié qui décide de passer dans le camp de ceux qui bouleversent et remettent en cause l'ordre international ?
08:41Un allié qui vous déclare une guerre commerciale et qui prétend annexer des territoires qui appartiennent à des pays libres, sans parler du Canada, a-t-il dit ?
08:50Comme ça, ça pourrait devenir un Etat américain.
08:52Donc ça s'appelle un ennemi, François Bayrou ?
08:54Non, ça s'appelle une destruction de l'ordre international.
08:59Ça s'appelle la remise en cause de tout ce à quoi nous croyons.
09:06Et cette remise en cause, elle laisse les Européens stupéfaits parce que la quasi-totalité des pays...