Romancière et dramaturge, Christine Angot est appelée à se rendre à Strasbourg pour des raisons professionnelles, la ville où Pierre Angot, son père, a vécu jusqu'à son décès en 1999. C'est ici même qu'elle le rencontre pour la première fois en 1972, alors qu'elle est âgée de 13 ans, et qu'elle subit peu après le premier d'une longue et traumatisante série de viols qui marqueront son adolescence, et qu'elle évoque dans trois de ses romans. Sur place, l'écrivaine décide de faire connaissance avec l'épouse et les enfants de ce dernier, qui y vivent toujours. Caméra au poing, elle part frapper à leur porte...
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00:00J'en ai marre de parler de ça. J'en ai marre que mon travail soit envahi par ça.
00:07Parce que ça c'est moi à la très mauvaise époque. Là j'ai 13 ans donc là c'est le moment où ça
00:16commence et je sais la pensée qui va avec. Depuis l'inceste, depuis 1999, c'est-à-dire plus de 20
00:23ans, Christine Angot parmi tous les écrivains contemporains est celle qui a subi le plus grand
00:28mépris de la critique littéraire. Mais le plus grand mépris. J'ai quand même entendu mon
00:34frère nous dire, quand mon père est mort, il m'a quand même dit, de toute façon il a toujours
00:38dit que tu fabulais. Je ne trouvais pas les mots qui correspondaient. La phrase ne se formait pas.
00:43Elle se fracassait sur ma vie. J'ai été celle qui a été pendant des années tout pour elle et
00:53elle a été tout pour moi. Moi je suis à ta place. Quand j'entends. On s'est trompé, toi et moi,
01:02sur notre histoire. On s'est trompé sur ce qui nous venissait. Depuis le début, voilà. Elle
01:08m'a protégée. Inversion des rôles.
01:18Y a le nom. Y a le nom. Je dis que c'est moi. C'est moi où tu sors. Oui bonjour, c'est Christine.